INDEX ONOMASTIQUE :
Amiel de Lautrec cardinal * Pierre Amielh ambassadeur en Espagne * Helias & Guillaume Amyel en Saintonge * Dame Amiel de Blâmont en Lorraine * Fauro & Naudo Amielh à Pamiers * Jacques & Jean Amiel à Montgey * Un Amiel narbonnais à Chypre * Barthélémy Amiel à Montréal * Arnaud et Bernard Amiel à Villegailhenc * Amiel de Serviès * Marie Amielle * Le moine Raymond Amiel de St Polycarpe * Les abbesses Amelia à Rieunette * Messire Amielh de Frétin * Des Amiel belges à Liège * Amiel de Parfontrieu ou de Ramey * Des Amiel à Carcassonne * Jean Amiel de Lagrasse * "Je suis le seau à Ami-i-el" * Jean d'Amelia à Nîmes * Amiel de Peyrepertuse * Jehan de l'Amiel * Bertrand d'Amelz * Deux Amiel de la Compagnie du comte de Foix * Amiel de Gombert * Des Amiel potiers à Biot * Ralph Amiel à Londres * Pietro Miani * Johannes de Miliis * Frère Amelius de Emael * Maistre Johan Amiel * Nicolas de Vienne dit Amyel * Amiel de Poulan * Ameil Amelière à Avignon * Raymond I & II 'Amélie' Abbés de Loc-Dieu * Guillaume Amiel de Beronia * Jean Amelii de Sconouwen * D'autres Amelius belges * Marco Polo "Il Milioni" ! ?* Guillaume Amiel de Limoges * Les Amelier troubadours de Montpellier * Des Amiel chevaliers de St Jean de Jérusalem à St Gilles * Bernard Amiel à Villegly * Amelius Olive et Amelius de Rouffiac *
AMIEL DE LAUTREC Evêque de COUSERANS puis de COMMINGES, Cardinal :
De la vieille et très connue famille de Lautrec, déjà illustrée du temps de la Croisade Albigeoise, il vécut durant la 2ème moitié du XIVème S. Il ne faut pas le confondre avec un autre du même nom et son parent, connu durant le 1/2 siècle précédant qui fut pour ce qui le concerne évêque de Castres. Il fut étudiant puis, ayant réussi à devenir docteur es-décrets, il obtint un poste de chanoine suivi de celui de chancelier de l'église de Toulouse, élu à cette fonction lors du concile de Lavaur en 1368; en 1371 le voilà évêque de Couserans à St Dizier, en Ariège, puis, à côté, de celui de Comminges, à St Bertrand, au pied des Pyrénées centrales, en 1384. Il fut enfin élevé à la dignité cardinalice en revêtant la pourpre de cet honneur religieux qui permet l'élection papale dès 1385 : et ce ne fut pas par hasard; il y eut en ce temps-là une sorte d'hécatombe parmi le collège des cardinaux; le pape Clément VII estima urgent de renouveler ceux qui étaient partis vers le père éternel; et il nomma pas moins de huit cardinaux tous français dont Amiel ! Il reçut avec cette nomination la charge de conseiller référendaire du pape, fonction qu'il n'a pas occupé très longtemps car il dut lui aussi partir vers d'autres cieux; il meurt en 1390 à Avignon alors qu'il instruisait avec des collègues cardinaux dont Pierre Amiel, cardinal évêque de Sabine, le procès en canonisation de Pierre de Luxembourg. Il eut cependant le temps de composer un "Dialogus" sur le conflit parisien autour de l'Immaculée Conception de Marie (dont le dogme n'en sera prononcé que bien plus tard); une thèse fut d'ailleurs rédigée à ce sujet à l'Université Pontificale St Thomas d'Aquin de Rome en 2007 qui reçut la Prix Henri de Lubac de l'Ambassade de France auprès du St Siège en 2009.
(=> "Le diocèse de Toulouse" Ph. Wolff; Paris, Beauchesne, 1983; "Histoire ecclésiastique" vol. 20 Cl. Fleury; Paris, Mariette, 1723; HGL).
PIERRE AMIELH Ambassadeur en Espagne :
Personnage gascon; gentilhomme sans doute, il fut membre d'une ambassade avec trois autres, envoyée par le comte Jean IV d'Armagnac en 1425 pour nouer des liens avec les puissants d'Espagne; cette action diplomatique de l'autre côté des Pyrénées entre dans le cadre des dernières luttes de la féodalité dans le Midi de la France. Le comte d'Armagnac pensait pouvoir s'affranchir de sa fidélité due au roi de France et se tourner avec profit vers le trône d'Espagne dont il épousera l'Infante. C'est en vue de cette entreprise qu'il charge ses représentants de prêter, en son nom, foi et hommage au roi de Castille & Léon, en invoquant avec eux de prétendues communautés d'origine entre leurs deux Maisons; il y a en effet la présence des lions de Castille dans les armes d'Armagnac.
HELIAS & GUILLAUME AMYEL en SAINTONGE :
Les archives de l'Hôpital Neuf de Pons (16) conservent le nom de Hélias Amyel et à St Caprays en 1348 celui de Guillaume Amyel (cf. Arch. Hist. de la Saintonge & de l'Aunis" Z. Mortreuil; Saintes, 1874).
