Revision history for patro30


Revision [17298]

Last edited on 2019-06-05 12:00:49 by JeanLouis
Additions:
Ce temps des mythes n'a que peu à voir avec le notre : En raison de "l'épaisseur de temps" qui nous sépare des très lointains récits et 'histoires' mythiques nous avons naturellement tendance à lire les signes des civilisations disparues avec notre propre perception temporelle. Or le temps du mythe n'est pas le temps de l'histoire : l'oralité et la tradition orale qui transmet le mythe implique une perception du temps qui n'a que peu à voir avec celle de l'histoire. De plus réciter ce que l'on a mémorisé c'est rendre présent le récit; comme au théâtre c'est une re-présentation. Bien qu'il se réfère aux origines, le récit est dans un temps qui dure encore : l'oralité coagule ce temps. Et dans le rite qui vise à réactualiser le mythe, la mémoire est la technique utilisée pour vivre un autre temps et non un effort pour retrouver le passé. Le temps du mythe n'est pas linéaire : même s'il raconte une origine, il n'a ni commencement ni fin; on ne peut le mesurer et il échappe à toute datation, à toute succession temporelle; il n'a pas de chronologie applicable, il procède par hiérarchie et n'a pas de sens...ou plutôt son sens n'est pas unique, c'est un peu celui de l'Eternel Retour. Vécu comme temps véritable, accepté comme échappant au domaine "intelligible", étroitement associé à la mémoire divinisée dans le contexte de l'oralité, le temps du mythe est lui aussi...divinisé ! C'est il me semble dans un tel cadre que se déroulent par ex. les rites religieux (cf. la messe chrétienne qui rend présent le corps et le sang du Christ).
Les hommes sont pourtant ainsi faits que depuis longtemps, pragmatiquement ils ne peuvent s'affranchir de voir une évolution du monde dans le temps terrestre : Il y a 2700 ans le grec Hésiode, auteur d'une cosmologie des origines, définit cinq périodes d'évolution de l'humanité, mais l'homme antique n'avait pas devant lui l'avenir qui ne l'intéressait pas, il avait le passé, ces périodes allant en déclinant de l'une à l'autre, ce qui peut paraître paradoxal à notre époque où l'on ne conçoit l'évolution des temps uniquement comme positive; il s'agissait donc d'involution ! Il les a nommées âges; l'âge d'or, d'argent, de bronze, des héros et le dernier, dans lequel nous sommes encore donc, celui du fer, qui parait avoir commencé avec Abraham, ce qui peut paraitre long pour certains! Ovide le poète latin a repris à son compte ces divisions; voici comment il décrit l'âge d'or, assimilable au Paradis Perdu biblique :// Il fut d'or le premier âge à naitre; sans vengeur, sans contrainte, sans loi, il respectait la bonne foi et la droiture. Point de châtiment ni de crainte, nulle menace...; sans protecteur, les gens étaient en sécurité...nul fossé ne cernait encore nulle place forte...sans soldat, les tribus passaient sans risque de doux loisirs. La terre aussi dispensée de toute obligation, sans être touchée par le hoyau, ni blessée par les araires, donnait tout d'elle-même. Satisfait des aliments produits sans aucune contrainte, l'homme cueillait les fruits....Un printemps éternel ! Les zéphirs paisibles caressaient de leur souffle tiède les fleurs nées sans semis. Bien vite même, la terre vierge portait des moissons et le champ en jachère blanchissait de lourds épis. Là des fleuves de lait, là des fleuves de nectar; des gouttes de miel blond tombaient de l'yeuse verdoyante.// (Ovide, Métamorphoses, I, 29-11). Voilà qui ne peut que nous rappeler le Paradis biblique; et il suffit, il me semble, de voir les premières images du film "Les dieux sont tombés sur la tête" pour en avoir une certaine traduction car cet âge d'or c'est celui de ces peuples que l'on disait primitifs il n'y a pas si longtemps, vivant au plus près de la nature, simplement et en la respectant, "le temps de l'innocence de l'abondance et du bonheur, le Paradis Perdu" (Pierre Tchernia). Ce temps où parait-il l'on ne mourrait que pendant son sommeil, sans s'en rendre compte ne pouvait évidemment pas durer; vint l'âge d'argent, celui de Zeus, qui se caractérisa par une légère dégradation, on commença à faire quelques entorses à la justice naturelle et il fallut se mettre à cultiver, à travailler ! A l'âge du bronze qui suit, alors là la dégradation s'accentue, la guerre apparait, les biens qui jusque là étaient communs commencent à être disputés; suit l'âge des héros et des demi-dieux, engendrés entre dieux et mortelles, des êtres mythiques nobles et généreux par leur essence divine qui s'illustreront dans les grands cycles légendaires comme la Guerre de Troie et les religions; par leur mère terrestre ils sont mortels mais ils demeureront après leur mort aux Champs-Elysées (pas ceux de Paris !); c'est donc une période ou des querelles éclatent et il devient nécessaire d'avoir des lois et des limites en tout; la terre nourrit les hommes mais au prix désormais d'un dur labeur et de soumissions! Quand au dernier, l'âge du fer, le nôtre, tout n'est plus que compromissions, souffrance, ignorance, maladie, méfiance, mensonge, perfidie, violence, peur de l'avenir, et toujours cette nécessité de travailler et de s'affronter dans des guerres, que du bon en somme ! Et dire que nous vivons tout cela encore de nos jours... Les anciens ne voyaient pas du tout les choses évoluer comme nous, c'était même donc l'inverse; le monde pour eux ne se perfectionnait pas avec le temps, le changement inévitable ne produisait pas du mieux, si tant est que ce soit le cas de nos jours ! On ne peut s'étonner dès lors des notions de paradis perdu qui hantent les vieilles croyances religieuses tout comme le rejet actuel de la religion dans les sociétés modernes peut être expliqué par les seules valeurs matérialistes que notre monde actuel met sur ses autels, un paradis sans doute palpable, pratique et agréable, fait aussi de promesses en l'avenir, mais bien illusoire et cache-misère de tant de maux.
