"L'histoire est comme un fleuve...."
C'est presque un proverbe; nombre d'historiens ont identifié ainsi analogiquement le cours de l'histoire à celui d'un fleuve. Julien Fèvre (1878-1956) qui est un continuateur de Michelet l'historien français du XIXème S. référent, comparera sa discipline à celle du fleuve Niger, dont le cours n'est pas si tranquille, entrecoupé de chutes brutales et puissantes. On pourrait y ajouter les méandres et tourbillons comme dirait Soljenitsyne; pourtant son courant ne s'est jamais tari, il est continu depuis tant de générations et il a comme le fleuve africain une certaine unité. L'histoire des Amiel est tout autant sinueuse, disparate, avec des à-coups des chutes et des renaissances, des périodes calmes entrecoupées de plus compliquées et tourmentées, ce qui se retrouvera dans ma recension suivant les époques et les lieux.
Mais QU'EST-CE DONC QUE L'HISTOIRE ? :
- De nos jours, voici comment le théologien protestant et professeur André Gounelle résume le travail de l'histoire : Elle "ne se borne pas à constater et enregistrer les faits. Elle les ordonne, les mets en relation les uns avec les autres, les structure de manière signifiante. Elle les insère dans une trame, une intrigue. Elle opère tout un travail d'explication et d'interprétation. Elle émet des hypothèses souvent invérifiables parce que les évènements historiques ne relèvent pas de l'expérimentation". Et la politologue et philosophe juive du XXème S. Hannah Arendt constatant qu'elle s'articule autour des actions humaines put affirmer également qu'elle forme effectivement une herméneutique, une science de l'interprétation; elle donne du sens à l'action passée et à l'action future. Pour Arendt elle n'est pas recherche de vérité mais bien recherche de sens (cf. "La crise de la culture", Paris, Gallimard, 1989).
- L'histoire c'est en grec, l'enquête; sa connaissance a commencé par la tradition orale, avant l'invention de l'écriture, et les premiers historiens ont été des conteurs et des poètes. Souvent ces connaissances premières ont été transmises par deux 'liants', celui des mythes et celui des symboles. Ce n'est qu'avec l'écriture qu'apparait le récit historique en tant que tel. L'écriture apparaissant en Mésopotamie les chroniques de cette région débutent l'histoire, ouvrent le domaine, au début du IIIème millénaire avant notre ère. Ces premiers récits ne se dégageront toutefois de toute influence mythologique qu'au début du millénaire suivant ! On a alors des renseignements sur les dynasties, des listes d'évènements de règnes (Hammourabi par ex.), d'un état voire des chroniques synchroniques d'états (Babylonie et Assyrie...), des contrats, etc... . Bien sûr il est à noter que ces documents visent à montrer à la postérité souvent sous un jour positif ce qu'il s'est passé entre les hommes et il en sera longtemps ainsi.
Les grands historiens antiques seront d'abord grecs, au Vème S. av. J C. (Hérodote, Thucydide..). Puis au IIème S. les romains prendront la suite avec par ex. le grec romanisé Polybe qui retracera l'histoire de la République romaine en 40 livres mais dont on n'a conservé que le tiers. Puis sous l'Empire romain avec Tite-Live par ex. les historiens la diront suivant ce qu'en exigeront les politiques. Avec les chrétiens l'histoire sera modelée comme une auxiliaire de la théologie... elle sera plus tard nationale ! Enfin bref suivant les époques le rôle de l'histoire et ses champs d'études évolueront fondamentalement. De l'histoire militaire, politique et religieuse on évoluera vers l'histoire diplomatique, sociale ou culturelle, ou encore économique.
Récemment l'histoire s'orientera vers des objets uniques, se spécialisant et s'individualisant pour une part et pour une autre part se tournant vers la corrélation entre phénomènes historiques et phénomènes naturels.
- Le plus souvent l'histoire est partagée en périodes variant fortement suivant les régions, les peuples, cultures et civilisations, donc dans l'espace et le temps. Ces époques historiques font suite à une nécessité chronologique bien sûr et posent des repères, marquent des ruptures et signifient un changement d'objet. Elles sont étudiées suivant l'état des sources évidemment qui n'est pas le même suivant les époques définies.
- D'une manière très générale le philosophe Michel Serres voit trois grandes périodes essentielles correspondant à trois véritables révolutions autour de l'écrit: celle qui fit passer l'humanité de l'oralité à l'écriture puis l'invention géniale qui permit d'imprimer les écrits jusque là recopiés inlassablement et enfin celle, actuelle, qui est en train de nous faire passer de l'imprimé à l'écrit numérique; ce dernier, virtuel, a au moins deux versants, pérenne par l'engrangement des données ou leur facile impression et éphémère par la volatilité de tant d'écrits effaçables en un clic; ces deux caractéristiques pouvant les relier analogiquement à la vieille bibliothèque comme à l'antique transmission orale qui pouvait se perdre elle aussi; ne dit-on pas encore proverbialement qu'un ancien qui meurt c'est une bibliothèque qui disparait !
