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AMIEL NOM JUIF
Toute famille au Ciel et sur la Terre doit son nom à Dieu (Ephésiens 3;14, 15).

SOMMAIRE : Une étude du nom juif * Amiel et Abiel, Amiyah et Abiyah * Le nom juif contemporain * Amiel et ses dérivés juifs aux Usa * Que dire de la traduction latine du nom juif Amiel * Les différentes formes du nom juif Amiel * Une curiosité synonymique * Les autres noms en général d'origine juive formés en -Amiel * A distinguer patronyme et toponyme juif * Avertissement concernant l'appellation "Amiel nom juif" * Les Amiel juifs dans les récollections du bassin méditerranéen * Amiel et Ben Ami au Maroc et aux Açores * La signification d'Amiel selon St Jérôme, mieux précisé par le français du XVIIème S. et de nos jours par la bible Agapé *

Une étude du nom hébreu et juif
Introduction :
La question et la quête de l'identité a préoccupé nos prédécesseurs, notamment lorsque cette question était susceptible d'influer sur leurs positions sociales, politiques, juridiques, administratives, familiales.... Et ce fut particulièrement le cas des personnes et familles juives. Des auteurs, écrivains comme scénaristes et réalisateurs ont bâti des oeuvres remarquables sur ce sujet essentiel, notamment Jon Amiel qui a adapté dans "Sommersby" (1993) le film français "Le retour de Martin Guerre" de Daniel Vigne (1982) ou Joseph Losey quelques années plus tôt (1979) qui a réalisé un "Mr Klein" criant de vérité lors de la triste période nazie de l'occupation en France. Peut-on être pris volontairement pour un autre pour Martin Guerre ou involontairement pour Mr Klein et comment le prouver ou s'en défendre ? Les deux "Mr Klein" qui semblent se confondre auraient très bien pu s'appeler "Mr Amiel", notre nom étant autant juif qu'il est non-juif ! Sommes-nous ceux que nous prétendons être ou ceux que l'on nous affirme être ?
I Généralités sur les noms individuels juifs :
Chez les anciens peuples, notamment du moyen-orient et bibliques en particulier, durant toute l'Antiquité, les noms personnels des individus ont revêtu une importance considérable pour ceux qui les portaient. Jusqu'au philosophe Platon qui enseignait qu'il existe un rapport nécessaire entre le sens d'un nom propre et le caractère de celui qui le porte. Et l'on peut affirmer cela aussi pour les noms de lieux ou de divinités. Comme dans la mentalité enfantine le nom de la chose nommée fait partie de cette chose, il en est un caractère invisible essentiel (cf. travaux de Piaget). Pour l'individu de ces temps reculés "il y a une relation intime entre le nom et la chose nommée: le nom révèle la chose" au point que "posséder un objet, c'est être en état d'agir sur lui et par lui" (cf. R. Allier). Au sujet de l'origine des noms il y a lieu de citer dans le contexte biblique, l'explication étiologique comprise dans le récit jéhoviste de la Création, à propos des animaux que l'homme lui-même nomme à la simple vue de chacun d'eux (Génèse 2,19); pour les noms propres de ses semblables il y a de nombreuses explications étymologiques. Le nom hébreu est toujours tenu pour constitutif de la personnalité et celle-ci tombe sous l'influence de celui qui en connait la signification (d'où la méfiance naturelle des peuples primitifs à livrer leurs vrais noms et à se faire appeler plutôt d'un nom fictif).
On comprendra dès lors que l'on puisse avoir plusieurs noms (les juifs usent encore de noms pour la religion et de noms pour leur identité civile, on peut comprendre cela comme essentiel dans certaines périodes comme le nazisme par exemple). Le "chem" hébreu ou l"onoma" grec des papyrus des premiers siècles sont "les noms inscrits dans les cieux" et ils représentent les élus eux-mêmes; ceux qui procurent la paix, qui seront "appelés" fils de Dieu, car ils "seront" fils de Dieu, leur nom exprimant leur nature profonde, conforme à celle de Dieu.
Le nom individuel évoque avec sa personne tous les attributs plus ou moins définissables qui la constituent; ainsi en va-t-il du nom de Dieu lui-même comme de celui de chacune de ses créatures. Et l'on sait (voir par ailleurs) que ce nom peut prendre différentes formes; l'ancien testament nous met aussi en garde envers ceux qui n'ont pas de nom, ce sont des gens de rien, une "race sans nom" (Job 30,8). Comme chez les autres peuples, les romains entre autres plus tard, le nom est un souvenir que l'on laisse après sa mort, un monument au sens étymologique du terme, qui peut aussi périr, oublié. Le nom d'un homme est conservé par ses fils et sa famille et détruire sa postérité c'est exterminer son nom. C'est la même chose pour les rois et les peuples, "se faire un nom" dit la Génèse (11,4), aussi on comprendra que nombre de familles, de peuples, de tribus, de chefs aient tenu durant toute l'Antiquité, à se réclamer d'un héros ou du moins un ancêtre éponyme, c'est-à-dire de qui ils ont reçu et conservé le nom d'origine et la Bible en est pleine: Voyez la Table des Peuples (Génèse 10) qui donne les noms des ancêtres patronymiques, les fils d'Ismaël en tant qu'individus ou comme tribus, princes et chefs de clans, listes généalogiques (notamment 1Chron. 1-9) dans laquelle les noms de personnes correspondent à des noms de lieux (et inversement)...
Vu l'importance ainsi attribuée aux noms propres en Orient on comprendra qu'une chose qui n'est connue " que de nom" exprimant un nom vide de réalité en Occident soit pour ainsi dire inconnu dans l'Ancien testament comme dans le Nouveau.
