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On vit vers la même époque les illustres victoires de Domitius sur les Arvernes et de Fabius sur les Allobroges. Fabius, petit-fils d'Aemilius Paulus dut à sa victoire le surnom d'Allobrogicus. Velleius Paterculus - Hist. Rom. II,10.
Le consul Q. Fabius Maximus Aemilianus... remporta une victoire sur les Allobroges et sur Bituitus, roi des Arvernes.
Tite-Live - Hist. Rom. (Periochae) LXI.
Dans cette double mêlée pour laquelle les auteurs ne sont pas exactement en phase, s'est joué l'origine de la romanisation des contrées méridionales de la Gaule. L'importance de ces deux batailles proches qui, de nos jours sont oubliées dans l'histoire de notre pays, étaient essentielles pour les Romains : le nombre d'auteurs qui en parlent est éloquent; outre les des deux auteurs cités on peut notamment ajouter Florus (Abrégé d'Hist. rom. III,3), Orose (Hist. contre les Païens V,14), Pline (Hist. Nat. VII,166), Strabon surtout (Geogr. IV, 1,6 & IV 2,3) ou César lui-même (Guerre des Gaules I,45). Je détaille bien entendu ces évènements essentiels pour l'histoire de notre nom sur cette terre où les Amiel sont concentrés encore de nos jours.


SOMMAIRE - INDEX ONOMASTIQUE : Quand le nom d'Aemilia devint nom de tribu * Les Aemilii et leur politique stratégique * Les jeux de gladiateurs * Tremblement de terre en Emilie * Q. Fabius Maximus Aemilianus et les premières conquêtes en Gaule entre Alpes et Pyrénées * Manius Aemilius Lepidus correspondant de Ciceron * L. Aemilius Paulus et les culte égyptien * les Aemilia vestales *
Quand le nom d'AEMILIA devint nom de TRIBU :
C'est la Lex Publilia de -471 qui en permit la création : non seulement le besoin s'en faisait sentir en raison de l'extension régulière du territoire soumis à Rome dans la péninsule italienne, des Tribus supplémentaires étaient nécessaires pour assurer correctement le déroulement des institutions républicaines, mais surtout parce que les élections de la plèbe qui jusque là étaient assurées par des comices curiates furent attribuées par cette Loi aux comices tributes, et que les patriciens voulant quand même en garder le contrôle ils incitèrent à cette création car ces créations leur assuraient cette volonté. Et c'est la Tribu Aemilia qui sera la 1ère à bénéficier de ces nouvelles créations : En -467, le consul Tiberius Aemilius Mamercus fait donc appliquer cette conséquence pour sa propre gens; il s'agit alors de partager des terres agraires prises sur les Volsques par une loi qui insère cette création. Cette décision lui attira bien sûr les foudres des Patres mais la division permit effectivement cette 1ère création de tribu à nom gentilice; on pense que cela eut lieu entre -467 et -449. Il est certain que cette étape institutionelle fut importante, marquante même pour l'unification permanente de la cité suivant ses extensions; ainsi tous les citoyens pourront être absorbés et participer aux assemblées tributes; réglant en même temps autant le cens que l'organisation administrative, la notoriété gentilice, les territoires et la géographie, ou l'ordre militaire (circonscriptions), ces éléments jouèrent ici un rôle tout comme enfin les choix de stratégie politique.
Le nombre des tribus urbaines ne changea pas; ce sont les tribus rustiques qui passèrent à dix : Horatii, Nemeni, Veturii, Claudii, Fabii, Cornelii, Aemilii, Papirii, Romilii et Sergii. Dans cette liste il faut distinguer (en italique) les gentes maïores, auxquelles il faut joindre les gens Valerii et Manlii qui, elles, ne furent pas des noms de tribus.
Par l'épigraphie ne serait-ce qu'en Italie on peut savoir que la tribu Aemilia fut implantée d'abord dans les environs de Rome, dans le Latium au sud de la ville, sur la rive gauche du Tibre, puis dans la Latium méridional, dans les cités de Fundi et Formies, en Campanie, qui est la région qui touche au Latium au sud, avec la cité de Sessa Aurenca ainsi que dans les Abbruzes et l'Ombrie, dans les Appenins, près de Perugia, à Mevania del Bruzio ou Trebia, donnant sur la mer Adriatique; en Calabre, au chef-lieu de Vibo Valentina, dans le golfe de Tarente, donnant sur la mer Thyrénienne et en Sicile avec Eryx sur la pointe ouest de l'île. Mais n'oublions pas surtout l'Emilie de la plaine du Pô avec Reggio dell'Emilia.