- Enfin il faut savoir que, comme toute science humaine, l'histoire est une matière vivante, qui peut changer et évoluer avec le temps. Rien de plus mouvant que le passé dit Pascal Quignard, car ajoute t-il Le présent ne cesse de réordonner ce qui l'alimente. rejoignant ainsi un historien contemporain qui se plaisait à répondre dans une discussion avec des scientifiques : Dans mon domaine aussi, on ne sait jamais de quoi hier sera fait. L'écrivain John Berger précisant que Le rapport entre ce que nous voyons et ce que nous savons n'est jamais fixé une fois pour toutes. Notre façon de voir dépend de ce que nous savons ou de ce que nous croyons. L'histoire c'est toujours le rapport entre un présent et son passé. C'est un récit qui est susceptible de changer, de se transformer, que l'on ne cesse de découvrir ou de redécouvrir, et finalement de réinventer.
- Dans ce cadre l'histoire européenne et plus particulièrement française ou plutôt de France a défini les actuelles périodes ou époques suivantes (auxquelles je me conformerai par nécessité pratique) :
LES PERIODES ou EPOQUES DE L'HISTOIRE :
- L'Antiquité va de ~ - 3500 à 476 (du début des écrits jusqu'à la chute de l'Empire Romain d'Occident) soit 3976 ans;
- Le Haut Moyen-Age va de 476 à 987 (des Francs au début du règne des Capétiens et comprenant les Carolingiens) soit 511 ans;
- Le Moyen-Age Central ou Classique qui va de 987 à 1328 (du fondateur des capétiens, Hugues Capet, à l'avènement de la branche des Valois) soit 341 ans;
- Le Bas Moyen-Age ou Moyen-Age tardif, se situe entre 1328 et 1498 soit 170 ans, cette période couvre la Guerre de Cent Ans et s'arrête aux Grandes Découvertes maritimes;
- La Renaissance, courte mais intense période de redécouverte de l'Antiquité gréco-romaine, s'étale peu, de 1450 à 1600 (150 ans) soit de la découverte de l'imprimerie par Gutenberg au règne d'Henri IV; elle est souvent, en partie, inclue dans :
- L'Epoque Moderne, qui va de 1500 à 1800 vaste époque voyant, après la redécouverte des anciens, la naissance timide du modernisme, effaçant le passé moyenâgeux jugé obscur durant 300 ans, et finissant par l'explosion sociale et sociétale de 1789, allant donc de Louis XII à la Révolution Française de 1789-1792 (Première République éphémère);
- Le XIXème S. a lui seul voit la révolution industrielle s'accompagnant de révolutions politiques, sociales, scientifiques, économiques et financières, la démocratisation par à-coups des sociétés mais aussi la montée des nationalismes; il commence avec le Ier Empire et finit à la Belle Epoque du tout début du XXème S. C'est le siècle pré-contemporain.
- Le XXème S. débute la période contemporaine dont les temps présents sont issus. C'est celui des deux Conflits mondiaux dus aux totalitarismes qui ont suivi les nationalismes, puis celui de la Guerre Froide entre l'est et l'ouest, celui ensuite de la décolonisation et de l'émergence du Tiers-Monde; celui de la difficile construction européenne; dans le domaine technique celui des moyens de communication (automobile, aviation, électricité, radio & télévision), de l'automatisme puis de l'informatique; celui de l'explosion des sciences; celui enfin des débuts de la mondialisation et de la globalisation à outrance...concomitamment avec ses résistances qui ne feront (mais là je ne fais que supputer) que s'affirmer dans le nouvel XXIème S. ....
- Le nouvel XXIème S. , période contemporaine qui commence, pourrait être, si cela continue, une opposition nord-sud et accompagné, si l'on suit Malraux, par le renouveau des religions: Il apparait en ces premières décennies que l'on assiste surtout à l'hégémonie d'une seule, corrélativement à la chute ou pâle stagnation des autres, ce qui ne me semble pas de très bonne augure pour l'avenir... Un avenir désormais suspendu surtout à une nécessaire révolution environnementale, écologique car notre devenir et celui de la vie elle-même dépend désormais de l'avenir du climat terrestre; un climat qui, s'il a connu dans les temps géologiques, de nets bouleversements ayant causé l'extinction ou presque de la vie, est notablement et hyperboliquement dégradé par l'action humaine depuis les débuts de l'industrialisation, au XIXème S.
Je parle d'augure, voilà un mot qui va nous ramener à l'antiquité par laquelle nous allons commencer l'histoire des Amiel mais auparavant il nous faut voir de quoi il retourne lorsqu'on parle des noms en général puis ce qu'il en est déjà de notre nom bien avant son apparition, à travers les mythes et aussi la symbolique qui s'y attache depuis ces si vieux temps antiques.......
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