DAME AMIEL DE BLÂMONT en LORRAINE :
Histoire surtout d'une curiosité orthographique : Cette noble dame au (pré)nom masculin Amiel, non féminisé, cas rare, est citée bien tardivement en plus, au début du XVème S. sous ce nom; elle est veuve de Guillaume de Fleurey, tenant des fiefs relevant du Château de Ray; sœur bâtarde mais reconnue de Claudine de Blâmont, toutes deux filles du Sire de ce nom, les Blâmont étant une vieille famille lorraine possédant notamment les Etangs d'Amel et le lieu d'Amel près de Piennes (arrond. de Briey, 54, de nos jours). Le lieu d'Amel que je fais figurer dans la partie toponymique de notre nom trouve ici sa justification; quant à ce nom non féminisé d'Amiel pour une femme, on verra qu'encore au XIXème S. il pourra servir à désigner, dans la seule littérature toutefois, l'ultime héroïne de Stendhal, Lamiel.
(=> "Les sires et comtes de Blâmont" art. de E. de Martimprey de Romecourt in "Mém. de la Soc. d'Archéol. Lorraine" T. de 1891).
FAURO & NAUDO AMIELH à PAMIERS :
Ces deux frères nommés ainsi figurent parmi "les six traîtres" qui ont livré la ville de Pamiers lors de sa prise en 1486 par Jean de Foix, vicomte de Narbonne. Celui-ci disputait la possession de la région à Catherine, reine de Navarre. Il saccagea cette ville et l'on vit, dit la chronique, "ruisseler le pavé de sang des meurtris, qui grossissait comme rivière d'une grande et indicible source", conséquence des atrocités commises par les troupes aragonaises engagées par le comte; Mathieu de Foix envahit même le Palais Episcopal et, "à main armée", enleva le trésor de la cathédrale appaméenne.
JACQUES & JEAN AMIEL à MONTGEY (81) ;
Ces hommes reconnaissent, devant le notaire de Poudis, des vignes au lieu-dit de L'Averseng de Montgey, c'est-à-dire au versant nord du territoire de ce village, au profit de Jean de Bauré, seigneur de Las Touzeilles à Palleville (81), en 1417.
(=> "Toponymie de la commune de Montgey" art. de Noé Batigne in "Couleurs Lauragais" n°148 Déc.2012-Janv.2013).
Un AMIEL narbonnais s'établit à CHYPRE :
Vers 1300, grâce aux sources génoises on a connaissance d'un groupe important de narbonnais qui sont établis sur l'ile de Chypre, à Famagouste; plus d'une dizaine d'entre eux figurent dans les actes du notaire Lamberto de Sambuceto; parmi eux se trouve le nom de Bernard Amiel qui y arriva en s'embarquant à Marseille.
(= "Les ports et la navigation en méditerranée au moyen-âge" Fabre, Le Blevec & Menjot; Musée Archéo. de Lattes, 2009).
BARTHELEMY AMIEL à MONTREAL (11) :
Ce fonctionnaire fut Clavaire Royal de Montréal à la fin du XIVème S. Le clavaire (du mot clé) détient des clés, non pas celles de la ville, mais plutôt celles de la maîtrise des finances (il faut penser ici aux coffres); il est le trésorier local des finances en somme.
ARNAUD AMIEL Jeune & BERNARD AMIEL à VILLEGAILHENC (11) :
Ce sont deux habitants de ce village proche de Carcassonne. Arnaud est cité comme témoin dans un acte de prise de possession d'un tiers de la seigneurie cédée au roi par le seigneur de La Courtête en 1489. Par conséquence de cet acte qui en réalité est un échange, le roi va percevoir certaines rentes liées à ces nouvelles possessions; ainsi celles produites suivant ce que l'on nomme dans le texte par le nom occitan de "teulière", une fabrique artisanale de tuiles qu'exploitait le second nommé, Bernard Amiel.
JEAN AMIEL à VILLEGAILHENC (11) :
En 1561, par un acte du 26 Juin, Jean Amiel, indiqué comme bourgeois de Carcassonne; co-seigneur de la communauté de Villegailhenc car il en possédait une part, il revend celle-ci, lui aussi, au roi.
AMIEL DE SERVIES (81) :
Dans un contrat de location daté de 1415 tiré des Archives du Roi à Castres, parmi les témoins "sieurs, comtes et barons, voulans, consentans et affermans" on trouve le nom d'Amiel de Serviès (orthographié Seruiès, communauté contigüe à St Paul-Cap-de-Joux).
AMIEL DE SERRES (13) :
Au début du XVème S. ce personnage est licencié es arts et bachelier es décrets; il dirige avec Etienne Meyer, médecin, à partir de 1407 et pour deux ans les Ecoles de Médecine de Marseille.
MARIE AMIELLE (81) :
Vers 1430-40 Marie Amielle épouse Pons II de Manens, fils aîné de Jean II seigneur de Gars, dans la vicomté de Lautrec. Devenue veuve elle sera la tutrice de leur fils mineur Jean III de Manens en 1448 mais eut aussi deux autres fils, majeurs, Pons seigneur de Vescusse (1493) et Guillaume. Il ne reste du lieu de Manens que l'église Ste Cécile-de-Manens au bord de l'Agout, fougueuse rivière du Sidobre, à Ambres.
