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La tradition, c'est la transmission du feu, et non l'adoration des cendres.
Gustave Mahler.


DU FEU DE VENUS AU FEU DE DIEU :
La mythologie amène naturellement à parler des notions de métaphysique et depuis les grands penseurs grecs jusqu’à nous, les concepts métaphysiques ont trouvé des expressions imagées pour se faire « entendre », comprendre des générations humaines, pour être facilement retenus de siècles en siècles ; les symboles expriment et expliquent de façon pratique les thèmes fondamentaux de l’existence dont le tout premier, celui des origines de la vie.
Dans l'Antiquité, Aulu-Gelle (Noctes Atticae, XIX, 9,12), compilateur, grammairien et érudit latin du IIème S. exprime le mystère de la vie par l’analogie évidente de ce qui nous anime avec le symbole du feu joint à la puissance divine qui nous le délivre (souvenir inconscient d'une possible catastrophe planétaire ? cf. mythe de Vénus en contact avec la Terre):
Pourquoi portes-tu devant moi un flambeau, Philéros, dont je n'ai nul besoin ? J'irai comme je suis : Il y a dans ma poitrine une flamme qui m'éclaire suffisamment car ton flambeau, la violence déchaînée du vent est capable de l'éteindre, ou encore la pluie argentée tombant à verse du ciel. Tout au contraire, notre feu de Vénus, il n'existe pas d'autre puissance, en dehors de Vénus elle-même, qui soit capable de l'étouffer !
Les anciens voyaient donc en Vénus cette origine et cet anima igné sera évidemment attribué autoritairement ensuite au dieu unique des hébreux , des chrétiens et des musulmans, mais peut-être en falsifiant pas mal l'histoire, du moins les textes déclarés sacrés qui parlent de cette histoire.
- Vénus : Très importante durant toute l'Antiquité car présente dès l'âge du fer (mais curieusement pas avant, on a vu pourquoi précédemment), la future Vénus fut mise en avant par un grand nombre de peuples du Moyen-Orient, voyagea jusqu'en Grèce et arriva à Rome. C’est son dernier nom chez les romains mais en Mésopotamie elle se nommait des siècles avant Inanna en sumérien (à Uruk) et Ishtar en akkadien (en Mésopotamie). Voilà un nom qui doit rappeler à tout un chacun celui d'une certaine Porte de Babylone ? Ishtar dont on retrouvera chez les hébreux la racine du nom ci-après, était dans la haute antiquité adorée aussi à Ugarit, toujours dans cette région creuset de la 1ère civilisation, comme en Phénicie où son nom fut Astarté; à Ebla (Syrie), cité dont je parle aussi, c'était Astar, Ashtarot chez les hébreux pour qui elle était "diabolique" (Astarot, le diable) car liée à l'érotisme, Anat chez les égyptiens; elle est encore l'Aphrodite grecque avant de passer pour terminer chez les romains; elle reste pour nous l'irremplaçable "Etoile du Berger" même si nous avons perdu sa signification de guide évangélique chrétien.
Vénus, seul nom féminin d'ailleurs pour une planète de notre système solaire; Vénus dont on a vu l'éventuelle mais possible catastrophe qu'elle a pu provoquer et les mythes mondiaux qui en ont possiblement résulté. Surnommée cependant la sœur jumelle de la Terre elle aurait disposé il y a très longtemps d'un océan et de températures assez clémentes pour permettre la vie; ce n'est plus le cas de nos jours. Sa luminosité exceptionnelle fait qu'elle est présente dans le ciel du soir comme dans celui du matin alors que les autres luminaires célestes, comme on disait alors, n'ayant pas son éclat, ne sont pas visibles de l'œil humain. En tant qu' Etoile du Matin elle est la reine de la Guerre, comme Etoile du Soir elle est celle de l'Amour, encadrant ainsi les deux passions extrêmes des humains, la pire et la plus belle, délimitant le cadre de leur vie sociale, de leur vie religieuse et personnelle comme elle délimite chacun de leurs jours, chacune de leurs existences. Sa symbolique par ex. chez les phéniciens où elle se nomme Tanit, montre qu'elle est une entité si lumineuse dans la cosmologie générale qu'on associe à son croissant de lune une étoile à 8 branches car chez ce peuple navigateur s'il en fut dans la Haute Antiquité, c'est par elle que se calculait la navigation, et sans doute déjà avant eux. La référence à ce symbolisme passera les siècles puisqu'on retrouve ces deux symboles associés par ex. sur des monnaies romaines de l'Empire (Hadrien entre autres); elle fut présente sur l'ouest de la Méditerranée, en Gaule comme en Hispanie, sur les côtes africaines (Carthage) depuis l'époque de ces Phéniciens qui firent dans ces régions beaucoup de commerce, avant les grecs. La symbolique de l'Islam l'a semble t-il reprise (croissant de lune et étoile à 5 rais ou à rais irradiants) mais en oubliant son origine....