- Les noms de Dieu :
De tous temps les hommes, suivant le même raisonnement que pour leurs semblables, les lieux qu'ils fréquentaient et les animaux qu'ils convoitaient, donnèrent aux divinités qu'ils prirent des noms; noms qu'ils s'efforcèrent de connaître et de prononcer le plus exactement possible par la simple finalité de se les rendre favorables (nomina numina soit les noms sont des dieux) ce qui signifie que "l'énoncé du vocable (divin) avait d'après la mentalité antique, le pouvoir de le faire venir" (cf. Lods) et agir; c'est le sens même du verbe "invoquer". Cette conception magique primitive va s'épurer avec le temps et chez les hébreux les textes indiquent que s'il y a encore des traces de cette influence inhérente au nom divin, l'Ecriture proclamera plutôt le pouvoir personnel et libre, absolu, de Dieu sur lui-même. Son nom c'est sa Nature, sa nature c'est aussi sa Toute-Puissance, son nom c'est sa Puissance Agissante. Cette équivalence ressort de nombreux parallélismes dans la Bible et plus encore de révélations caractéristiques comme celle du nom YHWH donnée par Dieu lui-même à Moïse, ou celle du 3ème Commandement des Tables de la Loi : Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain (version de la tradition juive donnée par le Vatican). Et l'on sait que les hébreux éviteront de prononcer le nom de Dieu; ils le remplaceront par un nom exprimant sa singularité, comme l'Eternel ou dans les patronymes théophoriques, El, ou Yah, ce sera le "nom qui n'appartient qu'a lui seul", l'unique, l'infini, le tout-puissant, l'ineffable.
II L'attribution du nom juif :
- Importance de sa signification :
Il est possible qu'à l'origine le nom de l'enfant ait été un privilège de la mère plus que du père mais la société devenant patriarcale comme on l'a vu, ce sera le contraire. Ce nom était conçu comme devant éloigner de lui les mauvaises influences. "Pour l'ancien hébreu le nom est plus qu'une résonnance. Le nom manifeste la nature de celui qui le porte...L'appel de ce nom agit aussitôt comme une force matérielle mettant en oeuvre son potentiel...Tout nom doit avoir, le plus possible, le son d'un euphémisme... (Bertholet, Histoire Civ. Israël, p.182 & s).
A la suite on comprendra dès lors que les explications étymologiques données à ces noms individuels aient pu jouer, dans l'Ancien Testament un rôle surprenant pour nos conceptions occidentales modernes. Ils sont présents en grand nombre, étant tantôt une allusion aux circonstances, tantôt une évocation religieuse ou un programme de vie, une image plus ou moins inspiratrice. Par exemple Noé (repos), Isaac ( l'enfant du rire), Esaü (le velu) et la cohorte des noms théophoriques, ceux dans lequel Dieu est présent, souvent par le vocable "El" comme dans Samuel (exaucement de Dieu) ou notre nom Amiel qui, après de multiples significations tendant à la généralisation passa de "Mon oncle est Dieu" pour sa plus ancienne expression à "Peuple de mon Dieu" de nos jours. Plusieurs fois de telles étymologies essayèrent par là d'expliquer des noms venus de langues étrangères; c'est sans doute le cas pour Moïse, un nom d'origine égyptienne malgré sa signification traditionnelle de 'sauvé des eaux'.
- Le surnom ou la renomination :
Vers l'époque de Jésus il devint coutumier de perpétuer les mêmes noms dans une famille pour les conserver et cette habitude devint générale chez les rabbins à partir du IVème S. environ. Tout individu ne portait donc qu'un seul nom, nom personnel, individuel et les exemples de surnoms sont expliqués par une situation exceptionnelle, la renomination par un changement de vie pour laquelle le nouveau nom est décerné par une autorité.
Ce nouveau nom peut être en rapport avec l'ancien ou pas : on connait la volonté divine qui change le nom d'Abram en Abraham (père du peuple qui devient père de la multitude) ou Jacob qui devient Israël. C'est une pratique ancienne chez les égyptiens comme chez les babyloniens; ce sera une pratique chez Jésus aussi, on sait par les Evangiles qu'il ne s'en est pas privé, un seul exemple, celui de Simon qu'il change en Céphas, ce qui se traduit par Pierre, allusion à la pierre angulaire de son Eglise terrestre, son chef. L'addition du surnom fut aussi chez eux, comme chez d'autres peuples (les romains puis, plus tard les peuples qui leur ont succédé dans l'aire méditerranéenne) une nécessité afin de pouvoir distinguer des individus de même nom personnel; tous utilisèrent la notion de x fils de y, ou le lieu d'origine, x 'de' (tel endroit), ce qui nous ramène au § des généralités ci-dessus.
- La composition du nom juif théophorique :
Aux temps les plus reculés, araméens ou même pré-araméens, les noms hébreux sont des appellatifs courants comme Adam ( homme), Laban ( blanc) ou Rachel (brebis). Les formes agglutinantes de l'hébreu ont permis de concentrer en un mot bref de multiples allusions de la vie courante comme Ruben ( voyez un fils), Naomi (mon délice), ou Salomon qui a pour racine la paix. Mais l'immense majorité des noms de l'Ancien Testament sont des ensembles de mots, voire des phrases complètes; beaucoup comprenant une appellation de Dieu, essentiellement 'El' ou 'Yah', sortes de raccourcis pour Eloha et Yahveh, noms propres, personnels de Dieu. Ce sont ces noms que l'on appelle théophoriques, exprimant le nom de Dieu inscrit dans une relation avec lui. Cette relation peut être parentale comme frère, père, oncle, roi, maître....ou une allusion claire dans le sujet sous-entendu d'un verbe à la 3ème personne: Nathan (Il a donné), Joseph (Il a ôté), Nathanaël (El a donné), Abiel (El, Dieu est père), Eliam (El, Dieu est (mon) oncle), ce dernier étant l'équivalent d'Amiel ou Ammiel (mon oncle est Dieu) qui en est le retournement, pratique bien connue chez les hébreux (1). Les linguistes décrivent ces noms comme composés du nom divin précédé d'un 'prédicat' convenant à la nature, un attribut ou à l'action de la divinité quand d'autres juxtaposent l'élément divin à un substantif dénotant une réalité cosmologique ou un phénomène de la nature (météorologique) tels les noms des anges (ex. Ra'Amiel).
