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**L'AEMULATIO** :
Le nom des Aemilii pourrait éventuellement provenir comme on l'a dit de l'aemulatio, l'émulation, cette imitation de ceux qu'on admire allant non seulement jusqu'à les égaler mais même jusqu'à rivaliser avec eux. L'aemula était chez les anciens l'une des enfants de la Nuit et de l'Erèbe. Dans ses représentations elle tient une trompette, symbole du désir d'être célébrée ainsi par la Renommée, elle est coiffée d'une couronne de chêne, qui est le prix des actions vertueuses et tient une palme, emblème de la gloire. Elle est peinte aussi s'élançant vers les récompenses qu'elle voit dans une image et ayant à ses pieds deux coqs qui se battent.
(=> "Dictionnaire de la fable ou mythologie grecque latine..." Vol. I Fr. Noël; Paris, Le Normant, 1801).
**LE SOULIER D'AEMILIUS PAULUS MACEDONICUS** :
Voilà une anecdote qui traversera les siècles car elle sera retenue à travers un proverbe bien connu encore.
De quoi s'agit-il ? Si l'on en croit Pline qui nous l'a transmise (Hist. Nat. L. XXXIII) elle a trait à la réponse que fit le grand Aemilius Macedonicus aux parents de sa première épouse, Papiria, fille de Papirius Maso, alors que ceux-ci lui faisaient quelques remontrances sur sa détermination à la quitter, elle contre laquelle, selon eux, il n'y avait rien à redire (apparemment du moins). Le grand homme convint effectivement des bonnes qualités de son épouse, mais, priant ses beaux-parents de regarder son pied et son soulier qui avait l'apparence d'être bien confortable, il leur dit "Il n'est parmi vous personne qui puisse savoir où ce soulier me blesse !". Un bon mot si vrai qu'il est passé à la postérité en français, connu aussi par cette autre forme "A chaque pied son soulier !" Cette histoire sera reprise par de nombreux auteurs comme Montaigne dans ses "Essais" (Livre III, Ch. XIII) ou citée dans "Prosopographie ou description des hommes illustres..." (Vol. I) de A. du Verdier (1605) & autres.
(=> "Revue des traditions populaires" T. XX Sept. 1905, Paris).
**Ils s'appelaient AEMILIUS AEMILIANUS AEMILIA......** : Florilège de quelques personnages illustres et hauts fonctionnaires, voire simple soldat, de l'Empire mais surtout de la République (sans ordre) :
* Asellius Aemilianus : Sénateur et Gouverneur de l'Asie (mort en 193). Préfet de Thrace sous Marc-Aurèle entre 176 et 180. En 188 Gouverneur de Syrie et en 192/193 proconsul d'Asie Mineure. C'est en défendant la rive sud de la Mer de Marmara qu'il meurt à Cyzique.
* M. Laelius Fulvius Maximus Aemilianus : Consul en 227 & 244.
* L. Fulvius Cavius Numisius Aemilianus : Consul en 249.
* Nummius Aemilianus dexter : Consul en 259 et en 276 (?).
* L. Mussius Aemilianus : usurpateur alors qu'il était Préfet d'Egypte: d'abord soutien de Macrien qui se rebella avant lui, en 260-61, il se proclama lui-même empereur lorsque Macrien fut éliminé. L'empereur en titre, Gallien envoya en Egypte son général Théodote et, après une courte bataille, Aemilius fut défait (av. le 30 mars 262). Capturé et jeté en prison, il y fut étranglé peu après.
* Sextus Attius Suburanus Aemilianus : Sénateur et Préfet du Prétoire de Trajan.
* Q. Aemilius Paulus : Consul en -282 & -278.
* M. Aemilius Paulus : Consul en - 255.
* L. Aemilius Barbula : Consul en -281.
* A. Aemilius Lepidus : Consul en -232 & -220.
* M. Aemilius Barbula : Consul en -230.
* L. Aemilius Papus : Consul en -225.
* Aemilia : fille de Aemilius Scaurus, Prince du Sénat, elle épousa M. Acilius Glabrio puis en secondes noces Pompée. (Ier S. av. JC.)
