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"La mémoire est l'avenir du passé"
Paul Valéry
ETYMOLOGIE, NOMINATION & ONOMASTIQUE
Quelques notions très générales adaptées à notre sujet
Des mots et des noms selon nos langues :
Les langues que nous parlons, le nom que nous portons, celui des personnes qui nous entourent, comme les mots que nous employons pour nous exprimer, pour 'dire' ce que nous ressentons comme ce que nous imaginons, notre histoire, notre culture, presque tout ce que nous pensons connaitre, nous a été transmis, mémoire des vivants et des morts que nous partageons sans même l'avoir vécu. Beaucoup de ce que nous avons comme patrimoine, culture, nous l'avons reçu en héritage, il nous a été légué et augmenté de génération en génération. Et nous sommes intrinsèquement faits de la présence de l'absence, de ce qui demeure en nous de ceux qui nous ont précédés; nous serons nous-même, à notre tour, en complétant cet héritage, un maillon supplémentaire pour nos successeurs, puissions-nous l'avoir augmenté !
-1- Etymologie :
Les étymologies sont, disait-on autrefois, comme les bons mots : plus on les cherche et moins on les trouve, ce qui est moins vrai maintenant, cette science ayant fait avec les linguistes d'énormes progrès depuis le début de l'époque moderne. Bien entendu chaque cas est souvent particulier, tant il y a de paramètres à prendre en considération qu'il est quelquefois ardu de s'y retrouver. Mais c'est un sujet qui a intéressé les anciens depuis très longtemps.
Pour la langue "françoise" le premier est Gilles Ménage, un grammairien du XVIIème S., rédacteur du 1er dictionnaire de la langue française, qui avouait déjà qu'il était bien difficile d'assigner avec certitude l'origine des mots; voilà une opinion honnête qui rappelle un plus ancien, l'antique Cicéron, lequel écrivait un siècle avant notre ère cette opinion sur Chrisippe, philosophe stoïcien de son temps : Magnam molestiam suscepit Chrisippus, reddere rationem comnium vocabulorum , cet homme ayant formé alors une pénible entreprise, celle de "rendre raison à" (expliquer) tous les termes de sa langue. D'ailleurs les stoïciens firent de cette tâche une base de leur philosophie; les jurisconsultes romains purent y trouver quelquefois des solutions à leurs difficultés et même l'explication de l'origine de leur jurisprudence, par exemple le très célèbre Quintilien.
A la fin de l'Antiquité, à la charnière de deux mondes très différents, le goth d'Espagne Isidore de Séville (~562 - 636) écrivit une somme encyclopédique des connaissances de son temps tout à fait exceptionnelle dont "Etymologies" qui restera longtemps un ouvrage de référence : c'est un inventaire complet de la culture antique dont il est le dernier représentant littéraire; voulant saisir la réalité des choses à travers l'origine et l'interprétation des mots qui les désignent, il y définit pour cela une méthode et des développements qui seront importants au moyen-âge, grande période suivante dont il est, aussi, l'un des premiers écrivains.
Plus près de nous le philosophe anglais Locke, au XVIIIème S., consacre au sujet une part importante de son Traité de l'Entendement; "c'est une partie essentielle de l'histoire de l'esprit humain" selon le Président Desbrosses, juriste du même siècle qui écrivit un traité sur la "formation mécanique" des langues dans lequel il montre une science étymologique novatrice pour son époque. Diderot parlant de ce sujet dans son Encyclopédie estime que dans la science étymologique réside une part importante de l'analyse d'une langue et que le fruit de cette analyse est la comparaison qui en est facilitée des langues entr'elles sous tous rapports.
Tout cela s'applique particulièrement aux noms dits propres, et pour tout dire, au nôtre, mes recherches à ce sujet étant riches et disséminées souvent dans tel ou tel nom du présent wiki.
-2- Onomastique :
Le terme onomastique qui désigne la science de ces noms propres, qu'il s'agisse des noms de personnes (patronymie) ou des noms de lieux (toponymie) vient du grec "onomasteria". L'onomasteria était une fête de famille dans la Grèce ancienne, au cours de laquelle on donnait son nom à l'enfant nouveau-né. Elle avait lieu entre le 7ème et le 10ème jour de la naissance, on y invitait parents et amis. Elle était célébrée par des fêtes et sacrifices aux dieux afin que cette imposition nominative soit agréée par eux.