Et c'est tous les sémites qui ont pratiqué ainsi avec les noms théophoriques, incluant leurs grands dieux dans leurs noms individuels: en Assyrie on trouvera les noms de Assour et Nébo; en araméen celui de Hadad; en Egypte ceux d'Amon, Thot...; en Phénicie celui d'Astoreth. Et en hébreu la variété des combinaisons possibles est très riche; il n'est pas nécessaire de connaître la langue pour reconnaitre les noms de Dieu, El et Yah sont disposés généralement soit au début soit en fin des noms. Les noms théophoriques elohistes furent habituels avant le règne de David (avant ~l'an mille précédant notre ère); après David ce sont les noms jehovistes qui deviennent plus nombreux, notamment ceux où Dieu est désigné par les termes des relations domestiques et sociales; ceux-ci disparaitront durant l'exil babylonien. Ce n'est qu'au retour de cet exil que l'on verra le retour de ces noms théophores, élohistes comme jéhovistes, et apparaitre d'autres noms comprenant celui de la divinité mais plus compliqués, constituant même de véritables professions de foi. (cf. Gray Hebreu Prop. Marnes, pp.243 & s).
La lettre 'i' ou "yod" en hébreu est toujours placée à la fin du premier membre du nom quel que soit sa formation (habituelle ou retournée) ainsi : Abiel ou Eliab, Amiel ou Eliam. Ce yod n'est pas un élément constitutif en lui-même de ces noms propres. (cf. "Abba, père : La prière du Christ et des Chrétiens" Witold Marchel; Biblical Institute Press 1971).
(1) - a) Une difficulté se présente avec la déclinaison latine qui fait d'Eliam une forme d'Elie, le grand prophète hébreu: Selon le site officiel de l'Eglise Catholique de France, Nominis, c'est bien une des formes d'Elie tout comme Elian Elias et Eliane auxquels on peut aussi ajouter Eliot ou Elisée. Tous ces derniers venant de l'hébreu El-Yah, constitué de deux appellations divines semblables pouvant se traduire par la tautologie 'Dieu-Seigneur'. D'autre part quand même, il y a les paroles prêtées au Christ appelant et répétant ce nom Eloï qui posent question !
- b) Jésus a prononcé ces paroles le jour même de sa crucifixion, à la 9ème heure du jour nous dit très précisément l'Evangile (Math. 46); voilà un moment, une situation, des paroles enfin qui sont sans nul doute très chargées de signification, c'est à l'évidence ce que l'on veut nous faire comprendre. De plus la répétition, par trois fois de ce mot Eloï, qui sonne comme un appel ultime est d'autant plus primordial. Pour l'entourage présent il aurait bien entendu appelé le prophète Elie mais il y a de quoi se poser des questions sur ces paroles ultimes : comment ne pas penser qu'il appelait plutôt Dieu, son père, El-i (mon Dieu): s'il appelle Dieu, pour les juifs c'est un blasphème et un motif supplémentaire de le condamner; pour les romains il appelle un homme, le prophète mort depuis longtemps, étant donné qu'ils ne peuvent être accessibles à la notion de dieu unique infiniment bon et agissant comme un père pour ses enfants; pour eux aussi il y a lieu de le condamner. On peut enfin librement supposer qu'il ait voulu, tout simplement en homme juif conscient de son appartenance au peuple que Dieu s'est choisi, comme un fils (fut-il tout un peuple) envers son père, l'appeler à son secours; et par cette définition nous retrouvons exactement le sens d'Eliam et de notre nom.
III En conclusion :
Ces noms de personnes n'étaient pour les hébreux nullement comparables dans leur signification à celle que nous leur prêtons de nos jours, autant en ce qui concerne nos prénoms que nos noms patronymiques; peu de personnes s'intéressent actuellement au sens profond de leur propre nomination. Pour les hébreux au contraire, pour certains juifs encore aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Les noms théophores révèlent par leur étymologie les préoccupations actuelles religieuses et les révélations divines à ceux qui les portent. Le nom de Josué leur parlait d'un sauveur, celui de Jésus fera de même bien plus tard; ce qui n'empêchait pas un style familier jouant volontiers sur le sens des mots, leur consonnances comme leurs assonnances (langue des oiseaux !).
Ainsi comprend-t-on les noms symboliques dont les prophètes usèrent pour étayer leurs propos, ceux qu'ils donnèrent à leurs enfants et ici je dois rappeler un exemple flagrant, celui de Lo-Ammi (pas mon peuple), dont j'ai parlé dans la partie histoire 'Amiel hébreu), que l'on trouve associé à son opposé chez Osée (1,4), véritable archétype de prédication, condensé vivant des plans divins alternant dans ces temps-là la punition et le pardon de Dieu : "..je dirai à Lo-Ammi: 'Tu es mon peuple' (Ammi) et il répondra 'Mon Dieu!' (Eli) (Osée 2, 25), deux appellations qui réunies forment notre nom, Amiel.
