Revision history for hfa3


Revision [18006]

Last edited on 2019-10-05 16:44:10 by JeanLouis
Additions:
Cette oeuvre de longue haleine, de précision et d'opiniâtreté mérite amplement le qualificatif, pour une fois, de "performance"; en revanche son intérêt à s'y échiner patiemment ainsi pendant des années ne sautera pas aux yeux du quidam qui en verra les résultats, c'est le moins que l'on puisse affirmer....mais pour répondre cependant à cette question je laisse parler l'artiste : //Il ne faut pas croire que ces travaux, tant les Copies que les Transcriptions se font par plaisir;// il faut dire que ce genre d'art, la copie, chez lui n'est pas une nouveauté// si je copiais un Journal uniquement dans ce but, j'en choisirais un certainement plus littéraire, comme celui de Léautaud, de Gide, Musil, ou encore de Green, je m'astreins à cette discipline quotidienne m'obligeant à employer mon temps –le donner ou perdre– à un travail totalement, pour certains, inutile, voire ridicule, en tout cas à «rien de remarquable», comme le prétendait encore Amiel à propos de son journal (20 août 1849). // Il copie donc non seulement le journal mais imite en soi Amiel, voilà qui est dit.
Deletions:
Cette oeuvre de longue haleine, de précision et d'opiniâtreté mérite amplement le qualificatif, pour une fois, de "performance"; en revanche son intérêt à s'y échiner patiemment ainsi pendant des années ne sautera pas aux yeux du quidam qui en verra les résultats, c'est le moins que l'on puisse affirmer....mais pour répondre cependant à cette question je laisse parler l'artiste : //Il ne faut pas croire que ces travaux, tant les Copies que les Transcriptions se font par plaisir;// il faut dire que ce genre d'art, la copie, chez lui n'est pas une nouveauté//si je copiais un Journal uniquement dans ce but, j'en choisirais un certainement plus littéraire, comme celui de Léautaud, de Gide, Musil, ou encore de Green, je m'astreins à cette discipline quotidienne m'obligeant à employer mon temps –le donner ou perdre– à un travail totalement, pour certains, inutile, voire ridicule, en tout cas à «rien de remarquable», comme le prétendait encore Amiel à propos de son journal (20 août 1849). // Il copie donc non seulement le journal mais imite en soi Amiel, voilà qui est dit.


Revision [18005]

Edited on 2019-10-05 14:43:14 by JeanLouis
Additions:
Il faut d'abord noter plus exactement la fameuse citation : "Un paysage quelconque est un état de l'âme, et qui sait lire dans tous deux est émerveillé de retrouver la similitude dans chaque détail." (Journal Int. 31 oct. 1852; L'Âge d'Homme, Lausanne, 1976, p.295). Il faut dire ensuite que depuis le 2ème quart du XIXème S., la tendance, apparue dans la décennie précédente, à propos de la "peinture de paysage" se confirme. La vogue en France culmine avec le Salon de 1831. L'apparente facilité des bords de rivière, sous-bois, chemins de village, favorise une profusion d'œuvres. Pourtant, à l'origine, la nouvelle école est aussi porteuse de sentiments face à la nature, un mouvement inspiré de l'Angleterre. C'est en relation avec cet art, cette peinture des "états d'âme" dont parle Amiel, caractérisé par une recherche d'harmonie avec la nature dont témoignera également et déjà ce poème de Wordsworth (1770-1850), "Tintern Abbey" en 1798 : "Je suis donc toujours / Un amoureux des prairies et des bois, / Des montagnes aussi; et de tout ce qu'offre / Cette terre verte... / Heureux de trouver dans la nature et le langage des sens, / L'ancre de mes pensées les plus pures, la nourrice, / Le guide, le gardien de mon cœur, et l'âme de / Mon être moral tout entier.
Deletions:
Il faut d'abord noter plus exactement la fameuse citation : "Un paysage quelconque est un état de l'âme, et qui sait lire dans tous deux est émerveillé de retrouver la similitude dans chaque détail." (Journal Int. 31 oct. 1852; L'Âge d'Homme, Lausanne, 1976, p.295). Il faut dire ensuite que, depuis le 2ème quart du XIXème S; la tendance apparue dans la décennie précédente à propos de la "peinture de paysage" se confirme. La vogue en France culmine avec le Salon de 1831. L'apparente facilité des bords de rivière, sous-bois, chemins de village, favorise une profusion d'œuvres. Pourtant, à l'origine, la nouvelle école est aussi porteuse de sentiments face à la nature, un mouvement inspiré de l'Angleterre. C'est en relation avec cet art, cette peinture des "états d'âme" dont parle Amiel, caractérisé par une recherche d'harmonie avec la nature dont témoignera également et déjà ce poème de Wordsworth (1770-1850), "Tintern Abbey" en 1798 : "Je suis donc toujours / Un amoureux des prairies et des bois, / Des montagnes aussi; et de tout ce qu'offre / Cette terre verte... / Heureux de trouver dans la nature et le langage des sens, / L'ancre de mes pensées les plus pures, la nourrice, / Le guide, le gardien de mon cœur, et l'âme de / Mon être moral tout entier.


Revision [17544]

Edited on 2019-07-20 11:55:34 by JeanLouis
Additions:
Quelques détails pour les curieux de ce genre de création : la copie est réalisée au stylo-plume Pelikan 180 750 FF et à l'encre Pelikan 4001 noir brillant sur cahiers 17x22 cm 100p. agrafées, couverture cartonnée bleu outremer (renseignements indiqués sur son site : gerardcollinthiebaut. com, Œuvres, Les Copies, '1969, 1985- ' , 'Journal Intime COPIE 1996'; idem pour la citation de l'explication ci-après).
Cette oeuvre de longue haleine, de précision et d'opiniâtreté mérite amplement le qualificatif, pour une fois, de "performance"; en revanche son intérêt à s'y échiner patiemment ainsi pendant des années ne sautera pas aux yeux du quidam qui en verra les résultats, c'est le moins que l'on puisse affirmer....mais pour répondre cependant à cette question je laisse parler l'artiste : //Il ne faut pas croire que ces travaux, tant les Copies que les Transcriptions se font par plaisir;// il faut dire que ce genre d'art, la copie, chez lui n'est pas une nouveauté//si je copiais un Journal uniquement dans ce but, j'en choisirais un certainement plus littéraire, comme celui de Léautaud, de Gide, Musil, ou encore de Green, je m'astreins à cette discipline quotidienne m'obligeant à employer mon temps –le donner ou perdre– à un travail totalement, pour certains, inutile, voire ridicule, en tout cas à «rien de remarquable», comme le prétendait encore Amiel à propos de son journal (20 août 1849). // Il copie donc non seulement le journal mais imite en soi Amiel, voilà qui est dit.
Deletions:
Quelques détails pour les curieux de ce genre de création : la copie est réalisée au stylo-plume Pelikan 180 750 FF et à l'encre Pelikan 4001 noir brillant sur cahiers 17x22 cm 100p. agrafées, couverture cartonnée bleu outremer (renseignements indiqués sur son site : gerardcollinthiebaut. com, Œuvres, Les Copies, 1969, 1985- , Journal Intime COPIE 1996 ).
Cette oeuvre de longue haleine, de précision et d'opiniâtreté mérite amplement le qualificatif, pour une fois, de "performance"; en revanche son intérêt à s'y échiner patiemment ainsi pendant des années ne sautera pas aux yeux du quidam qui en verra les résultats, c'est le moins que l'on puisse affirmer....mais pour répondre cependant à cette question je laisse parler l'artiste : //Il ne faut pas croire que ces travaux, tant les Copies que les Transcriptions se font par plaisir;// il faut dire que ce genre d'art, la copie, chez lui n'est pas une nouveauté //si je copiais un Journal uniquement dans ce but, j'en choisirais un certainement plus littéraire, comme celui de Léautaud, de Gide, Musil, ou encore de Green, je m'astreins à cette discipline quotidienne m'obligeant à employer mon temps –le donner ou perdre– à un travail totalement, pour certains, inutile, voire ridicule, en tout cas à «rien de remarquable», comme le prétendait encore Amiel à propos de son journal (20 août 1849). //Voilà qui est dit.


Revision [17543]

Edited on 2019-07-20 11:50:23 by JeanLouis
Additions:
Cette oeuvre de longue haleine, de précision et d'opiniâtreté mérite amplement le qualificatif, pour une fois, de "performance"; en revanche son intérêt à s'y échiner patiemment ainsi pendant des années ne sautera pas aux yeux du quidam qui en verra les résultats, c'est le moins que l'on puisse affirmer....mais pour répondre cependant à cette question je laisse parler l'artiste : //Il ne faut pas croire que ces travaux, tant les Copies que les Transcriptions se font par plaisir;// il faut dire que ce genre d'art, la copie, chez lui n'est pas une nouveauté //si je copiais un Journal uniquement dans ce but, j'en choisirais un certainement plus littéraire, comme celui de Léautaud, de Gide, Musil, ou encore de Green, je m'astreins à cette discipline quotidienne m'obligeant à employer mon temps –le donner ou perdre– à un travail totalement, pour certains, inutile, voire ridicule, en tout cas à «rien de remarquable», comme le prétendait encore Amiel à propos de son journal (20 août 1849). //Voilà qui est dit.
Deletions:
Cette oeuvre de longue haleine, de précision et d'opiniâtreté mérite amplement le qualificatif, pour une fois, de "performance"; en revanche son intérêt à s'y échiner patiemment ainsi pendant des années ne sautera pas aux yeux du quidam qui en verra les résultats, c'est le moins que l'on puisse affirmer....