* La nomination est liée soit à l'aïeul paternel, c'est l'agnation, soit à l'aïeul maternel, c'est la cognation. Chez les hébreux comme chez les grecs ou les romains ce sont toujours les pères qui donnent le nom. Si les hébreux ne connurent pas le nom patronymique avant l'ère moderne par contre grecs et romains ont porté dans leur nom celui de leurs pères depuis des temps immémoriaux.
° Chez les grecs on aura par exemple Achille Pelidès, soit Achille fils de Pelidès, bien que la forme du suffixe ne signifie pas systématiquement cette qualité héréditaire. Ce sont aussi les grecs qui ont les premiers employé les diminutifs mais seulement pour les petits enfants, les esclaves ou les personnes de faible extraction. Souvent, curieusement, ces diminutifs étaient augmentés (!) en quelque sorte par des terminaisons bien connues comme -idion, -asion, -illos ou -inna, -ulla, -ion etc....Ils emploieront aussi des dénominatifs dérivés de noms appellatifs communs comme Philon qui vient de 'philos', l'ami, ou Leanena, de 'leo', le lion; des noms verbaux tels qu'Ida qui vient de 'idaeus, ideus', du verbe voir. Chez eux comme dans les langues latines, les surnoms (qui deviendront chez d'autres peuples patronymiques) sont soit des relations à des actes mémorables soit des particularités individuelles physiques, morales, psychologiques de ceux qui en étaient pourvus. C'est dans les surnoms que les grammairiens grecs classaient les noms appelés "gentilitia", des noms qui, alors, se tiraient du lieu natal, de la ville où l'on avait reçu le droit de cité (donc de citoyen) par exemple Denis le Thrace qui pourtant était natif d'Alexandrie et que l'on connait mieux sous le nom de Denis le Rhodien ! Bizarrement ils employèrent aussi une lettre de leur alphabet pour les surnoms; on peut citer Pythagore, le mathématicien bien connu que l'on surnomma Gamma, G, ou le célèbre astronome d'alors Apollonius que l'on appela simplement E, Epsilon, car il fit des recherches curieuses sur cette lettre qu'il disait "tourner avec la lune". Un mot sur l'évolution de l'alphabet...
° Elles tournent bel et bien: Il faut quand même remarquer que Apollonius avait un peu raison, non qu'il y ait eu une quelconque relation entre nos lettres et les astres bien que les astres semblent tourner en raison du mouvement perpétuel mais parce que la comparaison des alphabets depuis les premiers jusqu'à celui que nous utilisons ici montre effectivement que de transcription en transcription de peuple en peuple, certaines lettres ont bel et bien changé de dessin dans leur écriture, en raison du sens des écritures et lectures, non seulement le E mais aussi le A pour ne citer que ces deux lettres qui se trouvent dans notre nom AMIEL. La lettre A représentait une tête de bœuf à l'origine, les cornes sont de nos jours en bas; la lettre M a toujours été de cette forme, bien que plus réduite à l'origine, elle représentait les vagues de la mer depuis le hiéroglyphe égyptien, le mouvement, la vie, puis a servi de symbole de quantité, de nombre d'où peut-être sa signification de peuple en hébreu; citons le cas d'Abram dont Dieu changea le nom en Abraham, la signification changeant elle aussi, passant de "père de mon peuple" à "père de la multitude"; la lettre I a peut-être pour origine un hiéroglyphe égyptien dessinant un avant-bras et signifiant la mesure de la coudée, lequel, représenté couché, prit progressivement la verticalité; la lettre E est la plus intéressante car elle représente le hiéroglyphe dessinant l'homme, les bras à demi-levés et les jambes écartées, stylisé par la suite à l'extrême par les phéniciens qui n'en retinrent que trois lignes se détachant d'une verticale, leur lettre ouverte vers le bas comme l'homme sur ses jambes, vira sur la gauche puis se mit ensuite à regarder à droite !; la lettre L a aussi bien changé dans ces évolutions, elle dessinait un crochet ou une crosse chez les égyptiens puis un bâton de berger chez les hébreux, c'était donc un symbole de commandement, ce symbole dont je parle en plusieurs endroits qui a tant tourné qu'il s'est enfin écrit en une représentation d'un angle droit, ouvert à droite; le commandement joint à la rectitude pourraient-ils résumer le Dieu des hébreux dont il est le (résumé) du nom ?