Deletions:
Ce temps des mythes n'a que peu à voir avec le notre : En raison de "l'épaisseur de temps" qui nous sépare des très lointains récits et 'histoires' mythiques nous avons naturellement tendance à lire les signes des civilisations disparues avec notre propre perception temporelle. Or le temps du mythe n'est pas le temps de l'histoire : l'oralité et la tradition orale qui transmet le mythe implique une perception du temps qui n'a que peu à voir avec celle de l'histoire. De plus réciter ce que l'on a mémorisé c'est rendre présent le récit; comme au théâtre c'est une re-présentation. Bien qu'il se réfère aux origines, le récit est dans un temps qui dure encore : l'oralité coagule ce temps. Et dans le rite qui vise à réactualiser le mythe, la mémoire est la technique utilisée pour vivre un autre temps et non un effort pour retrouver le passé. Le temps du mythe n'est pas linéaire : même s'il raconte une origine, il n'a ni commencement ni fin; on ne peut le mesurer et il échappe à toute datation, à toute succession temporelle; il n'a pas de chronologie applicable, il procède par hiérarchie et n'a pas de sens...ou plutôt son sens n'est pas unique, c'est un peu celui de l'Eternel Retour. Vécu comme temps véritable, accepté comme échappant au domaine "intelligible", étroitement associé à la mémoire divinisée dans le contexte de l'oralité, le temps du mythe est lui aussi...divinisé !
Les hommes sont pourtant ainsi faits que depuis longtemps ils ne peuvent s'affranchir de voir une évolution du monde dans le temps terrestre : Il y a 2700 ans le grec Hésiode, auteur d'une cosmologie des origines, définit cinq périodes d'évolution de l'humanité, mais l'homme antique n'avait pas devant lui l'avenir qui ne l'intéressait pas, il avait le passé, ces périodes vont en déclinant de l'une à l'autre, ce qui peut paraître paradoxal à notre époque où l'on ne conçoit l'évolution des temps comme seulement positive; il s'agissait donc d'involution ! Il les a nommées âges; l'âge d'or, d'argent, de bronze, des héros et le dernier, dans lequel nous sommes encore donc, celui du fer, qui parait avoir commencé avec Abraham, ce qui peut paraitre long pour certains! Ovide le poète latin a repris à son compte ces divisions; voici comment il décrit l'âge d'or, assimilable au Paradis Perdu biblique :// Il fut d'or le premier âge à naitre; sans vengeur, sans contrainte, sans loi, il respectait la bonne foi et la droiture. Point de châtiment ni de crainte, nulle menace...; sans protecteur, les gens étaient en sécurité...nul fossé ne cernait encore nulle place forte...sans soldat, les tribus passaient sans risque de doux loisirs. La terre aussi dispensée de toute obligation, sans être touchée par le hoyau, ni blessée par les araires, donnait tout d'elle-même. Satisfait des aliments produits sans aucune contrainte, l'homme cueillait les fruits....Un printemps éternel ! Les zéphirs paisibles caressaient de leur souffle tiède les fleurs nées sans semis. Bien vite même, la terre vierge portait des moissons et le champ en jachère blanchissait de lourds épis. Là des fleuves de lait, là des fleuves de nectar; des gouttes de miel blond tombaient de l'yeuse verdoyante.