Le moine RAYMOND AMIEL de ST POLYCARPE (11) :
Après la fin de l'hérésie cathare, alors que l'église redevenait maîtresse des âmes languedociennes, un mouvement spirituel hétérodoxe naissait à l'intérieur même de son sein, dans l'ordre si moderne pour l'époque des Frères Mineurs Franciscains, c'est le béguinisme ou mouvement des "spirituels ". Sous la férule de Pierre Jean Olieu théoricien génial du nouveau concept religieux c'est pour résumer un des multiples retours aux sources et à la pureté des origines, à sa simplicité et à sa pauvreté surtout; le mouvement régional modelé sur l'exemple cathare mais restant dans l'église, se répandit dans les établissements monastiques dont fut celui de St Polycarpe. Déjà bien avant ce qui arrivera à Raymond Amiel, en 1317, l'Eglise depuis Avignon s'occupa de ces rebelles à l'ordre catholique. A Narbonne les béguins menés par Bernard Délicieux (qui mourra dans le 'mur' inquisitorial carcassonnais dès 1319) furent convoqués par une commission pontificale composée d'inquisiteurs et de représentants de leur ordre car suspectés d'être hérétiques et le mouvement eut en conséquence à subir plusieurs interdictions; là-dessus Rome prit des mesures radicales : une bulle signée par Jean XXII suivit rapidement et dès 1318 ces pauvres du Christ furent déclarés hérétiques. La répression pouvait alors s'engager via bien entendu l'inquisition qui avait, avec le précédent cathare, prouvé son utilité et son efficacité. Le monastère situé dans une vallée des Corbières, proche de Limoux, région infestée par ce béguinisme, reçut la visite inquisitoriale car on y suspectait quelques déviants dont le moine Raymond Amiel. C'était un moine frondeur déjà bien connu; l'exalté avait auparavant dénoncé son abbé et ses frères en chapitre devant l'archevêque de Narbonne pour avoir adopté un habit moins pauvre qu'il ne seyait selon lui et un mode de vie marqué par les mœurs "libres" à son goût, du temps. Il eut à subir les questions du juge Guillaume Lombard, venant tout exprès de la Curie Papale, entre mai 1337 et septembre 1338. On racontait que Frère Raymond Amiel aurait caché dans sa cellule au moins un jour et une nuit deux béguines; les Archives du Vatican ont conservé un dossier complet sur un sujet qui pouvait frôler la damnation éternelle et dont le procès s'ouvrira fin 1338 devant le Tribunal de l'Inquisition d'Avignon. On voit que l'enquête fut longue. On ne sait pas grand chose du procès lui-même si ce n'est que Frère Raymond, exception rare alors pour devoir être notée, eut droit à non pas un mais même deux avocats pour sa défense (les archives ont conservé leurs notes d'honoraires!) : Il est rare en effet de voir un avocat aux côtés d'un accusé d'hérésie car cet homme pouvait lui aussi être suspecté d'hérésie et passer par les mêmes affres que son client, alors deux c'est inédit! Et le moine ne se contenta pas de répondre oralement aux accusations : il osa déposer contre l'acte d'accusation un mémoire démontrant l'illégalité de la citation à comparaitre et plaidant même son procès ! (cf. L'inquisition médiévale, J. Guiraud). L'issue de l'affaire on ne la connait pas mais tout laisse supposer la pure relaxe du prévenu peut-être grâce à l'intervention de l'archevêque, le frère ayant été considéré comme plus en quête d'authenticité que vraiment béguin. Par contre la personnalité forte de Bernard Délicieux inspirera Umberto Ecco, l'auteur bien connu de "Le nom de la Rose" pour le personnage de Guillaume de Baskerville, le seul dans cette histoire qui ait "les pieds sur terre"; la notoriété littéraire sera confirmée par le film de cinéma sublime qui en fut tiré où le diable n'est présent qu'en filigrane devant les nombreuses morts énigmatiques qu'eut à chercher à expliquer l'honnête religieux franciscain, en vrai précurseur des méthodes modernes d'enquête policière.
Les ABBESSES nommées AMELIA à RIEUNETTE : (11)
Il y eut deux voire trois abbesses nommées Amelia pour cette petite abbaye féminine des Corbières occidentales, proche de l'abbaye de St Hilaire, nécropole des comtes de Carcassonne. Mais on ne sait pas trop s'il ne faut pas confondre en une seule les deux premières : Une 1ère aurait été en place en 1202-1203 mais on se demande s'il ne faut pas lire 1302 car il y eut une Amelia (en vérité Jeanne-Amelie) exactement un siècle après, en 1302-1304; la troisième Amelia est indiquée en 1389. (cf. HGL Vol. IV, n°2).
Messire AMELH DE FRETIN :
Fretin est un territoire proche de Lille. En 1468 eut lieu à Liège, en Belgique flamande, le sac de la ville par Charles Le Téméraire; ce chevalier français y participa; de nombreux biens d'églises furent emportés. C'est par un inventaire fait pour récupérer ces objets souvent de prix que sont indiqués non seulement ces biens volés mais aussi le nom des voleurs; c'est ainsi que cet Amelh possédait des ornements et calices venant de ce pillage et qu'il dut restituer.
(=> "Bulletin de l'Institut Archéologique Liégeois" Vol. 8; carmonne, Liège, 1866).