On pourrait citer aussi le patronyme Amsalem dans lequel 'Am' bien sûr c'est le peuple et 'salem' étant formé sur la racine consonantique "s-l-m" qui signifie paix-sauvegarde, ce qui pourrait désigner soit le dieu d'Israël comme dans Amiel ou bien l'espoir que ce peuple soit en paix et dans la sauvegarde divine.
Il est certain, par sa formation comme par les références bibliques le citant, que notre nom Amiel, en tant que nom hébreu puis juif, a une très ancienne origine sémitique. Il semble avoir suivi dans sa traduction onomastique la lente évolution de la foi en ce Dieu unique qui caractérise le peuple hébreu, passant du proche cadre familial, puis tribal, puis de peuple et enfin universel en quelque sorte, de l'oncle (parenté familiale précise) au peuple (même communauté de destin) en passant par le parent (relation communautaire de proximité). C'est finalement un nom universel tout à fait propre à réunir tous les hommes, au moins ceux qui croient en un seul Dieu et cela représente pas mal de monde encore de nos jours, non ? D'ailleurs un auteur contemporain est même allé jusqu'à attribuer l'épithète de "Soleil maternel" à notre nom dans une œuvre très curieuse qui associe les cultes ancestraux du soleil et de la lune avec des références phalliques et sexuelles des anciens âges et, en parallèle traduit à sa façon les noms hébreux bibliques. (cf. "The masculine cross and ancient sex worship" Sha Rocco; 1994).
Amiel et Abiel, Amiyah et Abiyah :
Les noms qui furent les plus utilisés pour nommer Dieu furent El bien sûr et plus tard Yahvé. Ce dernier nom divin est, vous le savez, la transcription latine du Tétragramme, ces 4 lettres qui expriment ce nom en hébreu, et dont ne connait pas la prononciation exacte en raison non seulement du fait que sa prononciation fut (et est) interdite chez les juifs, perdue même, mais aussi par l'absence de voyelles permettant son émission vocale. Ce nom a un diminutif affectueux toutefois, formé des deux premières lettres et se prononçant Iah. Ce diminutif est employé dans les Psaumes surtout. Si l'on remplace El par Yah dans notre nom cela donne Amiyah, avec le sens de "père" pour Am- Ab- (père- mère : parents) et une même signification, "Amiyah, Abiyah, Abiel, Amiel : Dieu est mon père-mère, mon parent". On trouve aussi le très proche Abiy'El soit "El (Dieu) est mon père"; et quelquefois même en hébreu la lettre mem (m) est changée en beth (b) ce qui confirme l'équivalence. Ce nom est celui du grand-père de Saül, le roi biblique. Abiyah est le nom d'un fils de Samuel, de la mère du roi Ezechias (nom unisexe!?), le nom d'un membre de la tribu de Benjamin et d'autres. Retourné le nom Eliyab soit "mon Dieu est père" est aussi porté par plusieurs personnages bibliques dont un chef de la tribu de Zabulon. Dans la même famille de noms on trouve aussi Abiyma'El qui signifie encore "mon père est El (Dieu)", c'est le nom du 9ème fils de Jokthan (sur 13) un descendant de Sem, le père des Sémites. Yah soit "le fort" pourrait, chez les grecs, être à l'origine du roi des dieux Jupiter (Youpiter), le dieu très fort et puissant; Amiah est toujours un patronyme et un prénom juif, synonyme d'Amiel. En grec il est traduit par Amias. D'une façon générale Ammy'El sera un "membre de la famille de Dieu", un "parent de Dieu" dont l'ensemble des membres forme la tribu du Très-Haut ou Amram, nom du père de Moïse.
(=> "Les éléments primitifs des langues ..." de Bergier, Paris & Besançon, 1850; "Les ruines ou méditation sur les révolutions des empires" ch. XXII § IX à XIII, C. F. Volney, Paris, Parmentier, 1826; "Etymologie des quatre cents prénoms utilisés en France" auteur ? Charaire à Sceaux)
- A noter toutefois les noms aux significations différentes : Eylam qui signifie le temps infini, l'éternité et Liam qui désigne "ma nation, mon peuple".
Le nom juif contemporain :
Jusqu'à leur émancipation progressive à travers l'Europe au XIXème S. les juifs ont porté surtout des noms spécifiquement juifs, qu'ils ont amené avec eux, dans leurs valises toujours prêtes, au gré d'un exil à l'autre. La tendance à donner des prénoms empruntés aux majorités non-juives et selon leur exemple est une tendance qui remonte toutefois au moyen-âge; mais elle a nettement augmenté au XVIII et surtout XIXème S. A la fin du 2ème millénaire de notre ère on peut dire que les juifs d'Israël portent des prénoms bibliques ou israëliens, tandis que ceux baignant dans des sociétés non juives portent des prénoms locaux leur permettant notamment de se fondre dans ces milieux qui les ont accueillis mais ce n'est pas une règle absolue. De toutes façons le prénom n'étant pas unique ils ont souvent un ou des prénoms complémentaires, spécifiquement juifs, destinés à la pratique et à la fidélité religieuse. Précisons ici que notre nom Amiel est utilisé aussi bien comme prénom juif que comme patronyme juif; de plus c'est un prénom dit épicène, autant porté au masculin qu'au féminin par tous, juifs et non-juifs, bien qu'en France il soit plutôt féminisé en Amielle (très peu porté).