* Aemilia Lepida : fille de Aemilius Paulus Lepidus consul en -33, elle épousa M. Iunius Silanus consul en +15.
* Aemilia Lepida : petite-fille d'Agrippa et de Julie (fille d'Auguste); elle fut fiancée à Claude mais épousa Ap. Iunius Silanus consul en +28.
* Aemilia Lepida : sœur de M. Aemilius Lepidus consul en +11; destinée d'abord à L. Caesar, elle fut l'épouse de Mamercus Aemilius Scaurus puis de P. Sulpicius Quirinus.
* Aemilia lepida : fille de M. Aemilius Lepidus consul en +6 elle épousa Drusus, fils de Germanicus.
* Aemilia Lepida : fille de M. Aemilius Lepidus consul en +11, elle fut l'épouse de l'empereur Galba, donc impératrice romaine.
* M. Aemilius Aemilianus, l'empereur (en 253) n'avait pas été auparavant consul, ce qui n'est pas très étonnant à cette période.
* Aemilianus : Préfet du Prétoire d'Italie en 348.
* Aemilius Censorinus : Tyran cruel de Sicile (période dite des 'Trente Tyrans' durant le règne de Valérien (avec son fils Gallien, 254 à 269) voir article plus bas).
* L. Aemilius Carus : Tribun de la Légion IX Hispanica puis Légat de la Légion XXX Ulpia, Légat de la Province d'Arabie et de Cappadoce, Curateur de la Via Flaminia sous l'Empire.
* Aemilius Diogenis : Légionnaire en Pannonie (Hongrie); de nombreuses stèles d'entre les Ier et IIIème S. trouvées un peu partout en Europe romaine citent pas mal d'Aemilius militaires; en voici quelques uns : Aem. Marcelinus, Aem. Donatus, Aem. Papus, Aem. Pudens, Aem. Ingenuus.
* Aemilius Frontinianus : sénateur du temps de Commode.
* Aemilius Frontinus ; frère du précédent, Proconsul d'Asie sous Marc-Aurèle.
* Aemilius Fronto : père des deux précédents, Consulaire d'Italie sous Hadrien.
* M. Aemilius Lepidus : bisaïeul du Triumvir Lepide Consul en -177 ou -176; c'est lui qui construisit la Via Aemilia; il fut Censeur et Prince du Sénat en -178. Consul pour la 2ème fois en -174, Pontifex Maximus, il meurt en -150.
* M. Aemilius Lepidus : consul en -25.
* Aemilius M. f. Lepidus Livianus : Mamercus de son prénom, il est fils adoptif du précédent, il fut Légat de Sylla dans la guerre contre les Marses en -87; Consul en -76, il fut désigné Prince du Sénat en -69.
* M. Aemilius Lepidus : Consul en -77, il eut quatre fils, Scipio et Regillus qui mourront avant lui, Paullus qui sera consul en -49 et Lepidus le Triumvir.
* M. Aemilius Lepidus : fils de Mamercus Aemilius Lepidus Livianus, consul en -65.
* M. Aemilius Lepidus : le Triumvir, il fut Consul en -45.
* Aemilius Lepidus : fils du Triumvir, il est tué en -29 pour avoir conspiré contre la vie d'Auguste (qui deviendra le 1er empereur en -27).
* Q. Aemilius Lepidus Barbula : Consul en -20, époux de Cornelia, fille de Faustus Sylla.
* M. Aemilius L. f. L. n. Lepidus : ("f." désigne qu'il est le fils de L.; "n." désigne qu'il est le petit-fils de L.) 2ème fils de L. Aemilius Paulus Lepidus consul en -33; il est Consul en +6, Légat de Tibère en Illyrie en +9, et reçoit le Triomphe en +10; il refusa le Proconsulat d'Afrique.
* M. Aemilius Q. f. Lepidus : fils de Q. Aemilius Lepidus Barbula et de Cornelia, fille de Faustus Sylla; il fut Consul en +11.
* M. Aemilius Lepidus Porcina : Consul en -136.
* Mamercus Aemilius Mamercinus : Dictateur en -432, à ne pas confondre avec :
* M(arcus) Aemilius Mamercus : Consul en -410 puis Tribun militaire en -405, -403 & -401, ni avec :
* Aemilius Mamercus : Tribun militaire en -394 & -391.