Des AMIEL belges à LIEGE :
Au XVème S. plusieurs Amiel sont connus dans le diocèse de Liège : le chevalier Amiel de Warnant, Ameil d'Oleye, seigneur de ce lieu, Ameil prieur de St Laurent-de-Liège, Ameil de Cormesse et, bien avant, Ameil de Luxey (dont j'ai narré l'histoire merveilleuse qu'on lui prête avec la belle dame à la Fontaine de sa seigneurie en l'an 1227)... on peut encore citer Ameil de Fologne, chevalier, Ameil de Velroux, cités dans le Miroir des Nobles de la Hesbaye ou Ameil de Stabulis, chanoine de St Denis de Liège, Ameil de Xhendremal...et les suivants :
AMIEL DE PARFONTRIEU ou AMIEL DE RAMEY :
Une étude sur les commanderies des hospitaliers dans l'ancienne Belgique fait apparaitre Frère Amel de Parfontrieu (1386-1406) qui fut auparavant bailli de Flemalle en pays de Liège en 1368 puis élu maitre de Chantraine en 1386. D'après la "Topographie du Brabant Wallon" de Hemricourt, un commandeur de Chantraine se serait nommé Amiel de Ramey, vers 1400 et l'on s'aperçoit en lisant le texte qu'il est le même qu'Amel ou Amiel de Parfontrieu : Jean de Ramey eut deux filles dont l'une épousa Jean de Parfontrieu, chevalier. Celui-ci eut lui-même quatre filles et deux fils, l'un d'eux se nommant Amel eut à son tour quatre fils et autant de filles. L'un des fils nommé Jakemars eut cet Amel de Parfontrieu et Jean, lesquels furent frères de l'ordre de St Jean de Jérusalem. Hemricourt dit bien en parlant d'Amiel qu'il est maître de Chantraine. Il est probable que ce personnage vécut au-delà de 1400 : par une charte de décembre 1407 la duchesse Jeanne accorde à son "amé conseiller" Messire Amiel de Parfontrieu le droit de chasser en Brabant, pourtant son frère Jean parait lui succéder dès 1406 (et jusqu'en 1409)...
(=> "Compte-rendu des séances de la Commission Royale d'Histoire" Académie Royale des Sc. Lettres & Beaux-Arts de Belgique; Vol. 15-16; 1849, Bruxelles).
BERNARD AMIEL et des AMIEL localisés à CARCASSONNE :
Bernard Amiel, consul de Carcassonne est connu dans le 1er quart du XIVème S. Il prête serment dans un acte de 1324, le 6 des calendes de mars.
C'est aussi par les "cahiers", registres de comptes et d'activité de la Confrérie de N-D de Fanjeaux créée en 1420 à Carcassonne que l'on peut connaitre et localiser des habitants de ce temps-là. Le 7ème cahier qui correspond à 1426, cite donc les "jurats" de cette année-là, ceux qui ont prêté serment, tous "cap d'ostals", c'est-à-dire chefs de maison(née), de famille et ils sont classés suivant la situation du lieu de leur maison (de la Ville Basse ou Bastide, et non de la Cité) : ainsi "Carrieyra de Sant Miquel , banda daquilo, cap daval" (rue St Michel, côté au vent, dans la partie basse) demeurent Bernard Amiel, "tesseyre" (tisserand de 'drap de Carcassonne') voisin d'Amiel Griffe "laurador" (laboureur) et plus bas Amiel Artaud "pescaïre" (pêcheur). "Dona Amielha, veuza" (Mme Amiel veuve) habite, elle, "Carrieyra Major banda de mieg-jorn cap d'amont" (Grand'Rue, rue de Verdun de nos jours, côté du midi, partie haute). Hors les murs des fortifications de la ville nouvelle dans un des "barris" (faubourgs) on trouve celle de Johan Amiel, "bastier" et "hostalier" (maçon et bâtisseur de maisons et non pas hôtelier !).
JEAN AMIEL de LAGRASSE (11):
Au milieu du XIVème S. le Prince Noir (surnom du Prince de Galles) va ravager tout ce qu'il trouve sur son passage dans le sillon Toulouse-Narbonne. Le pays carcassonnais le voit déjà arriver en 1355, qu'à Lagrasse, petite ville des Corbières, devant le danger ainsi annoncé, on se prépare à faire face: les habitants tombent d'accord pour nommer un capitaine expérimenté qui conduira la défense de la cité. Un habitant du lieu, en l'occurence "Jean Amiel", se propose spontanément pour assurer cette fonction.
(=> "Archéologie du Midi Médiéval" Vol. 20 Centre d'Archéologie Médiévale du Languedoc 2002).
C'est peut-être le même "Jean Amiel" qui, quelques années plus tard, promu alors 'capitaine d'armes', sera nommé et établi pour assurer la garde du Château de Comigne (près de Capendu, dans la même région que Lagrasse) en 1363. Le prince Noir n'était plus le danger, mais quelques années après son passage, après 1360 (Paix de Brétigny entre la France et l'Angleterre) des bandes de pillards se mirent à écumer la région et c'est à l'initiative de Raymond de Foucaud, abbé de Lagrasse, seigneur de Comigne, et des syndics des habitants du lieu, Bernard de Comigne et Raymond Catala, que la décision fut prise : Jean Amiel sera rétribué par les syndics et les fournitures militaires pour l'artillerie et la défense du château fournies par eux.
(=> "Dictionnaire encyclopédique de l'Aude" T. I (p. 458, art. de Ch. Boyer) , s/s la direction de G. Jean, Carcassonne, 2010).