- Les Aemilii et leur politique stratégique :
Dès les lendemains de la publication de la Loi Publilia on peut voir que c'est dans la politique des Aemilii - dont le soutien aux revendications plébéiennes n'est que l'expression ouverte avouée - une première réponse aux conditions nouvelles que créait cette loi. La plèbe dans le même temps et auparavant se rétablit politiquement mais il n'est pas certain que son élite ait pu accéder aux réformes démocratiques si elle n'avait pu bénéficier d'alliés parmi les patriciens. Et chez cette haute classe il se profile des politiques divergentes : les Juniores s'opposent aux Seniores (comme toujours) dit Tite-Live, c'est une période d'obstructions, de violences mais aussi de volontés de solutions politiques diplomatiques légalistes dont fait partie cette fameuse loi et sa conséquence majeure.
Il y eut avant cette évolution légale une politique patricienne faite de compromis, selon les conjonctures, avec la plèbe, pour gérer l'état romain. Quoi qu'il en soit nous voilà avec cette tribu Aemilia dès -467. Il semble que la personnalité qui assura cette création y soit pour beaucoup : Le consul Tiberius Aemilius Mamercus convenait parfaitement pour cette tâche; il œuvre pendant son consulat en faveur d'un partage à la plèbe de l'Ager Publicus (les terres devenues romaines) et sut faire diversion afin de parvenir à la création de sa tribu à nom gentilice aemilienne. De toute façon, la gens Aemilia fut aussi, on le voit confirmée dans la suite de leur histoire, souvent proche de l'élite plébienne, capable de nouer avec elle des alliances, de lui faire des concessions, d'assurer des liens de confiance; pour eux l'unification de la cité devait aussi se faire par ces créations de tribus sur les territoires que contrôlaient les gentes.
(=> "La République des Tribus : Du droit de vote et de ses enjeux aux débuts de la République Romaine (-495 à -300)" J. Cels-St-Hilaire; Toulouse, Presses Univ. du Mirail, 1995).
LES JEUX DE GLADIATEURS :
Le 1er compte-rendu de jeux de gladiateurs est celui fait pour l'année -264, à l'occasion du décès de Decimus Junius Pero, par ses deux fils pour remplacer les sacrifices humains effectués jusqu'alors comme rite de deuil en pareil cas. Tertullien nous dit à ce sujet que "ce qui est proposé pour apaiser les morts a été compté comme rite de funérailles...Cela s'appelle un 'munus' (service)".
Le 2ème compte-rendu de 'munus' date de -216, c'est celui de Marcus Aemilius Lepidus pour lequel ont combattu 22 paires de gladiateurs en l'honneur de son décès. Les munus vont dès lors se développer très vite, à la mesure du nombre des gladiateurs engagés, devenant un spectacle populaire très prisé. On comprendra que ce fut aussi une aubaine pour les politiciens; ils y gagnaient autant de voix aux élections. Cette manoeuvre politique fut toutefois interdite par le Sénat mais seulement en -63: Fut interdite l'élection de tout magistrat qui avait donné (payé) un munus dans les deux ans auparavant.
D'activité purement religieuse, c'est ainsi que le combat entre des hommes devint un horrible jeu excitant les basses passions humaines et les travers de tous, qu'ils soient citoyens ou pas. Analogiquement c'est le rôle du sport dans la société d'aujourd'hui, certes avec moins de cruauté, du moins n'est-elle pas du même ordre.
Tertullien, encore lui, nous informe que, vers -200, alors qu'auparavant on sacrifiait des captifs ennemis voire des esclaves de faible valeur (!), peu à peu devant cette impiété (!!) on en fit un plaisir (finalement c'est plus honnête! ?) et on étendit ces jeux à beaucoup d'occasions comme anniversaires, victoires, cérémonies de "baptème" de bâtiments neufs ou pour un centenaire... Tout devint prétexte à de tels jeux, formant une sorte de music-hall viril mais macabre où les combats, la violence, le sang répandu étaient bien réels.