Revision [17542]

Edited on 2019-07-20 11:38:42 by JeanLouis
Additions:
Cette oeuvre de longue haleine, de précision et d'opiniâtreté mérite amplement le qualificatif, pour une fois, de "performance"; en revanche son intérêt à s'y échiner patiemment ainsi pendant des années ne sautera pas aux yeux du quidam qui en verra les résultats, c'est le moins que l'on puisse affirmer....
**AMIEL et les DIARISTES modernes** :
Deletions:
**AMIEL et les DIARISTES modernes** :


Revision [17536]

Edited on 2019-07-19 11:20:27 by JeanLouis
Additions:
**Le Journal Intime en création contemporaine** :
Le Journal Intime intéresse aussi la création contemporaine pure. L'artiste français Gérard Collin-Thiébaut en recopie depuis 1996 toutes les pages. Dix ans plus tard il en était à l'année 1858 et à son 69ème cahier. Procédant par intermittence à cette "œuvre" dans un lieu dédié qu'il a nommé "L'Atelier d'Aujourd'hui" au Musée d'Art Moderne et Contemporain de Genève, où sont exposés en permanence le fruit de ces copies (au 5/08/2000 par ex. les 28 derniers cahiers). A t-il terminé à ce jour (2019) je l'ignore !
Quelques détails pour les curieux de ce genre de création : la copie est réalisée au stylo-plume Pelikan 180 750 FF et à l'encre Pelikan 4001 noir brillant sur cahiers 17x22 cm 100p. agrafées, couverture cartonnée bleu outremer (renseignements indiqués sur son site : gerardcollinthiebaut. com, Œuvres, Les Copies, 1969, 1985- , Journal Intime COPIE 1996 ).


Revision [17522]

Edited on 2019-07-15 18:11:47 by JeanLouis
Additions:
- "Un grand et douloureux livre" Hugo Von Hofmannsthal (1874-1929), écrivain autrichien, influencé par la psycho-analyse de Freud, présenté comme le précurseur de la littérature existentialiste.
- "Il est l'un des maîtres les plus subtils et les plus exigeants de l'analyse psychologique et morale" J.-C. Polet in "Patrimoine littéraire européen" (Vol. 11A Ed. Renaissances Nationales 1999).
- Récemment, l "Abécédaire du lecteur à Lausanne" écrivit que son "Journal Intime est le parangon du genre, ce monument de l'introspection...constitue la chronique...du.. siècle genevois vue par un écrivain aussi ouvert à la culture européenne qu'à la nature, à la philosophie et aux nouvelles doctrines sociales, au milieu littéraire...lecteur et promeneur infatigable, Amiel est surtout un prosateur d'une merveilleuse porosité...Ses paysages, ses portraits...et ses réflexions de toutes espèces constituent un inestimable trésor." N'en jetez plus !
Par ses paroles entrainantes et son air martial, ce poème lyrique répété et chanté de bouche à oreille allait devenir l'un des chants patriotiques les plus aimés des Suisses. Henri-Frédéric en improvisa paroles et musique dans l'enthousiasme général d'un prochain départ des troupes sur la frontière. Un biographe d'Amiel vers la fin du siècle écrivit à propos de cette œuvre : //Les vers sont beaux, mais la musique est plus belle encore; très simple, et par cela facile à retenir, elle est d'un mouvement, d'un élan, d'un brio admirables. C'est une marche qui vous emporte bon gré malgré. Pour n'avoir pas guidé les Suisses au bord du Rhin// (la guerre fut finalement évitée) //"Roulez tambours" n'en devient pas moins la "Marseillaise helvétique",// et cette opinion tenait compte de la considération du plus connu "Cantique Suisse" qui, pourtant devint, lui, le chant officiel de la Confédération (cf. "Le conteur vaudois" quotidien, n°2 de la 37ème année, 14 Janvier 1899, p.1, édité à Lausanne) au moins jusqu'à cette année 2014, un concours populaire étant en cours cette année-là pour le remplacer. Et il ne sera pas élu ! Aujourd'hui encore l'hymne d'Amiel est chanté publiquement lors des fêtes nationales et des cérémonies militaires bien qu'il n'ait donc jamais été l'hymne officiel; l'Alliance Nationale a pourtant tenté de le mettre en avant pour cet honneur en 1986 mais sans succès.
Deletions:
- "Un grand et douloureux livre" Hugo Von Hofmannsthal (1874-1929), écrivain autrichien, influencé par la psycho-analyse de Freud, présenté comme le précurseur de la littérature existencialiste.
- "Il est l'un des maîtres les plus subtils et les plus exigeants de l'analyse psychologique et morale" J.-C. Polet in "Patrimoine littéraire européen" Vol. 11A Ed. Renaissances Nationales 1999).
- Récemment, l "Abécédaire du lecteur à Lausanne" écrivit que son "Journal Intime est le parangon du genre, ce monument de l'introspection...constitue la chronique...du.. siècle genevois vue par un écrivain aussi ouvert à la culture européenne qu'à la nature, à la philosophie et aux nouvelles doctrines sociales, au milieu littéraire...lecteur et promeneur infatigable, Amiel est surtout un prosateur d'une merveilleuse porosité...Ses paysages, ses portraits...et ses réflexions de toutes espèces constituent un inestimable trésor."
Par ses paroles entrainantes et son air martial, ce poème lyrique répété et chanté de bouche à oreille allait devenir l'un des chants patriotiques les plus aimés des Suisses. Henri-Frédéric en improvisa paroles et musique dans l'enthousiasme général d'un prochain départ des troupes sur la frontière. Un biographe d'Amiel vers la fin du siècle écrivit à propos de cette œuvre : //Les vers sont beaux, mais la musique est plus belle encore; très simple, et par cela facile à retenir, elle est d'un mouvement, d'un élan, d'un brio admirables. C'est une marche qui vous emporte bon gré malgré. Pour n'avoir pas guidé les Suisses au bord du Rhin// (la guerre fut finalement évitée) //"Roulez tambours" n'en devient pas moins la "Marseillaise helvétique",// et cette opinion tenait compte de la considération du plus connu "Cantique Suisse" qui, pourtant devint, lui, le chant officiel de la Confédération (cf. "Le conteur vaudois" quotidien, n°2 de la 37ème année, 14 Janvier 1899, p.1, édité à Lausanne) au moins jusqu'à cette année 2014, un concours populaire étant en cours pour le remplacer. Aujourd'hui encore le chant d'Amiel est chanté publiquement lors des fêtes nationales et des cérémonies militaires bien qu'il n'ait donc jamais été l'hymne officiel; l'Alliance Nationale a pourtant tenté de le mettre en avant pour cet honneur en 1986 mais sans succès.


Revision [17521]