Dans le domaine religieux, seuls les prénoms définissent l'identité et la généalogie juive comme c'est la seule mère qui transmet à sa progéniture la judéité de sa lignée, ultime bribe de la vieille déesse-mère ? A la circoncision (obligatoire pour un fils) il est nommé par son prénom suivi immédiatement de "fils de ..." et le prénom de son père; un fille c'est à sa nomination (facultative) qu'on lui attribue son prénom suivi aussi de "fille de..." et le prénom de sa mère; seules ces nominations seront durant toute leur vie utilisées pour les nommer selon la religion juive. L'importance du nom est toujours très vive chez les juifs qui conservent sa signification, la volonté d'honorer, de conserver ou de prolonger la mémoire familiale, celle d'un être cher vivant chez les Sépharades ou celle d'un mort chez les Ashkénazes; donner et porter un prénom est donc toujours un exercice difficile et éminemment essentiel chez les juifs d'aujourd'hui, comme il l'a toujours été.
(=> "Le livre des prénoms bibliques et hébraïques" M.A. Ouaknin & D. Rotnemer)
Amiel et ses dérivés juifs aux USA :
Le Dictionary of American Family Names de P. Hanks note 113 occurrences pour notre nom parmi les quelques 88,7 millions de sa database, ce qui est peu; mais la notice qui lui est cependant consacrée indique qu'avec ses dérivés Melia et Melio c'est (uniquement pour l'auteur) un patronyme juif; il ajoute également français (!) "dont l'origine est un nom personnel biblique".
Que dire de la traduction latine du nom juif Amiel ? :
Les savants linguistes du XVIIème S. s'appuyant sur les meilleures études bibliques et sur le meilleur latin trouvaient qu'à la forme simplifiée Ammiel, il serait plus conforme d'écrire Amihel, en accord avec le grec plus ancien traduisible, lui, par Ammihel, dans lequel El est ainsi mis en exergue pour sa prononciation. Pourtant ils ne sont pas ainsi en accord avec des langues encore plus anciennes telles que le chaldéen ou même l'hébreu Hammiel, dont l'écriture correspondant à un "h" aspiré qui débute dans ces langues la probable prononciation, selon eux, écriture traduite pauvrement généralement par la simple voyelle 'a', St Jérôme qui traduisit du grec au latin les textes sacrés indiquant directement cette lettre 'a' pour écrire ce nom. La signification du nom correspondant bien, selon eux toujours, à celle communément admise de "peuple de (mon) Dieu" ou si l'on considère Bède le vénérable, qui écrivit à la suite de Jérôme, "Dieu de mon peuple" car "ham" c'est "le peuple". Le même Bède dans son "Opera : In vetus et novum testamentum..." (Vol. III) et son "Hebraicorum Nominum Interpretatio" (col.382, éd. de 1688) indique bien encore "populus meus Dei, vel populi mei Deus."
Eusèbe traduit Eliam qui en est le retournement comme on le sait, par "Deus populus meus" ce qui correspond toujours à la traduction générale et Ammiel par "populus Deus meus". Prudent le savant auteur indique quand même que ce "a" peut venir d'une autre source mais sa signification reste celle indiquée. Il indique enfin que c'est faussement par contre que les maîtres scholastiques lisent "Annuel" en ses lieux et place, ce qui nous semble évident mais cocasse, voilà qui est dit.
(=> "Commentarii Librum Numeri...." Jean de Lorin; Chap. XIII, p.462, versus 13, 14 & 15; Hierati, 1623).
La Revue des Etudes Juives donne, pour sa part, l'origine hébraïque d'Amiel dans son T. VI p.299 et en parle dans le vol. 140 de 1981; elle ne cite que les exemples suivants : Amyal de Tours, du Dauphiné, qui vivait au XIVème S. et fut prud'homme; Raymont (sic) Amiel, du Val de Chanan (Alpes) en 1308 (rèf. BPH 1965 p.136); Zahir Amiel, juif de Castille en 1360 (rèf. SEF 1975, p.139).
Les différentes formes du nom Amiel juif :
Les équivalences du nom juif Amiel sont nombreuses; outre celle d'Eliam que l'on trouve déjà vers -1000, on peut citer de nos jours les formes suivantes: Ameal, Amel, Ammel, Amele, Ameli, Amijel, Amil, Amillo, Amiyl, Amlie, Ammiel (forme courante dans les Bibles jusqu'au XVIIIème S.), Amuel, Amyl...Toutes ces formes 'trahissant' les langues où elles sont utilisées. Toutefois l'orthographe commune, la plus utilisée durant notre ère, dans les documents citant notre nom (juif) est incontestablement celle de Amiel: statistiquement on voit cette forme présente dans 14 bases de données (juives) alors que toutes les autres ne le sont que dans une seule (sauf Amel dans 3 et Ammiel dans 2). Le nom Amiel (juif) est porté dans un grand nombre de langues occidentales puisque outre les langues de l'Europe de l'Ouest on le trouve aussi en polonais, biélorusse, dans les langues scandinaves, en russe, chez les sépharades (comme chez les ashkénazes); il est présent dans toutes les listes généalogiques juives plus générales et nous le trouverons malheureusement aussi dans les listes de déportés de la période nazi.
(=> "Consolidated Jewish Surname Index" site répertoire internet Avotaynu).
Après avoir été expulsés d'Espagne puis après aussi l'expulsion d'Algérie et Maroc, ces Amiel s'appelleront encore aussi Amiell, Amielo, Amiellos, voire Umiel, Omiel auxquels on peut joindre les Moyal, Moyel, Amoyal, Amoyel...selon certains. Une forme O'Miel est même connue depuis peu dans le nord de la France. L'Académie des Sciences Coloniales (en 1927, reprise par plusieurs auteurs ensuite) affirme que "Amiel, nom biblique, paraît être à l'origine de Amoyal, Amouyal, Mouial et enfin Amoiel qui fait le passage entre Amoyal et Ammiel par un changement de voyelles assez fréquent en Afrique" (du nord !).