Tite-Live parle même de folies et extravagances comme ces festivités organisées par César en -46 qui ont fait des victimes parmi les spectateurs écrasés; des fêtes qui ont duré des semaines, où dans le Forum Romanum (il n'y avait pas encore le zénith de la romanité, le 'Colisée') on a pu voir combattre 500 gladiateurs, 20 à 30 éléphants ... Ces plaisirs d'un olympisme douteux, comme de bien entendu ont été répandus dans les provinces par les lanistes notamment (les entraîneurs des gladiateurs), qui y avaient intérêt; ils suivaient aussi les armées pour les divertir (sorte de 'théatre aux armées' de mauvais goût!) et exciter leur fureur virile et guerrière.
En matière de jeux et de plaisirs nous n'avons pourtant pas à envier nos lointains prédécesseurs : Bien que moins barbares dans l'absolu, nos divertissements modernes ne visent-ils pas le même but que l'on peut résumer en peu de mots: l'abrutissement des individus pour la tranquillité des gouvernants, le sport et particulièrement le football en étant les faire-valoir modernes, et à quel prix sonnants dorénavant!.
TREMBLEMENT DE TERRE EN EMILIE en -110:
Phénomène terrestre prodigieux c'est ainsi que Pline l'Ancien nommera un énorme tremblement de terre qui eut lieu en Aemilia Regia lors de la 643ème année de Rome. C'était sous le Consulat de L. Marcius et Sex. Juilius et sur le territoire de Modène : "Deux montagnes s'avançant puis reculant, se heurtèrent à grand fracas, avec une éruption de flamme et de fumée dans l'espace intermédiaire, pendant le jour et à la vue d'une foule de chevaliers romains, de domestiques et de voyageurs, qui contemplaient ce spectacle depuis la Via Aemilia. Ce choc broya les maisons de campagne interposées, et tua une multitude d'animaux qui y étaient enfermés: cela arriva un an avant la guerre sociale ...". Voilà le récit très vivant qu'en fit cet auteur dans son "Histoire Naturelle".
(=> "Histoire Naturelle - Faits, histoires et observations de la terre et du ciel" L. XXXV (ou LXXXII suiv. ed.) Pline l'Ancien.
Q. FABIUS MAXIMUS AEMILIANUS et les premières conquêtes en GAULE entre ALPES et PYRENEES :
- Note préliminaire : Avant ce qui est décrit ici, il est utile de préciser qu'il y eut auparavant d'autres victoires sur les Celtes, telle celle de Aemilius Papus qui fit avec leurs dépouilles des trophées. (cf. Appien d'Alexandrie, "Hist. Rom.", T. IV, L. IV, Celtique, CH. 2). Ces victoires dont on ne sait exactement à quel peuple précis elles font référence sont sans commune mesure avec celle dont je vais parler.