Dans la mystique chrétienne la vieille déesse sera remplacée analogiquement par Marie-Madeleine (à ce sujet une importance rare vient d'être attribuée à cette relation essentielle du Christ, information vaticane passée totalement inaperçue, elle est désormais considérée comme une apôtre pour sa fête du 22 juillet 2016); c'est en effet une place d'icône des temps christiques qu'il faut voir en cette Marie de Magdala, place éminente qui semble être révélée par les évangiles gnostiques de Philippe et Jacques (apocryphes pour la chrétienté) découverts seulement au XXème S., celle d'une probable apôtre féminine (enfin reconnue comme telle donc) qui ne pouvait se concevoir ni chez les juifs ni chez les chrétiens (jusqu'à présent!); certains mécréants osant même en faire l'épouse de Jésus, pensez-vous donc ! Si l'on joint la 3ème religion du Livre, il est évident qu'il n'y aura plus de place dans ces trois religions pour le côté féminin de l'humanité dans leurs rangs et cela semble être toujours le cas : L'église discute actuellement âprement parait-il de la possibilité d'admettre des femmes comme diacres, une révolution qui ne se fera qu'au forceps (si elle se fait) et surtout pour pallier le manque de vocations masculines ! Le judaïsme commence pour ce qui le concerne, à admettre des femmes rabbin tout comme les protestants ont de nombreux pasteurs féminins mais ne parlons pas de la rigidité du dernier monothéisme; aucun changement à attendre de sa part.
- Le feu : La symbolique du feu quant à elle est universelle pour désigner la vie comme l'est le soleil qui éclaire, réchauffe, et qui la favorise. De nombreux rites de par le monde utilisent et honorent le feu, purificateur, vivant, bienfaiteur. Dans la vieille religion monothéiste zoroastrienne, le feu est l'attribut du dieu Ahura Mazda, dieu de la lumière et dieu bon comme on le verra (cf. Amiel juifs histoire ancienne). Si l'égyptien Aton succède temporairement à Ré ou Ra, il parviendra à accéder au stade suprême de dieu unique des hébreux sous le nom d'El puis plus tard sera chez les grecs Hélios (El + suffixe ios commun dans la filiation grecque comme on l'a vu), sa symbolique sera cependant toujours la même, celle du soleil irradiant la vie. Dans l'ancien testament, la métaphysique de la Genèse dans le 2ème récit de la Création l'exprime en hébreu par Ish et Isha, l'homme et la femme qui transmettent la vie, rappel d'Ishtar ? La racine de ces deux noms étant Ech, le feu, symbole dans le rapport humain du désir de le transmettre; ce feu c'est ce principe divin Ech que Dieu transmet en l'insufflant dans les narines de l' "ha-adam" que l'on doit traduire par "le genre humain", dans le 1er récit de la Création. Il y a lieu de voir : en l'homme Ish son principe actif (le yod introduit désignant le mâle) et dans la femme Isha son principe passif (au yod est ajouté le hé désignant la femelle) (Bible Chouraqui, Genèse 2, 33); ce nom d'Isha sera Eva, Eve, "la vivante", dans le 2ème récit, nom donné par Adam à son épouse, Dieu l'ayant créée non pas à partir de sa "côte" (encore une fois il s'agit du "genre humain") mais à partir du "côté" féminin de ce genre humain général, qu'il sépare, créant ainsi les deux sexes qui n'existaient pas dans la 1ère création, tout comme aussi le nom du premier homme en tant que personne sexuée tiré de cet ha-adama est Adam (voir page Origines de l'humanité/ 2. B. Dieu crée l'homme). D'ailleurs ce principe Ech du "feu de Dieu" est présent dans le 1er mot de la Genèse, "Berechit" qui veut dire 'Au commencement', on peut même voir là une toute 1ère Alliance de Dieu avec les hommes en raison de cette Création primordiale qu'il décida, de ce feu qu'il mit en action délibérément. On a vu cette sexualisation du genre humain narrée autrement dans les 2 versions de la chute des anges aussi.
