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La Terre Sainte d'Israël a été donnée par Allah aux juifs
(selon la Sourate V du Coran dite La Table, versets 20 à 26);
Il ramènera les enfants d'Israël pour reprendre possession de leur terre, les rassemblant de tous les différents pays et nations... et nous disons ensuite aux enfants d'Israël de demeurer en sécurité dans le pays
(Coran, Sourate 17, verset 104)

L'HISTOIRE DE LA "VACHE ROUSSE" BIEN CONNUE PAR LE CORAN :
Cette histoire biblique est en effet bien connue dans le Coran ou elle est nommée expressément ainsi. C'est là la seule référence à un Amiel dans le livre saint des musulmans (Sourate II, versets 67 à 73) bien que son nom n'y soit pas textuellement indiqué. Cette sourate est par ailleurs la plus longue de ce livre; ses 286 versets parlent de cette histoire mais aussi des prophètes hébreux ou des prescriptions essentielles des musulmans. La plus récente de ses transcriptions est trouvée dans "Qis'as' el Anbyâ" de Eth Thâalibi, imprimé au Caire l'An 1298 de l'Hégire (soit en 1920), pp. 203-204, mais cette histoire était déjà racontée du temps d'Ibn Abbas, un homme qui connut le prophète Mohamed car il fut de ses proches (1er tiers du VIIème S. de notre ère). Une histoire citée proverbialement tout comme le bélier d'Ismâ'îl, le bélier immolé par Abraham à la place de son fils Ismâ'îl que les musulmans substituent à Isaac hébreu ou la chamelle de S'alih' que le prophète de ce nom fit sortir d'un rocher pour convertir les Thamondites; toutes situations et conclusions exceptionnelles, uniques même, voulues par Dieu, par Allah puisqu'il est ainsi nommé dans l'Islam. (cf. "Revue des traditions populaires" n°10 Oct. 1909 (T. XXIV), Contes & Légendes Arabes).
* Le Coran et les autre religions du Livre :
Il faut dire déjà que le Coran faisant suite à la Torah juive comme aux évangiles chrétiens y puise nombre de ses racines : les noms des grands personnages y sont aisément reconnaissables comme Adam (Âdam), Eve (Hauwâ), Noé (Nûh), Moïse (Mûsâ), Abraham (Ibrahîm), Salomon (Sulaymân), Joseph (Yûsuf) pour l'ancien testament; Jésus ('Isâ), Marie (Myriam), Jean-Baptiste (Yahya Ibn Zakaryyâ) pour le nouveau testament ! Deux par contre sont spécifiques à l'Islam, Sâlih et Hud. Une place importante est faite à Moïse qui y est indiqué comme le seul mortel à avoir parlé directement à Dieu; il y est mentionné plus que les autres car c'est lui qui a délivré la Loi à son peuple et a fait de nombreux miracles mais pourtant ce n'est pas lui qui occupe la place centrale, c'est Abraham, car ni juif ni chrétien, il est un "hanîf'", un croyant du monothéisme des origines le plus pur et l'islam revendiquera par là être la seule vraie religion bien qu'apparue des siècles plus tard.
Il est probable en tous cas que ces rapports notables aux religions essentielles de la région moyen-orientale peuvent ne pas être étrangères à l'origine même de l'Islam. Selon une école de pensée soutenue notamment par un théologien musulman allemand converti à l'âge de 16ans, la dernière religion apparue dans la région pourrait n'être qu'une des multiples dissidences qui, comme le christianisme cinq siècles plus tôt, aurait réussi à s'imposer. Une dissidence du judéo-christianisme mais qui s'en est écarté beaucoup en s'adaptant à la population arabe des tribus nomades d'Arabie. Le futur grand prophète arabe Mahomet s'y serait d'abord converti; ces chercheurs s'appuient sur le message de Waraqa Ibn Nawfal, cousin et mentor spirituel de sa 1ère épouse, qu'ils estiment, à tort ou à raison, avoir été un de ces prêtres judéo-chrétiens ou nestoriens. De plus ils sont questionnés par le fait que, selon le Coran, la fameuse révélation divine dont aurait joui le prophète se soit arrêtée pendant trois ans après la mort de Waraqa, ce qui fait de lui un personnage essentiel de l'histoire de l'Islam. Les mêmes s'appuient sur d'autres indices comme de rares témoignages de ce temps dont celui de l'évêque de Damas, qui voient les musulmans comme des hérétiques chrétiens; et puis il y a des inscriptions chrétiennes datées de 570, année de naissance de Mahomet qui ressemblent fort à la "chahada", la profession de foi islamique (sauf que Jésus y remplace Mahomet) des inscriptions d'ailleurs identiques à celles qui ornent la fameuse Mosquée du Rocher à Jérusalem, construite dès 690 !