- La bataille des Monts Cémènes : Les consuls de la ville de Valence ont commandé une Histoire de leur ville à Claude Rogier qui livre son travail de recherche en 1572 (ce document se trouve dans les délibérations municipales); il y est écrit à propos des lointaines origines du lieu que c'est "à une lieu (sic) dudict Valence ou environ, (là) où l'Isère entre dans le Rhône, lequel lieu est appelé, selon certains, Confoulens (confluent), qui a été illustré par la victoire de Fabius Maximus Aemilianus (....)". En effet et sans doute l'historien du XVIème S. avait-il lu Strabon, le géographe antique (Strabon, 4), c'est près de Valence, dans la vallée du Rhône, qu'eut lieu l'une des deux batailles mémorables entre les troupes romaines dirigées par deux valeureux généraux, Fabius Aemilianus et Domitius Ahénobarbus et les Gaulois; l'issue de la deuxième mêlée qui eut lieu le 15 des Kalendes de septembre an 632 de Rome soit le 17 août -121, fut l'écrasement des Gaulois Allobroges et de leurs alliés et la première mainmise de Rome sur la Gaule chevelue. Les Arvernes furent repoussés et contenus (pour le moment) dans le Massif Central qui prendra le nom d'Auvergne en référence à leur nom. De même les Rutènes du sud du même massif seront contenus dans la partie du massif qui prendra leur nom, le Rouergue, et dont la ville principale est Rodez, à la limite des Cévennes et de la Montagne Noire. Par contre les peuples occupant les régions entre Pyrénées et Rhône, le long du Golfe du Lion et qui n'étaient pas gaulois à proprement parler, appelés Volques Tectosages à l'ouest (sauf parmi eux les Tolosates assez celtisés par contre), à partir du Seuil de Naurouze, Elysiques dans la région intermédiaire des basses Plaines de l'Aude (oppidums bien connus d'Ensérune, Montlaurès, Pech Maho), Ataciens dans la région intérieure audoise (du nom Atax, le fleuve Aude), ou Volques Arécomiques dans la région côtière depuis l'Hérault jusqu'au Gard, ainsi que ceux du Vivarais, pour ne citer que les principaux, tous ceux-ci furent facilement intégrés à la Provincia sénatoriale romaine, avec les peuples d'entre Rhône, Alpes et Méditerranée (Allobroges). Remarquons que ces peuples du Golfe du Lion plus ibères que celtes (gaulois) étaient séparés du reste de la Gaule par le Massif Central et le seuil du Lauragais et tournés sur la Méditerranée dans des régions peuplées, avant les ibères, sans doute par des ligures, peuple d'Italie navigateur et commerçant. On ne trouve à propos de ces peuples d'entre Rhône et Pyrénées aucune résistance qui fasse suite à l'annexion de la Provincia d'entre Rhône et Italie et à leur romanisation: il se peut, selon certaines hypothèses actuelles, que ces languedociens de l'antiquité, dont on sait qu'ils étaient celtibères (ibères surtout), aient été peu avant englobés aux nouvelles possessions ibériques romaines et dont l'issue par la prise de Carthage ( en -202, annexion de l'Afrique du nord) puis de Numance (en -133, annexion de l'Hispanie Citérieure) terminent enfin les Guerres Puniques; il semble logique qu'ils aient pu suivre le sort de l'Hispanie Citérieure (majeure partie de la péninsule sauf le sud et la Lusitanie, Portugal actuel).
- Une conquête stratégique : Il faut dire aussi que cette conquête du passage terrestre entre l'Italie et l'Espagne, déjà pratiqué par Hannibal en -217, ses troupes et ses éléphants, pour aller narguer les romains chez eux via les Alpes depuis l'Ibérie (et, même, par Gibraltar, depuis l'Afrique du nord), était devenue évidente pour finir d'assurer une liaison pratique par terre avec ces nouvelles possessions. S'il ne restait à conquérir que la Provence on peut alors comprendre que, déjà, en -154 l'armée romaine soit intervenue contre les ligures et d'autres peuples pour libérer Antibes et Nice, colonies de Marseille la grecque qui était menacée par une coalition celto-ligure et à nouveau l'année suivante en vertu d'un traité d'assistance mutuelle. Ils vont peu après mettre un pied dans cette Provence convoitée en fondant Aquae Sextiae, Aix-en-Provence, pour surveiller le débouché de la vallée du Rhône sur Marseille et la Méditerranée provençale et ligure, leur mer, Mare Nostrum. On comprendra dès lors que des heurts avec les gaulois s'en soient suivi: les Allobroges alliés aux Salyens, ces derniers soutenus par les Arvernes; les romains feront alors alliance avec les Eduens, ennemis jurés des Arvernes...mais on ne parle pas des peuples celtibères. Marseille demande à nouveau de l'aide en -122 : a lieu alors dans la vallée du Rhône une première grande bataille décisive où Domitius Ahénobarbus écrase les Allobroges; le peuple arverne avec Bituit à sa tête entre alors dans le conflit mais dès -121 il est donc battu amèrement et définitivement par Q. Fabius Aemilianus Maximilianus secondé par Domitius comme on l'a dit; ce qui vaudra amplement à ce Fabius, petit-fils du grand Aemilius Paulus car fils de Q. Aemilius adopté dans la gens Fabia, le surnom d'Allobrogicus, un Triomphe et l'un des premiers arcs de triomphe bâtis en pierre attestés, élevé au commencement de la Via Sacra à Rome. Rapidement, en -118, la 1ère colonie romaine hors d'italie, du nom de Narbo Martius sera fondée par Domitius près du Lac Rubresus et de l'Aldae (nom latin de l'Aude), en un lieu stratégique proche de la mer et doté de ports mais bien protégé par l'île ou presqu'île du massif littoral de la Clape, un lieu à mi-chemin entre Rhône et Pyrénées au débouché maritime du futur axe Atlantique-Méditerranée, sur l'un des rares fleuves de la région, l'Aude, c'est Narbonne; cette rapidité peut surprendre mais elle s'explique très bien si l'on considère, là encore, que la région fut sans doute déjà acquise aux romains. Les premiers habitants de Narbo seront 3000 colons romains; pour la plupart issus de la plèbe d'après ce que l'on sait mais il y viendra rapidement des membres des illustres familles patriciennes dont des Aemilii.
