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LA MOUCHEROLLE Poème de Louis Amiel l'historien du XIXème S :
Quand les rouges sainfoins sont tombés sous la faux,
Qu'à l'heure de midi, non loin de leurs râteaux,
Les faneurs sont couchés à l'ombre d'un grand chêne,
Que la plaine est brûlante et le vent sans haleine:
Un furtif oisillon, à l'œil doux, au bec fin,
S'élançant des buissons qui bordent le chemin,
Ou bien du toit pompeux de l'arbre séculaire,
Plonge, rase le pré, saisit un moucheron,
Se perche, l'œil au guet sur le bout d'un jalon,
Replonge, monte encore en spirale légère,
Et dans l'air embaumé de tiède fenaison,
Plane, ondule, tournoie,
Se perche encore et guette une nouvelle proie.
Ainsi fait-il encor, sur la blonde moisson,
A l'heure où la cigale aiguise sa chanson,
Où le verdier, caché dans l'arbre de la plaine,
Aux échos embrasés, redit sa cantilène;
Quand la fourmi butine à l'ombre des sillons,
Sous les coquelicots et les blancs liserons:
Eden mystérieux aux sereines retraites,
D'où montent jour et nuit de doux bruissements,
Dont les seules tempêtes
Sont le cri des grillons, le chant des alouettes,
L'aile des papillons, les épis frémissants.

Puis quand vient l'automne aux brumes matinales,
Aux jours frais et sereins,
La moucherolle enfin, de ses frêles spirales,
Anime nos jardins
Et dans l'étroit enclos que la vigne couronne,
Entre les pâles fleurs de l'arrière-saison
Le long des espaliers où la guêpe bourdonne,
Au clair soleil d'automne,
Poursuit toujours le moucheron.

Mais avant que du nord les premières rafales
N'aient chassé le ramier vers les terres australes;
Avant que sur le cep le pampre n'ait rougi,
Que la mûre aux buissons n'ait à peine noirçi;
Vers un ciel plus clément, devançant l'hirondelle,
La moucherolle a fui pour revenir comme elle.

(=> "Le livre des hirondelles suivi du livre des oiseaux" G. S. Trébutien; Le Blanc-Hardel, Caen, 1867).
Le phénomène de l'ENDURA et le cathare AMIEL DE PERLES :
Que signifie ce mot ? C'est un mot occitan pour désigner la dure exposition des corps à la faim et à la soif à laquelle se sont livré quelques cathares au cours du moyen-âge. Cette privation qui était pire qu'une actuelle grève de la faim était un véritable suicide pour celui qui décidait de souffrir ainsi pour sa religion. Elle s'accomplissait en effet au nom de croyances propres au catharisme. Le moyen pour y parvenir étant l'abstention totale de nourriture et de boisson. C'était souvent en raison d'une nécessité inévitable que certains employèrent cette pratique. Le cas d'Amiel de Perles est exemplaire.
Comme je l'ai indiqué dans le résumé de sa vie, Amiel de Perles fut une 2ème fois arrêté et placé dans les cachots de l'Inquisition de Toulouse. Auparavant il fut une 1ère fois arrêté mais remis en liberté contre une promesse qu'il ne tint pas. Libre il fut l'un des propagateurs les plus ardents de sa foi et l'un des collaborateurs les plus actifs du dernier représentant célèbre qu'eurent les cathares en Languedoc au début du XIVème S., Pierre Authié. Il va refuser toute ingestion de nourriture dès le 1er jour de son incarcération; peut-être pour échapper aux interrogatoires, à la "question" et ses tortures auxquelles il pourrait, avec raison, succomber et trahir ses coreligionnaires, peut-être pour aussi frustrer l'espoir des catholiques, pour se soustraire à la fin horrible de la mort vive sur le bûcher éventuellement. Mais il n'y échappera pas pour autant : son jugement sera aussi précipité que sa condamnation, vu son état volontaire d'endura. "Iste fuit Amelius de Perlis in Savartesio dyocesis Appamiensis", ainsi fut Amiel de Perles, du diocèse appaméen du Sabarthès (de Pamiers), confirme la note ajoutée en marge du manuscrit où est inscrite la sentence justifiant l'accélération de la procédure de son jugement prononcé pour la 1ère fois par l'horrible Bernard Gui, l'inquisiteur redoutable qui rédigea plus tard un manuel pratique pour les inquisiteurs, la "Pratica", dans laquelle il cite ce cas d'endura.