// (Ovide, Métamorphoses, I, 29-11). Voilà qui ne peut que nous rappeler le Paradis biblique; et il suffit, il me semble, de voir les premières images du film "Les dieux sont tombés sur la tête" pour en avoir une certaine traduction car cet âge d'or c'est celui de ces peuples que l'on disait primitifs il n'y a pas si longtemps, vivant au plus près de la nature, simplement et en la respectant, "le temps de l'innocence de l'abondance et du bonheur, le Paradis Perdu" (Pierre Tchernia). Ce temps où parait-il l'on ne mourrait que pendant son sommeil, sans s'en rendre compte ne pouvait évidemment pas durer; vint l'âge d'argent, celui de Zeus, qui se caractérisa par une légère dégradation, on commença à faire quelques entorses à la justice naturelle et il fallut se mettre à cultiver, à travailler ! A l'âge du bronze qui suit, alors là la dégradation s'accentue, la guerre apparait, les biens qui jusque là étaient communs commencent à être disputés; suit l'âge des héros et des demi-dieux, engendrés entre dieux et mortelles, des êtres mythiques nobles et généreux par leur essence divine qui s'illustreront dans les grands cycles légendaires comme la Guerre de Troie et les religions; par leur mère terrestre ils sont mortels mais ils demeureront après leur mort aux Champs-Elysées (pas ceux de Paris !); c'est donc une période ou des querelles éclatent et il devient nécessaire d'avoir des lois et des limites en tout; la terre nourrit les hommes mais au prix désormais d'un dur labeur et de soumissions! Quand au dernier, l'âge du fer, le nôtre, tout n'est plus que compromissions, souffrance, ignorance, maladie, méfiance, mensonge, perfidie, violence, peur de l'avenir, et toujours cette nécessité de travailler et de s'affronter dans des guerres, que du bon en somme ! Et dire que nous vivons tout cela encore de nos jours... Les anciens ne voyaient pas du tout les choses évoluer comme nous, c'était même donc l'inverse; le monde pour eux ne se perfectionnait pas avec le temps, le changement inévitable ne produisait pas du mieux, si tant est que ce soit le cas de nos jours ! On ne peut s'étonner dès lors des notions de paradis perdu qui hantent les vieilles croyances religieuses tout comme le rejet actuel de la religion dans les sociétés modernes peut être expliqué par les seules valeurs matérialistes que notre monde actuel met sur ses autels, un paradis sans doute palpable, pratique et agréable, fait aussi de promesses en l'avenir, mais bien illusoire et cache-misère de tant de maux.


Revision [17297]

Edited on 2019-06-05 11:44:28 by JeanLouis
Additions:
Tous les peuples de la terre ont construit leur vision propre de ces origines, reposant souvent sur l'existant éternel, la nature, ses phénomènes, le cours des astres, l'étonnement devant la vie et les formes de vie, le rapport entre les hommes et cet environnement.... ainsi avions - nous notre place sur cette planète et dans l'univers. Ce n'est que par des montages métaphysiques que l'on pouvait expliquer ou plutôt s'expliquer ces phénomènes liés à l'existence et à son corollaire la mort, la force de l'homme étant bien la faculté de penser, ce que les scientifiques englobent dans la "révolution cognitive". A cette révolution est directement liée l'expression symbolique - certains ont parlé même de révolution symbolique - qui est cependant apparue très lentement et à différentes époques selon les lieux et les hommes. Ce n'est qu'avec l'acquisition d'un degré d'abstraction suffisant pour "imaginer des choses" (symboles puis mythes sans doute mais la question de la prééminence n'est pas tranchée comme on le verra), imaginer au-delà de la réalité que cela s'est très lentement réalisé et transmis. Pendant des millénaires sans doute, faute de moyens pratiques comme le langage ou la signification de gestes et des techniques comme le dessin, la gravure et la peinture, ces notions n'ont pu s'exprimer. Le fruit le plus pérenne de cette lente évolution, au-delà des peintures dont le sens s'est perdu au fil du temps, du langage et de la constitution d'élaborations symboliques et mythiques pour s'en souvenir, est sans nul doute l'écriture qui bien tardivement en portera témoignage, in fine; pourtant, de nos jours, qu'avons - nous retenu de ce passé pré-antique, très archaïque?