* L. Aemilius Naso Fabullinus : Triumvir Capitalis (commissaire aux affaires capitales).
* L. Aemilius Paullus : frère du Triumvir, Questeur de Macédoine en -55, édile curule en -54, préteur en -43, ensuite proscrit par les Triumvir en -42, il deviendra consul en -39 !
* L. Aemilius L. f. M. n. Paullus Lepidus : fils aîné du précédent, époux de Cornelia, fille de P. Cornelius Scipio (consul en -37), puis de Scribonia (depuis épouse d'Auguste), proscrit comme son père par les Triumvirs, Consul suffect en -33, Légat d'Auguste en Espagne en -24 et enfin censeur en -21.
* L. Aemilius L. f. L. n. Paullus : fils du précédent, Consul en +1, époux de Julie, petite-fille d'Auguste.
* M. Aemilius Proculus : Praefectus fabrum de M. Aemilius Lepidus alors Proconsul d'Asie en +26.
* M. Aemilius Rectus : Préfet d'Egypte au début de notre ère, entre +1 et +17. Pour plaire à Tibère il dut gouverner sévèrement ce pays qui était une "chasse gardée" impériale depuis Auguste et qui rapportait beaucoup en raison de son blé des rives du Nil.
* Aemilius L.f. L. n. Regillus Paullus : fils d'Aemilius Paullus, consul en +1; Praefectus Urbi Feriarum Latinarum (préfet urbain pour les fêtes des Féries Latines) et Questeur de Tibère.
* M. Aemilius M. f. Scaurus : Prince du Sénat, 1er mari de Caecilia Metella qui épousera ensuite Sylla.
* M. Aemilius M. f. M. n. Scaurus : fils du précédent, époux de Mucia Tertia qui fut répudiée par Pompée; préteur en -55.
* Mam. Aemilius M. f. M. n. Scaurus : Orateur, fils du précédent et le dernier des Scaurii.
* Aemilius Victor : connu sous Dioclétien
* M. Cutius M.f. Gal. Priscus Mussius Rusticus Aemilius Papus Avius Proculus Iulius Celsus : un très long patronyme pour ce curateur de la Via Aurélia qui fut ensuite consul suffect et légat de Dalmatie sous Hadrien, empereur dont il fut un ami peu connu.
(=> en partie d'après les "Œuvres complètes de Bartolomeo Borghesi" table des matières du T. V; Paris, Imp. Impériale, 1862-1897).
**Une AEMILIANA de SARDAIGNE** :
C'était une aristocrate dont le nom complet fut Herennia Helvidia Aemiliana; une étude sur ses relations familiales et sociales lui est consacrée dans la revue Epigraphica LXIX de 2007 par le Prof. Franco Povia, universitaire italien.
**AEMILIUS CENSORINUS TYRAN d'EGESTE (SICILE)** :
Il y eut dans cette cité un tyran de ce nom qui récompensait les inventeurs de supplices ! Un certain Aruntius Paterculus fit un cheval d'airain et en fit présent au tyran pour y enfermer ceux qu'il voulait liquider. Et pour une fois cet Aemilius sut être juste : il enferma cette lavette dans sa propre invention afin qu'il en éprouvât l'efficacité. On dit quand même que le tyran fut finalement arrêté et précipité depuis la Roche Tarpéienne au bas du Capitole. Et cependant son nom fut attribué à ces princes qui régnèrent en tyrans que l'on nomma des 'aemilius' selon ce qu'en aurait dit Plutarque dans ses Œuvres Morales (Parallèles d'histoires grecques et romaines, Ch. 79) rapportées par Aristide (Livre IV de son Histoire d'Italie); mais on peut sérieusement en douter.