Le Coran est par ailleurs écrit dans une langue arabe très archaïque qu'il est bien ardu de déchiffrer d'une façon certaine. Contrairement à la Bible qui a une certaine logique dans sa composition, le Coran est un ensemble de sourates disparates, 'cousues' entre elles de façon arbitraire, retranscrites de mémoire plus de 200ans après la mort du prophète qui les a reçues (les évangiles chrétiens ont été écrits quelques dizaines d'années seulement après la mort de Jésus). Souvent de nos jours d'un intérêt désuet et inapproprié à la société moderne, ces textes sont pourtant encore de nos jours considérés par l'écrasante majorité des musulmans comme la parole absolue de Dieu, dont il ne peut être permis de changer ou ôter un iota. Beaucoup d'interprétations sont possibles et ont été utilisées suivant souvent ce que l'on voulait y trouver également; c'est sans doute vrai aussi de la Bible, mais pour cette dernière il faut bien considérer qu'ayant été écrite bien des siècles auparavant et sur un long temps (ancien testament surtout) il n'est pas possible de mettre sur un même plan de compréhension linguistique ces deux textes.
Un chercheur reconnu a même pu affirmer que le texte coranique fut non pas rédigé en arabe mais en araméen; mais son affirmation la plus déconcertante est à propos des "houris", ces splendides créatures féminines que tout croyant musulman mâle et méritant compte trouver en arrivant au Paradis. Pour lui le mot employé dans le Coran désigne plutôt des "grappes de raisin" et non pas de belles vierges attendant par milliers les valeureux combattants de la foi, qui, en récompense de leur action contre les mécréants, sont apprêtées pour les satisfaire sexuellement; bien entendu ces grappes de raisin que l'on peut concevoir par milliers, si présentes dans la Bible, ancien comme nouveau testament, correspondent au vin, allégorie chrétienne de la vie éternelle paradisiaque, autre enivrement (interdit dans l'islam)! Et à propos de ce double testament biblique, pour lequel les chrétiens mettent en avant surtout la vie et l'enseignement de Jésus basé sur la Torah, il y a lieu de noter analogiquement, pour ce qui concerne l'islamisme, une certaine similitude du moins de forme, par l'importance accordée aux "hadiths" de Mahomet, racontant la vie et les paroles du prophète, expliquant les versets coraniques il est vrai souvent énigmatiques, contradictoires et écrits sans ordre on l'a dit, des paroles et des prescriptions pratiques qui sont censés guider la vie quotidienne des musulmans tout en respectant le Coran dont il n'est demandé qu'ânonner parfaitement ses versets. Une vie rythmée par des règles, interdictions comme obligations dites coraniques, pour une vie sociale comme privée toute religieuse adaptée sans doute au temps du prophète mais, pour ce qui nous concerne, totalement incompréhensible et inadmissible dans notre société occidentale moderne, civile et laïque, respectant tous les cultes et ne respectant qu'un droit purement civil; une compréhension qui n'est pas celle des évangiles, Jésus ayant d'ailleurs répondu à une question des Pharisiens qu'il faut rendre à Dieu ce qui revient à Dieu et à César ce qui revient à César, son enseignement révolutionnaire basé sur l'amour et la rédemption montrant sous un jour inédit les vieux textes hébreux et juifs intelligemment rénovés, voire même modernisés (cf. René Girard).