Et l'art de conter les songes est sans doute rapidement apparu chez nous. Les visions de grands sages, de grands maîtres spirituels, ont été alors structurées par des élaborations socio-culturelles adaptées à leur contexte dont nous avons toujours un écho subconscient dans nos sociétés modernes; ces vieilles constructions mythiques sont toujours présentes, modelées par le temps et transmises de génération en génération dans tous les coins de la planète. Toutefois seuls quelques récits parmi tout ce fonds immémorial sont porteurs de visions assez profondes, larges et fascinantes pour avoir pu impulser les grandes directions de notre pensée à ce sujet. C'est pour ce type de récit merveilleux (heureux ou malheureux d'ailleurs) que l'on peut parler de mythe. Et dans toutes ces légendes mythiques précisons que la notion de véracité ne s'y pose pas; l'adjectif anglais correspondant, 'mythical' veut signifier 'incroyable' et c'est aussi l'une de ses acceptions en français. On est donc prévenu, il s'agit bien de contes pour lesquels on ne saurait croire à la probabilité de leur survenue. Il s'agit bien d'affabulations ordonnées de l'imagination humaine cadrant avec une certaine réalité sensible. Ils seront transmis depuis des âges immémoriaux par voie orale, adaptés à leur temps, triturés, modifiés, conjugués, annexés, amplifiés. Pourtant le mot 'légende' à pour origine le verbe latin leger qui signifie lire, une légende est ce qui doit, mérite d'être lu et cette partie de mon étude est dans ce cas, malgré la difficulté qu'il y a de nos jours à se pénétrer de ce que je raconte ici. L'histoire antique ou plutôt les auteurs antiques de cette histoire auront tendance en leur temps, pour ce qui était leur monde, à assimiler ces légendes comme vérités tout comme ils le feront des traditions, en les confondant avec ce qu'elles sont véritablement, des représentations métaphoriques, car ces récits fabuleux servaient l'intérêt de chaque peuple et souvent celui de leurs gouvernants, politiques comme religieux. Et il ne faut pas ici confondre le messager avec le message : ce message symbolique transmis appartient au vocabulaire de l'âme par lequel l'humanité était parvenue à élever son esprit au-dessus des nécessités immédiates (cf. Campbell "The Inner Reaches of Outer Space : Metaphor as Myth ans as religion"; New-York, Van Der Marck Ed., 1895). C'est ce qui fait son importance et l'intérêt que nous y portons ici.
Deletions:
Tous les peuples de la terre ont construit leur vision propre de ces origines, reposant souvent sur l'existant éternel, la nature, ses phénomènes, le cours des astres, l'étonnement devant la vie et les formes de vie, le rapport entre les hommes et cet environnement.... ainsi avions - nous notre place sur cette planète et dans l'univers. Ce n'est que par des montages métaphysiques que l'on pouvait expliquer ou plutôt s'expliquer ces phénomènes liés à l'existence et à son corollaire la mort, la force de l'homme étant bien la faculté de penser, ce que les scientifiques englobent dans la "révolution cognitive". A cette révolution est directement liée l'expression symbolique - certains ont parlé même de révolution symbolique - qui est cependant apparue très lentement et à différentes époques selon les lieux et les hommes. Ce n'est qu'avec l'acquisition d'un degré d'abstraction suffisant pour "imaginer des choses" (symboles puis mythes) au-delà de la réalité que cela s'est très lentement réalisé et transmis. Pendant des millénaires sans doute, faute de moyens pratiques comme le langage ou la signification de gestes et des techniques comme le dessin, la gravure et la peinture, ces notions n'ont pu s'exprimer. Le fruit le plus pérenne de cette lente évolution, au-delà des peintures dont le sens s'est perdu au fil du temps, du langage et de la constitution d'élaborations symboliques et mythiques pour s'en souvenir, est sans nul doute l'écriture qui bien tardivement en portera témoignage, finalement; pourtant, de nos jours, qu'avons - nous retenu de ce passé antique, très archaïque?
Et l'art de conter les songes est sans doute rapidement apparu chez nous. Les visions de grands sages, de grands maîtres spirituels, ont été alors structurées par des élaborations socio-culturelles adaptées à leur contexte dont nous avons toujours un écho subconscient dans nos sociétés modernes; ces vieilles constructions mythiques sont toujours bien vivantes modelées par le temps et transmises de génération en génération dans tous les coins de la planète. Toutefois seuls quelques récits parmi tout ce fonds immémorial sont porteurs de visions assez profondes, larges et fascinantes pour avoir pu impulser les grandes directions de notre pensée à ce sujet. C'est pour ce type de récit merveilleux (heureux ou malheureux d'ailleurs) que l'on peut parler de mythe. Et dans toutes ces légendes mythiques précisons que la notion de véracité ne s'y pose pas; l'adjectif anglais correspondant, 'mythical' veut signifier 'incroyable' et c'est aussi l'une de ses acceptions en français. On est donc prévenu, il s'agit bien de contes pour lesquels on ne saurait croire à la probabilité de leur survenue. Il s'agit bien d'affabulations ordonnées de l'imagination humaine cadrant avec une certaine réalité sensible. Ils seront transmis depuis des âges immémoriaux par voie orale, adaptés à leur temps, triturés, modifiés, conjugués, annexés, amplifiés. Pourtant le mot 'légende' à pour origine le verbe latin leger qui signifie lire, une légende est ce qui doit, mérite d'être lu et cette partie de mon étude est dans ce cas malgré la difficulté qu'il y a de nos jours à se pénétrer de ce que je raconte ici. L'histoire antique ou plutôt les auteurs antiques de cette histoire auront tendance en leur temps, pour ce qui était leur monde, a assimiler ces légendes comme vérités tout comme ils le feront des traditions, en les confondant avec ce qu'elles sont véritablement, des représentations métaphoriques, car ces récits fabuleux servaient l'intérêt de chaque peuple et souvent celui de leurs gouvernants, politiques comme religieux. Et il ne faut pas ici confondre le messager avec le message : ce message symbolique transmis appartient au vocabulaire de l'âme par lequel l'humanité était parvenue à élever son esprit au-dessus des nécessités immédiates (cf. Campbell "The Inner Reaches of Outer Space : Metaphor as Myth ans as religion"; New-York, Van Der Marck Ed., 1895). C'est ce qui fait son importance et l'intérêt que nous y portons ici.