- Le lieu stratégique de Valence : Selon certains auteurs modernes ce serait à une mystérieuse "Aeria" que se serait déroulé la fameuse bataille où 30.000 soldats romains taillèrent en pièces 20 myriades de Celtes : Bousculés par les énormes éléphants (on avait retenu la leçon des carthaginois) la débâcle des Gaulois, commandés par Bituit et aidés, eux, de simples molosses, aurait été renforcée par l'effondrement du pont de bateaux qu'ils avaient établi précipitamment pour pouvoir fuir un lieu qui ne fut pas à leur avantage. Les auteurs latins chiffrent sans doute exagérément entre 120 à 150.000 morts les pertes gauloises. Strabon dira très précisément que ce carnage eut lieu "au point de jonction de l'Isar (Isère), du Rhône et du Mont Cémenne" donc bien à ce désormais célèbre confluent, la Cémenne ou Cévenne de nos jours étant le contrefort sud-oriental du Massif Central. Les anciens appelleront d'ailleurs Cévenne non seulement les Cévennes actuelles qui sont entre le Rhône et l'Hérault environ mais toute la partie des extrémités du Massif Central entre la Montagne Noire et la vallée du Rhône qui sera la frontière provisoire de leurs possessions ici jusqu'à la Guerre des Gaules de César, 70 ans plus tard.
On a pu penser que le nom même de Valence (de 'vaillance' ?) fut donné par les premiers romains à cette première implantation notable en Gaule en référence à une "nouvelle Rome" car on dit que le nom 'secret' de la métropole latine phare de la romanité était Valence. Quant à cette victoire elle ouvrait donc la porte à un bel avenir pour toute la région entre Pyrénées et Alpes de ce que l'on appellera rapidement la Provincia Romana ou Narbonnaise du nom de sa ville principale Narbo, Narbona, Narbonne, desservie notamment par la Via Domitia créée par Domitius Ahénobarbus sur l'ancienne voie héracléenne, lequel fut apparemment chargé d'organiser la nouvelle province. Cette région sera encore nommé Gallia Togata, la Gaule en toge; ce qualificatif était déjà employé pour qualifier la Gaule Cisalpine, la partie de l'Italie au nord de la plaine padane, conquise auparavant; il semble logique que cette partie de la Gaule d'au-delà des Alpes, la Gaule Transalpine, partie de la Gaule tout court ou Gallia Bragata, celle où les autochtones bien qu'aux cheveux courts portaient des braies (sorte de pantalon dont le vocabulaire a retenu les bragues et la braguette !) en guise de vêtement ait bénéficié de la même appellation en raison du statut de ses habitants, citoyens romains. Enfin pour être complet le reste de la Gaule (hors ces parties méridionales) était appelée Gallia Comata, régions où les hommes portaient les cheveux longs (signe d'une certaine barbarie pour les romains, à cette époque) lesquels ne seront romanisés qu'avec César au milieu du Ier S. av. J.C.