Références pour ce qui concerne le nom Amiel d'origine sépharade : List of 7300 names of Jewish Brides and Grooms who married in Izmir between 1883 & 1901 ...; "History of the Jews of Aragon" by Regne (names recorded during 1213 to 1327) :période de développement du nom de famille; "Sangre Judia" du Père Bonin :3500 noms utilisés ou assignés aux juifs par le St Office, l'Inquisition espagnole; magazine "Etsi" dont beaucoup ont pour origine la France et l'Afrique du nord.
L'orthographe Hamyel est présente dans les deux langues sémites actuelles : des Hamyel juifs vivent aux USA et un Hamyel palestinien s'est présenté à des élections dans son pays divisé et toujours en construction. La Bible dans une de ses traductions anglaises emploie aussi cette forme.
Eliam est toujours un nom patronymique juif de nos jours et même un toponyme mais en ce cas non-juif (villes en Afrique et en Chine et nom indien; noté pour simple info).
Une curiosité synonymique et deux Braves différents au nom similaire : (complément au noms hébreux bibliques cités dans la page Amiel hébreux)
Le nom biblique Amiel ou Eliam a pu prendre de multiples formes pour sa traduction dans les Bibles des siècles passés. J'en ai trouvé une assez bizarre dans le "Dictionnaire historique & critique, dogmatique & moral de la Ste Bible" publié en 1784, de Laurent-Etienne Rondet (Tome III). Pour cet auteur du XVIIIème S. Eliam se serait écrit AEligham : que vient faire ici cet 'ae' lié, passons sur le 'h' muet, mais surtout le 'g' ?; Il cite bien pour cette définition le père de Bethsabée, fils d'Achitophel le Gilonite, et l'un des Officiers du roi David. Pour ce dernier suit la mention suivante : "Il pourrait être le même que celui qui se trouve nommé Ahia le Phélonite, dans le texte parallèle du I Paralipomèmes, XI-36". Et en effet ce nom Ahia de 1 Chr. 11,36 (classification moderne des livres) est bien l'un des Trente-Sept Braves du roi David, comme le fut Amiel, père de Bethsabée cité, pourtant juste avant (1 Chr. 11,35) sous le nom proche de.... Ahiam quand dans d'autres lectures aussi anciennes on lit bien.... Amiel. Il semblerait donc s'agir de deux mêmes personnages car d'un nom quelquefois similaire mais pourquoi cités deux fois et au même endroit ? Ces derniers noms de Braves, Ahiam et Amiel sont d'autre part cité en 2 Sa. 23,33 et 23,34 il est difficile avec cette répétition si précise dans deux livres différents d'y voir une erreur. Le 1er, Ahia(m), dont est précisé qu'il est "fils de Sarar" s'écrit par la traduction Ahia(m) ou Amiyah ce qui correspond à son nom retourné, comme Eliam est le nom retourné d'Amiel, et ils ont parfaitement la même signification, ces quatre traductions graphiques sont bien équivalentes mais désignent donc deux Braves différents ! (cf. article sur Amiyah ci-dessus). Le premier Ahia(m) étant "fils de Sarar" quand le second est lui "fils d'Achitophel", c'est Amiel. CQFD.
Les autres noms en général d'origine juive formés en -Amiel :
Il est à remarquer qu'ils sont essentiellement portés par les anglo-saxons. On peut citer les patronymes suivants : d'Amiel et Damiel (qui eux sont aussi francophones); Bamiel, Camiel, Eamiel, Famiel, Gamiel (très courant), Hamiel (idem), Jamiel (qui parait d'origine arabe toutefois), Kamiel, Lamiel (français aussi), Namiel, Oamiel (très rare), ou Pamiel. Mamiel mérite lui, un petit développement : très porté en Amérique du nord, aux Caraïbes, en Australie mais aussi en France où il est souvent précédé de la particule De, plusieurs personnages de ce nom sont connus dans l'histoire française.
On peut consulter utilement pour cette question : "Jewish Family Names and their origin..." de Walter & Eva H. Guggenheimer, 1992, Ktav Publ. House.
A distinguer patronyme et toponyme juif :
Il n'est question ici que des patronymes Amiel dont l'origine juive est incontestable. Je n'ai pas d'information (sauf New-Amiel en Israël) sur l'utilisation juive ou hébraïque de notre nom en toponymie. Toutefois le patronyme (juif ou pas) étant essentiellement représenté et concentré sur la région de Toulouse, Carcassonne, Narbonne (d'est en ouest) et Albi, Foix (du nord au sud) j'ai recherché les traces toponymiques juives dans la toponymie de l'Aude, Narbonne ayant été un grand foyer juif dans le haut-moyen-âge. Voir partie toponymie audoise.
