On ne nait pas chrétien, on le devient.
Tertullien, l'un des premiers théologiens de l'Eglise, au IIIème S.
Notre père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié....
Début de la Prière de Jésus enseignée à ses fidèles insérée dans l'Evangile de Matthieu (6, 9-13).
Voilà dans ces mots essentiels mis en tête un condensé de la signification de notre nom Amiel pour son origine hébraïque :
"Notre père" le parent divin à rapprocher de "mon oncle/mon parent" à voir dans Am+ i ,
"qui es aux cieux" signifiant qu'il s'agit bien de celui qui est au-dessus du monde, Dieu,
"que ton nom soit sanctifié" traduisant l'impossibilité d'appeler ce dieu unique par son nom chez les juifs (Yahveh) mais qui correspond à l'un de ses plus vieilles appellations, El, dans tous les noms théophoriques dont celui d'Amiel, nom sanctifié car Dieu est entièrement dans son nom.

NB : 1 - L'ascendance de Jésus pour ce qui est de son origine davidique comme les Evangiles l'affirment n'est pas dûe à Joseph car c'est par la mère que la judéité est transmise : C'est à sa mère Marie que Jésus doit son origine prestigieuse; Marie était de la descendance de Nathan, frère de Salomon, fils comme lui de Bethsabée et donc petit-fils lui aussi d'Amiel; ce Nathan n'est pas le plus connu du temps de David; le plus connu c'est le prophète bien sûr. La relation d'ascendance avec le père de Bethsabée, Amiel, beau-père de David, est bien indiquée, conformément au texte biblique (1Chroniques, III, 5) à la p. 171 du travail universitaire "The Evangelical Accounts of the Descent and Parentage of the Saviour..." de William Hodge Mill publié chez University Press of Cambridge en 1842.
2 - Le nom "de baptème" individuel puis patronymique Amiel d'origine gallo-romaine puis médiévale doit beaucoup aux martyrs aemiliens des temps apostoliques, des premiers siècles de la chrétienté comme aux saints ameliens du moyen-âge. Ils sont assez nombreux c'est pourquoi j'ai constitué un "dossier spécial" qui les répertorie; on voudra bien s'y reporter en complément à cette page déjà assez volumineuse.

Des AEMILII en PALESTINE 60 ans avant la NAISSANCE DE JESUS et jusqu'à 60 ans plus tard :
Au commencement de la guerre contre les juifs, en Palestine, le général Pompée eut un lieutenant très actif en la personne d'un Aemilius Scaurus pour la prise de Jérusalem; il vainquit les troupes du roi arabe Aretas qui était venu soutenir les juifs et leur roi Hyrcam, alors en conflit avec son frère Aristobule pour le trône de Judée. Gouverneur romain de Syrie de -65 à -62 cet Aemilius oeuvra donc durant la fameuse période des rois juifs Asmonéens ou Macabées dont je parle dans la page Amiel hébreux. Quant à l'arabe Aretas (roi de -84 à -62), ayant appris que Scaurus s'était dirigé ensuite vers son pays, il acheta sa liberté et celle de sa terre à Scaurus pour 300 talents en -64 (cf. Flavius Josephe L. XIV, Ch. 9 des Antiquités Judaïques). (cf. page Aemilii république).
D'autres aemiliens participèrent à la conquête de la contrée des juifs dont Q. Aemilius Secundus qui suit et Aemilius Jucundus Longinus, maitre de camp de l'armée de Cestius; il commandait une aile de cavalerie stationnée à Césarée quand il tenta de juguler la révolte qui éclata dans cette cité en +66. Aemilius Longinus fut tué par les juifs lorsque le général Cestius dut lever le siège mis devant le Temple (cf. Flavius Josephe L. I Ch. 40 & L. II Ch. 19 de la Guerre des Juifs) en novembre 66. Précisons que Flavius Josephe fut un historien juif qui vécut entre 37 et 100 de notre ère, donc tout à fait crédible. Le Temple défendu efficacement par les Juifs depuis 66 tombera et sera détruit (une seconde fois) en 70.
(=> "Le grand dictionnaire de la Bible..." Vol. I de R. Simon, 1717).
QUINTUS AEMILIUS SECUNDUS et la NAISSANCE du CHRIST :
Notre ère a commencé avec la date de naissance de Jésus, il y a donc plus de deux mille ans maintenant. Mais l'année probable de cet évènement essentiel pour notre histoire, du moins pour dater l'histoire à partir de notre ère n'est en réalité qu'assez approximative. Selon de sérieuses recherches Jésus serait plutôt né autour de l'an 1 de notre ère (puisqu'il n'y a pas d'année 0 séparant les deux ères). Des recoupements, non seulement entre les éléments des Evangiles et l'histoire romaine bien connue, mais avec des éléments épigraphiques amènent quelques repères permettant de mieux cerner la naissance divine.
