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Revision [18008]

Last edited on 2019-10-05 17:26:43 by JeanLouis
Additions:
"Comme tu vois autrui, saches te voir toi-même, Apprends à te traiter comme un autre prochain." Ce qui sonne comme un rappel d'un philosophe grec antique bien connu évidemment.
"Le sous-sol de toute civilisation c'est la moralité moyenne des citoyens. Si les juges, les élus du peuple, les grands commis de l'Etat, les officiers supérieurs....se dévoient, il y a quelque chose de pire que la fornication...."; malheureusement cela est commun de nos jours.
Deletions:
"Comme tu vois autrui, saches te voir toi-même, Apprends à te traiter comme un autre prochain." ce qui sonne comme un rappel d'un philosophe grec antique bien connu évidemment.
"Le sous-sol de toute civilisation c'est la moralité moyenne des citoyens. si les juges, les élus du peuple, les grands commis de l'Etat, les officiers supérieurs....se dévoient, il y a quelque chose de pire que la fornication...."; malheureusement cela est commun de nos jours.


Revision [17535]

Edited on 2019-07-19 11:00:50 by JeanLouis
Additions:
Tout son ressenti envers la France s'explique par plusieurs facteurs : Il a été élevé par une génération qui a subi le joug de celle-ci durant la période napoléonienne; un joug civilement et moralement imposé que le cœur des suisses n'accepta pas. Quand il naït, la république de Genève vient de reconquérir sa liberté, liée à la défaite de l'empereur. Il faut ensuite y joindre une antipathie profonde pour le catholicisme dont la France est la "fille" de Rome et dont ses souverains ont incité les protestants à fuir cette nation par leur intransigeance; ce fut le cas de son ancêtre, le castrais Jean Amiel faut-il le rappeler.
En balance il y a son fort penchant pour le germanisme : "Je me sens en communauté d'esprit avec les Goethe, les Hegel, ...: les Leibnitz,...tandis que les philosophes français, rhéteurs ou géomètres, malgré leurs hautes qualités, me laissent froid, parce qu'ils ne portent pas en eux la somme de la vie universelle....qu'ils ne grandissent pas l'existence." Bien que très sévère donc, il voit les français en maîtres de ce qui lui manque, l'art d'écrire, de composer, d'exposer, de vivre mais, vu que cela lui manque, il est porté à le mésestimer ! Aux certitudes françaises il préfère d'abord les certitudes calvinistes et finalement les certitudes germaniques : "J'espère sincèrement" écrit-il après la guerre de 1870, "que de cette guerre sortira un nouvel équilibre, une nouvelle Europe où l'élément germanique aura la suprématie". Peut-on vraiment lui reprocher d'avoir souhaité cela ? N'oublions pas dans quel milieu il a grandi et s'il avait vécu la suite, il est probable qu'il l'aurait regretté...de toutes façons il me semble qu'il a raison sur ce point : l'Allemagne a bien à nouveau réussi à s'imposer sur la scène européenne, non seulement dans l'entre deux-guerres mais assez rapidement après la 2ème guerre mondiale et toujours de nos jours, il faut bien le constater.
Pour ce qui est de la langue, bien qu'il sut discerner ses qualités et ses défauts et tout en admirant inconditionnellement Victor Hugo ou Lamartine, on sait qu'il n'a pas souvent parlé favorablement de sa langue paternelle. A cet égard il a par ex. employé le qualificatif de 'spécieux'; une spéciosité qui a des échos hégeliens qu'entendra le français Renan : c'est le monde même qu'expriment la grammaire et le lexique français qui serait faux, un monde cartésien de substances figées, là où la modernité spéculative ne voit plus que du devenir ou, autrement dit, de la dialectique. Il a regretté que le français ne put exprimer comme l'eut fait l'allemand, ce qu'il sentait en lui de complexe, d'inchoactif (de débutant, dans la formation de sa pensée), de mouvant, les profondeurs qui le tenaient en communication avec la philosophie et la musique germanique. Il s'est posé et nous pose une intéressante uchronie : Que serait devenu la langue française si ses élites du XVIIème S. avaient continué à préférer Ronsard à la tyrannie imposée par Malherbe ? Ce dernier ayant imprimé à la langue son caractère classique, en la régentant, la disciplinant, l'installant dans ce qui sera, un peu grâce a elle, le Grand Siècle. Son style en langue française est cependant clair, solide, alerte, efficace et riche de couleur et d'images ! Il la possède merveilleusement. L'incontournable Renan dont Amiel était un lecteur habituel put écrire après sa mort : "Ce fut certainement une des têtes spéculatives les plus fortes qui, de 1845 à 1880, réfléchirent sur les choses." ceci bien qu'il ait pu affirmer auparavant qu'il "était un raté" ! Inversement il faut savoir qu'Amiel se moqua du maître, estimant sa langue parfois trop "jolie", ceci bien que l'on puisse lire, même dans ses mentions les moins favorables, une pointe d'admiration; c'est un "je t'aime moi non plus" qui liait littérairement ces deux-là !