**POLYBE, un Grec devenu Latin** :
Polybe est ce grec lettré que Aemilius Paulus Macedonicus ramena en -166 parmi les mille otages nobles de sa guerre contre Persée. Ils furent tous retenus pendant 16 ans à Rome mais à l'issue de la peine Polybe ne chercha pas à reprendre sa liberté de grec, il devint romain. Il sut se lier d'une véritable amitié avec Aemilius Paulus comme avec son fils Publius Cornelius Scipio Aemilianus, le destructeur de Carthage en -146. Pendant le séjour imposé Polybe qui était un grec indécis, hésita politiquement entre Rome et la Macédoine, au fond sans doute autant ennemi de l'une comme de l'autre ; mais il finit par devenir un admirateur enthousiaste de la puissance romaine qu'il apprit à connaitre, grâce sans doute à ses amis aemiliens qui lui montrèrent beaucoup d'égards et à leur cercle de culture (cf. article ci-après). En -150 donc Polybe put reprendre sa liberté, il retourna dans sa patrie mais il revint au moins deux fois à Rome pour son plaisir et finit par y rester définitivement. Il accompagna son ami Scipion Aemilianus de 20ans plus jeune que lui en Espagne, sans doute lors de la guerre contre les Celtibères, vers -150, puis au fameux siège de Numance (toujours en Espagne) en -134, -133, comme il fut déjà avec lui auparavant en Afrique au siège de Carthage en -147, -146. On sait qu'il écrivit une Histoire Générale de son temps dans laquelle il se révèle un grand historien, sans doute le plus grand historien grec de son temps, malheureusement on n'en a conservé que cette renommée; mais il fut aussi un militaire, général désormais romain doué, un homme d'état et un théoricien politique qui sut juger de toutes les formes de gouvernement.
(=> "Cours de littérature celtique" H. Arbois de Jubainville, Paris, Fontemoing, 1902).
**ELOGE FUNEBRE POUR UNE AEMILIA** :
Cet éloge fut composé par Properce pour Cornelia, épouse de L. Aemilius Paulus (consul puis censeur), belle-fille d'Auguste morte prématurément en 738 Auc (-15) (rèf. "Prop. IV, 11). C'est aussi l'une des plus remarquables œuvres de ce poète antique; le poème est très profond, il nous peint sous le meilleur jour les mœurs de la noblesse au début de l'empire. Cornelia est censée parler elle-même, selon l'usage des épitaphes. Elle commence par vanter l'illustration de ses aïeux, les Scipions, dont Scipion Aemilianus Africanus Minor, puis rapidement elle parle de son mariage, "on lira sur mon tombeau que je fus la femme d'un seul homme" dit-elle avec fierté, étant bien une "uniuirae", elle le jure par tout ce qu'elle a de plus vénérable, elle n'a "fait rougir la race (scipio-aemilienne) d'aucune faute, ...., causé nulle honte à ses trophées...; j'ai vécu fière de la torche nuptiale à la torche funéraire". Elle rappelle ensuite les enfants qu'elle a donné à Aemilius Paulus, les honneurs qu'il a exercé. Cette (auto)biographie supposée donne bien l'idée de ce qu'était encore chez les aristocrates la vie d'une matrone, emplie de probité et de gravité, ennoblie par le passé de la gens (d'origine mais surtout celle du mari), consacrée au foyer familial et à ses devoirs, devoirs dont le principal est sans doute la formation de la postérité, celle-ci devant être digne des ancêtres, de la "race" (gens ou plutôt ici famille) qui doit continuer. Viennent en suivant des paroles attendries pour ceux qu'elle laisse, en tant qu'épouse comme en tant que mère, des sentiments très simplement exprimés. Elle demande à ses enfants de bien se comporter, si son époux veuf se remarie, dans une exhortation aux traits curieux, juxtaposant sa fierté d'uniuirae avec son peu de répugnance à un nouvel hymen de son mari. Là est la grande affection familiale unie et enracinée; l'union intime et totale bravant la mort, s'exprimant avec un pathétique sobre et voilé. Très romaine mais aussi très moderne, presque chrétienne, cette belle élégie fait honneur au poète qui a su traduire cette conception autant sévère que douce de l'amour conjugal, mais aussi la société où il en a puisé l'inspiration.
(=> Conférences du Musée Guimet, Paris, Leroux, 1910).