(=> article "L'endura, coutume religieuse des derniers sectaires albigeois" C. Molinier in "Annales de la Faculté des Lettres de Bordeaux 3ème année, T. III; Duthu, Bordeaux, 1881).
L'Histoire de VENISE et deux EMILES du temps de NAPOLEON BONAPARTE :
Avec l'arrivée de Bonaparte en Italie, c'est la fin des républiques indépendantes dont celle de Venise. La Campagne d'Italie de 1796-1797 va ne faire qu'une bouchée de ces si vieilles institutions. Un Comte au nom ridicule dans sa version française d' "Emile des Emiles" muni de pleins pouvoirs par le Sénat de Venise est cité dans l'histoire de la ville; ce nom trahit et traduit probablement une origine latine, correspondant à un Amelius Amelianus des anciens temps à laquelle ce moderne peut ou veut se rattacher; son influence et son immense fortune lui permit de lever des troupes qu'il arma lui-même pour défendre la cité. Dans la même région la cité de Castelnuovo sera, elle, défendue par le comte François des Emiles (Amelianus, devenu en italien Ameliani, Amiliani, Emiliani donc ?); il s'agissait surtout de défendre la ville de Vérone, dernier rempart avant la chute de Venise. Mais Vérone qui vit pourtant le comte Emile des Emiles venir à son secours, puis Venise, tombèrent et, dit l'historien, "Les membres les plus élevés du patriciat de cette province, le comte Emile des Emiles, le comte Verita, le comte Malenza qu'il avait voulu à ses côtés, et d'autres, furent condamnés à mort." par Bonaparte investi du titre de Président de la République Italienne, pas moins, en attendant mieux en France quelques années plus tard.
(=> "Histoire d'Italie de 1789 à 1814" T. II Ch. Botta; Dufart, Paris, 1824. "Chute d'une République - Venise" Ed. Bonnal; Firmin-Didot, Paris, 1885).
Compléments sur les Amelius de Bordeaux, les Paulins et les Léonce :
Selon certains, dont le poète Fortunat, Amelius aurait été évêque de Bordeaux vers 520 (+ ~530); selon A. Lopes les dates sont à peine différentes, ~490 (+~545). Le Catalogue des Archevêques de Bordeaux et le Dictionnaire de Statistique Religieuse donnent les dates de Fortunat.
La traduction française est en général Ameille pour l'historien auteur du livre consulté car, d'après lui cette transcription rend mieux la prononciation avec l'accentuation tonique antique du nom latin. Pour A. Lopes le nom doit être transcrit Amelius ou Emelius.
Pour ce qui est de ses origines, il n'y a aucun doute; Ameille ou Amelius appartient bien à l'illustre famille des Paulins (Paulinus) et des Léonces. C'est Fortunat qui dit qu'il avait un Léonce pour héritier naturel. Le nom est à cette époque tellement répété qu'on peut le voir comme étant son nom d'usage et principal, le nom d'une famille gallo-romaine illustrée par les honneurs politiques et religieux : les diocèses de Paris, Auch, Comminges, Toulouse eurent en ce même VIème S. (voir partie Antiquité tardive) un évêque de ce nom, ce qui est remarquable et ne peut être le simple fruit du hasard.