"Je suis le sceau à AMI-I-EL :
Sceau du XIII ou XIVèmes S. trouvé récemment, en 2008, en France, il représente une sirène, queue relevée, semblant nager dans l'eau, tenant dans sa main droite un épervier (oiseau des dames) le bec ouvert et la tête relevée avec gravée cette légende à l'entour difficile à traduire : "+IE-SVI-SEL.A.AMI(I?)EL" soit peut-être "je suis le sceau à Ami-(i?)-el". On a souvent à la même époque utilisé des sceaux sans valeur officielle, en tant que simple moyen pour sceller et clore une missive par exemple, et aussi des sceaux utilisés par des courtisanes qui étaient assez explicites dirons-nous. Il y a aussi celui de Mélusine, qui d'ailleurs pourrait en être ici une représentation, c'est celui de la femme à queue de serpent, celui de la sirène qui fut auparavant une fée et qui a habité le château de Luzignan, dans le Poitou. Elle sert de cimier aux maisons nobles de La Rochefoucauld, de Luzignan car l'histoire légendaire de cette fée épouse d'un Lusignan fut l'emblème mythique de ces familles qui eurent leurs heures de gloire lors des Croisades en Terre Sainte. Les romanciers racontent beaucoup de fables à propos de Mélusine, ou plutôt Merlusine. Suivant plusieurs auteurs modernes la vérité serait qu'elle fut une Dame de Luzignan qui avait pour caractéristique de commander à tous ses vassaux avec beaucoup d'autorité. Lorsqu'elle leur envoyait des ordres écrits dans des lettres ou patentes scellées de son sceau, sur lequel était une sirène, il valait mieux obéir à l'instant, d'où son renom de magicienne, de fée, car parvenant à faire exécuter en un tournemain, quasiment par magie ce que beaucoup de seigneurs hommes lui enviaient sans nul doute. On donne par ailleurs, en héraldique, le nom de Mélusine à la sirène qui parait se baigner dans une cuve (cas des armes de Séré (Landes), de Queuve (Franche-Comté) ou de Mathay de Calmotier (Bourgogne)). On peut enfin rapprocher ces remarques du roman fantastique moderne "Où est-tu Aurélie" de Véronique Drouin où l'on voit un Amiel et Mélusine très proches. Il faut savoir également que l'épervier est non seulement le symbole féminin dans la littérature courtoise autrefois, mais aussi que dans le couple de cette espèce d'oiseaux, c'est la femelle qui domine le mâle; voilà qui nous ramène autant à la fée Mélusine qu'à une courtisane. Peut-être faut-il attribuer à la notoriété de Mélusine l'origine de l'expression "Mener les hommes à la baguette" (de fée !) ?. Quant à ce terme de Ami-i?-el on pourrait penser évidemment à une courtisane comme à un(e) Amiel, il en a eu chez les La Rochefoucauld. On ne peut en dire plus malheureusement.
JEAN D'AMELIA à NÎMES :
Ce personnage fut professeur de droit à l'école de droit canonique et civil de Nîmes au XIVème S. Il est cité dans une note faisant suite à l'Histoire Civile, Ecclésiastique et Littéraire de la Ville de Nismes de Ménard (T. II & III, Paris, Chambert, 1751).
AMIEL DE PEYREPERTUSE :
Ce personnage fut châtelain de la forteresse impressionnante de la crête roussillonnaise des Corbières puis, en 1401 de celle de Bellver en Cerdagne, ayant aussi en charge la sous-viguerie de Baridâ.
(=> "Expédition des marins et marchands roussillonnais sur les côtes de la Syrie et de l'Egypte au moyen-âge" P. Vidal in Bull. de la Soc. Agr. Sc. & Litt. des P.O. vol.41, 1900, p.237).
JEHAN DE L'AMIEL :
Personnage cité dans les chartes de l'abbaye St Bertin, de St Omer (62).
(=> "Chartes de St Bertin" par le chanoine Dewitte; Soc. des Antiquaires de la Morinie, 1895).
BERTRAND D'AMELZ :
Ce noble fut seigneur de St Quentin (-en-Sauxillanges de nos jours) village d'Auvergne (63); il prête son serment de fidélité au comte d'Auvergne en 1415. L'orthographe du nom de cet Amiel est assez rare pour être signalée.
Deux AMIEL de la COMPAGNIE du COMTE DE FOIX :
Deux Amiel servant le comte de Foix au XVème S. sont connus : Amiel de St Paul est chevalier de sa compagnie en 1451; auparavant en 1368 c'est un chevalier originaire de la région de Pau, nommé Amiel de Séguier qui peut être noté.
AMIEL DE GOMBERT :
Fils de Jacques, d'une famille de consuls de Marseille, Amiel de Gombert hérita de son père une partie de ses multiples seigneuries situées dans la région de Briançon; il fut seigneur en partie de Dromon et Belafaire mais n'ayant pas eu de postérité ses seigneuries passèrent à son frère Geoffroi à son décès, à la fin du XIVème S.
Des AMIEL potiers, premiers nouveaux habitants de BIOT (06) :
Biot est habité depuis longtemps; son site dominant la Baie des Anges, au-dessus d'Antibes, l'Antipolis faisant face à Nice, la ville 'd'en face', a vu passer depuis les temps préhistoriques les hommes et notamment les romains bien sûr. Mais les nombreux conflits qui ont émaillé l'histoire ont abouti en 1387 à sa destruction complète. Ce n'est qu'en 1470 que le roi René de Provence, le 'bon roi René' décidera de sa refondation; comme toute fondation il fut prévu de nombreuses clauses pour attirer les nouveaux habitants comme l'exemption d'impôts pendant 25ans, le droit de cultiver des terres, celui de construire et d'habiter bien entendu, mais aussi de pêcher en mer et de "chasser les bêtes sauvages" dans la vaste concession communautaire. Les nouveaux venus étaient originaires du Val d'Orneille (Imperia); ils furent environ une vingtaine de familles seulement, attirés par ces avantages directs. On comprend que Biot se soit rapidement recolonisé en raison de l'activité potière importée par ces colons qui se développa très rapidement. La poterie fut une richesse locale dès le début du XVIème S. ; pendant des siècles et encore de nos jours elle est très active. Parmi ces quelques familles pionnières se trouve une famille Amiel. Et il est certain que les Amiel demeurant encore de nos jours à Biot sont leurs descendants. La communauté villageoise s'auto-administrera, élisant un conseil dont les représentants traiteront avec les seigneurs du lieu, décidant des impôts par ex. Dans l'activité principale qui se développera à Biot, la poterie, on sait que cet artisanat atteindra la perfection par une fabrication séculaire entretenue par des générations familiales de potiers dont furent les Amiel.