**A propos de l' OPPOSITION entre VARRON et AEMILIUS PAULUS à la BATAILLE de CANNES contre HANNIBAL** :
L'antagonisme entre les deux consuls à ce sujet affecta même un caractère religieux, c'est dire à quel point les deux hommes furent opposés à cette funeste occasion. C'est Appien qui en parla le mieux. Donc Aemilius Paulus, voyant que le naïf Varron se laisse duper par une feinte d'Hannibal et fait sortir l'armée romaine pour combattre, va interroger, puisqu'il est un augure estimé, le vol des oiseaux. Constatant le mauvais présage il fait dire à son collègue que le jour est funeste et qu'il faut s'en abstenir. Et Varron n'osant quand même désobéir aux dieux fait rentrer l'armée; mais il est furieux. Il ne veut pas reconnaitre que les mouvements de troupes d'Hannibal donnent raison à Aemilius : il accuse ouvertement celui-ci de se servir des oiseaux comme prétexte pour lui enlever la victoire qu'il veut penser certaine, soit par lâcheté, soit par jalousie. L'énorme désastre dont se souviendront tous les siècles à venir ne tarda pas à montrer combien les défiances du pieux aristocrate féru de religion étaient justifiées; et il y mourut comme l'on sait !
(=> "La religion romaine pendant les Guerres Puniques" in Annales de la Fac. des Lettres de Bordeaux; Paris, Leroux, 1887).
**RICHESSE et GRANDEUR** :
La morale romaine considérait le désintéressement pour la chose publique essentiel et tenait l'enrichissement facilité par les fonctions publiques comme détestable. On dit qu'il n'y avait pas, encore à la fin du Vème S. de Rome (milieu du IIème S av. JC.) aucun sénateur ou patricien, sauf Cornelius, qui possédait dix livres d'argent. A peine plus d'un siècle plus tard, M. Aemilius Porcina voulut faire bâtir une maison de campagne qui, par sa hauteur, passait plus pour une maison de plaisance. Accusé devant le peuple par L. Cassius il fut effectivement condamné à une grosse amende (cf. Valère Maxime, Liv. VIII, Ch. 1 à 7). Par contre M. Aemilius Lepidus, deux fois consul, Souverain Pontife, Prince du Sénat, fidèle a la virtus, ordonna dans son testament à ses fils de procéder à ses funérailles dans la plus grande simplicité et économie, ce qu'ils firent (cf. Tite-Live, Epitomé (résumé) du L. LXVIII). Cet acte de modestie traversera les siècles; à la Renaissance Montaigne en parlera dans ses Essais.
**Une CHAMBRE SEPULCRALE AEMILIENNE à ROME** :
Découverte à la fin du XVIIème S. au dehors de la Porte St Pancrace (dans la vigne d'Orsini) elle parait dater du IV ou Vème S. En haut, dans la partie cintrée est peint un sujet représentant une âme traversant le Cocyte, le fleuve des Enfers et qu'attendent d'autres âmes jouissant déjà du bonheur de l'Elysée. Plus bas se trouve un grand sarcophage de marbre blanc logé en partie dans le mur et destiné à recevoir les cendres du personnage aemilien qui en fit la dépense. Sans doute fut-il un homme riche et possesseur de biens ruraux : Sur le couronnement du sarcophage sont gravés un paysage campagnard et des animaux domestiques. Le jeune homme et le viellard qui sont sculptés sur les côtés et qui soutiennent une guirlande de fleurs illustrent les âges de la vie adulte. Le reste de l'édifice était selon la représentation qui en est faite, revêtu de grands pilastres d'ordre corinthien, l'épaisseur des murs fait voir les niches destinées à recevoir des urnes funéraires. Ce riche sépulcre fut celui de P. Aemilius Trophimus et il devait servir aussi aux familles de ses affranchis. C'est ce que dit l'inscription tracée au pied du dessin montrant l'aspect de l'intérieur de la tombe, retranscrite à l'entrée de celle-ci. Le plafond était aussi entièrement peint; on y voit Mercure, chargé de conduire les âmes aux Enfers, au centre d'une composition végétale et florale d'ornements parmi lesquels on devine des pavots que Mercure tient, image du sommeil éternel. En voilà donc qui ne se convertirent pas précocement au christianisme.
(=> "Recueil de peintures antiques trouvées à Rome" T. I, P. S. Bartoli; Didot, Paris, 1783).