- La Via Domitia parcourra alors toute la zone littorale, se déroulant sur les traces du chemin d'Hannibal, depuis le Perthus pyrénéen jusqu'aux Alpes, par Arles, vers le Col du Grand St Bernard, puis plus tard via le long de la côte provençale par Antibes et Nice (prolongement de la Voie Aurelienne côtière italienne jusqu'à Arelate, Arles, 2ème métropole de la Narbonnaise). Ajoutons que Narbonne sera aussi un grand carrefour de routes avec la création ensuite de la Via Aquitania qui, partant de cette 2ème Rome permettra, plus tard, via le Seuil de Naurouze cher à mon cœur, de relier Toulouse, Bordeaux, l'Atlantique, desservant l'autre partie majeure de la Provincia, en gros le territoire audois actuel, le Lauragais jusqu'à la large vallée de la Garonne à Tolosa; après la Guerre des Gaules la voie se prolongera le long de la Garonne jusqu'à Bordeaux, desservant toute la moitié sud des Gaules.
- L'Aemiliani Tropeum : On sait par les auteurs anciens qu'un monument luxueux nommé ainsi, fait de deux tours de pierre blanche, fut édifié au lieu de la bataille des Monts Cemènes pour commémorer cet évènement important qui allait ouvrir l'accès à de plus grandes conquêtes encore vers le nord (voyez la Guerre des Gaules de César) et se terminer avec l'Empire Romain d'Occident et sa chute en 476 de notre ère. Toute notre civilisation occidentale européenne prend ses racines dans cette bataille décisive et pourtant qui s'en souvient aujourd'hui, ne serait-ce qu'en France ?
Pendant longtemps on a voulu voir dans les ruines d'un monument romain situé à Andance (au nord et assez loin de la confluence et du site supposé de la bataille) nommé La Sarrasinière, les restes bien anonymes de la tour-trophée; même si les récentes fouilles n'ont pu formellement démentir cette attribution en lui donnant une fonction supposée de tombeau, il semble peu probable, malgré sa forme inédite voire improbable pour un sépulcre, qu'il ait pu être pourtant ce trophée. Il semble logique qu'il n'ait pas laissé autant de traces que d'autres comme celui de Pompée au Perthus ou le magnifique Trophée de La Turbie, près de Fréjus, aux deux extrémités de l'arc méditerranéen de la Gaule, lesquels furent construits avec d'autres moyens plus importants et surtout bien plus tard.
Il faut quand même souligner le caractère inédit de l'édification de ce monument: En effet tout comme l'arc de triomphe qu'élèvera ce Fabius Aemilianus, commémorant son Triomphe sur les Allobroges, à Rome, qui sera l'un des premiers et le plus ancien connu précisément, de même ce monument élevé sur les lieux mêmes de la défaite gauloise sera aussi une nouveauté; "jamais en effet le peuple romain n'insulta (ainsi) la défaite d'un ennemi vaincu", dit Tite-Live, et il ajoute "cet usage était inconnu de nos ancêtres"; on peut donc conjecturer que cette victoire fut sans aucune commune mesure avec les victoires passées. Cette innovation signe le caractère pérenne de la soumission imposée, l'emprunt aux vaincus eux-mêmes de leur rite de victoire dans cette édification comparable à un tumulus fait des dépouilles ennemies (ce que l'on appelle les trophées). Et l'insulte infligée est double : innovante et ineffaçable (au moins pour quelques siècles !); il me semblait nécessaire d'en raviver le souvenir, du moins ce que le temps n'a pas réussi à effacer.
(=> Les victoires de Fabius Aemilianus et de de Domitius si importantes pour l'extension de l'Empire en Gaule, Belgique, Bretagne etc... ont souvent été reprises non seulement par les auteurs antiques, Tite-Live, Florus (2, 4), Velleius Paterculus dans leurs "Histoire Romaine" respectives, Sénèque dans son commentaire sur la "Première action contre Verrès" où il parle du premier Arc de Triomphe de Rome, celui de Fabius, ou Jules César dans la "Guerre des Gaules" (I, 45), mais aussi par les historiens français comme dans : "L'Antiquité expliquée et représentée en figures" T. IV de Dom Bernard de Montfaucon à Paris, chez Delaulne en 1719, "Essai historique sur la ville de Valence ..." de J. Olivier (Paris, Didot 1831) , "Mémoires sur diverses antiquités du département de la Drôme et..." A. Charlieu (Valence, Aurel, 1814) ou, plus récemment "Puzzle gaulois - Les Gaules en mémoire" de M. Clavel-Lévêque, Centre de Recherches d'Histoire Antique, Vol 88, Univ. Besançon, Annales Littéraires, 396; Les Belles Lettres Paris 1989).
