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Additions:
L'histoire de ce domaine viticole prend de l'ampleur au début du XIXème S. et, périodiquement perfectionné durant deux siècles, il est de nos jours un grand domaine viticole où sont élaborés de précieux millésimes de vins très divers, selon des techniques originales mais aussi parfois ancestrales et bien connues dans la région. Une région aux qualités climatiques exceptionnelles dues non seulement à l'ensoleillement (la région de Maury est proche de Montlouis et Targassonne, les lieux les plus ensoleillés de France) mais aussi aux vents qui parfois peuvent être violents, à une faible pluviosité lors de la période d'été, des sols de schistes mais aussi de marnes noires, une exposition devant la barrière calcaire des Corbières qui lui font une toile de fond la réchauffant en hiver, haute falaise où campent encore fièrement les ruines altières de la citadelle de Quéribus qui surveillait la terre roussillonnaise autrefois aragonaise, aidé par les autres forteresses dites du "vertige" que sont Peyrepertuse et Puylaurens à l'est et d'autres moindres comme Aguilar ou Padern, ....Un terroir aux altitudes différentes enfin: étendu sur 155 ha il se compose d'une partie en plaine, sur 75 ha autour de la cave et de son terre-plein où mûrissent, alignées au soleil je ne sais combien de bonbonnes de vin et 80 ha au-dessus de 150m d'altitude, côté nord, bien exposé aux rayons de l'astre du jour. Alphonse Daudet a conté merveilleusement l'histoire d'un curé proche, celui de Cucugnan, commune juste au-dessus, dans les Corbières, et à qui appartient d'ailleurs Quéribus; à son imitation je vais vous raconter une histoire peu ordinaire des propriétaires successifs de ce domaine viticole.
C'était encore au début du XIXème S. la propriété de l'évêque de Perpignan; on y produisait du vin de cépage muscat qui donnait, on s'en doute un excellent vin de messe sur l'autel de la cathédrale pour les papilles de monseigneur. Mais monseigneur se régalait aussi de parties de cartes qu'il disputait avec des membres de la société civile de la préfecture des Pyrénées-Orientales. Parmi ces fonctionnaires et gens de bien se trouvait ce jour-là à la même table de jeu un ingénieur de travaux publics du département puis de la ville de Perpignan nommé Raymond Etienne Amiel, vous savez celui qui conçut la route du col de St Louis, entre Aude et Pyrénées-Orientales. Très bon joueur pourtant, le prélat ne fut pas, ce jour funeste-là, en veine, mais alors pas du tout, à croire que c'est le Diable lui-même qui distribuait les cartes : il n'arrêtait pas de perdre et son argent avec. Mais ce n'est pas parce que l'on est un homme d'église que l'on n'a pas de défauts! Monseigneur était têtu et l'appât non du gain, enfin voyons!, l'attrait de vaincre dirons-nous était le plus fort. Sauver l'honneur était le plus important, la mise peu importe...Il ne lui restait plus à mettre en jeu que cette fameuse propriété viticole perdue à Maury, qui lui fournissait quand même son vin de messe, mais si loin de Perpignan, que finalement...pourquoi ne pas tenter de se refaire avec sa mise ? C'est décidé, allons-y le tout pour le tout, le domaine qui se nommait alors "des Goudous"est mis sur la table ! Et bien entendu, comme vous pouvez le deviner c'est la catastrophe finale, et en beauté : Monseigneur ne boira plus de ce bon muscat qui lui ravissait tant le gosier; le domaine passe sans y prendre garde entre les mains de son vainqueur, Etienne Amiel qui n'en crois pas ses yeux. Lui, simple fonctionnaire départemental se retrouve avec un domaine viticole qui lui tombe du ciel en somme, Dieu existerait-il ? Il saura le développer et ses premiers héritiers avec lui.