Avertissement concernant l'appellation "Amiel nom juif" :
Il y a des noms patronymiques spécifiquement juifs mais il n'est pas dans mon propos d'en discourir. De plus, concernant les origines spécifiques des juifs d'Europe et d'Afrique du Nord, dont sont beaucoup d'Amiel juifs, il se trouve que ce nom est autant connu chez les ashkénazes (d'Europe Centrale) que chez les sépharades de la diaspora méditerranéenne. Et même si des patronymes pouvaient être considérés comme étant 'à consonnance juive' (d'une façon évidente et exclusive, ce que peut écrire par exemple le sulfureux Bernard-Henry Lévy) il se trouve que le patronyme Amiel (et ce n'est sans doute pas le seul) a aussi d'autres origines (moins évidentes mais donc inclusives) dont j'ai, je pense assez démontré la validité. Enfin ce nom juif n'a subi aucune altération majeure (on le voit écrit seulement avec 'll' ou 'mm', un 'h' ici ou là, les syllabes séparées avec l'introduction d'une apostrophe, etc...) depuis toujours, simplement traduit de l'hébreu correspondant, que ce soit dans les textes religieux ou profanes (historiques). C'est donc bien, entre autres noms, un nom juif à part entière qui n'a rien à voir avec ces noms 'remodelés' pour se fondre dans la société plus ou moins antisémite qui se développa en Europe durant les XIX et 1ère moitié du XXème S. (gangrène ravivée en ce début de 3ème millénaire du fait d'une religion importée qui d'ailleurs eut alors des rapports avec les nazis pour ce même motif) et qui atteint son paroxysme avec la montée du nazisme : Comme ces Debré bien connus dans le milieu politique en France qui portent en réalité un pseudonyme pris par leur ascendant venu de Bavière, Anschel Moïse, qui préféra changer ce nom en Anselme Després (devenu Debré en peu de générations) lorsqu'il vint en France, comme les Chevènement, Coppé, bien connus eux aussi dans le même domaine ou encore Gustave Eiffel. Ce constructeur génial, fils d'un officier du Premier Empire qui s'appelait en réalité Prenez Bönickhausen préféra le changer en un plus simple Eiffel, du nom de sa région natale, l'Eifel (pensons ici au nom qu'aurait pu prendre la fameuse tour !). Mais cette habitude resta ensuite : Patrick Benguigui qui passe mieux en Bruel sur les pochettes, le réalisateur Claude Berri qui en vérité s'appelle Berel-Langmann et le plus connu peut-être, celui de Rothschild, famille de banquiers richissime (c'est même une expression dans notre langue que de dire que le quidam n'en est pas le parent). Le premier des Rothschild qui en réalité s'appelait Isaac Elchanan conçut son nom d'emprunt (!) à partir de l'enseigne de sa boutique 'A l'écu rouge', soit en allemand 'Zum roten Schild', qu'il contracta (!). L'origine juive on le sait a toujours été difficile à vivre pour ceux qui durent l'assumer durant toute l'histoire de l'Europe; c'est vrai aussi pour d'autres émigrés pour ce qui concerne au moins le patronyme : combien d'italiens ou de polonais ont tenu à franciser leurs noms pour mieux s'intégrer ? Le patronyme fait pourtant partie intégrante de l'origine de chacun de nous, il en est un marqueur évident et essentiel et qui doit être assumé tel que nous le recevons, ne serait-ce que par respect et reconnaissance (dans tous les sens de ce terme, je sais de quoi je parle). Chacun, pour nos origines bien différentes, nous le devons à nos ancêtres, qu'ils aient été juifs, chrétiens, cathares, protestants, ou sans religion, émigrés, immigrés comme autochtones, ils nous ont légué notre nom, pour nous ici celui d'Amiel, respectons-le, respectons-nous. Mais il est primordial de respecter aussi ceux qui accueillent : pour les patronymes les plus typés évidemment la francisation est néanmoins à considérer et à recommander, sans pour autant en altérer le sens originel, et qu'on ne me dise pas que ce n'est pas possible ! C'est ce qui s'est passé pour tant de porteurs de noms depuis des siècles, et cela fait aussi partie de l'intégration librement consentie, du respect de la culture qui accueille, ou de cette notion de nos jours totalement détournée que l'on nommait fort justement "allégeance", allégeance à un pays, à une nation, un peuple et non à une secte (religieuse, communautaire ou autre). Je parle de cela dans mon ultime page (cf. Envoi).
Les Amiel juifs dans les récollections du bassin méditerranéen :
On trouve anciennement des " 'MY(')L " (à lire de droite à gauche bien sûr) soit des Eliam dans l'épigraphie africaine dès l'Antiquité; ces "L' ymm" ou Ammi El par la lecture latine, Amiel dans lequel il y a bien lieu de reconnaître le nom propre hébreu signifiant "mon oncle est El", sont des noms qui subirent la chute de l'aleph initial (lettre A) selon le linguiste et philologue allemand J. Friedrich; un phénomène que l'on retrouvera bien après dans les langues européennes sur la base latine romaine (Millac, Méliès, Millau par exemple, dérivant avec aphérèse d'Aemilius).
Dans la période moderne les Amiel juifs sont présents dans une grande partie du bassin méditerranéen. On peut en avoir une idée assez précise par les différentes bases de données telles que l'état-civil pour les pays qui en avaient un, bien sûr, mais aussi dans les Balkans, par l'annuaire téléphonique tout simplement, tout comme en Egypte, suivant les archives des synagogues d'Espagne ou de Salonique, des listes d'Afrique du nord. On peut aussi consulter de nombreuses études générales ou centrées comme : "Finding our fathers" de Dan Rottenberg qui parle de la généalogie de quelque 8000 patronymes; "History of the jews of Venice" de Cecil Roth (depuis 2000ans); "The spanish & portuguese congregation of London" de Bevis Marks (depuis 300ans) ""The sephardic jews of Bordeaux" de Francis Malino (histoire des tensions avec les ashkénazes, les juifs et Napoléon, formation du Grand Sanhédrin)"; "Les juifs d'Egypte des origines à nos jours" (M. Fargeon, Le Caire, 1938); "Histoire des juifs de Turquie" (A. Galante, Istambul, Isis, 1940); en Bulgarie "Wedding Register 1898-1929; la volumineuse "Histoire des israélites de Salonique" (J. Nehama, 7 vol. 1936-78); "Familles de Meknès" (R. Cohen)..... ou le site sephardicgen.com qui recense (avec les liens correspondants) lui aussi tous ces Amiel sépharades et quelquefois leurs familles.