L'Islam n'aurait-il donc été, au départ du moins, qu'une simple mais efficace secte judéo-chrétienne adaptée aux populations arabes, il y en eut tant alors ?! Elle aurait fini après une rapide évolution, se calquant de près aux pratiques des tribus arabes (dont la fameuse Kaaba de La Mecque), par s'imposer dans la région un siècle à peine après Mahomet. Cette sorte de protestantisme post-antique aurait pu, comme la RPR du XVIème S. en Europe, se propager rapidement dans et hors de la péninsule arabique et devenir la 3ème religion du Livre. D'ailleurs le mot "imam" désignant le responsable d'une communauté correspond au "pasteur" des religions chrétiennes, ce sont des vecteurs de leur religion respective guidant leur propre troupeau de "brebis" dans leur foi, mais à leur guise, sans aucune hiérarchie, sans aucun contrôle de validité et qui a produit l'inévitable multiplicité de tendances dans lesquelles s'empêtrent toujours leurs descendants, cause de tant d'incompréhensions, de combats, de morts, non seulement dans leur monde mais transposés par eux dans le monde occidental qui devrait n'en avoir cure. Bien que le soufisme soit capable d'en relever la mystique par sa spiritualité originale dans cet océan de lectures littérales, car le texte saint use comme d'autres lui aussi de métaphores et de paraboles poétiques très souvent, c'est une démarche probablement hors de portée de l'écrasante majorité des fidèles.
* Le nom divin chez les musulmans; la syllabe "am" :
- Le nom musulman de Dieu, car Dieu a gardé son nom chez eux, et il est appelé ainsi, c'est Allah bien sûr. Ce nom parait tiré à première vue de Eloah ou Ilah, le nom divin rencontré chez les sémites qui leur vient de l'akkadien Ilu; mais en cherchant plus précisément c'est en réalité l'addition de deux noms de divinités, celle que les hébreux connaissent bien, El, et celle d'une divinité féminine nommée Lilîtu, d'origine sumérienne, dont le nom évolua (et est plus connu) en Lilith, puis en Al-Ilat. Le nom d'Allah a été masculinisé a partir d'Al-Ilat qui devint Al-Ilah. Le nom de Dieu s'écrivit ainsi au début car la langue arabe ne connaissait pas encore la 'chadda' qui redoublera la consonne plus tard et écrira alors ce nom Allah. De nombreuses formes préfigurèrent ce nom unique telles que : Eloah, Alah, Elahôn, Elah, Ilan, Allaho, Ilahân, Il ....et El ! Le vieux nom divin est celui de la divinité la plus invoquée chez les peuples au sud-est de Damas entre la ruine de l'empire nabatéen par les romains (en +106) et l'invasion perse en Syrie (en +614). - Pour ce qui concerne la syllabe Amm qui débute notre nom en hébreu et nonobstant l'avertissement explicité dans l'article suivant indiquant la non-transposabilité de la signification hébraïque d'Amiel dans l'islam, on sait que dans les religions arabes pré-islamiques, il y avait une divinité lunaire nommée Wadd, soit 'amour' chez les Minéens, qui correspond à Amm, soit "beau-père". Cet Amm, l'oncle, parent tribal, que l'on retrouve dans 'Ammân, en Qataban' (voir pages Amiel hébreu) et au Yémen en général, aussi attesté dans des inscriptions en dialectes thamoudéen et safaïtique (des tribus antiques d'Arabie), est qualifié aussi de "porte-parole" et c'est d'après l'arabe que l'on interprètera généralement ce nom par "oncle paternel" en hébreu, à l'origine (cf. "La religion des hébreux nomades" p.134). Bien qu'il n'y ait pas de rapport analogique sans doute, on remarquera que, dans cette histoire, le nom d'Hammiel est celui de l'oncle des héritiers présomptifs.
(=> article "Les religions arabes pré-islamiques" in "Revue d'histoire des religions" T. IV; pp. 307-332 et notes; Quillet, Paris, 1947; "La religion sumérienne - Création des religions et origine de l'homme... D'Abraham au monothéisme").