Revision [17296]

Edited on 2019-06-05 11:35:34 by JeanLouis
Additions:
Lorsqu'on a eu l'idée de fabriquer de toutes pièces un fac-similé de la Grotte de Lascaux, l'un des deux artistes-peintres qui oeuvra pendant 11ans, entre 1972 & 1983 à ce patient et minutieux travail fut Monique Peytral. Elle s'adonnait à cette reproduction beaucoup la nuit, entre 22 et 2h, à la lueur de bougies. Lorsqu'elle descendait de son échelle et qu'elle regagnait la vie actuelle, elle disait qu'elle était comme saoule, comme "**prise dans un mythe**" qu'il lui était bien difficile de quitter. Les dessins dans la grotte copiée furent aussi artisanalement et superbement tracés que les originaux d'il y a 16.000 ans ! Les homo sapiens avaient, malgré eux peut-être, laissé ici et là de nombreux indices pour savoir de nos jours comment ils s'y étaient pris, dont des poudres minérales de différentes couleurs. On peut comprendre que l'artiste contemporaine ait été assez proche de ces très lointains humains, quelque chose d'indéfinissable les rapprochait d'elle, de nous, au-delà du temps dont la barrière était ainsi franchie (Jean Clottes spécialiste de cet art pariétal avoue lui aussi devant ces chef d'œuvres qu'il se sent très proche d'eux); seule reste l'interrogation du "pourquoi" de ces dessins; cette question du "sens" qui nous préoccupe encore peut nous introduire dans ce sujet non seulement religieux mais aussi psychologique si humain des mythes. Sans pour autant s'attacher formellement à ces traces matérielles, bien que leur qualité, jointe aux dessins d'autres encore plus anciennes comme la grotte Cosquer ou la grotte Chauvet qui reculent l'intelligence humaine de plus du double (38.000 ans !) soient autant de précieuses merveilles, il est certain qu'elles constituent un inestimable trésor pour l'humanité d'aujourd'hui bien que nous ayons perdu la clef de leur compréhension! Les mythes, même s'ils sont moins palpables pour nous qui ne croyons désormais qu'en ce que nous voyons, même s'ils sont moins anciens peut-être aussi que ces dessins, sauf s'ils mettent "en image" des mythes (ce que nous ne saurons jamais), n'en demeurent pas moins, également, des traces précieuses de notre histoire inventée des origines, du moins de ce que nous en avons gardé, de traditions transmises de bouche à oreille depuis des temps immémoriaux et conservées enfin par l'écriture depuis (seulement) cinq millénaires et demi environ. Des traces écrites qu'il a fallu d'abord retrouver, nettoyer, reconstituer pour les conserver et surtout ensuite pouvoir lire et traduire, toutes conditions techniques et connaissances très récentes en comparaison de leur vénérable ancienneté.
Deletions:
Lorsqu'on a eu l'idée de fabriquer de toutes pièces un fac-similé de la Grotte de Lascaux, l'un des deux artistes-peintres qui oeuvra pendant 11ans, entre 1972 & 1983 à ce patient et minutieux travail fut Monique Peytral. Elle s'adonnait à cette reproduction beaucoup la nuit, entre 22 et 2h, à la lueur de bougies. Lorsqu'elle descendait de son échelle et qu'elle regagnait la vie actuelle, elle disait qu'elle était comme saoule, comme "**prise dans un mythe**" qu'il lui était bien difficile de quitter. Les dessins dans la grotte copiée furent aussi artisanalement et superbement tracés que les originaux d'il y a 16.000 ans ! Les homo sapiens avaient, malgré eux peut-être, laissé ici et là de nombreux indices pour savoir de nos jours comment ils s'y étaient pris, dont des poudres minérales de différentes couleurs. On peut comprendre que l'artiste contemporaine ait été assez proche de ces très lointains humains, quelque chose d'indéfinissable les rapprochait d'elle, de nous, au-delà du temps dont la barrière était ainsi franchie (Jean Clottes spécialiste de cet art pariétal avoue lui aussi devant ces chef d'œuvres qu'il se sent très proche d'eux); seule reste l'interrogation du "pourquoi" de ces dessins; cette question du "sens" qui nous préoccupe encore peut nous introduire dans ce sujet non seulement religieux mais aussi psychologique si humain des mythes. Sans pour autant s'attacher formellement à ces traces matérielles, bien que leur qualité, jointe aux dessins d'autres encore plus anciennes comme la grotte Cosquer ou la grotte Chauvet qui reculent l'intelligence humaine de plus du double (38.000 ans !) soient autant de précieuses merveilles, il est certain qu'elles constituent un inestimable trésor pour l'humanité d'aujourd'hui bien que nous ayons perdu la clef de leur compréhension! Les mythes, même s'ils sont moins palpables pour nous qui ne croyons désormais qu'en ce que nous voyons, même s'ils sont moins anciens peut-être aussi que ces dessins, sauf s'ils mettent "en image" des mythes (ce que nous ne saurons jamais), n'en demeurent pas moins, également, des traces précieuses de notre histoire inventée des origines, du moins de ce que nous en avons gardé, de traditions transmises de bouche à oreille depuis des temps immémoriaux et conservées enfin par l'écriture depuis (seulement) cinq millénaires et demi environ.


