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GUILLAUME AMIEL SAUVEURS de JUIFS :
Beaucoup de français ont contribué à cacher, faire passer à l'étranger de nombreux juifs dans toute la France occupée; jusqu'en 1942 il s'agissait surtout de passer la ligne de démarcation fixée par les allemands, divisant le pays en deux zones, la partie sud-est étant dit libre. En décembre 1942 les allemands suppriment cette distinction en représailles des actions en Algérie et c'est tout le territoire qui passe sous la coupe allemande. Il y eut des camps d'internement de juifs un peu partout, dont un à Aulus-les-Bains en Ariège. Des razzias de familles juives permirent de les parquer dans ces prisons provisoires avant d'être embarqués pour un dernier voyage d'où peu sont revenus. Mais Aulus est assez retiré au cœur des Pyrénées; il fallait, pour transporter ces pauvres hères à la gare d'embarquement ferroviaire, des autobus, et c'est parce que Guillaume Amiel demeurant à Aulus (et il y a toujours des Amiel dans ce village) faisait le transport de voyageurs, notamment pour la station thermale et ses hôtels, qu'il fut réquisitionné pour ce transport inhabituel, la veille seulement du jour où il devait l'exécuter. Comment cela s'est-il passé ?
Il faut savoir que les juifs dont il s'agit sont pour la plupart, soit des émigrés volontaires du centre de l'Europe des années 1930 ayant déjà voulu fuir Hitler, soit des immigrés de force que le même Fürher dégagea sans ménagement d'Allemagne dès que cela fut possible vers la zone dite libre de la France. Le gouvernement pétainiste collaborationniste bien que ne les obligeant pas au port de l'étoile jaune car il désirait montrer à l'opinion une figure autonome - il rechigna d'ailleurs aussi à faire arrêter les juifs français -, parqua quand même ces "rebuts de la société allemande" dans des camps disséminés dans tout le sud de la France. A Aulus il y en eut près de 700. Le 19 Août 1942 à l'instar de ce qui se passa à Paris avec la rafle du Vel d'Hiv des opérations similaires furent montées un peu partout, dont notamment à Aulus, pour arrêter non seulement ces juifs étrangers mais tous les juifs du département, la collaboration se faisant de plus en plus précise. Certains parmi eux, inquiets, avaient déjà quitté le village pour se réfugier tant bien que mal dans les forêts et les montagnes ariégeoises. La rafle devait bien entendu rester secrète dans les services de police et de gendarmerie. Mais on eut besoin des services de transport pour emmener tous ces pauvres gens rapidement. On fit appel - mais au dernier moment - aux service de transports de Guillaume Amiel et le brave homme put avertir au moins une partie de ceux qu'il devait transporter; c'est ainsi que 73 juifs polonais purent échapper au piège qui se déploya le 26 Août à 4h du matin. Douze d'entr'eux furent cependant repris et c'est pas moins de 174 juifs qui furent arrêtés ce jour-là à Aulus et transportés au camp du Vernet toujours en Ariège. Cent autres furent arrêtés dans le département. Le 1er Septembre 1942 un train les amènera tous à Drancy, dans la banlieue de Paris. De là, le 4 Septembre, un millier de juifs dont ceux d'Aulus sera envoyé vers la mort, dans le camp d'Auschwitz. Une autre rafle mais cette fois par les allemands directement eut lieu encore ici le 9 Janvier 1943, peu de temps après l'envahissement de la zone libre, rafle où furent arrêtés 266 autres juifs. Un monument commémore ces deux douloureux évènements à Aulus. Des rescapés ou des familles juives se souviennent de ce jour fatal d'Août 1942, de l'action du transporteur Amiel et encore aujourd'hui des recherches sont faites sur des personnes qui ont pu s'échapper, comme le couple Rubeinstein ou Margot Hein.
(=> d'après un article du quotidien "La Dépêche du Midi" du 13/09/2012).
GABRIEL AMIEL son fils, construit un MONUMENT AUX MORTS :
Chef d'entreprise de transport à la retraite, un coup de cœur pour un endroit tranquille, Gabriel Amiel s'est installé à Montmaurin avec son épouse. Des amis élus l'ont convaincu de rejoindre la liste municipale en 2014. Il s'est ainsi retrouvé maire pour quelques mois jusqu'à l'invalidation du scrutin. Aujourd'hui, il est dans l'opposition. Sa fierté est d'avoir fait en si peu de temps ériger le monument aux morts communal : «Le marbre portant les inscriptions des victimes de 1914-1918 était dans l'église et tout le monde n'y va pas. Nous devons respect et reconnaissance à ceux qui sont morts pour la France».
Cette année, au pied de la stèle, il a déposé une gerbe de fleurs naturelles confectionnée par son épouse. Il manifeste son indignation car aucune cérémonie officielle n'a été organisée. Dans sa famille, «la patrie, c'est sacré». M. Amiel évoque volontiers avec une fierté retenue son grand père Gabriel, gazé pendant la Grande guerre, décédé quelques années plus tard et son père Guillaume, victime des bombardements italiens en Belgique en 1939, alors qu'il conduisait un car de quinze soldats. Il y eut cinq victimes. Guillaume fera partie des quatorze blessés, criblé d'éclats d'obus. A son retour en France, il entrera dans la Résistance, chez lui à Aulus dans l'Ariège, une résistance active, à quelques encablures de la frontière avec l'Espagne. «Avant la Libération, les Allemands le cherchaient, ils voulaient le fusiller, heureusement, il s'était échappé avant». Même s'il n'était qu'un garçonnet, Gabriel reste marqué par cette période. Lui aussi deviendra un combattant pour la France qu'il servira en Algérie. Alors, Gabriel Amiel tient beaucoup au devoir de mémoire.
(=> Article de La Dêpèche du Midi du 26 novembre 2017 Ed. Ariège).
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