Lorsque l'on examine en détail l'arc de triomphe d'Orange, bâti sous l'empereur Auguste, donc vers le début de l'Empire, on voit que les haut-reliefs qui y sont gravé représentent des Gaulois Chevelus battus par les Romains (référence aux gaulois du temps de César ou des Allobroges précédents?). Mais il faut surtout avoir à l'esprit qu'Orange est située au débouché de la vallée rétrécie du Rhône et que ce monument est au nord de la ville sur la route principale qui la parcourrait, donc il pourrait très bien avoir été édifié pour rendre hommage à cette première conquête de la Gaule quelque 100 ans plus tôt, un peu plus haut dans la vallée. Précisons aussi que l'on ne sait pas vraiment à quoi ce monument fait référence; d'autres attributions évoquent Marius, César, une bataille navale, le règne d'Auguste....?
MANIUS AEMILIUS LEPIDUS Correspondant de CICERON :
Ce personnage est consul en -66. En -65 il sera l'un des témoins à charge contre Caïus Cornelius que Ciceron défend. Lors de la conspiration de Catilina il sera du côté de Cicéron. Au cours de la Guerre Civile, contre Pompée, il se montrera passif. Il se retire enfin dans sa villa de Formia (Fourmies) et observera de loin les évènements à venir. Par les lettres qu'il échangera alors avec Cicéron on saura qu'il préféra prendre le parti de César contre Pompée.
L. AEMILIUS PAULUS et le CULTE EGYPTIEN :
La religion romaine est polythéiste, elle admet en principe tous les dieux et tous les cultes; il n'y a qu'à voir le nombre et la variété des temples qui étaient consacrés à Rome, les citoyens n'avaient que l'embarras du choix et les conquêtes accrurent ce nombre. On sait aussi combien le culte était essentiel dans la vie de tous, depuis les cultes domestiques jusqu'aux cultes officiels. La magistrature des pontifes réglait plusieurs aspects de la vie de la cité et devenir Grand Pontife maître des fêtes, commémorations, processions, cérémonies religieuses était d'un prestige important tout comme la consultation des augures et des auspices. Chez lui le pater familias présidait le culte de sa gens devant l'autel familial. Plutarque dans sa "Vie d'Aemilius Paulus" nous parle qu'il fut admis dans le collège des augures, maitres de la divination, qu'il s'appliqua au respect des traditions et au sacerdoce et fut très pieux car la piété "est la science des dieux". Par contre il semble qu'il était mal vu que certains cultes surpassent les autres : ce fut le cas de la religion égyptienne au milieu du Ier S. av. J. C. A la fin de la République, la popularité des dieux égyptiens fut telle que c'est en vain que le pouvoir politique essaya de repousser ces croyances; voilà une religion qui échappe à l'autorité publique, elle n'est pas si officielle que cela et surtout proche du parti des populares; on comprendra que le Sénat s'en méfie. Dès -59 la 1ère mesure frappe d'interdit les Isiaques adorant Isis mais la ferveur populaire conduit à la reconstruction des édifices sacrés (Varron cité par Trébullien "Ad nationes" I, 10,17). Les interdictions vont se succéder mais rien n'y fait en -58, -53, -48, la détermination populaire est la plus forte. C'est Valère-maxime qui raconte qu'en -50 le consul lui-même L. Aemilius Paulus dût commencer de ses propres mains la destruction d'un temple. Voici ce qu'il dit (I , 3,4) :Le consul L. Aemilius Paulus, alors que le Sénat avait décrété la démolition des temples d'Isis et de Sérapis, et que personne n'osait y porter la main, après avoir posé sa toge prétexte, s'empara d'une hache et en frappa les portes du temple. Le comble dans toute cette lutte religieuse c'est que l'on trouvera en -43 les Triumvirs dont Aemilius Lepidus, promettre de reconstruire le dit temple pour avoir le soutien populaire : On dit qu'ils se présentèrent comme un nouveau couple semi-divin alliant Occident et Egypte... !! Mais les dieux égyptiens ne seront véritablement "adoptés" que sous Caligula. Cette conception des choses de la religion sera, à peine un siècle plus tard, en contradiction totale avec le christianisme dès son apparition, ce dernier se présentant non seulement comme supérieur mais excluant tous les autres ! Ce fait explique grandement le sort qui lui fut réservé pendant deux siècles et demi.