* Comparaisons théologiques et onomastiques :
Il est utile de savoir de quoi il retourne de cette religion du point de vue chrétien et plus précisément de quelques concepts dont celui du Père qui nous importe particulièrement dans notre nom juif. J'emprunte ici à l'intéressante étude "Connaissance de l'Islam" du pasteur A. R. Kayayan (rèf. en fin d'article) : L'islam est probablement la pire forme de monothéisme qui puisse exister, faisant de Dieu une pure volonté divorcée de la raison et dépourvue d'amour... Au lieu d'être une idée de progrès, il descend à un niveau inférieur à toute autre religion qu'il prétend pourtant dépasser et remplacer... Tel un monarque absolu (Dieu) il se place sur des hauteurs inaccessibles; il n'est qu'un monarque despote oriental. Il ne se soucie guère du caractère moral, mais exclusivement de la soumission de la créature. Le devoir de l'humain est de se soumettre à lui. D'ailleurs sa paternité si présente dans l'Ancien Testament est totalement absente du Coran. Il n'y a pas de paternité divine car cette théologie exclut toute relation filiale de l'homme avec la divinité. La signification hébraïque de notre nom Amiel ne peut donc se comprendre et être transposée de cette façon dans l'islam ! La notion de père n'y est qu'humaine, avec ce qui va avec (éducation, autorité...). Il en découle que la fraternité humaine dans cette religion ne peut exister, du moins hors d'elle; L'islam n'est qu'une fraternité de croyants adeptes de son dogme, excluant tout sentiment humain envers ceux qui n'en sont pas (membres) : "N'appelez pas Dieu votre père, car c'est un blasphème" est-il dit. C'est ce trait-là qui caractérise l'islam et explique son fanatisme et son immense orgueil. Ce déni de la paternité divine le transforme en une abstraction désolante. De même l'idée musulmane de Dieu est atrocement étrangère à l'amour divin et, dans le Coran, Dieu n'est pas aimé, il est seulement vénéré et respecté... De même encore et en relation avec l'amour, l'islam ne reconnait ni de bienveillance ni de tolérance envers autrui (sourate 9, verset 29). La loi de Dieu n'est pas l'expression de sa nature morale mais de sa seule volonté arbitraire et s'il admet volonté et sagesse, l'islam ignore la bonté et l'amour divin, la justice et la paix ne s'y embrassent pas. Le croyant y est réduit au seul état d'esclavage religieux permanent, ce qui tranche énormément avec la conception chrétienne. On ne s'étonnera pas dès lors de l'état moral lamentable des sociétés islamisées : esclavage, traite d'êtres humains, concubinage et polygamie y sont des pratiques courantes depuis ce VIIème S. La conscience morale est complètement pétrifiée, le légalisme est la forme absolue du culte et toute vertu doit être la réplique de celle du prophète...Tout progrès est impossible et l'injustice est acceptée stoïquement...c'est une doctrine entièrement stérile... Pas de croissance, aucun fruit au cours de son histoire pour de nouvelles idées. Les mystiques soufis sont peu nombreux, en Turquie la "révolution" d'Atatürk est remplacée par la contre-révolution régressive d'Erdogan et les soi-disant printemps arabes ne durent qu'une saison. Allah est sans doute le dieu unique mais contrairement aux deux autres religions du Livre, c'est un dieu inconnu. L'islam s'est appuyé sur ces prédécesseurs mais a très mal compris, dans le sens de prendre avec soi, leurs messages. Il en est de même pour ce qui concerne cette autre partie théologique plus mystique et mystérieuse qui nous intéresse aussi : les anges et les démons, l'ange Gabriel par ex. qui y est même assimilé au St Esprit tout en étant le messager illustre doté d'une grande puissance; les démons qui y sont nommés "djinns" avec à leur tête Iblis, chef des armées démoniaques (Satan, le diabolos). On pourrait encore parler de la trinité, concept hors de portée pour l'islam bien sûr, du Messie aussi, chez eux c'est bien entendu Muhammad leur prophète...du statut de la femme notamment, réduit à la sexualité des hommes et à la procréation (cf. l'actualité). Quant au culte c'est on ne peut plus simple : respect et pratique des fameux Cinq Piliers : prière, jeune, aumône, pèlerinage à La Mecque et...la guerre sainte ! En somme Islam signifie bien : soumission aveugle à la volonté absolue d'Allah.
(=> "Connaissance de l'islam" A. R. Kayayan; Foi et Vie Réformée, Prétoria, Afrique du Sud, 1994).
Seule la raison pourrait affranchir le Coran de ce qui ne devrait plus s'y trouver mais il est hors de question depuis toujours de changer un iota du Livre saint. Pourtant "Les pires bêtes auprès de Dieu sont...[ceux] qui ne raisonnent pas" dit le verset 22 de la sourate 8 ! Et durant ce qui a été nommé l'Age d'or islamique médiéval, entre le milieu du IXème et le milieu du XIIIème S. beaucoup de penseurs ont essayé de raisonner le Coran : ainsi Omar Khayyâm (1048 - 1122) de Raisonner, comme on l'a déjà dit et lu au début de cet article, est bien le propre de l'homme ! Raisonnons donc et revenons à nos "moutons" ou plus exactement à notre "vache rousse" bien plus rare que les brebis du quotidien des juifs et des arabes, au propre comme au figuré, comme on va le voir.