**Le siège de NUMANCE par SCIPION AEMILIEN** :
Près des villages de Almarza et Garray, à proximité aussi du confluent du Tera avec le Duero, au Portugal actuel, s'élève la colline sur laquelle se trouvait la ville antique de Numance que prit Scipion Aemilien, en -133. On peut encore y voir des vestiges de la muraille de terre de 3000 pas qui la protégeait. Les fiers Numantins pris au piège mirent le feu à la ville et, disent les historiens, s'entretuèrent jusqu'au dernier comme l'avaient fait près d'un siècle avant les habitants de Sagonte. Les fouilles ont retrouvé des armes, des poteries, idoles, médailles, ossements humains, monnaies d'or, d'argent et de cuivre, mais ces gens n'étaient pas très riches, aucun objet précieux n'est remonté à la surface.
(=> "Espagne & Portugal" A. Germond de Lavigne; Guides Joanne, Paris, 1890).
**De la triste popularité à travers les âges de l'ignoble AEMILIUS SCAURUS le PEDERASTE** :
Dans la partie empire romain II j'ai indiqué quelques traits de ce triste sire. Il est la plupart du temps orthographié Amillus quelquefois Hamillus mais cela ne trompera personne. Les Satires de Juvénal et surtout l'épigramme cinglant de Martial (voir traduction dans l'article) qui l'ont popularisé (c'est un comble !) dans les textes, en ont fait un exemple flagrant d'une pédérastie insolente même à cette époque de la part d'un pédagogue (et grammairien selon certains) qui, selon toutes vraisemblances, asservissait à ses plus bas instincts les jeunes gens qui lui étaient confié. Une traduction rimée en français des vers de Juvénal donne : //Le brutal Hamillus a souillé les prémices, Et combien de villas possède ce barbier, Qui jadis sur ma joue a fait crier l'acier.// (cf. trad. Constant Dubos 1852). Sa réputation est parvenue jusqu'à Flaubert au XIXème S. qui en parle dans ses "Œuvres de jeunesse". Il est probable que c'est à cause de lui que le nom émile devint un synonyme de pédéraste aux temps modernes et sans doute est-ce en référence à son nom que fut connue à Paris la "Société des Emiles" durant le XIXème S. (voir article à ce sujet).
**Sort de MAM. AEMILIUS SCAURUS sous TIBERE** :
On a vu que celui-ci se suicida selon ce qu'ont retenu les anciens mais on peut douter de la raison. Ce gouverneur sans gouvernement était un proche de l'empereur Tibère. Tibère s'attacha le blâme général; ses scandales lui valurent les reproches d'infamie, de cruauté; ses meurtres se multiplièrent suite à de fallacieux prétextes et Aemilius Scaurus qui ne se serait pas laissé corrompre fut pourtant condamné à cause d'une tragédie théâtrale qu'il fit représenter vers +32 ou 34. Sa pièce nommée "L'Atrée", imitant le grec Euripide, conseillait à l'un des sujets du prince de ce nom de supporter les extravagances de ceux qui ont le pouvoir et donc de ce prince. Lorsque Tibère fut informé de cette œuvre il prétendit que c'est lui que l'on peignait à travers le personnage d'Atrée et il eut cette exclamation : "Et bien moi je ferai de lui un Ajax !" et il contraignit Aemilius Scaurus à se donner la mort. Pourtant ce n'est pas à cause de ce délit de lèse-majesté qu'Aemilius fut accusé "ce fut pour adultère avec Livilla car beaucoup sous le même prétexte", conclut l'auteur, "furent livrés au supplice, les uns pour crime réel, les autres pour crime supposé." (cf. Dion Cassius "Hist. Rom." LVII, 24).
**L. AELIUS LAMIA AEMILIANUS** :
Il s'agit donc d'un membre de la gens Aemilia adopté par la gens Aelia; il fut consul suffect en +80 sous le règne de Titus. Marié à Domitia Longina il en fut divorcé autoritairement par Domitien qui en fut auparavant l'amant et il l'épousa. A la suite de ce fait (privé) du prince le pauvre infortuné mari fut de plus mis à mort par celui-ci lorsqu'il accéda au trône.
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