Edited on 2019-07-15 17:53:51 by JeanLouis
Additions:
La maxime la plus citée d' Henri-Frédéric est " Tout paysage est un état d'âme". Commentée et utilisée à tout bout de champ (!) traduite dans beaucoup de langues on la retrouve dans beaucoup d'études. J'aime bien celle-ci concernant la géographie physique et sentimentale lozérienne, faisant d'Amiel un mot éponyme, puisqu'il attribue ce nom à des qualificatifs paysagers. L'auteur y fait en effet référence, la rapportant aux paysages lozériens, à leur solitude d'une dimension incomparable, leur conférant ainsi une qualification sentimentale toute amiélienne: "On pourrait peut-être proposer amiel ? Des inquiétudes amielles, une grande exaltation amielle, un amour purement amiel ..." (p.24). Bel hommage au diariste, si amoureux pour sa part des paysages suisses qu'il a beaucoup chanté dans sa poésie, par cette création du nom commun amiélien, de vocables ou adjectifs qualificatifs pour exprimer la relation étroite entre l'homme et sa vision sentimentale de la nature; bel hommage à notre nom par procuration!
Il faut d'abord noter plus exactement la fameuse citation : "Un paysage quelconque est un état de l'âme, et qui sait lire dans tous deux est émerveillé de retrouver la similitude dans chaque détail." (Journal Int. 31 oct. 1852; L'Âge d'Homme, Lausanne, 1976, p.295). Il faut dire ensuite que, depuis le 2ème quart du XIXème S; la tendance apparue dans la décennie précédente à propos de la "peinture de paysage" se confirme. La vogue en France culmine avec le Salon de 1831. L'apparente facilité des bords de rivière, sous-bois, chemins de village, favorise une profusion d'œuvres. Pourtant, à l'origine, la nouvelle école est aussi porteuse de sentiments face à la nature, un mouvement inspiré de l'Angleterre. C'est en relation avec cet art, cette peinture des "états d'âme" dont parle Amiel, caractérisé par une recherche d'harmonie avec la nature dont témoignera également et déjà ce poème de Wordsworth (1770-1850), "Tintern Abbey" en 1798 : "Je suis donc toujours / Un amoureux des prairies et des bois, / Des montagnes aussi; et de tout ce qu'offre / Cette terre verte... / Heureux de trouver dans la nature et le langage des sens, / L'ancre de mes pensées les plus pures, la nourrice, / Le guide, le gardien de mon cœur, et l'âme de / Mon être moral tout entier.
A la fin du XIXème S. déjà le nom d'Henri-Frédéric était si bien connu que l'on surnomma alors le futur grand écrivain André Gide "l'Amiel du Mercure de France". Gide eut très tôt ce que Paul Bourget nomma à propos d'Amiel "la maladie du Journal Intime". Il a lu très jeune, vers 1883, dès la 1ère édition, ce qui était paru du fameux journal de son aîné suisse, alors qu'il venait de faire 18ans et qu'il effectuait son 1er voyage outre-manche, à Londres. Mais déjà vers sa 15ème année il avait commencé à tenir son propre journal. Il n'a pas voulu reconnaitre toutefois l'influence qu'Amiel eut sur lui bien que ce journal inédit fit sur son être un effet de détonateur: dans son 1er livre "Les cahiers d'André Walter" (1891) dans lequel il recopie des pages de son journal et où sont évoqués nombre d'auteurs, "il est un nom que l'on chercherait vainement,...c'est celui d'Amiel" note M. Delay dans son ouvrage "La jeunesse d'André Gide". Ce n'est que plus tard, dans son œuvre "Si le grain ne meurt", édité en 1920, qu'il écrira que, dans sa jeunesse, le journal du genevois "faisait fureur" mais tout en ne mentionnant toujours pas qu'il en avait lu les pages publiées jusque-là. Dans "La symphonie pastorale" il le citera enfin deux fois pour insister sur l'aspect que peut prendre l'âme ténébreuse de son personnage nommé fort justement Amélie "sombre et morose" - il s'agit bien d'Amiel - parlant dans son cas de "rayons noirs" que son âme émet. Il est cependant certain que le journal d'Henri-Frédéric joint aux Confessions de Jean-Jacques Rousseau l'ont poussé vers une introspection passionnée qui commencera dès 1887 et durera toute sa vie (il meurt en 1951).
Durant la guerre de 14-18, son père étant militaire, c'est par son grand frère le (futur) mathématicien André Weill que la (future) grande philosophe et mystique Simone Weill, (à ne pas confondre avec son homonyme phonétique), née en 1908, apprit à lire; il lui fit les leçons par l'intermédiaire des premières pages publiées du Journal Intime. Simone Weill tint elle aussi son journal intime.
Deletions:
La maxime la plus citée d' Henri-Frédéric est " Tout paysage est un état d'âme". Commentée et utilisée à tout bout de champ (!) traduite dans beaucoup de langues on la retrouve dans beaucoup d'études. J'aime bien celle-ci concernant la géographie physique et sentimentale lozérienne, faisant d'Amiel un mot éponyme, puisqu'il attribue ce nom à des qualificatifs paysagers. L'auteur y fait en effet référence, la rapportant aux paysages lozériens, à leur solitude d'une dimension incomparable, leur conférant ainsi une qualification sentimentale toute amiélienne: "On pourrait peut-être proposer amiel ? Des inquiétudes amielles, une grande exaltation amielle, un amour purement amiel ..." (p.24). Bel hommage au diariste, si amoureux pour sa part des paysages suisses qu'il a beaucoup chanté dans sa poésie, par cette création du nom commun amiélien, de vocables ou adjectifs qualificatifs pour exprimer la relation étroite entre l'homme et sa vision sentimentale de la nature; bel hommage à notre nom !
Il faut d'abord noter plus exactement la fameuse citation : "Un paysage quelconque est un état de l'âme, et qui sait lire dans tous deux est émerveillé de retrouver la similitude dans chaque détail." (Journal Int. 31 oct. 1852; L'Âge d'Homme, Lausanne, 1976, p.295). Il faut dire ensuite que, depuis le 2ème quart du XIXème S; la tendance apparue dans la décennie précédente à propos de la "peinture de paysage" se confirme. La vogue en France culmine avec le Salon de 1831. L'apparente facilité des bords de rivière, sous-bois, chemins de village, favorise une profusion d'œuvres. Pourtant, à l'origine, la nouvelle école est porteuse de sentiments face à la nature, un mouvement inspiré de l'Angleterre. C'est en relation avec cet art, cette peinture des "états d'âme" dont parle Amiel, caractérisé par une recherche d'harmonie avec la nature dont témoignera aussi et déjà ce poème de Wordsworth (1770-1850), "Tintern Abbey" en 1798 : "Je suis donc toujours / Un amoureux des prairies et des bois, / Des montagnes aussi; et de tout ce qu'offre / Cette terre verte... / Heureux de trouver dans la nature et le langage des sens, / L'ancre de mes pensées les plus pures, la nourrice, / Le guide, le gardien de mon cœur, et l'âme de / Mon être moral tout entier.
A la fin du XIXème S. déjà le nom d'Henri-Frédéric était si bien connu que l'on surnomma alors le futur grand écrivain André Gide "l'Amiel du Mercure de France". Gide eut très tôt ce que Paul Bourget nomma à propos d'Amiel "la maladie du Journal Intime". Il a lu très jeune, vers 1883, dès la 1ère édition, ce qui était paru du fameux journal de son aîné suisse, alors qu'il venait de faire 18ans et qu'il effectuait son 1er voyage outre-manche, à Londres. Mais déjà vers sa 15ème année il avait commencé à tenir son propre journal. Il n'a pas voulu reconnaitre toutefois l'influence qu'Amiel eut sur lui bien que ce journal inédit fit sur lui un effet de détonateur: dans son 1er livre "Les cahiers d'André Walter" (1891) dans lequel il recopie des pages de son journal et où sont évoqués nombre d'auteurs, "il est un nom que l'on chercherait vainement,...c'est celui d'Amiel" note M. Delay dans son ouvrage "La jeunesse d'André Gide". Ce n'est que plus tard, dans son œuvre "Si le grain ne meurt", édité en 1920, qu'il écrira que, dans sa jeunesse, le journal du genevois "faisait fureur" mais tout en ne mentionnant toujours pas qu'il en avait lu les pages publiées jusque-là. Dans "La symphonie pastorale" il le citera enfin deux fois pour insister sur l'aspect que peut prendre l'âme ténébreuse de son personnage nommé fort justement Amélie "sombre et morose". Amiel parlant dans son cas de "rayons noirs" que son âme émet Il est cependant certain que le journal d'Henri-Frédéric joint aux Confessions de Jean-Jacques Rousseau l'ont poussé vers une introspection passionnée qui commencera dès 1887 et durera toute sa vie (il meurt en 1951).
Durant la guerre de 14-18, son père étant militaire, c'est par son grand frère le (futur) mathématicien André Weill que la (future) grande philosophe et mystique Simone Weill, née en 1908, apprit à lire; il lui fit les leçons par l'intermédiaire des premières pages publiées du Journal Intime. Simone Weill tint elle aussi son journal intime.


Revision [17171]

Edited on 2019-05-14 15:45:44 by JeanLouis
Additions:
A la fin du XIXème S. déjà le nom d'Henri-Frédéric était si bien connu que l'on surnomma alors le futur grand écrivain André Gide "l'Amiel du Mercure de France". Gide eut très tôt ce que Paul Bourget nomma à propos d'Amiel "la maladie du Journal Intime". Il a lu très jeune, vers 1883, dès la 1ère édition, ce qui était paru du fameux journal de son aîné suisse, alors qu'il venait de faire 18ans et qu'il effectuait son 1er voyage outre-manche, à Londres. Mais déjà vers sa 15ème année il avait commencé à tenir son propre journal. Il n'a pas voulu reconnaitre toutefois l'influence qu'Amiel eut sur lui bien que ce journal inédit fit sur lui un effet de détonateur: dans son 1er livre "Les cahiers d'André Walter" (1891) dans lequel il recopie des pages de son journal et où sont évoqués nombre d'auteurs, "il est un nom que l'on chercherait vainement,...c'est celui d'Amiel" note M. Delay dans son ouvrage "La jeunesse d'André Gide". Ce n'est que plus tard, dans son œuvre "Si le grain ne meurt", édité en 1920, qu'il écrira que, dans sa jeunesse, le journal du genevois "faisait fureur" mais tout en ne mentionnant toujours pas qu'il en avait lu les pages publiées jusque-là. Dans "La symphonie pastorale" il le citera enfin deux fois pour insister sur l'aspect que peut prendre l'âme ténébreuse de son personnage nommé fort justement Amélie "sombre et morose". Amiel parlant dans son cas de "rayons noirs" que son âme émet Il est cependant certain que le journal d'Henri-Frédéric joint aux Confessions de Jean-Jacques Rousseau l'ont poussé vers une introspection passionnée qui commencera dès 1887 et durera toute sa vie (il meurt en 1951).
Deletions:
A la fin du XIXème S. déjà le nom d'Henri-Frédéric était si bien connu que l'on surnomma alors le futur grand écrivain André Gide "l'Amiel du Mercure de France". Gide eut très tôt ce que Paul Bourget nomma à propos d'Amiel "la maladie du Journal Intime". Il a lu très jeune, vers 1883, dès la 1ère édition, ce qui était paru du fameux journal de son aîné suisse, alors qu'il venait de faire 18ans et qu'il effectuait son 1er voyage outre-manche, à Londres. Mais déjà vers sa 15ème année il avait commencé à tenir son propre journal. Il n'a pas voulu reconnaitre toutefois l'influence qu'Amiel eut sur lui bien que ce journal inédit fit sur lui un effet de détonateur: dans son 1er livre "Les cahiers d'André Walter" (1891) dans lequel il recopie des pages de son journal et où sont évoqués nombre d'auteurs, "il est un nom que l'on chercherait vainement,...c'est celui d'Amiel" note M. Delay dans son ouvrage "La jeunesse d'André Gide". Ce n'est que plus tard, dans son œuvre "Si le grain ne meurt", édité en 1920, qu'il écrira que, dans sa jeunesse, le journal du genevois "faisait fureur" mais tout en ne mentionnant toujours pas qu'il en avait lu les pages publiées jusque-là. Il est cependant certain que le journal d'Henri-Frédéric joint aux Confessions de Jean-Jacques Rousseau l'ont poussé vers une introspection passionnée qui commencera dès 1887 et durera toute sa vie (il meurt en 1951).