Beaucoup de penseurs considèrent que l'Etoile de David, heptagramme riche en symboles (ceux du macrocosme et du microcosme entre autres), image indissociable d'Israël qui figure sur son drapeau, désigne entre autres lectures symboliques ces deux principes humains intimement imbriqués, le masculin pointe en haut (l'esprit, les flammes du feu, symbole de la vie, monte), le féminin pointe en bas (la matière, le réceptacle où le liquide amniotique, dans lequel se développe la vie comme l'eau est aussi matrice de la vie, coule vers le bas), c'est bien la Création divine de l'humanité par l'union complémentaire des deux principes. La symbolique religieuse sous-tend aussi le principe éternel de ce feu constructif, la vie éternelle, l'immortalité. Encore un principe présent dans d'autres pensées ailleurs dans le monde, en Chine par ex. et que les occidentaux comme les orientaux ont longtemps cherché ou voulu reproduire par l'alchimie. Dans l'Ecriture n'oublions pas que l'on prête aux sages des "paroles de braise", que Dieu parlera à Moïse au Sinaï via le fameux 'buisson ardent', que l'Esprit Saint viendra sur les premiers disciples du Christ via des "langues de feu"; la lumière divine éclaire et réchauffe les hommes depuis ces temps (cf. le chandelier à sept branches, les cierges, la forme même de la flamme qui se retrouve dans la "mandorle" chrétienne, les lumignons dans toutes les religions) comme le feu du désir nous meut et nous émeut perpétuellement; dans les visions comme dans les œuvres d'art Dieu est souvent représenté par la simple clarté étincelante, chaleureuse et pure. Enfin dans les temps anciens, la population des maisonnées était exprimée en nombre de feux; c'est autour de ce chauffage et éclairage familial unique que l'on se regroupait le soir à la veillée, près de la cheminée, souvent de dimension imposante, pour écouter, petits et grands, des contes, des souvenirs familiaux et locaux.
Mais le feu non maitrisé, comme celui des éclairs, peut provoquer des incendies, brûler, nourrir le mal et littéralement manger la vie: Satan et Lucifer, le feu de l'enfer (rappel de la catastrophe avec Vénus ?) veut le rappeler comme le feu qui consuma Sodome et Gomorrhe dans l'Ancien Testament; on peut penser aussi aux plus terre-à-terre autodafés de l'histoire humaine, aux livres nommés incendiaires et à l'Enfer de la Bibliothèque Nationale qui renfermait, il n'y a pas si longtemps encore, les écrits de feu, livres de pensées interdites car dangereuses moralement, lorsque le vil sexe vient par ex. dévoyer le pur désir destiné à retrouver notre nature divine. Opposé au bien divin le mal sera aussi expliqué autrement par les deux inévitables versions de la chute des anges dans la Bible comme on l'a vu.
Enfin pour illustrer le symbole du "feu de Dieu" on peut relire ce qu'a écrit Ste Thérèse de Lisieux, la mystique catholique docteur de l'Eglise, ayant tant brûlé d'amour pour lui, c'est elle-même qui l'écrit, qu'elle rejoindra rapidement le Créateur dès l'âge de 24ans ! (en partie d'après l'émission de France-Culture, "La grande table d'été" à propos des Rencontres d'Aubrac 2015, sur "Les imaginaires du feu" dont la conférence de Muriel Chemouny sur "L'homme et la femme, des êtres ignés", 17/08/2015; en partie aussi d'après des commentaires du Codex Bezae, page "Adam et Ha-Adam", site internet).
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