Les AEMILIA VESTALES :
On ne connait surtout que les Vestales qui n'ont pas correctement accompli leur tache ou au contraire qui ont accompli une tache remarquable. Pour ce qui concerne les Aemilia on a en a trois :
* La première c'est Orose qui en parle (5, 15, 20): Elle vivait au IIème S. avant notre ère; peu soucieuse de son vœu de chasteté nécessaire dans sa condition elle eut des relations incestueuses avec le frère d'une autre vestale nommée Licinia et cette dernière fit de même avec le frère d'Aemilia. Au moins une autre vestale, Marcia, fut aussi "invitée" à cet inceste si l'on en croit les condamnations. Une émulation sacrilège qui, au début les rapprocha mais qui finit par les brouiller, elles se déchirèrent et fortifièrent des soupçons sur leur conduite honteuse car, du point de vue religieux, elles étaient censé ainsi tromper tous les citoyens de Rome et mettaient en danger la ville. Ayant eu vent des soupçons précis qui circulaient elles essayèrent de s'assurer du silence de la plupart de ceux qu'elles côtoyaient mais un esclave qui, par le service était dans la confidence, soit qu'il eut l'espoir d'un affranchissement soit qu'il parla délibérément, fut leur délateur; leur procès eut lieu en -127 : seule Aemilia fut condamnée à mort à ce moment-là avec ses complices esclaves mais en -113 l'un des juges, Cassius Longinus, étant alors devenu préteur, il reprit le procès et obtint la condamnation à mort de Licinia et Marcia. Dion Cassius ajouta que cette histoire incroyable pour les romains de ce temps, jeta un grand trouble chez eux.
* La 2ème vivait vers la 1ère moitié du IIIème S. avant notre ère; celle-ci fut injustement suspectée de ne pas avoir respecté sa mission et elle dut subir le jugement de l'ordalie par l'eau; ce genre de jugement dans lequel c'est la divinité qui juge en agissant directement sur le résultat de l'épreuve, a pour objet ici de transporter de l'eau dans un contenant qui ne le peut normalement. Cette Aemilia dut aller puiser de l'eau dans le Tibre avec un crible (outil servant à séparer le grain de l'ivraie, constitué d'une grille de petite maille de fil de fer sur son fonds) et la ramener jusqu'à l'autel de Vesta, au Forum. Et les dieux furent avec elle : aucune goutte ne fut perdue en chemin pourtant assez long! Les dieux avaient ainsi exprimé leur jugement.
* La dernière est celle dont on parla le plus peut-être. Le feu vital du temple de Vesta s'éteint par sa faute, un crime absolu pour une vestale; elle en avait la charge et elle avait confié ce soin à une novice, jeune et inexpérimentée, quelle erreur ! Toute la ville fut dans la consternation; le zèle des Pontifes s'activa; on crut qu'une vestale impure avait approché le feu sacré; Aemilia sur qui donc le soupçon tombait, en tant que responsable de la négligence de la jeune vestale, s'avança en présence des prêtres et des autres vierges consacrées et s'écria, les mains en imposition sur l'autel : Ô Vesta, gardienne de Rome, si pendant trente années j'ai rempli mon devoir dignement, si j'ai traité les mystères sacrés avec un esprit pur et un corps chaste, secoure-moi maintenant, n'abandonne point ta prêtresse sur le point de périr d'une manière cruelle; si au contraire je suis coupable, détourne et expie par mon supplice le désastre dont Rome est menacée. Elle arrache en même temps un morceau du voile qui la couvrait. Et à peine l'eut-elle jeté sur l'autel que les cendres pourtant froides se réchauffèrent et que le voile s'enflamma... C'est là l'un des miracles dont l'ordre des vestales s'est prévalu longtemps pour la justification de son rôle religieux éminent : A toutes choses malheur est bon ?.
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