Revision [17135]

Edited on 2019-04-30 14:50:51 by JeanLouis
Additions:
La maxime la plus citée d' Henri-Frédéric est " Tout paysage est un état d'âme". Commentée et utilisée à tout bout de champ (!) traduite dans beaucoup de langues on la retrouve dans beaucoup d'études. J'aime bien celle-ci concernant la géographie physique et sentimentale lozérienne, faisant d'Amiel un mot éponyme, puisqu'il attribue ce nom à des qualificatifs paysagers. L'auteur y fait en effet référence, la rapportant aux paysages lozériens, à leur solitude d'une dimension incomparable, leur conférant ainsi une qualification sentimentale toute amiélienne: "On pourrait peut-être proposer amiel ? Des inquiétudes amielles, une grande exaltation amielle, un amour purement amiel ..." (p.24). Bel hommage au diariste, si amoureux pour sa part des paysages suisses qu'il a beaucoup chanté dans sa poésie, par cette création du nom commun amiélien, de vocables ou adjectifs qualificatifs pour exprimer la relation étroite entre l'homme et sa vision sentimentale de la nature; bel hommage à notre nom !
Deletions:
La maxime la plus citée d' Henri-Frédéric est " Tout paysage est un état d'âme". Commentée et utilisée à tout bout de champ (!) traduite dans beaucoup de langues on la retrouve dans beaucoup d'études. J'aime bien celle-ci concernant la géographie physique et sentimentale lozérienne. L'auteur y fait en effet référence, la rapportant aux paysages lozériens, à leur solitude d'une dimension incomparable, leur conférant ainsi une qualification sentimentale toute amiélienne: "On pourrait peut-être proposer amiel ? Des inquiétudes amielles, une grande exaltation amielle, un amour purement amiel ..." (p.24). Bel hommage au diariste, si amoureux pour sa part des paysages suisses qu'il a beaucoup chanté dans sa poésie, par cette création du nom commun amiélien, de vocables ou adjectifs qualificatifs pour exprimer la relation étroite entre l'homme et sa vision sentimentale de la nature; bel hommage à notre nom !


Revision [17034]

Edited on 2019-03-31 16:54:09 by JeanLouis
Additions:
Créé pour récompenser à l'origine des études littéraires il se nommait du temps d'Henri-Frédéric "Prix de l'Institut Genevois", c'était le Prix Littéraire de la grande école supérieure de la ville. Il fut le Président du jury qui le décernait; son objet était alors de couronner //la meilleure étude historique et critique sur les romanciers et le roman dans la Suisse de langue française//. Il était doté du prix de 800F Suisses en 1874, lequel passera à 1200F dès 1875. Devenu le Prix Amiel, il sera toujours attribué les années impaires sur les intérêts des fonds placés d'un capital de 25.000 F. suisses attribués par donation inaliénable de Mme Laure Stroehlin-Amiel, sœur d'Henri-Frédéric, après la mort de son frère, et en sa mémoire, en Avril 1885 à la ville de Genève; son montant fut alors porté à 2000 F. suisses. Inauguré en 1887, son 1er lauréat fut un futur enseignant de philosophie à la faculté libre de théologie de Genève nommé Frank Duperrut (1862-1910), auteur de quelques volumes de philo religieuse et morale. Toujours attribué de nos jours, chaque année impaire, son lauréat reçoit maintenant entre 1000 et 2500 F. suisses; son objet a quelque peu évolué en récompensant désormais un sujet, au choix du candidat, en philosophie pure, histoire de la philosophie (ou sociologie si portée philosophique générale) ou en littérature pure (sauf nouvelles, romans, histoire littéraire, critique littéraire et philologie).
Deletions:
Créé pour récompenser à l'origine des études littéraires il se nommait du temps d'Henri-Frédéric "Prix de l'Institut Genevois", c'était le Prix Littéraire de la grande école supérieure de la ville. Il fut le Président du jury qui le décernait; son objet était alors de couronner //la meilleure étude historique et critique sur les romanciers et le roman dans la Suisse de langue française//. Il était doté du prix de 800F Suisses en 1874, lequel passera à 1200F dès 1875. Devenu le Prix Amiel, il sera toujours attribué les années impaires sur les intérêts des fonds placés d'un capital de 25.000 F. suisses attribués par donation inaliénable de Mme Laure Stroehlin-Amiel, sœur d'Henri-Frédéric, après la mort de son frère, et en sa mémoire, en Avril 1885 à la ville de Genève; son montant fut alors porté à 2000 F. suisses. Toujours attribué de nos jours, chaque année impaire, son lauréat reçoit maintenant entre 1000 et 2500 F. suisses; son objet a quelque peu évolué en récompensant désormais un sujet, au choix du candidat, en philosophie pure, histoire de la philosophie (ou sociologie si portée philosophique générale) ou en littérature pure (sauf nouvelles, romans, histoire littéraire, critique littéraire et philologie).


Revision [17026]

Edited on 2019-03-26 10:57:54 by JeanLouis
Additions:
//Ce journal est un exutoire : ma virilité s'évapore en sueur d'encre..// écrit-il en un de ces mauvais jours qui lui furent habituels. Un effort méritoire car à peine un an et demi après sa mort on édite déjà les premiers "Fragments d'un journal intime" (cf. art. de L'Express du 22 Nov. 1883, journal suisse) et une conférence sur lui intitulée "Le journal d'un philosophe" est donnée par Naville, professeur, dès le 26 février 1884. Puis suivent une première étude du Journal par Mr Bourget; des œuvres posthumes du poète aussi (Le Nouveau-Né en 1888). Déjà de son vivant, en 1854, Marc Monnier (1829-1885), un collègue genevois, écrivain et professeur de littérature comparée, qui le connait bien, écrit dans la revue "L'Athenaeum français" journal universel de la littérature alors (édité à Paris) "Mr Amiel est l'un des hommes les plus érudits et les plus laborieux que je connaisse". Le critique Edouard Scherer présente au public, quelques années après sa mort, une belle préface au Journal mais décède peu après en 1888; viendront Berthe Vadier qui sera son biographe et tant d'autres; l'exposition nationale suisse de Mai 1914 sera par exemple l'occasion de le faire connaître par une conférence sur "Amiel et la Suisse romande" donnée par un professeur de littérature française de l'Université de Genève. L'on ne cessera dès lors d'étudier ce journal extraordinaire et la personnalité de son auteur. Après la guerre de 14, en 1919 on chantera dans une pièce de théâtre son "Roulez tambours..." pour raviver le patriotisme national (cf. L'Express du 20 Mai 1919, p.4) .... Et ainsi en 1921 Genève put fêter le centenaire de la naissance d'un de ses plus célèbres fils dans une atmosphère pleine de charme, de grandeur discrète et de bon goût selon l'Express. Encore en 1930 le doyen de la Faculté des Lettres Genevoise inaugurera une série de conférences en montrant comment Amiel put influencer l'âme romande (cf. L'Express du 14 Juillet 1930, p.8). Souvent il figure de nos jours dans quelque article journalistique ou étude savante sur son nom ou sa psychologie et ses aphorismes servent d'illustration ou d'appui à ces écrits...
Deletions:
//Ce journal est un exutoire : ma virilité s'évapore en sueur d'encre..// écrit-il en un de ces mauvais jours qui lui furent habituels. Un effort méritoire car à peine un an et demi après sa mort on édite déjà les premiers "Fragments d'un journal intime" (cf. art. de L'Express du 22 Nov. 1883, journal suisse) et une conférence sur lui intitulée "Le journal d'un philosophe" est donnée par Naville, professeur, dès le 26 février 1884. Puis suivent une première étude du Journal par Mr Bourget; des œuvres posthumes du poète aussi (Le Nouveau-Né en 1888). Le critique Edouard Scherer présente au public une belle préface au Journal mais décède peu après en 1888; viendront Berthe Vadier qui sera son biographe et tant d'autres; l'exposition nationale suisse de Mai 1914 sera par exemple l'occasion de le faire connaître par une conférence sur "Amiel et la Suisse romande" donnée par un professeur de littérature française de l'Université de Genève. L'on ne cessera dès lors d'étudier ce journal extraordinaire et la personnalité de son auteur. Après la guerre de 14, en 1919 on chantera dans une pièce de théâtre son "Roulez tambours..." pour raviver le patriotisme national (cf. L'Express du 20 Mai 1919, p.4) .... Et ainsi en 1921 Genève put fêter le centenaire de la naissance d'un de ses plus célèbres fils dans une atmosphère pleine de charme, de grandeur discrète et de bon goût selon l'Express. Encore en 1930 le doyen de la Faculté des Lettres Genevoise inaugurera une série de conférences en montrant comment Amiel put influencer l'âme romande (cf. L'Express du 14 Juillet 1930, p.8). Souvent il figure de nos jours dans quelque article journalistique ou étude savante sur son nom ou sa psychologie et ses aphorismes servent d'illustration ou d'appui à ces écrits...