* L'histoire de la vache rousse :
Dans la Bible cette histoire de la vache rousse est citée dans le Livre des Nombres, Ch. 19, versets 1 à 14. Dans la sourate coranique dite de La Vache il s'agit essentiellement après le verset 51, des versets 67 à 73, qui furent réécrits d'après le livre biblique précédent. Et c'est Albufeda, un historien arabe qui, vers les XIII-XIVèmes S. racontera cette histoire en mentionnant le nom d'Hammiel. Claude-Etienne Savary traduira le Coran en français au milieu du XVIIIème S. J'ai consulté la réédition de son ouvrage de 1783 publiée en 1821 (Amsterdam & Paris, Dufour), 1ère partie, ch. II intitulé : "La vache" qui précise tout aussitôt ceci : "donné à Médine, composé de 286 versets. Au nom de Dieu clément et miséricordieux."; le texte commence par les trois lettres A. L. M., dont la signification inconnue ne le fut parait-il que de Mahomet; j'ai notamment tenu compte de la note 6 de la relation qui précise le nom de la victime : Hammiel. Voici comment le récit peut être résumé :
Il y avait parmi les hébreux du temps de Moïse un homme très riche nommé Hammiel qui n'avait que des neveux pour héritiers; ceux-ci attendaient impatiemment sa mort afin de pouvoir enfin profiter de ses biens. L'un d'eux plus pressé que les autres se résolut à hâter enfin les choses et une nuit, le tua, laissant son corps sur la "voie publique", dehors. Le lendemain le meurtrier lui-même fut éploré, il joignit ses pleurs à ceux des autres neveux. L'évènement fut porté à la connaissance de Moïse (Musa dans le Coran) lequel pria Dieu (Allah) de lui désigner le meurtrier. Et Dieu demanda aux hébreux d'immoler une vache. Au début les hébreux prirent cette demande pour une plaisanterie mais devant la volonté manifeste divine ils se mirent alors à chercher des prétextes pour éluder ou contourner, retarder, voire rendre impossible la demande. Ils voulurent savoir, par l'intermédiaire de Moïse quelles devaient être les caractéristiques de cette vache : outre son âge et sa couleur, (c'est ce qui posera le plus de problèmes, rousse et sans tâche, même pas un poil d'une autre couleur !), le fait qu'elle n'ait pas été "approchée" par un mâle, qu'elle soit libre (qu'elle n'ait jamais porté de joug, donc qu'elle n'ait jamais travaillé pour les hommes), parfaite en somme et pure. Il fallait donc trouver "l'oiseau rare" et les hébreux n'en trouveront parait-il que neuf exemplaires durant tout le temps entre cet évènement et la destruction du second Temple (en +70) ! car cet ordre fut considéré comme une loi en pareil cas ensuite. Mais revenons à l'histoire. Quand ils l'immolèrent (tâche du grand-prêtre bien entendu) enfin après en avoir trouvé une parfaite, avec du bois précieux (cèdre), de l'herbe (hysope) et du tissu rouge (cramoisi), il leur fut demandé de frapper le corps cadavérique de ce pauvre Hammiel avec un morceau de l'animal (certains disent sa langue, on va voir pourquoi) et là se produisit un miracle : Le cadavre d'Hammiel se leva, ouvrit la bouche pour nommer son meurtrier et mourut à nouveau ! .