Fortunat nous dit qu'Amelius bâtit une chapelle sur son domaine, celui de la famille Amelia, qui a peut-être possédé la villa à l'origine de Mellac à l'est de Bordeaux ou Amilly en Saintonge proche (?) et par contre certainement St Denis de Pile. Le nom Amelius selon l'auteur est soit grec d'origine et signifierait "soigneux", soit latin et en ce cas signifierait "aimable", mais il est certain qu'il vient du latin. On sait que de plus anciens aemiliens bordelais furent parents de la famille d'Ausone (voir partie empire romain) et alliés des Paulins. Si l'on suit Fortunat mais il s'emmêle les pinceaux, Amelius aurait dédié une chapelle à l'apôtre de Paris, St Denis ? Il y a deux sites pour cette attribution : St Denis de Pile (canton de Guitres) et St Denis (canton de Branne) à moins que ce lieu de culte ait été dans Bordeaux même. Il se trouve qu'au même temps un évêque de Paris vers 533 fut un Amelius et il a pu fonder lui aussi une chapelle au lieu de la décapitation de St Denis, dans le vallon à l'ouest de la colline de Montmartre, et cela est plus probable. C'est en effet là dans ce secteur encore nommé "La Chapelle" à Paris qu'eut lieu son supplice, le saint selon son hagiographie, ayant ensuite pris sa tête dans ses mains partit jusqu'au lieu de St Denis Basilique ! Fortunat indique en tous cas que Léonce, évêque bordelais, qui reconstruisit la Basilique de St Denis en Bordelais est l'héritier d'un Amelius, aussi bien dans la dignité (gradus, ici évêque ?) que dans ses possessions, et là c'est tout à fait possible. On pense qu'il s'agit de Léonce II.
(=> "Histoire de la Sainte Eglise de Bordeaux - VIème S. - St Léonce" H. Caudéran; Hébrail & consorts, Toulouse, 1875).
L'AFFAIRE AMIEL DU BREUIL :
C'est le nom que l'on trouve dans un article récent de l'Académie des Inscriptions & Belles-Lettres (1); il s'agit d'Amiel de Maillé archevêque de Tours (voir article à son sujet). Elle concerne des visions très différentes de la conception de l'enseignement universitaire à la fin du XIVème S. L'éternel conflit entre les anciens et les modernes, entre la permanence et le changement, entre la stabilité sûre et la réforme incertaine, va s'incarner entre les tenants d'une vision corporatiste et hiérarchique de l'enseignement, celle de la "faculté de décret", et ceux qui en avaient une vision plus pragmatique et individualiste, remettant en cause certaines nécessités statutaires, une vision moderne soutenue par l'archevêque Amiel du Breuil, dans les années 1386-1388 dans un long procès en Parlement qui fut inséré dans le Cartulaire de l'Université de Paris. Celui qui avait la charge de "Régent extraordinaire de l'Université" souhaitait en réalité mener rondement de front autant sa carrière universitaire que ses carrières politique et religieuse ambitieuses, "proffiter (sic) en la science" tout en assurant son enseignement magistral.
(=> (1): "L'affaire Amiel du Breuil" J. Verger in "Acad. des Inscr. & Belles-lettres. Comptes rendus des Séances Année 1998 - 1er trim. pp.123-138. "Chartularium Universitatis Pariesiensis" n° 1528, p.427; Paris, 1894).
L'académicien Raynouard ose citer le cas d'EMILIUS SCAURUS :
Dans son discours de réception à l'Académie Française en 1807, François Just Marie Raynouard exposant la tragédie sous les romains osa prononcer ces mots : Dans les temps qui suivirent le règne d'Auguste, les poètes n'auraient plus eu la liberté de traiter des sujets nationaux. Emilius Scaurus, dans sa tragédie d'Atrée, avait imité quelques vers d'Euripide qui fournirent le prétexte d'une dénonciation. Scaurus reçut l'ordre de mourir et s'y soumit avec courage. Tibère régnait. Ces paroles d'Euripide reprises, les voici : "Il faut supporter la folie de celui qui commande." allusion à peine voilée à Napoléon Ier qui commandait alors la France, c'était presque aussi dangereux que du temps des romains.
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