Revision [16992]

Edited on 2019-03-04 11:32:59 by JeanLouis
Additions:
Bien qu'il ait pu écrire humblement dans son Journal (28 août 1875) //Est-ce que mon nom durera un jour de plus que moi ?//, il déclara toutefois, moins de deux ans après, toujours dans son fidèle exutoire, "**Laisser un monument //aere perennius //, un ouvrage indestructible, qui fasse penser, sentir, rêver, à travers une suite de générations, cette gloire serait la seule qui me ferait envie...". ** (30 juillet 1877). Et ce n'est certainement pas avec son Journal qu'il pensait y parvenir; il n'y parvint pas non plus de son vivant ni par ses recueils de poésies, ni par ses traductions de tant d'auteurs de tant de langues, ni par son professorat (si ennuyeux comme on l'a dit) ni par aucun texte divers (discours, articles, études, conférences) et pourtant dès que l'on publia quelques années après sa mort des extraits (choisis) de son extraordinaire journal, ce fut immédiatement une véritable révélation. Il fut dès lors peu à peu connu sous de multiples facettes mais étrangement il demeure méconnu aussi, plus de cent trente ans après sa disparition; les études amiéliennes bien que déjà assez fournies et nombreuses ont encore l'avenir pour elles. Une littérature abondante d'études diverses lui a été consacré durant tout le XXème S. en un nombre de langues aussi important : en allemand, anglais, espagnol, italien mais encore en russe, suédois, tchèque, danois, japonais ou norvégien ! En plusieurs endroits on peut lire que ce journal //n'a aucun équivalent en aucune langue et n'en aura jamais// (cf. par exemple "Revue des Sciences Humaines" n° 117 à 120 Fac. des Lettres, Université de Lille (p.154) 1965 et réf. suivante); //...qu'il dénote un pessimisme aussi sombre que celui de Schopenhauer quoique apaisé ça et là par le sentiment religieux, un amour de la nature aussi pénétrant que celui de Rousseau, exhalé en des accents que Rousseau n'avait point fait entendre et que, devant l'infini, il ait évoqué une angoisse qui dépasse celle de Pascal.// (article de Emile Armand in "L'En Dehors" n°64 du 8 Août 1925 dans lequel cette phrase est citée sans sa référence). Il est connu et reconnu sur toute la terre grâce à cette œuvre magistrale unique qu'est son Journal et pourtant toujours à découvrir et à étudier.
Deletions:
Bien qu'il ait pu écrire humblement dans son Journal (28 août 1875) //Est-ce que mon nom durera un jour de plus que moi ?//, il déclara toutefois, moins de deux ans après, toujours dans son fidèle exutoire, "**Laisser un monument //aere perennius //, un ouvrage indestructible, qui fasse penser, sentir, rêver, à travers une suite de générations, cette gloire serait la seule qui me ferait envie...". ** (30 juillet 1877). Et ce n'est certainement pas avec son Journal qu'il pensait y parvenir; il n'y parvint pas non plus de son vivant ni par ses recueils de poésies, ni par ses traductions de tant d'auteurs de tant de langues, ni par son professorat (si ennuyeux comme on l'a dit) ni par aucun texte divers (discours, articles, études, conférences) et pourtant dès que l'on publia quelques années après sa mort des extraits (choisis) de son extraordinaire journal, ce fut immédiatement une véritable révélation. Il fut dès lors peu à peu connu sous de multiples facettes mais étrangement il demeure méconnu aussi, plus de cent trente ans après sa disparition; les études amiéliennes bien que déjà assez fournies et nombreuses ont encore l'avenir pour elles. Une littérature abondante d'études diverses lui a été consacré durant tout le XXème S. en un nombre de langues aussi important : en allemand, anglais, espagnol, italien mais encore en russe, suédois, tchèque, danois, japonais ou norvégien ! Plusieurs fois on peut lire que ce journal //n'a aucun équivalent en aucune langue et n'en aura jamais// (cf. par exemple "Revue des Sciences Humaines" n° 117 à 120 Fac. des Lettres, Université de Lille (p.154) 1965 et réf. suivante); //...qu'il dénote un pessimisme aussi sombre que celui de Schopenhauer quoique apaisé ça et là par le sentiment religieux, un amour de la nature aussi pénétrant que celui de Rousseau, exhalé en des accents que Rousseau n'avait point fait entendre et que, devant l'infini, il ait évoqué une angoisse qui dépasse celle de Pascal.// (article de Emile Armand in "L'En Dehors" n°64 du 8 Août 1925 dans lequel cette phrase est citée sans sa référence). Il est connu et reconnu sur toute la terre grâce à cette œuvre magistrale unique qu'est son Journal et pourtant toujours à découvrir et à étudier.


Revision [16991]

Edited on 2019-03-04 11:30:07 by JeanLouis
Additions:
**L'AME DES PAYSAGES et la LOZERE**:
**L'AME DES PAYSAGES et la PEINTURE** :
Il faut d'abord noter plus exactement la fameuse citation : "Un paysage quelconque est un état de l'âme, et qui sait lire dans tous deux est émerveillé de retrouver la similitude dans chaque détail." (Journal Int. 31 oct. 1852; L'Âge d'Homme, Lausanne, 1976, p.295). Il faut dire ensuite que, depuis le 2ème quart du XIXème S; la tendance apparue dans la décennie précédente à propos de la "peinture de paysage" se confirme. La vogue en France culmine avec le Salon de 1831. L'apparente facilité des bords de rivière, sous-bois, chemins de village, favorise une profusion d'œuvres. Pourtant, à l'origine, la nouvelle école est porteuse de sentiments face à la nature, un mouvement inspiré de l'Angleterre. C'est en relation avec cet art, cette peinture des "états d'âme" dont parle Amiel, caractérisé par une recherche d'harmonie avec la nature dont témoignera aussi et déjà ce poème de Wordsworth (1770-1850), "Tintern Abbey" en 1798 : "Je suis donc toujours / Un amoureux des prairies et des bois, / Des montagnes aussi; et de tout ce qu'offre / Cette terre verte... / Heureux de trouver dans la nature et le langage des sens, / L'ancre de mes pensées les plus pures, la nourrice, / Le guide, le gardien de mon cœur, et l'âme de / Mon être moral tout entier.
(=> "Peindre le ciel. De Turner à Monet. Ch. Kayser, Musée-Promenade Marly-le-Roi / Louveciennes, 1995).
Deletions:
**L'AME DES PAYSAGES**:


Revision [16982]

Edited on 2019-03-03 11:10:43 by JeanLouis
Additions:
**La place d'AMIEL dans la LITTERATURE SUISSE** :
Dans une étude récente sur "H-F Amiel Un écrivain en marche vers sa reconnaissance non plus comme malade mais comme écrivain" (août 2003) son auteur, Daniel Renaud commence ainsi : " Des trois plus grands écrivains suisses de langue française, les deux autres étant le bernois Béat de Muralt, seul classique de cette double appartenance, et le vaudois Charles-Ferdinand Ramuz..., le genevois H-F Amiel est de loin le plus grand sans doute." précisant tout aussitôt cependant qu'il ne peut nommer ni Rousseau car Genève n'était pas suisse à son époque, ni Benjamin Constant car il était un réfugié huguenot en Suisse !