* Son interprétation pour les juifs :
L'exemple donné par cette très vieille histoire dont la célébrité dans ces temps antiques fut donc jugée digne de figurer dans le Coran au VIIème S. a une certaine importance chez les juifs depuis très longtemps. Elle se situe semble-t-il après l'épisode plus connu du Veau d'Or (raconté en Exode, 32), cette idolâtrie mettant l'accent sur la non-exclusivité du monothéisme au temps de Moïse, au moment même où celui-ci monté au Mont Sinaï y recevait de Dieu les fameuses Tables de la Loi, ce qui le mit en colère, cassant les fameuses Tables d'origine avant de se ressaisir et en confectionner des copies; Dieu qui, bien peu connu en ce temps-là chez les hébreux, doit encore se faire sa place unique dans leurs âmes en combattant et détruisant toutes leurs divinités ancestrales (notamment la complémentarité du dieu et de son épouse-déesse). Et la vache rousse va en quelque sorte effacer définitivement cette fâcheuse histoire du Veau d'Or par son sacrifice expiatoire de purification (Deut. 21, 1-9 et Nomb. 19, 1-11), lequel s'imposera ensuite durant plus de mille ans mais s'arrêtera lorsque le temple sera détruit pour la seconde fois comme je l'ai déjà indiqué. De plus cette histoire est significative du rapport entre la vie et la mort, valorisant le bien sur le mal, annonçant, plus de mille ans avant, le message de Jésus pour lequel l'amour est plus fort que la haine. Il suffisait lorsque cela était nécessaire pour une purification d'un vivant ayant touché un mort, de mélanger une partie des cendres du sacrifice précédent avec de l'eau lustrale, courante, symbole de la vie et de la pureté. Ce rite majeur (qui ne fut même pas compris par le sage roi Salomon parait-il) prescrivait en effet de conserver les cendres de l'immolation de toute vache rousse dans un vase à l'abri du Temple. Je retiendrai le nom d'Hanameel dans le nombre de ceux qui furent les sacrificateurs d'une vache rousse; on le qualifie curieusement d'égyptien; il vécut au Ier S avant notre ère. Le second Temple ayant été détruit par les romains en +70, il ne peut plus y avoir de rite de purification car on ne peut conserver désormais ces cendres purificatrices. C'est d'ailleurs une question toujours actuelle pour les juifs : si le Temple venait à pouvoir être reconstruit (et certains y pensent) il serait possible d'y conserver à nouveau des cendres de l'immolation d'une vache rousse que certains éleveurs parait-il cherchent d'ores et déjà à sélectionner (la science moderne sait faire ce genre de manipulation, en Israël mais aussi aux Usa, l'autre pays des juifs). Le Coran quant à lui rattache simplement cet évènement à un meurtre et non à un tel sacrifice. Chez les juifs il s'agit véritablement d'un décret divin par excellence qui permet de rendre pur ce qui est impur. S'il est probable que cette loi fut insérée après l'épisode du Veau d'Or et à dessein, on peut aussi relier la vache rousse à sacrifier à l'antériorité du séjour des hébreux en Egypte. En effet on doit remarquer que les égyptiens adoraient parmi leurs dieux la déesse Hator qui était représentée par une "vache dont la chair était en or" ce qui rappelle immanquablement par analogie ce que nous venons d'écrire sur le caractère roux de l'animal. Elle était liée à la résurrection comme à la mise au monde, dans l'Egypte antique comme en terre de Palestine. De plus cette procédure de l'ouverture de la bouche d'un mort avec une partie de bovidé y était bien établie. Cette vache rousse représente en somme un pôle positif vis-à-vis du négatif représenté par le Veau d'Or; celui-ci rappelant Hator, déesse de la fertilité et de la protection, c'est précisément ce que demandaient les hébreux en s'en plaignant à Moïse qui les avait fait fuir dans le Désert, se trouvant sans confiance, sans avenir. Le Livre des Morts d'Ani décrit exactement le rituel dans l'Egypte antique et il est certain que c'est dans cette tradition que Moïse ou les hébreux l'y ont puisé; Ani aurait vécu sous Séthi Ier ou Ramsès II, c'est à peu près le même temps où les hébreux s'enfuirent, sous la conduite de Moïse, hors d'Egypte (voir ce sujet dans mes pages).
* Chez les musulmans :
Selon le contexte du récit coranique de cette vache rousse il semblerait que le mort en question, Hammiel, soit à considérer comme l'un des prophètes (le Coran en recense 1000, un nombre qui est à voir simplement comme significatif de l'importance que le livre attribue aux prophètes sans doute); un prophète tué injustement comme cela est évoqué dans les versets et dans le style biblique lui-même, décrivant longuement les persécutions de nombreux prophètes (Coran, II, 61). Et de même (selon le Coran, V, 24-25) il ne devait plus exister à la fin de l'Exode d'autres prophètes que Moïse et Aaron lorsque les tribus d'Israël furent aux frontières de la Palestine : Josué deviendra prophète et roi seulement après l'entrée en Palestine.
* L'histoire hébraïque et christique vue par le Coran :
De l'histoire hébraïque le Coran retient par exemple qu'il y eut selon lui 104 livres "descendus du ciel", révélés, pour être "remis" aux prophètes; parmi ces livres saints ceux de Seth, d'Enoch, du Pentateuque de Moïse, les Psaumes de David, l'Evangile de Jésus et bien entendu le Qor'ân de Mohamed (Mahomet). Le Coran résume par ailleurs l'histoire prophétique des juifs, depuis Abraham (et même Noé), parle de Job ou David, de Yahya (Jésus) ou d'Elie...comme aussi des douze tribus portant pour eux les noms de douze prophètes. Mais au-dessus de tous ces mille prophètes sont Noé, Abraham, Moïse, Jésus et Mohamed, ce sont des Oûloû l-'azm, des hommes doués de constance selon l'expression du Coran (Ch. XLVI, vers. 34). Voilà qui nourrit encore les rapports évidents entre les trois religions monothéistes.