Amiel et Ben Ami au Maroc et aux Açores
Ces deux appellations sont équivalentes en ce qui concerne l'élément principal; Ben, lui, désigne communément le 'fils' du père dont le nom suit. Donc Ben Ami ou Ben Amiel, c'est le fils d'Ami ou Amiel, en somme 'le fils du peuple (de mon dieu)'. L'affiliation du peuple à son Dieu est ainsi renforcée, ce nom appelle véritablement la bénédiction et la protection divine sur son peuple. Les deux préfixes AM (dans Amiel et Ami) et Ben (dans Ben Amiel Ben Ami ou Benamiel, Benami) sont dans le même registre que aben-, iben-, abe-, abou-, aboul-, avi-, bin-, abou-, a-, aj-, al-, af(f)-, bel-, ha-, i-, la-, lel-, me-, m-, o-, wi-, vi- lesquels notent usuellement les relations personnelles, filiales, locales ou professionnelles, une caractéristique personnelle (beau, grand ...). Cette affiliation tribale caractéristique des peuples anciens qui pour Amiel et ses dérivés est concentrée sur la lettre M semble finalement une abréviation du mot "de" indiquant tout simplement l'origine. Parmi ceux qui ont porté ce nom on peut citer Chlomo Ben Ami, de Tanger, historien spécialiste de l'Espagne; il fut le 1er Ambassadeur d'Israël en Espagne puis ministre du Labor Party israélien; Jacob Ben Ami acteur américain; Joseph Ben Ami directeur de publication du 'Canadian Observer'; un café de Jérusalem porte aussi ce nom.
(=> reférences voir fiche sur Issakhar Ben Ami in Amiel célèbres).
J. Tolédano qui a décortiqué les noms juifs du Maroc parle ainsi de l'origine du nom Amiel : Nom patronymique hébraïque théosophique formé de "ami" (mon peuple) et de "el" (Dieu) ayant pour sens "peuple de Dieu" - on savait tout cela, mais il ajoute - ou encore "imi el" soit : Dieu est avec moi (! origine trouvée uniquement chez cet auteur). Voulant consolider l'ancrage du nom dans la judéité on lit ensuite : L'hypothèse hébraïque est renforcée par le fait que ce nom est porté à la fois dans les communautés juives sépharades et ashkénazes ce qui est exact, puis il détaille ses sources : Le nom est attesté en Espagne dès le XIVème S. dans un document dressé à Barcelone en 1328 mentionnant Rabbi Abraham Ben Schlomo Amiel. Au Maroc à partir du XVIème S. il figure sur la liste -qu'il a dressé- des patronymes usuels de l'époque. Mais au XXème S. c'est un nom peu répandu, porté essentiellement au Maroc à Mazagan, Mogador, Safi, Meknès, Casablanca et en Algérie, dans l'Oranais et l'Algérois, en Tunisie, sous cette forme ou sous les orthographes proches d'Amoyal, Amouyel.
Le nom Amiel a été apporté aux Açores, ces iles de l'Atlantique par des commerçants ou industriels venant du Maroc voisin et une petite communauté s'y créa après 1818 notamment à Ponta Delgada.
La signification d' Amiel selon St Jérôme, mieux précisé par le français du XVIIème S et de nos jours par la Bible Agapé :
- La meilleure référence judéo-chrétienne pour la signification biblique d'Amiel en hébreu est sans doute simplement celle que l'on trouve dans St Jérôme, le traducteur de l'Ecriture du grec en latin (ma référence : "Diui Hieroniensis Stridoniensis Epistolarum tertius tomus.... cap. : De nominibus hebraïcis secundo libro" de l'édition de Paris 1578): Amiel (qui est la seule graphie indiquée) y est ainsi défini : Populus meus Dei soit littéralement 'Dieu de mon peuple'.
- En 1679 paraissait "Le Nouveau testament de la Ste Bible" de M. de Bérulle à Grenoble chez Faure. La traduction d'Amiel y est mieux indiquée en langue françoise : "mon peuple est de Dieu" ou "le Dieu de mon peuple". Cette forme permet de mieux inverser les termes de la traduction pour Amiel et Eliam et par là de mieux concevoir la place du yod.
- La Bible Agapé est censée unir harmonieusement ceux qui se veulent les enfants d'un même père divin; sans doute pouvons-nous penser que la signification des mots utilisés dans les Ecritures, surtout lorsqu'il s'agit de noms, puisse faire l'objet d'un consensus. Amiel ou Ammiy'El (écrit ainsi dans le Strong dictionnaire biblique de référence anglo-saxon et traduit par "mon parent est Dieu") y est compris comme "Dieu est membre de la (ma) famille" ou plus simplement et authentiquement, originellement "Dieu est un allié dévoué" et composé de "am" défini comme peuple, tribu, nation, gens, personnes, membre d'un même peuple, compatriote et "El" dieu, atta-el-roi, force. Am ou Ammi venant étymologiquement lui-même de Amam, le verbe obscurcir, assombrir, devenir sombre. El c'est Dieu bien sûr, en tant que puissant, mais dit cette Bible dans une 2ème définition, ce sont originellement les êtres puissants, de haut rang, les héros, voire même les faux dieux; on a vu combien ce fut difficile pour le dieu unique de débarrasser les hommes de ces idoles, de passer du pluriel Elohim au singulier Eloha; ce sont enfin d'une manière plus originelle et profonde dans ses racines, les choses puissantes de la nature et le mot signifiant initialement la force et la puissance. El est étymologiquement le bélier, les piliers (poteaux et vestibules) l'homme ou l'arbre puissant. Voilà véritablement les racines même, quasiment mythiques des origines des éléments syllabiques de notre nom Amiel hébreu puis juif, la boucle est bouclée ! Force est enfin de constater que l'Ancien Testament fourmille de telles comparaisons et compositions analogiques et métaphoriques pour parler simplement aux hommes de l'action divine, contribuant par là à rapprocher Dieu des hommes ou plutôt les hommes de Dieu.
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