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EVOLUTION DES ECRITURES DU PROCHE-ORIENT A LA GRECE :
Deux grands systèmes d'écriture se sont propagé dans la région du Proche-Orient depuis les débuts avec le cunéiforme. Si les fameux hiéroglyphes égyptiens ont tant duré c'est parce qu'ils formaient le corpus des vainqueurs dans la région. Cette écriture très basique était simplement figurative, employant trois catégories de signes : les idéogrammes que l'on retrouvera dans le cunéiforme comme aussi les phonogrammes relatifs aux sons et les déterminatifs indiquant le sens lexical du mot et qui sont des signes "muets". Dans le cunéiforme les signes sont généralement phonétiques (phonogrammes transcrivant une syllabe) mais il y a aussi des logogrammes (pictogrammes ou idéogrammes) qui transcrivent une chose. Ce mode d'écriture créé par les sumériens s'adaptera à d'autres langues de la région comme on l'a vu dans la partie "mythes". Il faut dire que ces systèmes étaient très compliqués et donc non seulement difficiles à apprendre pour les scribes mais aussi à lire.
Une véritable révolution va se produire heureusement avec l'invention du premier alphabet. L'écriture alphabétique est généralement attribuée aux Phéniciens, en tous cas elle nait au Proche-Orient méditerranéen, sans doute au sud de la Palestine, dans un milieu sémitique en lien cependant avec la culture égyptienne, on a dit pourquoi ci-dessus. C'est une écriture qui n'emploie cependant que des consonnes, où la racine est la plupart du temps tri-consonantique et évoque la sémantique même du mot. On la date d'au moins le XVIIème S. av. J-C et chez le peuple des Hyksos de la XVème dynastie égyptienne ( ~-1634 - ~- 1536) voire de la XIIIème dynastie (~- 1797 - ~- 1634), à l'époque du bronze moyen II. Comme ce mode de transcription était celui de peuples vaincus et asservis, leur création ne va pas s'imposer rapidement. Mais vers -1300 ou un peu avant, les cribes maniant avec dextérité la tablette d'argile pour écrire l'akkadien cunéiforme vont adapter l'écriture linéaire à leur matériau, une forme lourde mais solide, bien plus que le papyrus...et ils créent une écriture alphabétique cunéiforme dont la variante la plus connue est représentée par les quelques 2000 tablettes de Ras-El-Shamra et Ougarit dont nous avons parlé pour la partie "mythes", trouvées au N de la côte syrienne avec d'autres en cunéiforme akkadien bien plus nombreuses. Cette écriture sera utilisée dans tout le Levant. Enfin, on retrouve dans les abécédaires trois variantes qui sont sur un même ordre, ce qui facilite leur apprentissage (hébreu, phénicien, araméen) et dont l'ordre se retrouvera plus tard pour les lettres grecques et latines....
Restait le problème des voyelles ! L'hébreu antique, bien qu'il possédât des consonnes vocaliques, s'écrivait donc sans voyelles et la Parole de Dieu écrite en ce temps-là ne pouvait souffrir de modification de ce genre. Il y eut pour remédier au problème l'adjonction sous certaines lettres de "points-voyelles" voire de traits précisant la vocalisation à donner (longue ou courte également). Vint, la traduction grecque de la Torah par les Septante au Caire, alors que les grecs avaient fait de l'Egypte une colonie, et là le texte s'enrichit enfin de ce qu'Etiemble nomme "la lumière des voyelles" (cf. page suivante), cet apport décisif que les grecs, en plus de tout le reste, ont fait à la civilisation occidentale. On doit y ajouter le sens de lecture-écriture que nous avons toujours : de gauche à droite, qui remplacera le précédent boustrophédon (1 ligne g -d suivie d' 1 ligne d - g et ainsi de suite comme fait le labour dans un champ) qui lui-même remplaçait le sens phénicien d'origine ( d - g) !
DU GREC ANCIEN AU LATIN :
Ce sont les deux grandes langues de l'Antiquité Classique comme on le sait. L'antériorité va au grec et le latin dérivera son alphabet du grec ainsi que des racines de ses mots. Chez les romains si le latin est la langue des pères, de la maison, usuelle, le grec est la langue de culture et qu'il y a lieu d'apprendre surtout à compter de la moitié du IIème S. av. notre ère; le stage en Grèce auprès de maîtres devint incontournable, un peu comme dans notre culture européenne moderne, depuis la Renaissance, il était nécessaire de faire un séjour en Italie pour conforter ses humanités.
La grande période de ce latin c'est le "latin classique" celui des grands auteurs, qui s'épanouit durant la période augustéenne, au débuts de l'Empire. Mais il va assez rapidement devenir moins brillant dès le IIème S; de notre ère et un latin populaire, nommé de ce fait "vulgaire" s'impose. Ce dernier s'étiolera progressivement et formera la base, dans les régions occidentales de l'Europe, des langues romanes (italien, français, occitan, catalan, portugais, romanche) surtout après la chute de l'Empire d'Occident (476) et jusqu'au IXème S. Le latin écrit restera, lui, proche du latin classique et connaîtra un grand intérêt grâce à la montée en puissance de l'Eglise Romaine; il demeurera la langue écrite de ce qui touche au droit et à la médecine notamment. Beaucoup de références en rapport avec ces langues romanes sont contenues dans toute mon étude du nom Amiel d'où la nécessité de dire quelques mots sur leur genèse.