(=> "L'économie du loisir" article in Annales de Philologie Histoire & Littérature Anciennes (Faculté des Lettres & Sciences Humaines de Nice, Vol. 11 à 13, pp. 47 à 51, Minard-Lettres Modernes, 1970; "Civilisation du loisir" Union Européenne de Radiol. Domaine Méditerranéen, Les Belles Lettres, 1970; site de la Mairie de Biot).
RALPH AMYEL à LONDRES :
Sir Ralph Amyel fut un chapelain catholique, recteur de la paroisse de Little Oakley, diocèse de Londres, vers 1362 - 1375 d'après le Registrum Simons Sudbiria Londoniensis, c-a-d le registre du londonien Simon de Sudbury, de l'Eglise d'Angleterre (publié par les Presses Universitaires d'Oxford en 1927).
PIETRO MIANI :
Ce vénitien nommé en latin Petrus Aemilianus est mort en 1433; il fut évêque de Vicenze à partir de 1409 mais surtout un bibliophile averti, ami de plusieurs personnages lettrés humanistes de la Renaissance italienne comme Leonardo Bruni (connu en français sous le nom de Léonard d'Arétin), philosophe, historien et traducteur, Francesco Barbaro, homme politique et diplomate de la république de Venise ou Guarino Veronese (de Vérone) philosophe, promoteur de l'étude du grec; il se réclamait de l'antique famille aemilienne latine, on sait qu'en effet Miani est un diminutif italianisé de l'antique gentilice romain et qu'il fut alors de bon ton de s'en prévaloir souvent par admiration de l'antiquité dont on commençait enfin à redécouvrir toutes les richesses; n'oublions pas que la renaissance commence en Italie au XVème S.
JOHANNES DE MILIIS :
Nommé communément aussi Aemilius de Vérone, bien que certains le disent de la ville proche il est vrai de Brescia ou en italien Giovani Emigli; il vivait dans la 2ème moitié du XVème S. en pleine renaissance italienne donc; il aurait été en contact avec Pierre Amiel alors gouverneur de l'une des Marches italiennes du Pape. Il a publié à Rome en 1475 un répertoire juridique et des nouvelles décisions de la Rote Romaine, la haute instance juridique du Vatican, la même année.
Frère AMELIUS DE EMAEL :
Son curieux nom est écrit aussi Emaei; ce religieux est connu pour une œuvre peinte, une crucifixion où il est lui-même figuré, de l'Ecole de Bruxelles datée du XVème S.
MAISTRE JOHAN AMIEL :
"Maistre Johan Amiel, notari de Gravezon" fut donc notaire de Graveson en Provence, vers 1350. Son nom trouvé dans les manuscrits dits "Libri" de Florence, ici écrit en provençal, peut aussi se voir curieusement orthographié Amiolhau, selon les historiens.
NICOLAS DE VIENNE dit AMYEL :
Ce personnage dont on ne sait si ce surnom fut son patronyme fut clerc du roi; il est cité dans l'Histoire Littéraire de la France pour le XIVème S. (T. XXXIII) réalisé par les Bénédictins de St Maur, continué par l'Académie des Inscriptions & Belles-Lettres (édition 1885-1906). Il est probable qu'il vivait dans la 1ère moitié de ce siècle.
AMIEL DE POULAN :
Il s'agit d'un damoiseau du Tarn qui devint le lieutenant du sénéchal du Rouergue. On ne le connait que par un arrêt du Parlement de Paris contre les consuls et habitants de Verfeil (sur Seye, Viridifolio) qui avaient envahi en armes et ravagé bois, vignes et déffens (devesia) qui lui appartenaient (acte du 6 décembre 1324). Poulan (Poulhano, Pollanio au IXème S.) était une seigneurie depuis au moins le IXème S. dont il reste le château-fort ruiné et sa chapelle devenue église, le tout situé de nos jours sur la commune de Poulan-Pouzols près de Réalmont et à 40km de Verfeil; sans doute donc possédait-il des biens en ce lieu éloigné du fief de ses origines et de son nom. Pour ce qui est de Réalmont il faut savoir qu'il s'agit d'une belle bastide dont les premiers habitants sont venus de Montolieu et Montréal (11); le nom même de Réal-mont pourrait être un clin d'œil amusant à l'origine de ceux de Mont-réal qui en formèrent le contingent initial le plus important !
Des AMEIL AMELLI et AMELIERE à AVIGNON :
Le livre terrier de l'évêque avignonnais Anglic Grimoard (1366-1368) cite le nom rare de Aygline Amelière et plusieurs Amelli ou Ameil dont Ademarus, Pierre et Simon.
(=> Terrier de Grimoard publié par A-M Hayez, Comité des Travaux Historiques & Scientifiques, 1993).
RAYMOND I & II 'AMELIE' Abbés de LOC-DIEU :
On se souvient peut-être que, au XIIème S. (cf. page Amelius moyen-âge central, s/s page Religieux occitans) Dom Amelius fut de ses premiers abbés venant de l'abbaye St Pierre de Vigeois, mais cet abbé bâtisseur en partit rapidement pour celle de Dalon en 1159. Parmi les abbés réguliers qui suivirent les fondateurs on note le 12ème nommé Raymond, Ier du nom, 'Amélie' élu à la Noël 1409, lequel fut, dit-on, "aussi distingué par ses vertus que par sa naissance". C'était alors la guerre de Cent Ans et les anglais ne manquèrent pas de piller et saccager l'abbaye, en 1411. Devant le désastre des ruines et voyant ses moines réduits à la mendicité, Raymond Amélie (Amelius probablement) se démit de ses fonctions (peut-être était-il alors âgé) en faveur de son neveu, homonyme de nom. Raymond II 'Amélie' s'acquitta parait-il avec zèle de ses fonctions et termina pour sa part sa carrière en 1428.