Revision [16856]

Edited on 2018-12-19 17:05:34 by JeanLouis
Additions:
Les sociétés humaines traditionnelles expliquent le monde et les êtres qui y vivent selon des systèmes originaux, des mythes d'ordre historique, philosophique, allégoriques ou moraux. On peut les classer ainsi : les origines du monde que l'on nomme cosmogonies a distinguer des architectures cosmiques décrivant la structure de l'univers, et à l'autre bout, au niveau de l'homme, les anthropogonies parlant de la genèse, de la vie et de la mort de l'homme; dans ce dernier cadre se situent ceux en rapport avec l'existence séparée d'autres êtres, souvent supérieurs à l'homme, les êtres surnaturels, qui relèveront du domaine de la religion, nommés dieux (théogonies), esprits, anges, démons, et au niveau le plus bas les êtres (seulement!) exceptionnels comme les héros et les génies; y sont liés les mythes parlant plus particulièrement des désastres cosmiques ayant des conséquences sur la vie humaine comme déluges, suivis de "mythes de régénération" ou fins du monde "mythes eschatologiques"; plus individuellement parlant, ceux qui touchent au corps et à l'âme de chaque homme, à l'intime religieux et enfin ceux qui fondent et guident l'organisation sociale et familiale.
D'où viennent ces noms, comment ont-ils été formés, que recouvrent-ils comme réalité historique ? Les noms de rois par ex. rendent compte à leur manière du brassage des sociétés matriarcales et patriarcales à l'époque archaïque. De même une société plus pastorale qu'industrieuse aura un panthéon plus proche de la nature qu'en divinités adaptées à l'artisanat ! De toutes façons en l'absence de documents, si les récits peuvent suggérer des conclusions à ce sujet, ils gardent leurs secrets. Toutefois des tentatives d'historiens ont proposé quelques hypothèses générales; elles concernent la signification symbolique attachable à certaines images et qui donnent au récit une apparence historique certaine. L'une d'elles consiste à considérer que les noms propres désignent plus souvent des groupes humains que des personnages propres par une sorte d'analogie simplificatrice et symbolique. La lutte de certains héros ou dieux contre d'autres ou des monstres pourrait n'être que le récit imagé, et non pas imaginé, de la lutte menée par un chef et sa tribu contre un ennemi qu'il a fini par vaincre. De même des expressions comme "fils de..." ne seraient que des manières imagées de désigner impersonnellement un individu ou une catégorie d'individus. "Tout mythe est par nature une traduction" nous dit Lévi-Strauss; un ex. pour montrer cela :
Deletions:
Les sociétés humaines traditionnelles expliquent le monde et les êtres qui y vivent selon des systèmes originaux que l'on peut classer ainsi : les origines du monde que l'on nomme cosmogonies a distinguer des architectures cosmiques décrivant la structure de l'univers, et à l'autre bout, au niveau de l'homme, les anthropogonies parlant de la genèse, de la vie et de la mort de l'homme; dans ce dernier cadre se situent ceux en rapport avec l'existence séparée d'autres êtres, souvent supérieurs à l'homme, les êtres surnaturels, qui relèveront du domaine de la religion, nommés dieux (théogonies), esprits, anges, démons, et au niveau le plus bas les êtres (seulement!) exceptionnels comme les héros et les génies; y sont liés les mythes parlant plus particulièrement des désastres cosmiques ayant des conséquences sur la vie humaine comme déluges, suivis de "mythes de régénération" ou fins du monde "mythes eschatologiques"; plus individuellement parlant, ceux qui touchent au corps et à l'âme de chaque homme, à l'intime religieux et enfin ceux qui fondent et guident l'organisation sociale et familiale.
