Le Monde des AMIEL

Site sur les très nombreux AMIEL, par Jean-Louis et Cécile AMIEL

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Amelius, Amiel: Des hommes de Dieu ont porté ce nom au Moyen-Âge 2 et après aussi …

14 juin 2011 · No Comments

Nous avons vu la dernière fois combien les Amelius-Amiel, très présents dans les strates supérieures de la société médiévale civile du sud de la France au haut moyen-âge (mais aussi dans les basses classes), étaient (grâce aux liens patrimoniaux et familiaux) présents tout autant dans la hiérarchie religieuse du même temps (les deux pouvoirs étant dans la pratique indissociables). Le cas de cet Abbé Amiel est à cet égard tout à fait emblématique: Sorti de l’une des familles de chevaliers de l’ancienne Montauriol (près de laquelle sera créée la ville neuve de Montauban (Tarn-et-Garonne), devenu abbé de l’ancienne abbaye de Montauriol en 1148 (jusqu’en 1174), sa nomination avait pour but de réconcilier la vieille et la nouvelle ville; il nomma un chapelain pour le représenter à la nouvelle église St Jacques de Montauban, la ville neuve des Comtes de Toulouse et c’est sous son abbatiat que Raymond V, fils d’Alphonse, répara complètement les torts de son père par une transaction qu’il passa avec lui en 1149. Par ailleurs son abbaye reçut à la même époque (vers 1170) beaucoup de donations. Les pouvoirs politiques et religieux s’entraident ainsi les uns les autres pour le bien des deux et d’autant plus logiquement (mais non nécessairement facilement) qu’il s’agit aussi de rapports et intérêts familiaux. Ainsi ira la vie des puissants dans le régime féodal….Et certains de ces potentats religieux locaux parvinrent à des postes très élevés dans la hiérarchie catholique.

La croisade contre les cathares a mis en scène sur le trône archiépiscopal de Narbonne Pierre Amiel; venu de Béziers, il fut auparavant Grand Archidiacre de St Just, il est nommé en 1225 et devient un ardent défenseur de la foi catholique. Il tient en 1227 le XVIème Concile de Narbonne où il règle le sort des hérétiques et surtout l’excommunication des comtes de Toulouse , Foix… et des vicomtes inféodés à eux; en 1235 il tiendra le XVIIème par lequel il donnera des canons (règlements) aux Inquisiteurs. Enfin il assistera et participera lui-même au siège et à la chute de Montségur en 1244, évènement qui signe la défaite non seulement de cette ‘hérésie’ mais aussi la défaite définitive des libertés occitanes et des pouvoirs régionaux du Languedoc, du Pays de Foix et de la Provence. La religion catholique qui a mené là, dans ces régions si anciennement évangélisées (n’oubliez pas que Narbonne a peut-être été chrétienne dès les temps apostoliques avec Paul-Serge, branche Paulii de la gens Aemilii romaine) la seule croisade contre des chrétiens, ce pouvoir-bis s’est alors installé (ou plutôt réinstallé en exclusivité doctrinale tout comme la royauté a pu mettre définitivement la main sur l’immense comté languedocien et accessoirement (le comte était le même) sur la non moins immense Provence.

Quelques dizaines d’années plus tard, au début du XIVème S. l’inquisition devenue institution principale de l’Eglise de Rome punit et remet dans le droit chemin (dans la ‘communion romaine’) tous ceux qui semblent vouloir s’en écarter en prenant leurs aises doctrinales envers le « dogme » officiel. On trouve ainsi un Amelius de Lautrec dans des Lettres adressées par Jean XXII à l’évèque de Mirepoix (Ariège), au sujet d’un différend survenu entre l’abbé Amelius, abbé de St Saturnin de Toulouse (St Sernin), et les Dames Chanoinesses. Accusé d’hérésie par Gautier de La Neuf-Ville, Viguier de Toulouse, il se disculpa de cette accusation et fut absous par le Parlement de Paris (l’hérésie est donc devenue un crime civil!). Si bien absous qu’il fut élevé l’an 1327 au siège épiscopal de Castres où il resta jusqu’en 1338. Il fut enfin en 1337 Gouverneur de la Marche d’Ancône

En ce même siècle on trouvera beaucoup d’Amiel proches des Papes.. Un grand pas est franchi là, il est vrai qu’il s’agit alors de papes français et qu’ils résident en Avignon; de plus ceux dont les Amiel sont proches sont du sud de la France (Ariégeois, Lotois). Il en va ainsi pour Ad(h)émar Amiel qui sera Trésorier Pontifical en 1316 (jusqu’en 1323) puis finira Archevêque de Marseille où il meurt en 1333. On pense qu’il était originaire du Diocèse d’Albi mais il y avait alors à Cahors une famille d’Amiel, ville d’origine du Pape Jean XXII (dont le règne commence en 1316). D’autres Amiel sont dans l’entourage de ce pape dont Jean Amiel, Clerc de la Chambre Apostolique en 1338, ou Jacques d’Amiel, ce qui pourrait confirmer cette hypothèse. Il y eut aussi un autre Amiel de Lautrec, descendant lui aussi d’une illustre famille tarnaise (et autrefois ‘albigeoise’ c’est à dire cathare ou au moins sympathisante comme les autres féaux des comtes de Toulouse), dans la deuxième moitié du XIVème S. Nous savons de lui qu’il fut étudiant, puis docteur ès-décrets chanoine et chancelier de l’Eglise de Toulouse; devenu évêque de Couserans (Ariège) en 1371 en poste à St Dizier, il fut transféré à celui de Comminges ( à St Bertrand l’antique cité gallo-romaine de Lugdunum Convenarum) en 1384 et il finit quand même Cardinal en 1385. Carrière magnifique et parfaite au sein de cette église que ses ancêtres avaient pourtant si combattu ! Mais soyons honnêtes, je dois ajouter qu’il y eut en cette année 1385 pas moins de huit promus à ce poste suprême (chargé entre autre d’élire le pape si besoin) fruit de la décision du pape Clément VII de pourvoir à une vague de décès.