GUILLAUME AMIEL DE BERONIA :
Egalement dénommé Amelh, Ameilh, ce clerc fut lui aussi un proche du pape Jean XXII. Son patronyme fait référence à ce qu'il semble au lieu de Béragne, simple lieu-dit de nos jours de Trèbes (11) (cf. Dictionnaire topographique de l'Aude, de Sabarthés, 1912). A son époque, il y avait encore un village très ancien (occupé déjà au néolithique) et doté vers l'an Mil d'un prieuré du nom de Sancti Johannis de Beronia (acte de 1215, cf. Mahul). Ce toponyme a évolué en Béraigne puis Béragne. Amiel de Béronia sera notamment scribe apostolique et terminera sa vie assez simplement en tant que recteur de Conilhac (-des Corbières, près de Lézignan (11)) ce qui nous fait croire qu'il était bien audois d'origine. Nonce papal en Espagne en 1325 (le pape envoie auprès de lui un 'serviteur de l'aumône', il est alors à Siguenza, province de Tolède), il sera ensuite chanoine de Tours où on le trouve encore en 1329. Enfin son nom est cité une dernière fois dans une liste du "collecteur de dépouilles" (héritages) Arnaud de Verdalle qui, entre 1326 et 1335, 'recueillit' sur ordre papal les successions de personnages de l'église dans le midi de la France, non seulement d'évêques mais aussi d'abbés de monastères et d'églises, dont celle de Conilhac où mourut probablement Amiel entre 1330 et 1335. Ce véritable droit de dépouille dénommé "jus spolii" (dont on a fait à juste titre le mot spoliation !) rapportera énormément de finances aux papes d'Avignon, cette procédure s'appliquant à toute la France dans la suite. (cf. La fiscalité pontificale en France au XIVème S., Ch. Samaran & G. Mollat; Paris, Fontemoing, 1905).
JEAN AMELII DE SCONOUWEN :
Dom Amelii comme il est le plus souvent nommé est connu par une série de 8 actes le concernant (De Gestis Amelii abbatis) quand il fut abbé de St Trond, en Belgique, abbaye proche du comté de La Hesbaye pour lequel je cite plusieurs seigneurs également du nom Amiel. Il fut élu en 1350 (1er acte) et serait mort en 1374 (dernier acte) s'il est le même qu'un Jean de Sconowen que l'on sait décédé cette année-là ?
(=> "Cartulaire de l'abbaye de St Trond" Vol. 1, Ch Piot; Bruxelles, Hayez, 1870).
D'autres AMELIUS belges :
Au XIIIème S. fut connu "Ameyle dit ly gros Mylot" au surnom formé sur un diminutif de son nom personnel et sur embonpoint évident; ou en 1319 un certain "Amelius le waignereas de Leodio" qui semble avoir été un laboureur ou un vigneron?; en 1324 est indiqué celui d ' "Amelius Milotiaux" complément qui peut faire penser au français Milloteau formé sur la même racine qu'Amiel.
MARCO POLO MILIONI ? ! :
Le grand et très célèbre voyageur italien du moyen-âge Marco Polo (1254 - 1324), de retour de son fameux voyage en Chine, revint enfin, plusieurs années après son départ, dans sa cité de Venise. Il ne se lassa pas de raconter les richesses du Grand Khan, de montrer beaucoup de souvenirs de prix qu'il ramena; d'incrédules les vénitiens finirent par s'agacer et ils le surnommèrent, parait-il "Messer Milion" monsieur le milliardaire. Mais ceux qui racontent cela, et il y en a toujours aujourd'hui, ne sont pas complètement informés. Cet aimable jeu de mots peut être tout autant le fruit de la langue des oiseaux dont je parsème si souvent mes articles. Pourquoi me direz-vous ? Et bien pour au moins deux raisons :
- La 1ère a trait au palais vénitien que les trois frères Polo achetèrent en commun pour y faire vivre leur tribu familiale. C'était en ce temps-là (le palais n'existe plus de nos jours) une sorte de complexe de bâtiments, certains marchands et d'autres résidentiels situés près de l'église San Giovanni Crisostomo, dans la cité sérénissime. Nommée "Corte dei Milioni" elle fut acquise par eux en fin 1295 ou début 1296, peu après le retour de Marco. Ces bâtiments étaient en effet articulés autour d'une cour (d'où le nom de corte) et elle atteint une certaine célébrité avec les Polo, c'est la maison d'un groupe familial, d'une lignée. Cette propriété collective en indivision correspond à l'idée que s'en fait une race, une descendance et lorsque l'on sait (et les historiens le confirment) que ce nom de Milioni n'a rien à voir ici avec leur richesse mais qu'il fait très directement référence à une vieille famille émilienne (on a vu qu'il y eut des Aemilii à Venise) : il lui fut accolé ce surnom, considéré même par certains comme leur nouveau patronyme; c'est même par ce surnom qu'il va surtout être connu au moyen-âge. Comment me direz-vous ?
- C'est la 2ème raison : Par la diffusion d'une œuvre dont on connait encore le nom de nos jours "Le livre des Merveilles" écrit par Rustichello da Pisa, son camarade de prison pendant son récit, dès 1298 ! Le titre que lui avait donné initialement son auteur était "Il Milione" qui devint ensuite "Le devisement du monde" avant de prendre enfin le titre actuel; et c'est évidemment le récit quasi fabuleux du voyage de Marco en Extrême-Orient que dresse l'auteur en une langue d'oïl mêlée de pisan. Ce sobriquet est donc très lié au personnage de multiples façons mais aussi à sa famille comme on va le voir.
