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Amiel, Aemilius: des lettrés de la Renaissance

18 juillet 2011 · No Comments

Le moyen-âge que l’on dit si obscur n’était pas si opaque que l’on croit; le système féodal qui le caractérise a posé les bases d’organisation politique, religieuse et sociale qui règneront sur l’Europe pendant mille ans. Et même si les progrès techniques, scientifiques, philosophiques sont plutôt au point mort (ils sont si importants de nos jours, peut-être trop!) l’esprit humain est autant à l’oeuvre que dans le passé. Elle se concentre bien sûr dans la théologie (on a vu combien cet aspect de la vie était principal, grave lorsqu’on tentait de quitter la ligne fixée par l’église), dans les abbayes qui concentraient le savoir souvent hérité des anciens âges (les puissants s’adressaient à ces bibliothèques et bibliothécaires lorsqu’une question n’avait pas une réponse), les religieux étaient aussi des aménageurs de l’espace (défrichements, drainages, cultures …), les nobles assurant la sécurité des premiers et de leurs ouailles, entretenant leur réseau de fidélité propre (familiale, régionale) selon la pyramide féodale dans laquelle ils devaient tenir leur rang familial et politique. D’où les grandes familles vivant autour des seigneurs dans leurs châteaux formant leurs cours aimant les grands repas et les amusements (lorsqu’il n’y avait pas de nuage à l’horizon bien sûr!). D’où cette culture basée sur la langue, des trouvères au nord de la Loire utilisant la langue d’oïl, et des troubadours au sud fidèles à la langue d’oc. Je vous parlerai surtout de la langue d’oc vous le devinez sans doute. Soit dit en passant il faut remarquer que le français est balbutiant au moyen-âge, il ne prendra une légère place qu’à la Renaissance et son âge de gloire ne viendra qu’ensuite! Revenons donc à l’occitan, la langue du sud, celle des cathares mais aussi celle de ces poètes aquitains, languedociens et provençaux …que furent les troubadours. Et il en est au moins un que je me dois de vous citer, il s’agit de Gausbert Amiel. Il était un pauvre chevalier gascon courtois et bon en armes; de plus il savait « bien trouver » (les suites poétiques lui venaient facilement); ses vers étaient plus « mesurés » (construits) que tout autre, voilà ce que nous en dit l’Hist. Gén. du Languedoc Tome X. Mais nous n’avons de lui que très peu de son oeuvre, dont « Breu vers per tal » dont j’aurai bien l’heur de vous parler un de ces quatre!