Le grec ancien car il faut bien le distinguer du grec moderne, ne subira pas de tels changements. La langue usuelle de la partie orientale de l'Empire Romain ne commencera à être décadente que sous la période byzantine (du Vème S. à la prise de Constantinople en 1453 par les Turcs). Durant ces mille ans le grec classique s'altèrera sous l'influence du latin, contenu cependant par la rivalité Byzance / Rome, puis par l'arrivée de mots étrangers (orientaux, arabes, turcs, slaves voire italiens, français...). Toutefois le principal demeurera et l'identité primitive ne sera pas détruite; il deviendra progressivement le grec moderne, ce que ne fera pas le latin comme on l'a vu.
En conclusion, on se rappellera que la première traduction du Livre Saint écrit principalement en hébreu, la Torah, a été faite d'abord en grec comme on l'a dit, entre -270 et -130 (Septante) tandis que la traduction latine de la Bible (ancien et nouveau testament) ne date que de St Jérôme, à la fin du IVème S. début du Vème de notre ère, à Bethléem, et nommée la Vulgate, un nom dont la signification doit vous rappeler une notation ci-dessus ! Mais revenons à la Torah, base de l'Ancien Testament Biblique et qui nous intéresse notablement pour ce qui est du nom Amiel d'origine hébraïque.
LES PREMIERES RELATIONS ANTHROPOLOGIQUES DANS LA TORAH :
Un rappel pour commencer : C'est parce qu'ils ne savaient pas encore exprimer l'autonomie de l'homme dans les domaines psychologique, moral et de la vie sociale, parce qu'avant le développement de la rationalité et de l'histoire ils ne pouvaient pas mesurer qu'ils avaient été institués par d'autres qu'eux-mêmes et que leur vie commune s'enracinait dans l'immensité du temps, que les hommes du monde antique ont cherché hors d'eux-mêmes une origine qui les faisait sortir d'un chaos initial et dans des puissances extérieures à eux, les sources de leurs valeurs, ce que la métaphysique nomme transcendance.
C'est la fonction du mythe et de la mythologie d'être un langage qui rende compte de ce qui est, par des récits fictifs qui se veulent cause, explication et justification comme on l'a vu. En un sens tout discours sur Dieu est un discours sur l'homme; et celui de chaque culture génère une anthropologie.
Et l'on va voir voir combien le monothéisme hébreu puis juif et chrétien (musulman aussi) fut et est patriarcal dans cette partie.
La Genèse, le 1er livre de la Torah, constitué on l'a dit aussi, vers les VIII ou VIIème S. avant notre ère à partir des nombreux et plus vieux récits mythiques babyloniens, fonde sur le vecteur de la "parenté" une dignité et une fraternité des hommes issues de la création par Dieu "à son image et à sa ressemblance" (Genèse I,26) d'un couple originel, parent de deux frères, Abel et Caïn, ce dernier fratricide. Il sera d'ailleurs souvent question de deux frères voire jumeaux quelquefois dans les histoires mythiques, les contes de différentes formes de l'Occident, depuis l'antiquité jusqu'au moyen-âge au moins. On retrouvera souvent de même dans l'Ancien Testament deux frères, en général aux intérêts antagonistes (d'où l'importance dans les relations familiales non seulement du père mais de l'oncle, frère du père).
Un cas toutefois chez les hébreux les rapproche par delà la mort, c'est l'application de ce que l'on nomme "lévirat"; il s'agit d'un mariage particulier, celui d'un remariage plus exactement, d'une veuve; celle-ci, si elle n'a pas donné une descendance mâle à son premier mari peut épouser son frère afin d'avoir enfin un fils qui puisse "relever son nom" et conserver les biens familiaux. Ce fut une pratique courante aussi chez des peuples africains comme les Senoufo de Côte d'Ivoire ou au Gabon et même élargie à un neveu ou un oncle maternel du mari décédé.
Mais pour en revenir à l'antagonisme des frères dans l'Ancien Testament, l'échec de la fraternité fratricide provoque "le repentir de Dieu" et la destruction par le Déluge de cette 1ère humanité 'manquée', mais elle sera restaurée par un nouvel ancêtre, Noé, un 'juste', car il agit selon la Loi, ici celle de Dieu, sa volonté. De l'image de la consanguinité et en outre, de l'alliance de Dieu avec le vivant (Gen. IX, 12) -qui plus est alliance privilégiée avec le peuple hébreu, son peuple, (ce dont le nom Amiel et l'une des traductions comme on le verra), lequel peuple reçoit de son Dieu dans son Exode, le Décalogue ou Tables de la Loi et le code détaillé de sa conduite (morale, sociale et religieuse) (Exode 20, 21- 23) - de ces images se déduit la représentation d'un père unique qui sacralise la vie et demandera désormais "compte de la vie de son frère" (Gen. IX,5). Ces exigences implicites dans ces représentations premières, ne cesseront d'être explicitées au siècle suivant, par ex. chez le prophète Malachie : "N'avons-nous pas tous un seul père ? Un seul Dieu ne nous a t-il pas créé ? (Mal. 2,10) ou chez Zacharie (VII, 9-10). L'importance du père divin sera soulignée dans les pages qui suivent....
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