Durant tout le XIXème S. ce sont Etienne d'abord bien sûr puis son fils qui s'occuperont de la propriété "tombée du ciel". Le nouveau nom de "Mas Amiel" qui est donné au domaine comme pour lui dire que ça va changer, va être porteur : c'est toujours ce nom qui est plébiscité pour ces vins de Maury exceptionnels et connus dans le monde entier. Pourtant tout n'était pas gagné : vers le milieu du siècle voilà que s'invite le diable en la personne de la maladie ravageuse nommée "phylloxera". En 15 ans toutes les vignes meurent et sont arrachées, le vignoble français est détruit, les vignerons sont impuissants devant ce désastre. Un négociant de Millas, Camille Gouzy, aussi vigneron, va s'associer avec son fils qui a continué l'œuvre entamée par le père, Etienne; il a des idées pour relever la tête et le vignoble : ce sont les plants américains, insensibles à la maladie, qui vont le permettre; il suffira de greffer nos cépages sur ces plants pour éradiquer enfin l'épidémie. Tout le vignoble de Maury et tout le vignoble languedocien sera reconstitué. Au Mas Amiel va alors être construite une vaste cave de vingt foudres (toujours utilisés !) sur son instigation. La même médecine sera appliquée par Gouzy, avec le même succès, au Portugal, dans la vallée du Douro où se produit l'inestimable Porto. Mais le vignoble du Mas Amiel ne sera plus entre les mains des Amiel au début du XXème S. Il sera acheté par le banquier Charles Dupuy qui l'exploitera; ses fils puis petit-fils feront de même pendant tout ce siècle, la marque Mas Amiel sera créée pour le vin doux naturel. En 1997 disparait Charles Dupuy et en 1999 c'est Olivier Decelle riche industriel des surgelés Picard qui reprend le domaine. Il va lui impulser un développement extraordinaire, lui donnant une envergure internationale, créant tout une gamme de produits dont des vins de garde et récemment des vins secs, vins connus là au moyen-âge mais délaissés et qui redeviennent à la mode de nos jours. On ne peut que souhaiter une longue vie au Mas Amiel, en levant un verre de sa production en l'honneur d'Etienne Amiel, de ses successeurs, de ceux qui l'ont entretenu et fait prospérer !
Deletions:
L'histoire de ce domaine viticole prend de l'ampleur au début du XIXème S. et, périodiquement perfectionné durant deux siècles, il est de nos jours un grand domaine viticole où sont élaborés de précieux millésimes de vins très divers, selon des techniques originales mais aussi parfois ancestrales et bien connues dans la région. Une région aux qualités climatiques exceptionnelles dues non seulement à l'ensoleillement (la région de Maury est proche de Montlouis et Targassonne, les lieux les plus ensoleillés de France) mais aussi aux vents qui parfois peuvent être violents, à une faible pluviosité lors de la période d'été, des sols de schistes mais aussi de marnes noires, une exposition devant la barrière calcaire des Corbières qui lui font une toile de fond la réchauffant en hiver, haute falaise où campent encore fièrement les ruines altières du château de Quéribus, l'un des fils de Carcassonne, qui surveillait la terre roussillonnaise autrefois aragonaise, aidé en cela par la forteresse de Peyrepertuse, celle de Puylaurens à l'est et d'autres moindres comme Aguilar ou Padern, ....Un terroir aux altitudes différentes enfin: étendu sur 155 ha il se compose d'une partie en plaine, sur 75 ha autour de la cave et de son terre-plein où mûrissent au soleil je ne sais combien de bonbonnes de vin et 80 ha au-dessus de 150m d'altitude, côté nord, bien exposé aux rayons du soleil. Mais il faut que je vous conte une histoire peu ordinaire de ses propriétaires successifs.