° L'influence des stars : Mais revenons aux noms en général; chez les grecs puis chez les romains, tous férus de célébrités en tous genres, on ne s'étonnera pas de voir chez eux l'influence de la popularité dans leurs nominations; tout comme de nos jours, déjà on adulait beaucoup ceux qui gagnaient, que ce soit chez les politiques ou les athlètes mais aussi chez les généraux, en un temps où l'on n'hésitait guère sur les conduites à tenir devant certaines situations ou ambitions, sans oublier le pouvoir de la religion. C'est une dimension à considérer donc conjointement avec le système plus traditionnel de nomination, surtout chez les romains, si ordonnés en tout et chez les peuples qu'ils ont colonisé.
° Chez les romains : Les auteurs latins anciens avaient coutume de dire que c'est en raison du rapprochement initial entre latins et sabins que les individus prirent la coutume de porter deux noms, l'un leur étant propre à la naissance et l'autre donné en affirmation de ce rapprochement et pris donc chez l'autre peuple. Pourtant on sait aussi que les Albains, le grand peuple voisin de la future Rome avait préalablement déjà cette habitude; il n'y a qu'a citer Rhéa Sylvia la mère des jumeaux Rémus et Romulus qui appartenait en effet à cette famille de rois dont furent son père et son oncle, Amulius dont je ne manque pas de parler, le nom des Sylvii indiquant le caractère aborigène, forestier donc quasiment primitif et immémorial de cette famille sur la butte d'Albe. Les sabins aussi tout comme les étrusques semblent avoir eu également deux noms, du moins les rois, Titus Tatius tout comme Numa Pompilius ou les Tarquins qui furent de l'une de ces deux origines. Varron peut bien indiquer qu'alors les romains qui suivirent eurent l'habitude de porter plusieurs noms, c'était en quelque sorte la carte d'identité du romain; le minimum c'est trois, la "tria nomina", avec le prénom (peu important) suivi du groupe du "nomen" qui comportait le nom principal, celui de la gens (nomen gentilicium) suivi du nom de famille dans cette gens, puis on pouvait ajouter non seulement un surnom (cognomen) à titre d'honorabilité supplémentaire personnel (victoire, triomphe) ou lié à ses immédiats et honorables parents, mais un deuxième surnom (agnomen) qui pouvait par exemple provenir de la gens d'origine pour les adoptés, ou un ancien 1er surnom, les esclaves affranchis prenaient dans cette position le nom de leur ancien maître également. Ce principe de base a cependant énormément évolué avec le temps et les mille ans d'histoire romaine. On trouvera par ex. aussi des noms qui font une référence à la tribu à laquelle le porteur du nom appartenait; ce qualificatif (plutôt) n'avait rien à voir avec l'origine agnatique mais constituait alors une sorte de carte d'électeur joint à un titre de citoyen de telle cité, étant donné que ce nom de tribu dépendait de la ville où l'on résidait et que l'on votait suivant sa tribu. On connait plusieurs villes dont les habitants citoyens étaient affectés à la tribu Aemilia; un habitant de l'une de ces villes, dont je ne manque pas de faire une rapide recension, pouvait donc se faire nommer par exemple "L. Sergius Paulus Aemilia Rufus" nom dans lequel L. désigne le prénom Lucius, Sergius la gens Sergia, Paulus la famille (c'était aussi le nom d'une famille de la gens des Aemilii, on voit là que ce nom de famille n'était pas exclusif à une gens mais "cousinable") Aemilia est le nom de la tribu d'affectation (ici nom de la gens, au féminin) et Rufus est le surnom.