D'où viennent ces noms, comment ont-ils été formés, que recouvrent-ils comme réalité historique ? Les noms de rois par ex. rendent compte à leur manière du brassage des sociétés matriarcales et patriarcales à l'époque archaïque. De même une société plus pastorale qu'industrieuse aura un panthéon plus proche de la nature qu'en divinités adaptées à l'artisanat ! De toutes façons en l'absence de documents, si les récits peuvent suggérer des conclusions à ce sujet, ils gardent leurs secrets. Toutefois des tentatives d'historiens ont proposé quelques hypothèses générales; elles concernent la signification symbolique attachable à certaines images et qui donnent au récit une apparence historique certaine. L'une d'elles consiste à considérer que les noms propres désignent plus souvent des groupes humains que des personnages propres par une sorte d'analogie simplificatrice et symbolique. La lutte de certains héros ou dieux contre d'autres ou des monstres pourrait n'être que le récit imagé, et non pas imaginé, de la lutte menée par un chef et sa tribu contre un ennemi qu'il a fini par vaincre. De même des expressions comme "fils de..." ne seraient que des manières imagées de désigner impersonnellement un individu ou une catégorie d'individus. Un ex. pour démontrer cela :


Revision [16626]

Edited on 2018-05-14 16:01:44 by JeanLouis
Additions:
**Des SONGES aux SYMBOLES et aux MYTHES** :
Tous les peuples de la terre ont construit leur vision propre de ces origines, reposant souvent sur l'existant éternel, la nature, ses phénomènes, le cours des astres, l'étonnement devant la vie et les formes de vie, le rapport entre les hommes et cet environnement.... ainsi avions - nous notre place sur cette planète et dans l'univers. Ce n'est que par des montages métaphysiques que l'on pouvait expliquer ou plutôt s'expliquer ces phénomènes liés à l'existence et à son corollaire la mort, la force de l'homme étant bien la faculté de penser, ce que les scientifiques englobent dans la "révolution cognitive". A cette révolution est directement liée l'expression symbolique - certains ont parlé même de révolution symbolique - qui est cependant apparue très lentement et à différentes époques selon les lieux et les hommes. Ce n'est qu'avec l'acquisition d'un degré d'abstraction suffisant pour "imaginer des choses" (symboles puis mythes) au-delà de la réalité que cela s'est très lentement réalisé et transmis. Pendant des millénaires sans doute, faute de moyens pratiques comme le langage ou la signification de gestes et des techniques comme le dessin, la gravure et la peinture, ces notions n'ont pu s'exprimer. Le fruit le plus pérenne de cette lente évolution, au-delà des peintures dont le sens s'est perdu au fil du temps, du langage et de la constitution d'élaborations symboliques et mythiques pour s'en souvenir, est sans nul doute l'écriture qui bien tardivement en portera témoignage, finalement; pourtant, de nos jours, qu'avons - nous retenu de ce passé antique, très archaïque?
Un romancier contemporain décrit ainsi ce qui lui apparut comme une grande révélation : //Debout sur le rocher, face à l'univers, je compris toute l'histoire. Et l'histoire, la voici : **la vie est un songe**.....Seuls nos songes nous empêchent de nous dissoudre dans les nuées. Ils nous confèrent un nom, un lieu d'existence - et nous permettent de garder le contact avec le monde//. "La vie est un songe" c'est aussi et surtout le titre du chef d'œuvre métaphysique baroque du dramaturge espagnol du XVIIème S. Pedro Calderon de la Barca, un des chefs d'œuvre du théâtre universel d'un auteur assez proche du théâtre de Shakespeare par ce thème lui aussi universel.
Deletions:
**Des SONGES aux MYTHES** :
Tous les peuples de la terre ont construit leur vision propre de ces origines, reposant souvent sur l'existant éternel, la nature, ses phénomènes, le cours des astres, l'étonnement devant la vie et les formes de vie, le rapport entre les hommes et cet environnement.... ainsi avions - nous notre place sur cette planète et dans l'univers. Ce n'est que par des montages métaphysiques que l'on pouvait expliquer ou plutôt s'expliquer ces phénomènes liés à l'existence et à son corollaire la mort, la force de l'homme étant bien la faculté de penser, ce que les scientifiques englobent dans la "révolution cognitive". A cette révolution est directement liée l'expression symbolique - certains ont parlé même de révolution symbolique - qui est cependant apparue très lentement et à différentes époques selon les lieux et les hommes. Ce n'est qu'avec l'acquisition d'un degré d'abstraction suffisant pour "imaginer des choses" (symboles puis mythes) au-delà de la réalité que cela s'est très lentement réalisé et transmis. Pendant des millénaires sans doute, faute de moyens pratiques comme le langage ou la signification de gestes et des techniques comme le dessin, la gravure et la peinture, ces notions n'ont pu s'exprimer. Le fruit le plus pérenne de cette lente évolution, au-delà des peintures dont le sens s'est perdu au fil du temps, du langage et de la constitution de mythes pour s'en souvenir oralement, est sans nul doute l'écriture qui bien tardivement sera le témoin autant des mythes que des symboles, finalement; pourtant, de nos jours, qu'en avons - nous retenu ? . Un romancier contemporain décrit ainsi ce qui lui apparut comme une grande révélation : //Debout sur le rocher, face à l'univers, je compris toute l'histoire. Et l'histoire, la voici : **la vie est un songe**.....Seuls nos songes nous empêchent de nous dissoudre dans les nuées. Ils nous confèrent un nom, un lieu d'existence - et nous permettent de garder le contact avec le monde//. "La vie est un songe" c'est aussi et surtout le titre du chef d'œuvre métaphysique baroque du dramaturge espagnol du XVIIème S. Pedro Calderon de la Barca, un des chefs d'œuvre du théâtre universel d'un auteur assez proche du théâtre de Shakespeare par ce thème lui aussi universel.