Bien qu'il fut un habile pratiquant du français donc, il n'aimait pas beaucoup ses locuteurs d'outre Alpes, on a entrevu ses raisons. Un ex. précis peut être donné par une lettre qu'il envoya au journal 'Le Temps' retranscrite dans son Journal Intime, en réaction et appui d'un article de George Sand à propos de la chute du IIème Empire et l'accouchement difficile d'une IIIème République Française. Et dans son propre journal où figure sa copie, il introduit ainsi sa lettre ://Dans l'océan des niaiseries furibondes débitées depuis trois ans sur Napoléon III, jugements ineptes qui jugent l'esprit français et certes ne lui font guère honneur, voici venir une pensée virile et une opinion sensée. Cette page est écrite par une femme. George Sand, la première, parle comme un témoin et un juré, probe et libre, et fait honte à sa nation de sa stupidité critique. // Suit donc sa lettre au Temps : //La France a mérité largement toutes ses catastrophes et il n'est pas sûr que le châtiment ait été assez cuisant, car la conscience nationale n'est pas encore touchée// (il parle bien sûr de la perte de l'Alsace-Lorraine, je pense que de nos jours cette conscience n'existe même plus !) //Elle accuse et ne s'accuse pas; elle accuse l'empereur mais ne s'accuse pas de l'empire// (est-ce différent de nos jours ?)// Sous la question politique, elle ne voit pas la question sociale, morale //(on dit sociétale aujourd'hui en novlangue)//, religieuse //(que la laïcité a voulu éradiquer à partir des années 1880 en la remplaçant...) //qui importe bien davantage, elle ne voit pas que c'est l'âme chez elle qui est malade, le cœur qui est vicié, les goûts qui sont corrompus, les idées quoi sont gauchies;//(quel visionnaire !)// elle ne voit pas qu'elle est césarienne et byzantine de fait, malgré ses exécrations et protestations théâtrales //(dominatrice et formaliste malgré ses affirmations contraires, ce qui oh combien de nos jours, est relayé par tant de médias)// ....Elle était formidable, elle demeure inquiétante...// (intellectuels, bien penseurs et pensants, gouvernants, on vous regarde depuis même le passé!). (extrait de la lettre envoyée le 30 janvier 1873). On pourrait ajouter que ces deux figures majeures de la langue française se connaissaient; Amiel lut avec plaisir les parutions de George Sand, ils se rencontrèrent dans une excursion et en 1849 il affirma qu'il préférait avoir tort avec elle que raison contre elle, c'est tout dire !
S'il a apprécié les romans de George Sand et admiré la Chartreuse de Parme de Stendhal, c'est surtout parce que cette dernière œuvre introduit, ouvre une nouvelle littérature, celle des 'romans naturalistes'; il ne goûtait toutefois guère la manière de travailler d'Henry Beyle, lui reprochant notamment d'avoir "introduit la technologie dans la littérature" (que dirait-il, là aussi, de nos jours dans l'océan des productions littéraires conçues souvent d'après un échafaudage ou canevas initial propre à chaque "auteur" et rabâché à chaque production, caché sous des situations, lieux et personnages différents !). Cependant, ces deux-là se sont-ils connus ? Genève est ma foi assez proche de Grenoble et il y a la question non résolue de savoir pourquoi Stendhal a nommé son dernier personnage littéraire initialement Amiel, puis finalement Lamiel, titre définitif de son ultime œuvre inachevée ? (cf. ce sujet page Amiel dans la littérature).
Extrait du Journal Intime du Jeudi 17 Avril 1862 (il a 41ans et toujours célibataire) : "(11heures du soir) ....//Il n'y a plus qu'un toit où l'hospitalité puisse s'offrir au nom d'Amiel, et ce toit est celui d'une veuve. Nous ne sommes plus que quatre têtes conservant encore le nom de la famille, et, de ces quatre, deux sont des femmes, la 3ème est masculine mais chancelante; moi, quatrième, je suis donc le dernier des Abencérages...//(les Abencérages font référence à une fiction de Chateaubriand parue en 1826 qui, sur une base historique, relate les aventures du dernier rejeton de cette famille maure qui, en Espagne, régnait sur Grenade au XVème S., et se nommait Aben Hamet, clin d'œil arabe à notre nom ?) //C'est une famille entière qui disparait avec moi; c'est un nom biffé du registre civique. Il y a là de quoi réfléchir. Socialement je dois maintenir le nom que j'ai reçu. Individuellement je dois chercher à réaliser mes aspirations à la vie vraie et bonne.// Il ne se mariera malheureusement jamais, on l'a dit, mais son nom est resté, superbement resté !
Pour lui la musique est la plus haute manifestation de l'art, car elle est l'art du sentiment, "l'art de la vie intérieure par excellence" et dans ce domaine on retrouve son mysticisme religieux (cf. son aphorisme sur la musique : "La musique c'est l'harmonie, l'harmonie c'est la perfection, la perfection c'est le rêve et le rêve c'est le ciel").
Il fit pour les journaux de multiples comptes-rendus de concerts et inaugura même ce genre de critique. Dans le Journal de Genève daté du 20 février 1859, il signera son article par ces trois lettres énigmatiques à première vue : "I.C.L." tant, parait-il, il lui a couté de l'écrire et tant aussi en raison de sa "timidité incurable qui lui procurait l'appréhension de toute action publique". Cette technique de camouflage fut utilisée également par lui pour cacher les noms de ses possibles candidates au mariage que l'on trouve dans son Journal. Derrière ce mystérieux ICL se cachent les lettres terminant ses prénoms et nom, tout simplement !
