Le Monde des AMIEL

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Amiel, …des femmes et quelques enfants ensuite 2

27 avril 2011 · No Comments

Non, décidément, je ne peux quitter cette période antique sans vous parler des gallo-romaines en guise de transition entre les romaines et celles  que nous devrions appeler les franco-gallo-romaines car héritières de ces trois origines sur le sol français, cadre de mes références suivantes.

Replongeons donc dans la romanité avec, pour commencer, cette Aemilia Lepida, fille de Lucius Aemilius Paulus, homme qui pouvait encore sous les débuts de l’Empire se targuer d’appartenir à la famille illustre que nous connaissons maintenant un peu. Cette position sociale, alors que les influences politiques semblaient désormais affaiblies, lui permit d’essayer de conserver au moins cet avantage en se mêlant à la puissante famille d’Auguste, le prestigieux premier empereur. Et cette descendante des Aemilii Paulii devint ainsi la petite nièce du grand empereur par des relations familiales entre ces deux familles; d’autres Aemilia s’agrègeront ainsi à cette famille augustéenne pour essayer de garder le rang de la si vieille famille patricienne mais ce sera finalement peine perdue (si je puis dire)…A noter deux exceptions: Aemilia Lepida (une autre) qui fut l’épouse de l’Empereur Galba mais celui-ci ne régna que de 68 à 69; et Clara Salvia Aemiliana (donc de la gens Aemilia mais adoptée dans la gens Salvia) qui a épousé en premières noces Petronius Didius Severus et fut la mère de l’Empereur Marcus Didius Severus (né en +/- 137, emp. en 193 et mort cette même année) selon l’Histoire d’Auguste; elle l’aurait eu alors qu’elle n’avait que dix-sept ans.

Les Aemilia ne survivront que par leur nom; ce dernier (autant que leur équivalent masculin) est très présent dans les épitaphes des tombeaux, que ce soit en Italie, en Afrique du Nord, mais surtout pour les mêmes raisons que j’ai déjà indiquées, en Espagne et en France; la pierre nous a conservé les noms d’ un grand nombre de tendres épouses regrettées de leurs maris et de leurs enfants; je vous donnerai en son temps un large éventail de leurs noms et des statistiques à ce propos. Quelques exemples seulement ici: l’épitaphe d’Aemilia Bitugnata, citoyenne romaine, fille d’Ateuloibitis, datant de l’époque triumvirale ou augustéenne ( Ier s. av.  J.C.), trouvée près de Bagnols/Cèze (Gard) qui par cette datation et sa filiation est parmi les premières familles gallo-romaines. En Aquitaine on garde toujours le souvenir du poète Ausone dont le grand-père s’appelait Aemilius Magnus Arborius et la mère de ce dernier (donc l’arrière grand-mère) avait pour nom Aemilia Corinthia; cette dame, originaire de Dax, eût pour filles Aemilia Hilaria qui fut connue comme médecin et Aemilia Eonia laquelle épousa Julius Ausonius médecin lui aussi et fut la mère de notre célèbre rhéteur bordelais. Nous savons cela par les écrits d’Ausone lui-même, consignés dans les « Parentalia », sur lesquels nous reviendrons. Je ne peux résister ensuite à vous citer cette épitaphe ibérique qui résume certains traits des relations familiales et sociétales de ces premiers siècles de notre ère, et sans commentaires tant le texte (traduit) suffit: « Aus dieux mânes. A Gaius Helvius Natalis, sévir augustal de la Colonie de Barcelone; à Aemilia Fidentina, son épouse; à Hiberalis et Marcella, leurs affranchies. Ce tombeau ne fait pas partie de l’héritage. N’y fais pas tes besoins » (sans erreur ou fantaisie de traduction!). Vers la fin du IVème S. un certain Aurèle Augustin, plus connu dans les milieux théologiques chrétiens sous le nom de St Augustin, Père de l’Eglise Latine (pas moins!), philosophe, théologien et … moraliste aurait eu à affronter la tentation féminine (pour un futur saint, alors, autant dire le diable) en la personne de la belle Flora Aemilia, son amour de jeunesse qu’il repoussa sans doute, choisissant définitivement l’ascèse de la religion du Christ … mais ce n’est là qu’un roman moderne de notre temps. Mais des chrétiennes aemiliennes il y en eût aussi, bien entendu; certaines sont proches de l’Eglise de l’Ombre (l’Eglise d’avant l’Edit de Constantin qui la légalise en 313), celle des Catacombes Romaines (dont nous avons des traces épigraphiques mais qui valent que l’on en parle spécialement)… Au IVème s. le culte chrétien non seulement éclate au grand jour mais, par le fruit de ses diverses implications dans le domaine politique romain (puis plus tard avec son revirement ou son accompagnement des évolutions dans ce même domaine), s’implante dans toutes les classes sociales et se répand sur tout le vieil et moribond empire romain. On se fait enterrer, quand on a les moyens, dans un sarcophage; tel celui de cette jeune Aemiliana de St Bertrand de Comminges (ville gallo-romaine de Haute-Garonne) datant de vers 350 et portant outre des inscriptions funéraires, un beau chrisme (monogramme du Christ formé des lettres X et P entrelacées). La religion chrétienne va devenir insensiblement le ‘fil rouge’ de la société européenne pour pas mal de siècles pour plusieurs raisons que nous ne verrons pas ici mais dont l’une des principales me semble être son organisation, qui doit être excellente puisque elle est toujours actuelle, pyramidale et sans faille, dont le sommet est bien entendu le Pape. Nous aurons l’occasion de remonter jusqu’aux temps apostoliques (Ier et IIème S.) mais je vous dirai plutôt ici un mot d’Aemilia et de sa famille, de l’entourage du saint et principal pape Grégoire-Ier le Grand (né vers 540, pape de 590 à 604). Cette famille aemilienne semble très proche de la papauté de ce temps. On trouve sur la tombe de Félix III prédécesseur et père de Grégoire, les noms de Paula ‘clarissima femina’, fille du  diacre Félix, morte en 484 et Aemiliana ‘sacra virgo’ morte en 489. Cette dernière est, avec Gordiana et Tarsilla, tante de Grégoire car soeurs de son père Gordien. Décidées à consacrer leur vies à Dieu, elles firent l’objet d’une homélie de leur neveu (‘Evangile’ 38.15 et Dial. IV 16) pour illustrer un passage de l’Evangile de Mathieu concluant que « Beaucoup sont appelés mais peu sont choisis ».

Maxime que je devrais peut-être reprendre à mon compte en la mettant au féminin, pour ce qui nous concerne ici, car les lignes s’ajoutent et je m’aperçois que je n’ ai pas encore pu quitter cette Antiquité décidément si attachante par tous ses aspects; ferme résolution est prise de passer au moyen-âge la prochaine fois!

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