Dans cette  deuxième moitié du XIVème S. il faut remarquer Pierre Amiel, dit de Brénac (Aude) (car il y eut un autre Pierre Amiel, cardinal lui aussi et à la même période!); il fut Bibliothécaire du Pape en Avignon vers 1365 et certains auteurs s’intéressant au fameux « Mystère de Rennes-le-Château » pensent que par sa haute fonction il eut à connaître certains secrets touchant à l’existence même de l’Eglise Catholique; il est vrai qu’au temps de l’abbé Saunière (fin XIXème- début XXème), l’abbé Courtade, curé de Brénac, fit non seulement édifier une statue sur la place de ce village audois (au-dessus de la fontaine), mais peint lui-même (dit-on) des fresques le représentant dans l’église du lieu (c’est peut-être en effet beaucoup pour un illustre inconnu, qui ne l’est plus aujourd’hui!). Enfin à l’appui de ce que pouvait contenir de sulfureux cette bibliothèque les férus de ce mystère local (mais à portée planétaire, allez donc faire un tour à Rennes-le-Château!) certains ont remarqué qu’un livre en apparence anodin, intitulé « Histoire de la ville d’Avignon » écrit en 1638 par un religieux du non de Polycarpe de laRivière fut interdit par l’Eglise, ne serait-ce pas pour cacher certaines vérités? Ajoutons au mystère le fait que ce Pierre Amiel eut la main sur cette bibliothèque jusqu’en 1401 soit 36 ans et qu’ainsi il s’y maintint jusqu’au règne de Grégoire XI dernier pape français et dernier pape d’Avignon. Au cours de cette longue carrière près des papes français qu’il servit fidèlement, on le voit par exemple en 1387 délégué par le pape Boniface IX auprès du roi de France Charles VI pour le convaincre de l’imposture du pape Benoît XII. Son homonyme lui, s’opposera à la même époque et à côté de Clément VII à la réunion d’un concile consécutif au Grand Schisme d’Occident. Pierre Amiel de Brénac accompagnera le pape Grégoire XI pour le retour de la Papauté à Rome en 1376-77. On conserve de lui la relation de ce voyage, relation qui a été étudiée et dont je ne manquerai pas de vous parler, ainsi que le plus ancien rituel funéraire de la papauté qui rappelle à certains égards le rituel funéraire royal français. Un troisième Amiel dit du Breuil devient à l’extrème fin de ce XIVème S. Archevêque de Tours (de 1393 à 1414); il est aussi appelé Amelius de Maillé (de son origine noble). Il siège au concile de Paris et y prend la défense du pape avec Pierre d’Ailly. Il fait partie ensuite de l’ambassade du roi et de l’église de France vers les deux prétendants à la papauté et enfin porte la parole de ces derniers devant le pape ‘du moment’, on est durant le fameux Grand Schisme d’Occident, ne l’oublions pas, qui ne finira qu’en 1417 avec l’unique pape Martin V enfin élu par un seul conclave).

Au XVème S. et pour élargir encore notre champ d’investigation à ce sujet, le vénitien Petrus Aemilianus (l’usage pseudo-latin commence à s’installer, je reviendrai sur cet aspect de notre civilisation typique de al Renaissance), de son nom italien Pietro Miani connu pour avoir été un grand bibliophile, fut évêque de Vicenze a partir de 1409; il fut l’ami de Leonardo Bruni, de Francesco Barbaro et de Guarino et se réclamait de l’antique famille aemilienne (et il n’est pas le seul alors!) profitant d’une possible altération du nom originel faisant contracter le célèbre patronyme d’Aemiliani en Miani tout comme les célèbres monuments romains parvenus en de belles ruines. Un demi-siècle auparavant mais toujours en Italie Pietro III de Gratia connu aussi sous le patronyme d’Amiel ou Ameil dans les documents italiens fut evêque de Naples, entre 1363 et 1365; il s’agit de celui que l’on connait en français sous le nom de Pierre Amiel de Sarcenas, cardinal homonyme de celui dont je parle dans le § précédent. Enfin entre 1362 et 1375 un certain Sir Ralph Amyel fut chapelain de Little Oakley, diocèse de Londres…

C’est tout ce que je voulais vous dire sur ce moyen-âge religieux tout autant que politique et finalement de cette féodalité qui a organisé notre pays pour pas mal de temps. Nous verrons ce qu’il en est la prochaine fois pour cette question à la Renaissance, période où va aussi naître et résister cette fois plus efficacement une autre dissidence, je veux parler bien sûr du protestantisme, mouvement qui saura utiliser les mêmes leviers que l’église catholique, s’appuyant sur la pureté et la vérité biblique portées au plus haut point.

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