Jusqu'au milieu du siècle la musique était en effet, encore largement perçue dans la Genève protestante comme un divertissement, un vice largement condamnable. Amiel, qui fréquentera dans la 2ème moitié de son siècle avec assiduité Beethoven, Haydn ou Mozart, pas moins, fait partie bel et bien des pionniers d'une nouvelle façon, pour son temps, d'écouter cette musique. Il entretint un rapport notable avec l'auteur de la 9ème symphonie, figure centrale de la grande musique dont le culte est alors en train de s'installer en Europe. (cf. Bull. de la Soc. d'Histoire & d'Archéologie de Genève 2002-2005 T. 32 à 35, Communications, p.194, Genève).
Deletions:
Tout son ressenti envers la France s'explique par plusieurs facteurs : Il a été élevé par une génération qui a subi le joug de celle-ci durant la période napoléonienne; un joug civilement et moralement imposé que le cœur des suisses n'accepta pas. Quand il naït, la république de Genève vient de reconquérir sa liberté, liée à la défaite de l'empereur. Il faut ensuite y joindre une antipathie profonde pour le catholicisme dont la France est la "fille" de Rome et dont ses souverains ont incité les protestants à fuir cette nation par leur intransigeance. En balance il y a son fort penchant pour le germanisme : "Je me sens en communauté d'esprit avec les Goethe, les Hegel, ...: les Leibnitz,...tandis que les philosophes français, rhéteurs ou géomètres, malgré leurs hautes qualités, me laissent froid, parce qu'ils ne portent pas en eux la somme de la vie universelle....qu'ils ne grandissent pas l'existence." Bien que très sévère donc, il voit les français en maîtres de ce qui lui manque, l'art d'écrire, de composer, d'exposer, de vivre mais, vu que cela lui manque, il est porté à le mésestimer ! Aux certitudes françaises il préfère d'abord les certitudes calvinistes et finalement les certitudes germaniques : "J'espère sincèrement" écrit-il après la guerre de 1870, "que de cette guerre sortira un nouvel équilibre, une nouvelle Europe où l'élément germanique aura la suprématie". Peut-on vraiment lui reprocher d'avoir souhaité cela ? N'oublions pas dans quel milieu il a grandi et s'il avait vécu la suite, il est probable qu'il l'aurait regretté...de toutes façons il me semble qu'il a raison sur ce point : l'Allemagne a bien à nouveau réussi à s'imposer sur la scène européenne de nos jours.
Pour ce qui est de la langue, bien qu'il sut discerner ses qualités et ses défauts et tout en admirant inconditionnellement Victor Hugo ou Lamartine, on sait qu'il n'a pas souvent parlé favorablement de sa langue paternelle. A cet égard il a par ex. employé le qualificatif de 'spécieux'; une spéciosité qui a des échos hégeliens qu'entendra le français Renan : c'est le monde même qu'expriment la grammaire et le lexique français qui serait faux, un monde cartésien de substances figées, là où la modernité spéculative ne voit plus que du devenir ou, autrement dit, de la dialectique. Il a regretté que le français ne put exprimer comme l'eut fait l'allemand, ce qu'il sentait en lui de complexe, d'inchoactif (débutant, dans la formation de sa pensée), de mouvant, les profondeurs qui le tenaient en communication avec la philosophie et la musique germanique. Il s'est posé et nous pose une intéressante uchronie : Que serait devenu la langue française si ses élites du XVIIème S. avaient continué à préférer Ronsard à la tyrannie imposée par Malherbe ? Ce dernier ayant imprimé à la langue son caractère classique, en la régentant, la disciplinant, l'installant dans ce qui sera, un peu grâce a elle, le Grand Siècle. Son style en langue française est cependant clair, solide, alerte, efficace et riche de couleur et d'images ! L'incontournable Renan dont Amiel était un lecteur habituel put écrire après sa mort : "Ce fut certainement une des têtes spéculatives les plus fortes qui, de 1845 à 1880, réfléchirent sur les choses." ceci bien qu'il ait pu affirmer auparavant qu'il "était un raté" ! Inversement il faut savoir qu'Amiel se moqua du maître, estimant sa langue parfois trop "jolie", ceci bien que l'on puisse lire, même dans ses mentions les moins favorables, une pointe d'admiration; c'est un "je t'aime moi non plus" qui liait ces deux-là !