Revision [16979]

Edited on 2019-02-23 11:57:51 by JeanLouis
Additions:
A la fin du XIXème S. déjà le nom d'Henri-Frédéric était si bien connu que l'on surnomma alors le futur grand écrivain André Gide "l'Amiel du Mercure de France". Gide eut très tôt ce que Paul Bourget nomma à propos d'Amiel "la maladie du Journal Intime". Il a lu très jeune, vers 1883, dès la 1ère édition, ce qui était paru du fameux journal de son aîné suisse, alors qu'il venait de faire 18ans et qu'il effectuait son 1er voyage outre-manche, à Londres. Mais déjà vers sa 15ème année il avait commencé à tenir son propre journal. Il n'a pas voulu reconnaitre toutefois l'influence qu'Amiel eut sur lui bien que ce journal inédit fit sur lui un effet de détonateur: dans son 1er livre "Les cahiers d'André Walter" (1891) dans lequel il recopie des pages de son journal et où sont évoqués nombre d'auteurs, "il est un nom que l'on chercherait vainement,...c'est celui d'Amiel" note M. Delay dans son ouvrage "La jeunesse d'André Gide". Ce n'est que plus tard, dans son œuvre "Si le grain ne meurt", édité en 1920, qu'il écrira que, dans sa jeunesse, le journal du genevois "faisait fureur" mais tout en ne mentionnant toujours pas qu'il en avait lu les pages publiées jusque-là. Il est cependant certain que le journal d'Henri-Frédéric joint aux Confessions de Jean-Jacques Rousseau l'ont poussé vers une introspection passionnée qui commencera dès 1887 et durera toute sa vie (il meurt en 1951).
Deletions:
A la fin du XIXème S. déjà le nom d'Henri-Frédéric était si bien connu que l'on surnomma alors le futur grand écrivain André Gide "l'Amiel du Mercure de France". Gide eut très tôt ce que Paul Bourget nomma à propos d'Amiel "la maladie du Journal Intime". Il a lu très jeune, vers 1883, dès la 1ère édition, ce qui était paru du fameux journal de son aîné suisse; c'est alors qu'il venait de faire 18ans et qu'il effectue son 1er voyage outre-manche qu'il lut ces fameuses pages, à Londres. Mais déjà vers sa 15ème année il avait commencé à tenir son propre journal. Il n'a pas voulu reconnaitre toutefois l'influence qu'Amiel eut sur lui bien que ce journal inédit fit sur lui un effet de détonateur: dans son 1er livre "Les cahiers d'André Walter" (1891) dans lequel il recopie des pages de son journal et où sont évoqués nombre d'auteurs, "il est un nom que l'on chercherait vainement,...c'est celui d'Amiel" note M. Delay dans son ouvrage "La jeunesse d'André Gide". Ce n'est que plus tard, dans son œuvre "Si le grain ne meurt", édité en 1920, qu'il écrira que, dans sa jeunesse, le journal du genevois "faisait fureur" mais tout en ne mentionnant toujours pas qu'il en avait lu les pages publiées jusque-là. Il est cependant certain que le journal d'Henri-Frédéric joint aux Confessions de Jean-Jacques Rousseau l'ont poussé vers une introspection passionnée qui commencera dès 1887 et durera toute sa vie (il meurt en 1951).


Revision [16978]

Edited on 2019-02-23 11:36:23 by JeanLouis
Additions:
Amiel bien qu'il ait rédigé son Journal en français fut un ardent germanophile. Il maitrisait parfaitement les deux langues mais il fut assez critique envers non seulement le français mais aussi les français comme on l'a vu et comme on le verra plus loin, lesquels lui ont rendu la monnaie de sa pièce ! Plusieurs commentateurs littéraires hexagonaux de son œuvre majeure ont ainsi pu bassement le railler, lui volant dans les plumes grâce à la langue des oiseaux (!) tel l'exemple d'un jugement que je qualifierai d'a-mielleux car non exempt d'un évident jeu de mots relatif à cette langue sur son nom (et donc sur le nôtre !) que je relate dans la dernière page intitulée "Homophonies amieliennes". Il faut dire que ces mots à relire sur cette page ont été publiés dans la prestigieuse revue de défense de la langue de Molière nommée "Nouvelle Revue Française" (n° 193 à 195, 1929) : Comme la guerre de 1870 avec Sedan, la guerre revancharde de 14 avait elle aussi laissé des traces hors des tranchées mais le pauvre Amiel n'y fut pourtant pour rien !
Deletions:
Amiel bien qu'il ait rédigé son Journal en français fut un ardent germanophile. Il maitrisait parfaitement les deux langues mais il fut assez critique envers non seulement le français mais aussi les français comme on l'a vu et comme on le verra plus loin, lesquels lui ont rendu la monnaie de sa pièce ! Plusieurs commentateurs littéraires français de son œuvre majeure ont ainsi pu bassement le railler, lui volant dans les plumes grâce à la langue des oiseaux (!) tel l'exemple d'un jugement que je qualifierai d'a-mielleux car non exempt d'un évident jeu de mots relatif à cette langue sur son nom (et donc sur le nôtre !) que je relate dans la dernière page intitulée "Homophonies amieliennes". Il faut dire que ces mots à relire sur cette page ont été publiés dans la prestigieuse revue de défense de la langue de Molière nommée "Nouvelle Revue Française" (n° 193 à 195, 1929) : Comme la guerre de 1870 avec Sedan, la guerre revancharde de 14 avait elle aussi laissé des traces hors des tranchées mais le pauvre Amiel n'y fut pourtant pour rien !


Revision [16977]

Edited on 2019-02-23 11:29:56 by JeanLouis
Additions:
(=> "Heures perdues du matin : Journal d'un artiste-peintre...." Erwin J. Bowien, Paris, L'Harmattan, 2000).
**AMIEL et les DIARISTES modernes** :
Luc Weibel, historien et chroniqueur genevois contemporain, a consacré un ouvrage aux diaristes modernes avec ce titre évocateur : "Les Petits Frères d'Amiel" (Ed. Zoé, 1997).
**Les derniers jours d'AMIEL imaginés par ROLAND JACCARD** :
Deletions:
(=> "Heures perdues du matin : Journal d'un artiste-peintre...." Erwin J. Bowien, Paris, L'Harmattan, 2000).
**Les derniers jours d'Amiel imaginés par ROLAND JACCARD** :


Revision [16955]