Les temps vont pouvoir s’ouvrir au monde à la fin du XVème S.; l’interminable guerre de cent ans commencée au milieu du XIVème prend fin peu après le milieu de ce XVème et clôture le Moyen-Âge. C’est le temps alors de quelques révolutions: les grands navigateurs dont Christophe Colomb, l’invention de l’imprimerie par Gutenberg, le protestantisme d’origine suisse et allemande (Calvin et Luther), et cette doctrine philosophique généreuse qu’est l’humanisme (représentée par Erasme); c’est cela que recouvre l’appellation de cette époque: La Renaissance. Les hommes veulent renouer enfin avec la curiosité, le progrès, la liberté religieuse (dans un cadre chrétien), la culture universelle en un mot ils veulent renaître. Parmi tous ces chantiers figure la connaissance du passé et notamment des penseurs, écrivains, historiens, poètes, grands hommes de l’Antiquité grecque et latine. Et nous allons voir combien le patronyme aemilien va lui aussi renaître avec eux; en effet beaucoup de lettrés de la Renaissance vont adopter ce patronyme, en référence à la notoriété retrouvée et re-reconnue de ces personnages romains, que ce soit pour le droit, la poésie, l’histoire, les idées, la religion, la science, les lettres. On va en effet beaucoup écrire et imprimer, diffuser des textes écrits essentiellement en latin car la langue écrite du moyen-âge est encore omniprésente à cette nouvelle époque. Et les noms des auteurs sont aussi mis au goût de la redécouverte latine, ils sont en latin. A commencer par Paulus Aemilius de Vérone (deux fois aemilien souvenir sans doute du grand Aemilius Paulus le vainqueur du macédonien Persée, rappelez-vous) né à Vérone (Italie) que le Roi de France fît venir en France pour écrire une des premières Histoires officielles couvrant toute la période allant des origines mythiques de la France (Pharamond) jusqu’en 1488. C’était un humaniste dont la notoriété fut assez grande et connue pour qu’un tel emploi lui fut confié. Un autre Aemilius dit de Vérone, qui vivait à la même époque que son homonyme ci-dessus, de son nom exact Johannes de Miliis, était lui juriste et est connu pour avoir publié à Rome en 1475 un répertoire juridique et des nouvelles décisions de la Rote Romaine (justice papale). De fil en aiguille, ce dernier est à distinguer d’Antoine Mélis plus connu sous le nom d’Aemilius, poète en latin (1589-1660). Il tint une chaire de Belles-Lettres à l’Université d’Utrecht pendant plus de dix ans. Il a écrit également, par exemple la biographie de Rénérius publiée en 1639. Il parait avoir aussi enseigné l’histoire au même lieu et fut l’un des plus ardents partisans du cartésianisme (philosophie du français Descartes) de son temps. Il correspondit d’ailleurs avec Descartes. Que dire de Aemilius de Aemiliis (Aemilien des Aemiliens) du début du XVIème, traducteur italien de l »Enchiridion militis christiani » (Manuel du Chevalier Chrétien), dont on a une correspondance échangée avec le grand Erasme en Mai 1529. Et puis s’il fallait vraiment une preuve de cet engouement néo-latin et aemilien en particulier je donnerai l’exemple du jurisconsulte italien Dominique Ferret, né en 1489, qui voulut, en latinisant son nom, le changer en Aemilius Ferretus. Ce personnage fut un enseignant réputé de Valence puis par le roi François Ier Conseiller au Parlement de Paris. Il fut plus tard à la cour de Charles Quint, revint en Italie, à Florence. A la fin de sa vie on le retrouve en France, à Avignon, où il enseigne à nouveau, et y meurt en 1552. Encore un italien d’origine, mais connu en Allemagne cette fois; je veux parler de Quintus Aemilianus Cimbriacus, nom très romain vous en conviendrez sans doute avec moi! Il était un poète de langue latine vivant encore vers 1515. D’origine proche du Frioul, peut-être de Trévise (il est parlé de lui par un autre lettré comme étant un Cénomane), le surnom de Cimbre a pu le faire passer par erreur pour un allemand (ah! ce besoin de s’identifier au peuple chez lequel on vit!). Ses poésies éditées à Francfort valent selon les critiques de l’époque celles des illustres Pontanus ou Strozza autant pour l’épigramme que pour l’élégie (genres poétiques). Il a beaucoup d’agrément disent-ils mais il a encore plus de gravité. Ses oeuvres les plus estimées sont l »Astéride » (ou de la guerre de Rhodes) et les « Encomiastiques » (cinq poèmes dédiés aux Empereurs Maximilien et Frédéric): ces jugements sont rapportés par A. Baillet dans « Jugemens des savans sur les principaux ouvrages des auteurs » Tome III édité à Amsterdam en 1725.

Pour terminer ce premier volet Renaissance je voudrais citer Augustinus Aemilius humaniste lui aussi et ouvert à la reconnaissance, au moins dans les lettres et la connaissance, au droit des femmes, ce qui est là aussi, très révolutionnaire pour cette époque de renouveau universel. Il reçoit en 1487 une lettre de Laura Cereta (1469-1499) humaniste féministe de Brescia (Italie), connue pour la publication, justement, de ses lettres dans lesquelles elle défend un statut de la femme « égale de l’homme, dont elle est issue », selon la Bible). Ma propre lettre, ni féministe ni à proprement parler humaniste même si je désire vous faire partager certaines connaissances très spéciales, toutes amieliennes, s’arrêtera donc ici, pour aujourd’hui.

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