Bien qu'il fut un habile pratiquant du français donc, il n'aimait pas beaucoup ses locuteurs d'outre Alpes, on a entrevu ses raisons. Un ex. précis peut être donné par une lettre qu'il envoya au journal 'Le Temps' retranscrite dans son Journal Intime, en réaction et appui d'un article de George Sand à propos de la chute du IIème Empire et l'accouchement difficile d'une IIIème République Française. Et dans son propre journal où figure sa copie, il introduit ainsi sa lettre ://Dans l'océan des niaiseries furibondes débitées depuis trois ans sur Napoléon III, jugements ineptes qui jugent l'esprit français et certes ne lui font guère honneur, voici venir une pensée virile et une opinion sensée. Cette page est écrite par une femme. George Sand, la première, parle comme un témoin et un juré, probe et libre, et fait honte à sa nation de sa stupidité critique. // Suit donc sa lettre au Temps : //La France a mérité largement toutes ses catastrophes et il n'est pas sûr que le châtiment ait été assez cuisant, car la conscience nationale n'est pas encore touchée// (il parle bien sûr de la perte de l'Alsace-Lorraine, je pense que de nos jours cette conscience n'existe même plus !) //Elle accuse et ne s'accuse pas; elle accuse l'empereur mais ne s'accuse pas de l'empire// (est-ce différent de nos jours ?)// Sous la question politique, elle ne voit pas la question sociale, morale //(on dit sociétale aujourd'hui en novlangue)//, religieuse //(que la laïcité a voulu éradiquer à partir des années 1880...) //qui importe bien davantage, elle ne voit pas que c'est l'âme chez elle qui est malade, le cœur qui est vicié, les goûts qui sont corrompus, les idées quoi sont gauchies;//(quel visionnaire !)// elle ne voit pas qu'elle est césarienne et byzantine de fait, malgré ses exécrations et protestations théâtrales //(dominatrice et formaliste malgré ses affirmations contraires, ce qui oh combien de nos jours, est relayé par tant de médias)// ....Elle était formidable, elle demeure inquiétante...// (intellectuels, bien penseurs et pensants, gouvernants, on vous regarde depuis même le passé!). (extrait de la lettre envoyée le 30 janvier 1873). On pourrait ajouter que ces deux figures majeures de la langue française se connaissaient; Amiel lut avec plaisir les parutions de George Sand, ils se rencontrèrent dans une excursion et en 1849 il affirma qu'il préférait avoir tort avec elle que raison contre elle, c'est tout dire !
S'il a apprécié les romans de George Sand et admiré la Chartreuse de Parme de Stendhal, c'est surtout parce que cette dernière œuvre introduit, ouvre une nouvelle littérature, celle des 'romans naturalistes'; il ne goûtait toutefois guère la manière de travailler d'Henry Beyle, lui reprochant notamment d'avoir "introduit la technologie dans la littérature" (que dirait-il, là aussi, de nos jours dans l'océan des productions littéraires conçues souvent d'après un échafaudage ou canevas initial propre à chaque "auteur" et rabâché à chaque production, caché sous des situations, lieux et personnages différents !).
Extrait du Journal Intime du Jeudi 17 Avril 1862 (il a 41ans et toujours célibataire) : "(11heures du soir) ....//Il n'y a plus qu'un toit où l'hospitalité puisse s'offrir au nom d'Amiel, et ce toit est celui d'une veuve. Nous ne sommes plus que quatre têtes conservant encore le nom de la famille, et, de ces quatre, deux sont des femmes, la 3ème est masculine mais chancelante; moi, quatrième, je suis donc le dernier des Abencérages...//(les Abencérages font référence à une fiction de Chateaubriand parue en 1826 qui, sur une base historique, relate les aventures du dernier rejeton de cette famille maure qui, en Espagne, régnait sur Grenade au XVème S., et se nommait Aben Hamet, clin d'œil à notre nom ?) //C'est une famille entière qui disparait avec moi; c'est un nom biffé du registre civique. Il y a là de quoi réfléchir. Socialement je dois maintenir le nom que j'ai reçu. Individuellement je dois chercher à réaliser mes aspirations à la vie vraie et bonne.// Il ne se mariera malheureusement jamais, on l'a dit, mais son nom est resté, superbement resté !
Pour lui la musique est la plus haute manifestation de l'art, car elle est l'art du sentiment, "l'art de la vie intérieure par excellence" et dans ce domaine on retrouve son mysticisme religieux (cf. son aphorisme sur la musique : la musique c'est l'harmonie, l'harmonie c'est la perfection, la perfection c'est le rêve et le rêve c'est le ciel).
Il fit pour les journaux de multiples comptes rendus de concerts et inaugura même ce genre de critique. Dans le Journal de Genève daté du 20 février 1859, il signera son article par ces trois lettres énigmatiques à première vue : "I.C.L." tant, parait-il, il lui a couté de l'écrire et tant aussi en raison de sa "timidité incurable qui lui procurait l'appréhension de toute action publique". Cette technique de camouflage fut utilisée également par lui pour cacher les noms de ses possibles candidates au mariage que l'on trouve dans son Journal. Derrière ce mystérieux ICL se cachent les lettres terminant ses prénoms et nom, tout simplement !
Jusqu'au milieu du siècle la musique était en effet, encore largement perçue à Genève comme un divertissement, un vice largement condamnable. Amiel, qui fréquente avec assiduité Beethoven, Haydn ou Mozart, pas moins, fait partie bel et bien des pionniers d'une nouvelle façon, pour son temps, d'écouter cette musique. Il entretint un rapport notable avec l'auteur de la 9ème symphonie, figure centrale de la grande musique dont le culte est alors en train de s'installer en Europe. (cf. Bull. de la Soc. d'Histoire & d'Archéologie de Genève 2002-2005 T. 32 à 35, Communications, p.194, Genève).