Edited on 2019-02-04 18:04:31 by JeanLouis
Additions:
//Ce journal est un exutoire : ma virilité s'évapore en sueur d'encre..// écrit-il en un de ces mauvais jours qui lui furent habituels. Un effort méritoire car à peine un an et demi après sa mort on édite déjà les premiers "Fragments d'un journal intime" (cf. art. de L'Express du 22 Nov. 1883, journal suisse) et une conférence sur lui intitulée "Le journal d'un philosophe" est donnée par Naville, professeur, dès le 26 février 1884. Puis suivent une première étude du Journal par Mr Bourget; des œuvres posthumes du poète aussi (Le Nouveau-Né en 1888). Le critique Edouard Scherer présente au public une belle préface au Journal mais décède peu après en 1888; viendront Berthe Vadier qui sera son biographe et tant d'autres; l'exposition nationale suisse de Mai 1914 sera par exemple l'occasion de le faire connaître par une conférence sur "Amiel et la Suisse romande" donnée par un professeur de littérature française de l'Université de Genève. L'on ne cessera dès lors d'étudier ce journal extraordinaire et la personnalité de son auteur. Après la guerre de 14, en 1919 on chantera dans une pièce de théâtre son "Roulez tambours..." pour raviver le patriotisme national (cf. L'Express du 20 Mai 1919, p.4) .... Et ainsi en 1921 Genève put fêter le centenaire de la naissance d'un de ses plus célèbres fils dans une atmosphère pleine de charme, de grandeur discrète et de bon goût selon l'Express. Encore en 1930 le doyen de la Faculté des Lettres Genevoise inaugurera une série de conférences en montrant comment Amiel put influencer l'âme romande (cf. L'Express du 14 Juillet 1930, p.8). Souvent il figure de nos jours dans quelque article journalistique ou étude savante sur son nom ou sa psychologie et ses aphorismes servent d'illustration ou d'appui à ces écrits...
La 1ère parution d'extraits du Journal à l'extérieur des frontières de la Suisse va aussi susciter la curiosité d'intellectuels européens de cette fin du XIXème S. Les commentaires vont aller bon train et s'opposer, notamment en France et en Allemagne, comme se heurtèrent en lui un penseur allemand et un écrivain français. En France, si la fascination était bien là, on était loin de l'admiration : c'est le début de la IIIème République et la défaite de 1870 est non seulement dans les esprits mais surtout restée en travers de la gorge par la perte de l'Alsace-Lorraine au profit de l'empire allemand. Le 1er à s'exprimer en ce temps-là est le critique Emile Caro et il donne le ton, qualifiant Amiel de "malade de l'idéal" ce qui n'était pas faux mais il y a plus senti : Brunetière parlera de "ce dégouté, ce pleurnichard et cet impuissant d'Amiel" quand Ernest Renan ne verra en lui qu' "un raté qui sent ce qui lui manque"; on pourrait ajouter à la suite le vieux philosophe Renouvier. Voilà donc le ton général sur lequel, en France, on allait ridiculiser cette "pauvre victime du germanisme" car là était surtout sa faute aux yeux des intellectuels français, non seulement il avouait une certaine aversion pour l'état d'esprit hexagonal mais il proclamait même son adulation pour la culture et la pensée allemande. Puis viendront les avis plus nuancés (et apaisés) de René Dumesnil, Edmond Jaloux, Henry Bordeaux, François Mauriac ou Charles du Bos...(cf. note sur Du Bos et ce que pense François Mauriac ci-après). Amiel est enfin reconnu en France et à son exemple l'attention érudite se déplacera vers de nouvelles formes de "témoignages" plus "modernes" avec Paul Nizan, J-P. Sartre ou Simone de Beauvoir. Sartre par exemple, cite son intériorité maladive dans "Situations I" (Gallimard, 1939) à l'appui de ses explications sur l'intentionnalité de la conscience : //...en vain chercherions-nous, comme Amiel, comme un enfant qui s'embrasse l'épaule, les caresses, les dorlotements de notre intimité, puisque finalement tout est dehors, tout, jusqu'à nous-mêmes..//. Du coté anglo-saxon, l'enthousiasme fut là immédiatement; il suffit de citer Hoffmannsthal ou Nietzsche. Hoffmannsthal mit en avant la rencontre d'Amiel avec la métaphysique allemande et la modernité de l'écriture impressionniste du diariste à travers le prisme du dilettantisme; il publia sur Amiel un essai "Das Tagebuch eines Willenskranken" (1891). Bien plus loin, en Russie, on verra ci-après combien Tolstoï l'admira.
François Mauriac, chrétien, a aussi écrit son Journal Intime mais c'est à propos de religion qu'il parlera d'Amiel. Dans ses "Petits Essais de psychologie religieuse" plus précisément : son 4ème texte est consacré à H-F Amiel sous ce titre "Le préau calviniste de H-F Amiel". Chez le suisse réformé, l'esprit hostile à tout dogme veut conserver sa totale liberté d'interprétation. Ivre de sa toute puissance, celui-ci ne peut alors, selon lui, sombrer que dans ce qu'il nomme la "passion du vagabondage", un scepticisme qui l'éloigne du Dieu sensible au cœur. Il décèle d'ailleurs la même forme de passion chez André Gide : "Mais tandis que le philosophe Amiel va de système en système, c'est le champ du sentiment et de la sensation qui s'ouvre à l'indiscipline protestante d'un Gide : quelle illusoire liberté !" Or ces âmes éprises d'une perfection et d'une liberté inhumaines sont en même temps condamnées à la solitude. En effet elles ne sont reliées à Dieu, comme le dit Mauriac à propos d'Amiel, que "par la prière et les inspirations".
L'un des artisans fondateurs de l'Europe, le français Jean Monnet citait souvent cette pensée visionnaire, humaniste et universaliste d'Amiel : //Ce sont les institutions qui commandent les relations entre les hommes, ce sont elles qui sont le véritable support de la civilisation.....L'expérience de chaque homme se renouvelle. Seules les institutions deviennent plus sages : elles accumulent l'expérience collective et, de cette expérience, de cette sagesse, les hommes soumis aux mêmes règles verront non pas leur nature changer, mais leur comportement graduellement se transformer. //Monnet la résumait ainsi : //Rien ne se crée sans les hommes, rien ne dure sans les institutions.// Encore faut-il que ces institutions correspondent à ce que veulent les peuples ! On peut en douter pour ce qui concerne l'Europe: Monnet fut surtout un promoteur de l'atlantisme, du libre-échange et de la disparition des états-nations au profit d'une Europe fédérale à l'imitation de la vision américaine, ce qui lui valut notamment un violent antagonisme avec De Gaulle qui le traitait de "petit financier à la solde des Américains". D'autre part, les institutions européennes crées depuis les débuts deviennent-elles vraiment plus sages suivant le recul que nous en avons pour en juger ? L'expérience collective permet-elle par la fragile sagesse des hommes de transformer positivement les institutions pour le bien général ? La patience des peuples peut être grande mais elle aura bien des limites, peu importe la graduation de ces supposées améliorations (surtout libérales donc partisanes, destinées uniquement au profit de quelques uns) permises par une sagesse qui n'est plus de mise dans le contexte de ces soumissions !
Amiel l'humaniste fut-il pour autant un européaniste ? Probablement pas ! La disparition des frontières n'est certainement pas concevable à son époque et l'idée même d'une Europe unie et démocratique ne put être en son temps qu'une utopie. De nos jours c'est, disons, tout au plus un rêve (pour être optimiste)...dont la Suisse ne se préoccupe d'ailleurs pas !
C'est aussi une notoriété, et populaire cette fois ! Ce café est situé 2301 Airport Thruway à Colombus GA; sa devanture cite et est ornée d'une maxime de Henri-Frédéric traduite en anglais, preuve s'il en fallait de l'universalité de ce qu'il écrivit dans son fameux journal.
Deletions:
//Ce journal est un exutoire : ma virilité s'évapore en sueur d'encre..// écrit-il en un de ces mauvais jours qui lui furent habituels. Un effort méritoire car à peine un an et demi après sa mort on édite déjà les premiers "Fragments d'un journal intime" (cf. art. de L'Express du 22 Nov. 1883, journal suisse) et une conférence sur lui intitulée "Le journal d'un philosophe" est donnée par Naville, professeur, dès le 26 février 1884.Puis suivent une première étude du Journal par Mr Bourget; des œuvres posthumes du poète aussi (Le Nouveau-Né en 1888). Le critique Edouard Scherer présente au public une belle préface au Journal mais décède peu après en 1888; viendront Berthe Vadier qui sera son biographe et tant d'autres; l'exposition nationale suisse de Mai 1914 sera par exemple l'occasion de le faire connaître par une conférence sur "Amiel et la Suisse romande" donnée par un professeur de littérature française de l'Université de Genève. L'on ne cessera dès lors d'étudier ce journal extraordinaire et la personnalité de son auteur. Après la guerre de 14, en 1919 on chantera dans une pièce de théâtre son "Roulez tambours..." pour raviver le patriotisme national (cf. L'Express du 20 Mai 1919, p.4) .... Et ainsi en 1921 Genève put fêter le centenaire de la naissance d'un de ses plus célèbres fils dans une atmosphère pleine de charme, de grandeur discrète et de bon goût selon l'Express. Encore en 1930 le doyen de la Faculté des Lettres Genevoise inaugurera une série de conférences en montrant comment Amiel put influencer l'âme romande (cf. L'Express du 14 Juillet 1930, p.8). Souvent il figure de nos jours dans quelque article journalistique ou étude savante sur son nom ou sa psychologie et ses aphorismes servent d'illustration ou d'appui à ces écrits...
La 1ère parution d'extraits du Journal à l'extérieur des frontières de la Suisse va aussi susciter la curiosité d'intellectuels européens de cette fin du XIXème S. Les commentaires vont aller bon train et s'opposer, notamment en France et en Allemagne, comme se heurtèrent en lui un penseur allemand et un écrivain français. En France, si la fascination était bien là, on était loin de l'admiration : c'est le début de la IIIème République et la défaite de 1870 est non seulement dans les esprits mais surtout restée en travers de la gorge par la perte de l'Alsace-Lorraine au profit de l'empire allemand. Le 1er à s'exprimer en ce temps-là est le critique Emile Caro et il donne le ton, qualifiant Amiel de "malade de l'idéal" ce qui n'était pas faux mais il y a plus senti : Brunetière parlera de "ce dégouté, ce pleurnichard et cet impuissant d'Amiel" quand Ernest Renan ne verra en lui qu' "un raté qui sent ce qui lui manque"; on pourrait ajouter à la suite le vieux philosophe Renouvier. Voilà donc le ton général sur lequel, en France, on allait ridiculiser cette "pauvre victime du germanisme" car là était surtout sa faute aux yeux des intellectuels français, non seulement il avouait une certaine aversion pour l'état d'esprit hexagonal mais il proclamait même son adulation pour la culture et la pensée allemande. Puis viendront les avis plus nuancés (et apaisés) de René Dumesnil, Edmond Jaloux, Henry Bordeaux, François Mauriac ou Charles du Bos...(cf. note sur Du Bos ci-après). Amiel est enfin reconnu en France et à son exemple l'attention érudite se déplacera vers de nouvelles formes de "témoignages" plus "modernes" avec Paul Nizan, J-P. Sartre ou Simone de Beauvoir. Sartre par exemple, cite son intériorité maladive dans "Situations I" (Gallimard, 1939) à l'appui de ses explications sur l'intentionnalité de la conscience : //...en vain chercherions-nous, comme Amiel, comme un enfant qui s'embrasse l'épaule, les caresses, les dorlotements de notre intimité, puisque finalement tout est dehors, tout, jusqu'à nous-mêmes..//. Du coté anglo-saxon, l'enthousiasme fut là immédiatement; il suffit de citer Hoffmannsthal ou Nietzsche. Hoffmannsthal mit en avant la rencontre d'Amiel avec la métaphysique allemande et la modernité de l'écriture impressionniste du diariste à travers le prisme du dilettantisme; il publia sur Amiel un essai "Das Tagebuch eines Willenskranken" (1891). Bien plus loin, en Russie, on verra ci-après combien Tolstoï l'admira.
François Mauriac, chrétien, a aussi écrit son Journal Intime mais c'est à propos de religion qu'il parlera d'Amiel. Dans ses "Petits Essais de psychologie religieuse" plus précisément : son 4ème texte est consacré à H-F Amiel sous ce titre "Le préau calviniste de H-F Amiel". Chez le suisse réformé, l'esprit hostile à tout dogme veut conserver sa totale liberté d'interprétation. Ivre de sa toute puissance, celui-ci ne peut alors, selon lui, que sombrer que dans ce qu'il nomme la "passion du vagabondage", un scepticisme qui l'éloigne du Dieu sensible au cœur. Il décèle d'ailleurs la même forme de passion chez André Gide : "Mais tandis que le philosophe Amiel va de système en système, c'est le champ du sentiment et de la sensation qui s'ouvre à l'indiscipline protestante d'un Gide : quelle illusoire liberté !" Or ces âmes éprises d'une perfection et d'une liberté inhumaines sont en même temps condamnées à la solitude. En effet elles ne sont reliées à Dieu, comme le dit Mauriac à propos d'Amiel, que "par la prière et les inspirations".
L'un des artisans fondateurs de l'Europe, le français Jean Monnet citait souvent cette pensée visionnaire, humaniste et universaliste d'Amiel : //Ce sont les institutions qui commandent les relations entre les hommes, ce sont elles qui sont le véritable support de la civilisation.....L'expérience de chaque homme se renouvelle. Seules les institutions deviennent plus sages : elles accumulent l'expérience collective et, de cette expérience, de cette sagesse, les hommes soumis aux mêmes règles verront non pas leur nature changer, mais leur comportement graduellement se transformer. //Monnet la résumait ainsi : //Rien ne se crée sans les hommes, rien ne dure sans les institutions.// Encore faut-il que ces institutions correspondent à ce que veulent les peuples ! On peut en douter : Monnet fut surtout un promoteur de l'atlantisme, du libre-échange et de la disparition des états-nations au profit d'une Europe fédérale à l'imitation de la vision américaine, ce qui lui valut notamment un violent antagonisme avec De Gaulle qui le traitait de "petit financier à la solde des Américains". D'autre part, les institutions européennes crées depuis les débuts deviennent-elles vraiment plus sages suivant le recul que nous en avons pour en juger ? L'expérience collective permet-elle par la fragile sagesse des hommes de transformer positivement les institutions pour le bien général ? La patience des peuples peut être grande mais elle aura bien des limites, peu importe la graduation de ces supposées améliorations (surtout libérales donc partisanes, destinées à quelques uns) permises par une sagesse qui n'est plus de mise dans le contexte de ces soumissions !
Amiel l'humaniste fut-il pour autant un européaniste ? Probablement pas ! La disparition des frontières n'est certainement pas concevable à son époque et l'idée même d'une Europe unie et démocratique ne put être en son temps qu'une utopie. De nos jours c'est, disons, tout au plus un rêve (pour être optimiste)...dont la Suisse ne se préoccupe pas !
Ce café est situé 2301 Airport Thruway à Colombus GA; sa devanture cite et est ornée d'une maxime de Henri-Frédéric traduite en anglais, preuve s'il en fallait de l'universalité de ce qu'il écrivit dans son fameux journal.