° La nomination, acte social romain : Enfin tout comme chez les grecs cette nomination était bien marquée; c'était un acte solennel effectué le jour de la purification du nouveau-né (le 8ème jour pour les filles, le 9ème pour les garçons) appelé la "nominalia"; il en fut ainsi jusqu'au règne d'Antonin le Pieux qui ordonna de nommer uniformément les nouveaux-nés au 3ème jour, devenant une coutume qui traversera tous les siècles jusqu'à nous (en passant notamment par une ordonnance du roi François Ier de 1549 puis par le Code Napoléonien). Précisons que le prénom n'était attribué qu'aux garçons et lorsqu'ils devenaient hommes seulement, vers 17ans, quand ils prenaient le vêtement correspondant, la robe prétexte. Les filles portaient automatiquement le nom de leur gens mis au féminin et complété si nécessaire par un simple numéro d'ordre ! (par ex. Aemilia Secunda).
° Evolutions depuis l'Antiquité : L'histoire passée l'antiquité, verra les hommes un temps revenir à un seul nom individuel, puis ajouter un deuxième nom, pris de diverses façons, le prénom revenant à la mode avec le port du nom dit de baptême que l'église réussira à imposer; on verra en suivant le deuxième prénom devenir patronymique, souvent aussi c'est le surnom qui en fera office pour ceux qui n'avaient qu'un nom individuel. Bien entendu beaucoup d'héritiers du nom patronymique n'en seront pas satisfaits et voudront en changer; on peut comprendre ceux qui de nos jours se nomment (encore!) Lecul ou Bastard (bâtard).
Quoi qu'il en soit, le nom de nos pères, comme disaient les anciens, est un vrai trésor; voici comment Molière, dans "L'école des femmes" s'est moqué de ceux, qui, à son époque, et ils furent alors nombreux, parmi les bourgeois notamment, singeant les nobles qu'ils voulaient égaler, voulurent changer de nom :
"Quel abus de quitter le vrai nom de nos pères,
Pour en vouloir prendre un bâti sur des chimères !
De la plupart des gens c'est la démangeaison;
Et sans vous embrasser dans la comparaison
Je sais qu'un paysan qu'on appelait Gros-Pierre
Qui n'ayant pour tout bien qu'un seul quartier de terre,
Y fit tout alentour faire un fossé bourbeux,
Et de Monsieur de L'Isle en prit le nom pompeux."
(=> pour une grande part d'après le "Dictionnaire historique de l'Antiquité" F. Noël, 2ème édition, Le Normant, Paris, 1824).
-3- Amiel nom universel :
Ces noms propres d'hommes de femmes d'enfants peuvent être la base de noms propres de lieux; c'est en tous cas le cas de notre nom Amiel (le contraire pour notre exemple n'existe pas à ce que j'ai pu voir); ils sont aussi la base de nombre de personnages en littérature, contes, romans comme poésie ou romans historiques, des œuvres de fiction modernes comme cinéma ou bande dessinée, et avec Amiel on est très bien servi sur toutes ces applications.
Nous allons donc découvrir par le détail les traces, suivre les jalons du parcours de notre nom sur plus de trois mille ans, comment il est passé de peuple en peuple, de langue en langue, de traditions en traditions ou de cultures en cultures, enfin d'histoire(s) en histoire(s)....
NB : J'ai suivi le conseil de Ronsard bien qu'il ne s'agisse pas ici de poésie, en créant les néologismes sur le nom Amiel nécessaires pour parler d'eux et suivant les formes de ce nom : on trouvera par ex. les mots suivants : aemilien (pour la forme latine), amelien pour la forme romane, et amielien pour la forme moderne occitane et française. En effet Ronsard conseillait ainsi "Tu composeras hardiment des mots, à l'initiative des grecs et des latins....pourvu qu'ils soient gracieux et plaisants à l'oreille....". Et donc comme lui "Je fis des mots nouveaux, je rappelai les vieux...Je fis d'autre façon que n'avaient fait les antiques...", du moins j'ai essayé !
J'ai fait, à tort ou à raison, mon :
Devoir de mémoire
Enivré par le passé qui me submerge,
Je découvre ses souvenirs avec émoi,
En farandole d'émanations anciennes,
Comme effluves s'exhalant d'un vieil alambic.

Sitôt retrouvés, sous ma plume ils émergent,
En un devoir de mémoire de bien des mois;
Ainsi exhumés par ma prose, sans peine,
Vous les lirez ici, somme toute, en un clic !
J-L Amiel


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