Revision [17534]

Edited on 2019-07-19 10:26:46 by JeanLouis
Additions:
On sait que le journal d'Amiel fit l'admiration de Dostoïevski pour notamment l'expérience religieuse et qui est prioritaire chez lui. Il cherche toute sa vie une synthèse du spirituel et du cosmique. Elevé dans un bastion du protestantisme (c'est à Genève que naîtra de son temps déjà la toute première organisation internationale, celle de l'Union Postale Universelle et de la plus connue Croix-Rouge Internationale et enfin la Société des Nations après la guerre de 14) et dans cette foi, dans une vision aussi humaniste et universelle, il se détachera du formalisme et cherchera à revenir à la centralité divine, à renoncer à soi pour ouvrir toutes les possibilités et anticiper autant la mort que son corollaire, la résurrection. Il relève finalement d'une mystique très contemporaine et novatrice.
Deletions:
On sait que le journal d'Amiel fit l'admiration de Dostoïevski pour notamment l'expérience religieuse et qui est prioritaire chez lui. Il cherche toute sa vie une synthèse du spirituel et du cosmique. Elevé dans un bastion du protestantisme (c'est à Genève que naîtra la Société des Nations, la Croix-Rouge Internationale) et dans cette foi, dans une vision aussi humaniste et universelle, il se détachera du formalisme et cherchera à revenir à la centralité divine, à renoncer à soi pour ouvrir toutes les possibilités et anticiper autant la mort que son corollaire, la résurrection. Il relève finalement d'une mystique très contemporaine et novatrice.