Revision [16625]

Edited on 2018-05-14 15:47:49 by JeanLouis
Additions:
Tous les peuples de la terre ont construit leur vision propre de ces origines, reposant souvent sur l'existant éternel, la nature, ses phénomènes, le cours des astres, l'étonnement devant la vie et les formes de vie, le rapport entre les hommes et cet environnement.... ainsi avions - nous notre place sur cette planète et dans l'univers. Ce n'est que par des montages métaphysiques que l'on pouvait expliquer ou plutôt s'expliquer ces phénomènes liés à l'existence et à son corollaire la mort, la force de l'homme étant bien la faculté de penser, ce que les scientifiques englobent dans la "révolution cognitive". A cette révolution est directement liée l'expression symbolique - certains ont parlé même de révolution symbolique - qui est cependant apparue très lentement et à différentes époques selon les lieux et les hommes. Ce n'est qu'avec l'acquisition d'un degré d'abstraction suffisant pour "imaginer des choses" (symboles puis mythes) au-delà de la réalité que cela s'est très lentement réalisé et transmis. Pendant des millénaires sans doute, faute de moyens pratiques comme le langage ou la signification de gestes et des techniques comme le dessin, la gravure et la peinture, ces notions n'ont pu s'exprimer. Le fruit le plus pérenne de cette lente évolution, au-delà des peintures dont le sens s'est perdu au fil du temps, du langage et de la constitution de mythes pour s'en souvenir oralement, est sans nul doute l'écriture qui bien tardivement sera le témoin autant des mythes que des symboles, finalement; pourtant, de nos jours, qu'en avons - nous retenu ? . Un romancier contemporain décrit ainsi ce qui lui apparut comme une grande révélation : //Debout sur le rocher, face à l'univers, je compris toute l'histoire. Et l'histoire, la voici : **la vie est un songe**.....Seuls nos songes nous empêchent de nous dissoudre dans les nuées. Ils nous confèrent un nom, un lieu d'existence - et nous permettent de garder le contact avec le monde//. "La vie est un songe" c'est aussi et surtout le titre du chef d'œuvre métaphysique baroque du dramaturge espagnol du XVIIème S. Pedro Calderon de la Barca, un des chefs d'œuvre du théâtre universel d'un auteur assez proche du théâtre de Shakespeare par ce thème lui aussi universel.
Deletions:
Tous les peuples de la terre ont construit leur vision propre de ces origines, reposant souvent sur l'existant éternel, la nature, ses phénomènes, le cours des astres, l'étonnement devant la vie et les formes de vie, le rapport entre les hommes et cet environnement.... ce n'est que par des montages métaphysiques que l'on pouvait expliquer ou plutôt s'expliquer ces phénomènes liés à l'existence et à son corollaire la mort, la force de l'homme étant bien la faculté de penser, ce que les scientifiques englobent dans la "révolution cognitive". Ces notions échafaudées de nos origines servant aussi à nous donner une place sur la planète et dans l'univers. Un romancier contemporain décrit ainsi ce qui lui apparut comme une grande révélation : //Debout sur le rocher, face à l'univers, je compris toute l'histoire. Et l'histoire, la voici : **la vie est un songe**.....Seuls nos songes nous empêchent de nous dissoudre dans les nuées. Ils nous confèrent un nom, un lieu d'existence - et nous permettent de garder le contact avec le monde//. "La vie est un songe" c'est aussi et surtout le titre du chef d'œuvre métaphysique baroque du dramaturge espagnol du XVIIème S. Pedro Calderon de la Barca, un des chefs d'œuvre du théâtre universel d'un auteur assez proche du théâtre de Shakespeare par ce thème lui aussi universel.


Revision [16422]

The oldest known version of this page was created on 2018-02-10 16:37:04 by JeanLouis
Valid XHTML :: Valid CSS: :: Powered by WikkaWiki