C'était encore au début du XIXème S. la propriété de l'évêque de Perpignan; on y produisait du vin de cépage muscat qui donnait, on s'en doute un excellent vin de messe sur l'autel de la cathédrale pour les papilles de monseigneur. Mais monseigneur se régalait aussi de parties de cartes qu'il disputait avec des membres de la société civile de la préfecture des Pyrénées-Orientales. Parmi ces fonctionnaires et gens de bien se trouvait ce jour-là un ingénieur de travaux publics du département puis de la ville de Perpignan nommé Raymond Etienne Amiel, celui qui conçut la route du col de St Louis, entre Aude et Pyrénées-Orientales. Très bon joueur pourtant, le prélat ne fut pas, ce jour funeste-là, en veine, mais alors pas du tout, à croire que c'est le Diable lui-même qui distribuait les cartes : il n'arrêtait pas de perdre. Mais ce n'est pas parce que l'on est un homme d'église que l'on n'a pas de défauts! Monseigneur était têtu et l'appât non du gain, enfin voyons!, l'attrait de vaincre dirons-nous était le plus fort. Sauver l'honneur était le plus important, la mise peu importe...Il ne lui restait plus que cette fameuse propriété viticole perdue à Maury, qui lui fournissait quand même son vin de messe, mais si loin de Perpignan, que finalement...pourquoi ne pas tenter de se refaire avec sa mise ? C'est décidé, allons-y le tout pour le tout, le domaine qui se nommait alors "des Goudous"est mis sur la table ! Et bien entendu, comme vous pouvez le deviner c'est la catastrophe finale, et en beauté : Monseigneur ne boira plus de ce bon muscat qui lui ravissait tant le gosier; le domaine passe sans y prendre garde entre les mains de son vainqueur, Etienne Amiel qui n'en crois pas ses yeux. Lui, fonctionnaire départemental se retrouve avec un domaine viticole qui lui tombe du ciel en somme, Dieu existerait-il ? Il saura le développer et ses premiers héritiers avec lui.
Durant tout le XIXème S. ce sont Etienne puis son fils qui s'occuperont de la propriété "tombée du ciel". Le nouveau nom de "Mas Amiel" qui est donné au domaine va être porteur : c'est toujours ce nom qui est plébiscité pour ces vins de Maury exceptionnels et connus dans le monde entier. Pourtant tout n'était pas gagné : vers le milieu du siècle voilà que s'invite le diable en la personne de la maladie ravageuse nommée "phylloxera". En 15ans toutes les vignes meurent et sont arrachées, le vignoble français est détruit, les vignerons sont impuissants devant ce désastre. Un négociant de Millas, Camille Gouzy, aussi vigneron, va s'associer avec son fils qui a continué l'œuvre entamée par le père, Etienne; il a des idées pour relever la tête et le vignoble : ce sont les plants américains, insensibles à la maladie, qui vont le permettre; il suffira de greffer nos cépages sur ces plants pour éradiquer enfin l'épidémie. Tout le vignoble de Maury et tout le vignoble languedocien sera reconstitué. Au Mas Amiel va alors être construite une vaste cave de vingt foudres (toujours utilisés !) sur son instigation. La même médecine sera appliquée par Gouzy, avec le même succès, au Portugal, dans la vallée du Douro où se produit l'inestimable Porto. Mais le vignoble du Mas Amiel ne sera plus entre les mains des Amiel au début du XXème S. Il sera acheté par le banquier Charles Dupuy qui l'exploitera; ses fils puis petit-fils feront de même pendant tout ce siècle, la marque Mas Amiel sera créée pour le vin doux naturel. En 1997 disparait Charles Dupuy et en 1999 c'est Olivier Decelle riche industriel des surgelés Picard qui reprend le domaine. Il va lui impulser un développement extraordinaire, lui donnant une envergure internationale, créant tout une gamme de produits dont des vins de garde et récemment des vins secs, vins connus là au moyen-âge mais délaissés et qui redeviennent à la mode de nos jours. On ne peut que souhaiter une longue vie au Mas Amiel, en levant un verre de sa production en l'honneur d'Etienne Amiel, de ses successeurs, de ceux qui l'ont entretenu et fait prospérer !


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