Revision [17533]

Edited on 2019-07-19 10:22:01 by JeanLouis
Additions:
L'analyse de soi est souvent au centre de ses réflexions comme on le sait. Il a pourtant pu déclarer "Je suis comme n'étant pas"; son angoisse profonde et maladive qui le tracassa tout au long de sa vie étant étendue jusqu'à la mise en question de la réalité de lui-même; son sujet se regardant comme objet et se réduisant à celui-ci, il croit perdre par là sa réalité de sujet; il écrivit en effet dans son journal le 14 mai 1861 ce constat: "Je suis l'homme le moins caractéristique possible...Je ne me suis emprisonné dans aucune nature individuelle, moins dans la mienne que dans toute autre...." qu'il précise le 18 avril 1876 : "Le journal intime me dépersonnalise tellement que je suis pour moi un autre et que j'ai à refaire la connaissance biographique et morale de cet autre.". Ce regard sur soi peut, pour ce qui concerne la signification de son nom Amiel et du nôtre, nous faire penser à l'origine hébraïque et notamment au nom de Dieu révélé à Moïse : "Je suis celui qui suis" qui en est l'antithèse.
Deletions:
L'analyse de soi est souvent au centre de ses réflexions comme on le sait. Il a pourtant pu déclarer "Je suis comme n'étant pas"; son angoisse profonde et maladive qui le tracassa tout au long de sa vie étant étendue jusqu'à la mise en question de la réalité de lui-même; son sujet se regardant comme objet et se réduisant à celui-ci, il croit perdre par là sa réalité de sujet. Ce regard sur soi peut, pour ce qui concerne la signification de son nom Amiel nous faire penser à l'origine hébraïque et notamment au nom de Dieu révélé à Moïse : "Je suis celui qui suis" qui en est l'antithèse.


Revision [16996]

Edited on 2019-03-04 15:15:46 by JeanLouis
Additions:
Il consacre dans son propre journal beaucoup de notations à la musique; en dilettante averti il chanta dans sa jeunesse dans le chœur du Conservatoire de Genève et suivit assidument les séances publiques de musique de chambre dont c'était alors le 1er essor à partir des années 1850.
Jusqu'au milieu du siècle la musique était en effet, encore largement perçue à Genève comme un divertissement, un vice largement condamnable. Amiel, qui fréquente avec assiduité Beethoven, Haydn ou Mozart, pas moins, fait partie bel et bien des pionniers d'une nouvelle façon, pour son temps, d'écouter cette musique. Il entretint un rapport notable avec l'auteur de la 9ème symphonie, figure centrale de la grande musique dont le culte est alors en train de s'installer en Europe. (cf. Bull. de la Soc. d'Histoire & d'Archéologie de Genève 2002-2005 T. 32 à 35, Communications, p.194, Genève).
Deletions:
Il consacre dans son propre journal beaucoup de notations à la musique; en dilettante averti il chanta dans sa jeunesse dans le chœur du Conservatoire de Genève et suivit assidument les séances publiques de musique de chambre dont c'était alors le 1er essor. Amiel, avec Beethoven, Haydn et Mozart, pas moins, fait partie bel et bien des pionniers d'une nouvelle façon, pour son temps, d'écouter cette musique. (cf. Bull. de la Soc. d'Histoire & d'Archéologie de Genève 2002-2005 T. 32 à 35, Genève).


Revision [16472]

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