Le Monde des AMIEL

Site sur les très nombreux AMIEL, par Jean-Louis et Cécile AMIEL

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Amiel, nom du dix-neuvième siècle 3

10 octobre 2011 · No Comments

Si la radio a été le média (comme l’on dit dorénavant) des deux premiers tiers du XXème S., le XIXéme lui, a sans doute été celui des journaux; journaux quotidiens ou à parutions plus espacées il est l’information des foyers et une source appréciable de nos jours pour mieux l’appréhender. On parle de tout dans ces pages, la diversité des informations, opinions, critiques est plus étendue qu’aujourd’hui; enfin on a des nouvelles d’ailleurs, de très loin même et les progrès techniques comme le télégraphe puis le téléphone y seront pour beaucoup. Le progrès est en marche dans ce domaine aussi et l’accompagne bien volontiers.
La banque connait un essor international comme cet établissement parisien de Jean-Henri Hottinguer qui, associé à Jean-Baptiste Amiel avant 1857 joue un rôle important sur le marché des changes, le commerce du coton et participe aux entreprises commerciales du Havre (76) où il possède une sorte de succursale. Cet Amiel fut auparavant responsable de la succursale de Marseille de 1837 à 1840. Un autre Amiel est l’un des premiers souscripteurs de la Banque de La Réunion.
C’est aussi un siècle où les inventions diverses et variées vont commencer à fleurir abondamment, phénomène dû peut-être a l’explosion industrielle et technique, mécaniquement parlant de ce siècle qui, enfin, commençait à affranchir l’homme du poids de sa nature pour lui faire entrouvrir les portes de la modernité en ce qui concerne ses tâches et sa vie quotidienne. J’aurai l’occasion par exemple de vous entretenir plus longuement de ce taillandier (coutelier) du nom d’Albin Amiel, de Lézignan-Corbières (11) qui inventa une cisaille pour tailler la vigne (alors en pleine expansion en Languedoc) et un procédé original pour sa fabrication semi-industrielle; son invention permit de gagner beaucoup de temps dans ce travail de taille et fut utilisé régulièrement jusqu’à la fin du XXème S. où l’invention du sécateur pneumatique vint apporter un confort supplémentaire en supprimant l’effort des bras et des poignets. Parmi ces inventeurs plus ou moins heureux cet Amiel qui s’associa avec un certain Decoeur pour déposer un brevet d’invention concernant le laminage de « bâtis de roues de wagons, tenders et locomotives » l’activité industrielle phare de ce siècle qui permit enfin des voyages rapides et confortables sans commune mesure avec le passé ainsi que des transports de marchandises tout aussi rapides et sur des distances inconnues alors. En 1887, un autre Amiel appelait l’attention du Conseil de Paris sur son invention, « la civière d’ambulance », invention louable mais sans avenir dont je vous narrerai le sort.
Les transports entre continents ont plus tardivement bénéficié des progrès de la traction à vapeur et encore après le milieu du siècle on continuait à naviguer à la voile; on trouve à Marseille en 1863-65 les armateurs associés Fournier et Amiel et un ‘trois-mâts’ leur appartenant, et à la fin de la Révolution, les armateurs Amiel et Duchesne au Havre qui offrent « l’Aimable Henriette » pour une incursion chez les Anglais le 19 pluviôse An VI; ou enfin en 1807 à St Malo (22) « MM Amiel & Cie » et leur « Tilsitt » (nom d’une victoire napoléonienne, on est sous l’Empire!) « à un pont,…armé à la part de St Malo par les dits sieurs …,pour faire la course avec avances » (rien à voir avec une compétition sportive; il s’agissait par là pour des corsaires de poursuivre des bateaux anglais ou autres et de leur subtiliser la cargaison, activité lucrative et autorisée pourvu que le fisc prélève sa part (ce qui diffère des pirates et flibustiers).
Parmi les créateurs de toutes sortes (mode, mobilier, coiffures, applications techniques de la science …) un mot pour ce parfumeur-créateur du nom de Amiel & Cie qui créa et exporta sur le marché londonien un parfum de violette de Parme dont on collectionne aujourd’hui les flacons.

Dans les arts aussi la modernité innove; un musicien Déodat de Séverac créateur avec d’autres noms plus connus de la « Schola Cantorum » (école supérieure d’enseignement musical de Paris) fit ses premiers pas dans son village d’origine, St Félix-Lauragais (31) grâce à un humble organiste de l’église du nom de Louis Amiel (1825-1910):élève dans sa jeunesse de la prestigieuse Ecole de Sorèze (81) Amiel fut son premier Maître et l’initia par les claviers de l’orgue aux arcanes de la musique. Bien entendu il lui apprit les bases du solfège et Déodat, reconnaissant à jamais dédiera à son cher Louis Amiel un choeur à trois voix, « St Félix », sur un poème en langue d’oc de Vincent Belloc. Déodat fonda une chorale à St Félix « La lyre du Vent d’Autan » en 1904, qu’il mit sous la direction de son protégé. Louis Amiel contribua également à l’oeuvre de celui qui devint son Maître en lui faisant parvenir des morceaux de chants populaires du Lauragais et du Languedoc, notés par lui qui les avait entendus dans la bouche de son père sans doute à moins qu’il ne s’agisse d’un travail de copie que Déodat fournit à son vieux professeur pour l’aider à vivre car Louis Amiel finit sa vie dans le besoin. De Séverac a bien tiré parti de ces morceaux régionaux, ressourçant par là la musique savante au riche folklore, et à l’art (de vivre) méditerranéen. Art de vivre au soleil représenté encore par Jacques Amiel, qui a vécu autour des XIX et XXèmes S. Marseillais il honora ses origines provençales en étant connu comme « tambourinaïre » c’est-à-dire joueur de tambourin (tambour typiquement provençal, à fut long et étroit, que l’on bat avec une seule baguette, l’autre main étant souvent occupée à jouer du fifre (petite flûte traversière en bois) avec lequel il accompagna les joyeuses farandoles du pays d’Alphonse Daudet allant de moulin en moulin, de mas en mas à travers la garrigue méditerranéenne. En Roussillon, l’un des autres pays méditerranéens du Golfe du Lion on danse plutôt la Sardane, mais le rythme en est tout aussi joyeux et exprime bellement le même pays méditerranéen. Ici aussi il y a des mas, ces domaines ruraux accoutumés à la rocaille, à la pauvreté des sols, à la sècheresse estivale et à l’écrasant soleil; il en est particulièrement un dont je veux vous dire l’origine, il s’agit bien sûr du Mas Amiel.