Revision [16951]

Edited on 2019-02-02 16:44:58 by JeanLouis
Additions:
**FRANCOIS MAURIAC et la REFORME pour AMIEL et GIDE** :
François Mauriac, chrétien, a aussi écrit son Journal Intime mais c'est à propos de religion qu'il parlera d'Amiel. Dans ses "Petits Essais de psychologie religieuse" plus précisément : son 4ème texte est consacré à H-F Amiel sous ce titre "Le préau calviniste de H-F Amiel". Chez le suisse réformé, l'esprit hostile à tout dogme veut conserver sa totale liberté d'interprétation. Ivre de sa toute puissance, celui-ci ne peut alors, selon lui, que sombrer que dans ce qu'il nomme la "passion du vagabondage", un scepticisme qui l'éloigne du Dieu sensible au cœur. Il décèle d'ailleurs la même forme de passion chez André Gide : "Mais tandis que le philosophe Amiel va de système en système, c'est le champ du sentiment et de la sensation qui s'ouvre à l'indiscipline protestante d'un Gide : quelle illusoire liberté !" Or ces âmes éprises d'une perfection et d'une liberté inhumaines sont en même temps condamnées à la solitude. En effet elles ne sont reliées à Dieu, comme le dit Mauriac à propos d'Amiel, que "par la prière et les inspirations".
Deletions:
**FRANCOIS MAURIAC et la réforme selon AMIEL** :
François Mauriac, chrétien, a aussi écrit son Journal Intime mais c'est à propos de religion qu'il parlera d'Amiel. Dans ses "Petits Essais de psychologie religieuse" plus précisément : son 4ème texte est consacré à H-F Amiel sous ce titre "Le préau calviniste de H-F Amiel". Chez le suisse réformé, l'esprit hostile à tout dogme veut conserver sa totale liberté d'interprétation. Ivre de sa toute puissance, celui-ci ne peut alors, selon lui, que sombrer que dans ce qu'il nomme la "passion du vagabondage", un scepticisme qui l'éloigne du Dieu sensible au cœur. Il décèle d'ailleurs la même forme de passion chez André Gide : "Mais tandis que le philosophe Amiel va de système en système, c'est le champ de la sensation qui s'ouvre à l'indiscipline protestante d'un Gide : quelle illusoire liberté !" Or ces âmes éprises d'une perfection et d'une liberté inhumaines sont en même temps condamnées à la solitude. En effet elles ne sont reliées à Dieu, comme le dit Mauriac à propos d'Amiel, que "par la prière et les inspirations".


Revision [16950]

Edited on 2019-02-02 16:43:07 by JeanLouis
Additions:
**FRANCOIS MAURIAC et la réforme selon AMIEL** :
François Mauriac, chrétien, a aussi écrit son Journal Intime mais c'est à propos de religion qu'il parlera d'Amiel. Dans ses "Petits Essais de psychologie religieuse" plus précisément : son 4ème texte est consacré à H-F Amiel sous ce titre "Le préau calviniste de H-F Amiel". Chez le suisse réformé, l'esprit hostile à tout dogme veut conserver sa totale liberté d'interprétation. Ivre de sa toute puissance, celui-ci ne peut alors, selon lui, que sombrer que dans ce qu'il nomme la "passion du vagabondage", un scepticisme qui l'éloigne du Dieu sensible au cœur. Il décèle d'ailleurs la même forme de passion chez André Gide : "Mais tandis que le philosophe Amiel va de système en système, c'est le champ de la sensation qui s'ouvre à l'indiscipline protestante d'un Gide : quelle illusoire liberté !" Or ces âmes éprises d'une perfection et d'une liberté inhumaines sont en même temps condamnées à la solitude. En effet elles ne sont reliées à Dieu, comme le dit Mauriac à propos d'Amiel, que "par la prière et les inspirations".
(=> "Nouveaux cahiers François Mauriac" n°2 Ed. Grasset & Flasquelle, 1994).


Revision [16817]

Edited on 2018-11-10 15:10:04 by JeanLouis
Additions:
L'essayiste franco-suisse contemporain vient, dans un roman hors normes paru en 2018 (Serge Safran Ed.), de se glisser dans la peau du diariste en écrivant: "Les derniers jours d'H-F Amiel". Il rend au fond un hommage à son diariste préféré, lequel l'a sans doute beaucoup inspiré. Ce qu'il a écrit sur ses derniers temps aurait pu être de la plume du genevois; il le fait déborder de son propre corps.
Deletions:
L'essayiste franco-suisse contemporain vient, dans un roman hors normes paru en 2018, de se glisser dans la peau du diariste en écrivant: "Les derniers jours d'H-F Amiel". Il rend au fond un hommage à son diariste préféré, lequel l'a sans doute beaucoup inspiré. Ce qu'il a écrit sur ses derniers temps aurait pu être de la plume du genevois; il le fait déborder de son propre corps.


Revision [16816]

Edited on 2018-11-10 15:08:21 by JeanLouis
Additions:
(=> "Heures perdues du matin : Journal d'un artiste-peintre...." Erwin J. Bowien, Paris, L'Harmattan, 2000).
**Les derniers jours d'Amiel imaginés par ROLAND JACCARD** :
L'essayiste franco-suisse contemporain vient, dans un roman hors normes paru en 2018, de se glisser dans la peau du diariste en écrivant: "Les derniers jours d'H-F Amiel". Il rend au fond un hommage à son diariste préféré, lequel l'a sans doute beaucoup inspiré. Ce qu'il a écrit sur ses derniers temps aurait pu être de la plume du genevois; il le fait déborder de son propre corps.
(=> art. de Jean-Bernard Vuillème du 14/09/2018 paru dans le quotidien suisse "Le temps").
Deletions:
(=> "Heures perdues du matin : Journal d'un artiste-peintre...." Erwin J. Bowien, Paris, L'Harmattan, 2000).


Revision [16770]

Edited on 2018-11-02 16:32:33 by JeanLouis
Additions:
On peut citer encore "L'Hymne à Genève" qu'il composa en 1859 pour le jubilé tri-séculaire de l'Académie de Genève, lequel sera mis en musique et chanté à cette occasion, ou en 1860 "Les Noces d'Or" poème en commémoration de l'entrée de sa ville dans la Confédération Suisse en 1531...


Revision [16471]

The oldest known version of this page was created on 2018-02-28 10:32:12 by JeanLouis
Valid XHTML :: Valid CSS: :: Powered by WikkaWiki