On ne peut s'étonner dès lors que ce qualificatif devenu surnom ait été dès le tout début du XIVème S. bien acquis par la famille : l'oncle de Marco, Marco Il Vecchio (le vieux) se fit nommer déjà en 1305 "Nobilis Vir Marchus Paulus Milioni", son fils Nicolas se fera nommer dans son testament, "Nicolaus Paulus dictus Milion lo Grando" et son petit-fils directement "Marcus Milioni" le surnom étant assez rapidement devenu patronymique. Ces noms inscrits dans des actes officiels ne peuvent être de simples sobriquets comme beaucoup veulent le faire accroire et ce nom de Milioni est bien surtout à trouver parmi une illustre famille vénitienne : en 1185 déjà parmi les membres du Grand Conseil de la République se trouve le nom de Johanes Milioni, un émilien du moyen-âge; vu la vente du palais à la fin du siècle suivant on peut supposer que cette illustre famille ait disparu soit de nom (pas de descendance mâle) soit par faillite commerciale ? La famille Polo en aurait en somme relevé le nom ? . En tous cas, par cette affiliation patronymique Marco Polo s'achète ainsi, à peu de frais et peut-être par le hasard de l'achat de ce palais vénitien et sa renommée, un grand nom des temps antiques, en avait-il conscience ? Ce nom fut-il d'abord pour lui et les siens un surnom relatif à ce palais ou à ses richesses ramenées ? Je ne pense pas que l'on puisse le déterminer un jour !
(=> beaucoup de références dont : "Les routes de la soie" F. Pernot, Artemis, 2007; "Marco Polo" J. Heers, Fayart, 1983; "Marco Polo Le Million" Luigi Foscolo Benedict, Florence, 1928 cité in "Il Milione" De Agostini p.22; "Marco Polo et le Livre des Merveilles...." Ranieri Alluli, Milan Mandadori, 1954, p.26 où cet auteur écrit "...vouloir reconnaitre dans le mot Million la forme réduite d'un Emilione diminutif...qui semble avoir servi à mieux identifier notre titre, en le distinguant des autres surnoms de la famille".)
GUILLAUME AMIEL de LIMOGES :
Cet personnage fut d'abord Prévôt de Lavaur (81) puis évêque d'Apt en 1341, l'année suivante de Chartres et enfin Patriarche de Jérusalem en 1349. Il administra par la suite le siège de Fréjus. Il est mort à Montpellier le 9 juin 1360 mais fut enseveli à Limoges, sa terre natale (d'où son nom habituel). (rèf. "Vitae pap. Arca." de Baluze, 1693 T. I, 910-2, 1433).
Les AMELIER troubadours de MONTPELLIER :
Le nom Amelier, dérivant d'Amelhier occitan et d'Ameilh, a été vu pour un poète toulousain du XIIème S.. A Montpellier ce nom est connu aussi : Jacques Amelier, marchand, y est cité en 1363 pour la possession d'une maison dans le faubourg qu'il vend à l'hôpital (inventaire des cartulaires de Montpellier 1901). Plus tard, par le rôle de paiement des "troubadours consulaires" on a le nom de plusieurs autres : Peyre Amelier en 1455 est cité avec celui de Hugon Amelier (des frères?); le nom d'Hugon est aussi écrit Melleri curieusement et on le voit longtemps à ce poste, en 1480, 1481, 1482, 1489, 1492 et 1494 ! Suit son fils en 1496...C'est, d'après l'étude de la recension, la seule famille locale qui a donné à la ville ces troubadours officiels pendant quasiment 1/2 siècle !
(=> "The musical sounds of medieval french cities : Players, patrons and politics" Gretchen Peters, Cambridge Univ. Press, 2012).
Des AMIEL chevaliers de ST JEAN de JERUSALEM à ST GILLES :
Dans le répertoire de cet ordre pour le Grand Prieuré de Saint-Gilles sont mentionnés : Raymond et Aldebert Amiel en 1338; pour la même année encore Bernard ainsi qu'un homonyme de ce dernier en 1426; en 1482 Balthazar Amiel. En 1338 le nom de Jean Amiel, probablement parent des deux premiers et lui seulement "frère servant".
(=> "Essai sur le Grand Prieuré de St Gilles de l'Ordre de St Jean de Jérusalem" E. F. de Grasset, paris, Dupont, 1869).
BERNARD AMIEL à VILLEGLY (11):
Cet homme était maître-tuilier et possédait sa tuilerie à Villegly (près et au nord de Carcassonne) à la fin du XIVème S. Fouquet de Merle, un franciman vu le nom, devenu seigneur du lieu y prélevait parait-il 25 tuiles par fournée comme droit.
AMELIUS OLIVE & AMELIUS DE ROUFFIAC :
Dans la décennie 1478-1488 l'inventaire des actes tarnais (ancien fonds 6E1) cite plusieurs fois Noble Amelius Olive, licencié "en l'un et l'autre droit", fils et héritier de Bernard (1478), seigneur de Tornaboix. Son nom est aussi noté Amédée après sa mort, postérieurement à 1488 mais avant 1494. Cette autre façon, assez différente de nommer cet homme confirme bien ce que j'affirme dans la partie onomastique, l'équivalence dans les textes manuscrits de ces deux appellations.
Vingt ans auparavant, mais toujours dans le Tarn, on peut noter aussi le nom de Noble Amiel de Rouffiac.
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