Il était une fois un évêque pris par le démon du jeu; on était au début du XIXème S. et il s’agissait de l’évêque de Perpignan, la cité majeure des Pyrénées Orientales. Ce brave homme un jour de grande malchance sans doute n’arrêtait pas de perdre, il avait pour adversaire un certain Raymond Etienne Amiel, ingénieur des Ponts et Chaussées de son état, on dirait de nos jours de l’Equipement, et cet homme était redoutable et quasiment invincible pour le pauvre représentant de Dieu sur terre; mais il ne le sut que trop tard. Aveuglé par son démon il perdit tous ses avoirs disponibles et dut se résoudre à miser le domaine viticole qu’il avait dans le terroir fameux de Maury, adossé à la barrière des Corbières, bien abrité l’hiver, bien exposé l’été et où l’on faisait un vin de messe plus qu’honorable sans doute. Diable, il ne pouvait pas faire autrement que de miser ce qui lui restait et bon dieu de bon dieu il le perdit! Raymond Amiel et sa descendance exploitèrent le domaine post-épiscopal qui prit le nom de « Mas Amiel » en l’améliorant pendant plus d’un siècle, puis ce sacré domaine passa en d’autres mains; il est aujourd’hui toujours magnifié et connu dans le monde entier grâce à un propriétaire volontaire et avisé, produisant des merveilles divines à se mettre à genoux devant, avant de les absorber religieusement, remerciant Dieu ou le Diable, on ne sait, d’avoir provoqué un si heureux sort à ce domaine finalement ‘béni des dieux’.

Dans la même région catalane on connait bien les frères Arago; ils étaient d’Estagel, plusieurs d’entre eux eurent une renommée nationale sous la Deuxième République en 1848 comme hommes politique et scientifique tel François, ou autre comme Jacques Etienne Vincent son frère qui fut journaliste notamment sous le pseudonyme d’Ernest Amiel, nom de l’entourage familial roussillonnais peut-être, républicain sans doute. Ce dernier qualificatif n’est sans doute pas celui que l’on peut prêter à Madeleine Amilia, écrivain moraliste et piétiste catholique de cette même période révolutionnaire préoccupée dans ses écrits de morale des femmes du peuple ou d’éducation religieuse (1852), de religion tout court (« Vérité au peuple du point de vue religieux » 1853; « Le mariage religieux » 1855). Car le peuple commençait sérieusement alors à s’éloigner dangereusement des choses de la religion, le prolétariat ouvrier s’émancipait de ces idées, s’ouvrait à sa condition souvent malheureuse, et le comble commençait à écrire sa propre vie. Un Amiel qui n’était pas français a écrit ses souvenirs de pauvre handicapé de la vie, il avait en effet le corps hideusement déformé par une syphilis latente et il eut à prendre une revanche sur cette existence devenue insupportable. Un deuxième du nom de Paul Amiel, ouvrier tailleur, syndicaliste de la première heure fit aussi le bilan de son existence comme d’autres ouvriers, en écrivant aussi ses « Souvenirs 1844-1913″ imprimés sur 94 pages en 1914 à Angoulème aux Editions Ouvrières, en peu d’exemplaires, signés et numérotés (signe d’une fierté toute nouvelle, à l’exemple des grands de l’édition dont il se considère l’égal au moins en droit?) Il s’agit en tous cas d’une belle biographie ouvrière constituée d’un récit exemplaire destiné à ses petits-enfants racontant depuis sa naissance à Toulouse d’un père aussi ouvrier tailleur, ses débuts comme commis aux écritures à Bordeaux chez un négociant en vins, puis son apprentissage à Paris…mais il souffrit de problèmes oculaires. On le suit comme stagiaire dans les ventes d’une compagnie de matériel chirurgical mais il se dispute avec ses supérieurs. Finalement à quatorze ans à peine, il devint employé d’une maison d’habillement pour hommes. Quelle vie déjà pour un jeune garçon dans cette France du deuxième empire et de la troisième république…

Si les progrès techniques, industriels ou scientifiques sont nombreux le progrès social surtout parmi les classes ouvrières et les employés attendront pas mal de temps encore et en plus il y aura deux guerres mondiales qui vont bouleverser la vie et dont les conséquences seront lourdes à surmonter. Ainsi va la vie, le meilleur côtoyant ou succédant au pire, vie chaotique dans laquelle nous sommes censés avancer. Nous avancerons peut-être ainsi aussi dans la succession des présents articles sur les Amiel, j’y suis pour beaucoup sans doute mais mon sujet, éminemment humain y est pour beaucoup également.

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