* A propos de Moïse :
Certains prétendent que El-Khidr présenté comme un proche de Moïse dont le Coran toutefois ne cite pas le nom mais qui semble être évoqué dans une sourate, fut un descendant d'Arphaxad, fils de Sem (l'ancêtre des sémites, autant des juifs que des ismaélites donc) et Sem lui-même fils de Noé comme on le sait. D'autres disent qu'il était "fils d'Amil" de la descendance d'Abraham : On a là un nom sumérien qui est souvent trouvé dans les écrits cunéiformes (cf. page sur Amil) ...notamment le roi Amil-Marduk bien connu ; c'est une référence inattendue à notre propre nom en tous cas, un nom aussi arabe sous cette forme.
(=> pour les deux derniers § "Le livre de la création et de l'histoire" T. III, manuscrit de Motahhar Ben Tahir El-Maqdisî et attribué à Abou-Zéid Ahmed Ben Sahl El-Balkhi, traduit par Cl. Huart; Paris, Leroux, 1903).
* On en parle aussi ailleurs :
- Le philosophe antique Apollonius : Au Ier S. de notre ère, ce néopythagoricien qui fut comparé à Jésus de Nazareth et adulé voire adoré, fut notamment un grand voyageur. Par Philistrate qui a écrit sur lui on sait qu'il arriva un jour à Ninive; là la 1ère chose qu'il voit c'est la statue d'Io, l'Isis de la Nature, mais représentée en son 1er état, celui d'une génisse, avec les deux cornes qui commencent seulement à poindre, d'où la fameuse vache de Moïse et Miriam, celle aussi qui sert d'exergue au Ch. V du Coran dont on vient de parler. C'est l'image animale de la Vierge, la vertu nourricière de la mère chrétienne du monde et le Veau d'Or correspond alors à une renonciation sacrilège à la promesse du Messie son fils.
- La "Revue des Traditions Populaires" (1909) p. 338, a repris récemment l'histoire biblique et coranique d'une façon analogique en l'enjolivant.
Un chasseur avait pris un moineau vivant et ce frêle animal se mit à invectiver le chasseur ainsi : Par Dieu, sot que tu es, par Dieu, quand (même) je serais la vache des Israélites ou la chamelle de S'alih ou le bélier d'Ismaïl, tu ne me parlerais pas ainsi ! Il faut savoir que le chasseur voulait littéralement dépecer le petit oiseau, pour utiliser toutes les parties de son corps, y compris son duvet pour des coussins, son bec comme gouttière pour recueillir la pluie ou ses griffes comme hameçons. Tu ne me parlerais pas ainsi car je ne puis en tout te fournir qu'une maigre bouchée, lâches-moi et tu t'en trouveras bien ! La légende finissant par cette morale : Je t'enseignerai trois paroles : la 1ère, ne regrette pas ce qui est passé; la 2ème, ne te réjouis pas de ce qui est en train d'arriver; et la 3ème, ne crois qu'à ce que ton œil a vu. Et le chasseur ayant réfléchi et étant devenu sage, relâcha l'oiseau qui s'envola....
Le texte précise qu'il s'agit bien de voir là l'histoire dont la trace est insérée dans le Qorân mais introduite différemment :
Un pauvre homme avait abandonné à la garde de Dieu sa vache dans le désert. Après sa mort, son fils étant devenu jeune homme, sa mère, qui était pauvre aussi, l'envoya chercher la dite vache; l'animal devenu sauvage se laissa attraper, ce qu'aucun n'avait réussi jusque là. Un ange lui conseilla de la garder et de ne la vendre que pour la quantité d'or que contiendrait sa peau (d'où sa couleur unique et l'allusion au Veau d'Or).
On a vu dans la relation initiale la suite qu'eut ce simple fait divers dont les conséquences religieuses furent essentielles. La fameuse vache fut la seule à répondre aux exigences divines imposées et les hébreux durent payer très cher cet animal afin de respecter les nécessités des rites relatifs aux morts.
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