Le fait marquant indiqué par les livres bibliques c'est le recensement qui eut lieu en ce temps-là; le recensement c'est celui de Quirinus ordonné par lui dans la région de Judée dont on connait mieux la période grâce à une inscription d'Apamée (CIL III 6687; ILS 2683) retrouvée à Venise où elle fut déposée on ne sait plus quand. Elle fut rédigée pour un certain Aemilius Secundus et son texte confirme le récit de l'évangéliste St Luc, notamment en ce qui concerne la réalité de ce fameux recensement. L'on a ainsi une fourchette de dates qui encadrent la probable naissance; il est indiqué sur la stèle qu'Aemilius Secundus servant sous Quirinus, Légat de Syrie, et sur son ordre, recensa 117.000 citoyens de cette région. On est certain par là que le recensement était terminé en -7; mais Quirinus accomplit une 2ème légation immédiatement après; une 2ème date doit donc être envisagée correspondant à ce 2ème mandat : La naissance divine put donc avoir lieu soit vers -7 ou -6 comme jusqu'à +6 de notre ère!
Car le même Aemilius Secundus est par ailleurs indiqué dans une inscription de + 6 dans laquelle on voit qu'alors il fut envoyé toujours par Quirinus mater les Ituréens du Mont Liban au nord de la Palestine donc. (cf. Jewish Encyclopedia; Ephemeris Epigraphica, 1881, pp. 537-542). Mais qui était cet homme qui, sans le vouloir, est si essentiel pour un si grand évènement chrétien ?
On le connait encore par une autre inscription (CIL V 136) d'une stèle de Berytus, en Syrie. Il s'était installé dans cette région et eut son domicile à Beyrouth (devenue colonie en -14). Bien que cette colonie ait été rattachée à la tribu Fabia, il resta dans sa tribu d'origine, la Palatina; après avoir intégré le corps des chevaliers il devint préfet des cohortes sur place, en Syrie et c'est bien là qu'il effectua le recensement d'Appamée, entre -6 et +6 donc. Ce n'est qu'après cette dernière date qu'il quitte la région avec son unité pour effectuer l'opération de pacification des Ituréens indiquée plus haut, assiégeant leur citadelle sur le Mont Liban. On sait par les inscriptions qu'il suivit à Beyrouth tout le cursus local (questure, édilité, duovirat) et il fut pontife de la colonie; fidèle à ce lieu, il y fit construire le tombeau familial où furent ensevelis son fils homonyme et son affranchie Aemilia Chia.
L'ORACLE DE LA MORT DE PAN annonçait-elle LA MORT DE JESUS, laquelle eut lieu quand ? :
Passons le récit évangélique biblique et intéressons nous à la mort de Jésus, crucifié à 33 ou 35ans, sacrifice divin intentionnel censé attribuer le pardon définitif à tous les hommes et mettre un terme à la violence intrinsèque de l'humanité envers elle-même, lequel aurait eu lieu pour la Pâque juive entre ~ 28 et 39 de notre ère si l'on considère l'erreur initiale pour son commencement. Une vieille histoire peut s'y référer...."L'oracle de la mort de Pan"...Voir ce sujet (et sa réponse ?) dans la page Dossiers Spéciaux.... Cette date aussi importante que sa naissance est de nos jours mieux cernée par les historiens : On est certain qu'il s'agit d'un vendredi soit de l'an 30 soit de l'an 33 (le 14 du mois de Nisan selon le calendrier juif); la Pâque juive tomba, en 30, le 7 avril de notre calendrier mais si l'on considère un évènement cosmique relaté dans les Evangiles, l'éclipse solaire, on a calculé qu'il n'y en eut qu'une à cette époque, non cette année-là, mais pour la Pâque de l'an 33, qui correspond au vendredi 3 avril de cette année-là !
Un AEMILIUS LONGINUS à la CRUCIFIXION du CHRIST ? :
Le soldat romain qui aurait eu la responsabilité de la Crucifixion du Fils de Dieu est habituellement nommé Longin par les textes bibliques eux-mêmes mais aussi par les historiens et écrivains. Les "Actes de Pilate" apocryphe nommé aussi "Evangile de Nicodème" le nomment ainsi également mais Tacite indique ou rappelle que cet appellation n'est (ne peut être) qu'une partie du nom complet de cet homme selon la fameuse "tria nomina" latine; enfin Longin en latin Longinus a les apparences d'un agnomen vu le suffixe -inus et non -ius pour un nom de famille. Il est fort possible que son nom fut Aemilius Longinus. Tacite cite parmi les membres de cette famille de chevaliers romains des Longii, avec un Cassius et un Pompéius, un Aemilius Longinus (adopté par la gens Aemilia ?) qui aurait vécu dans le 1er demi-siècle de notre ère précisément; militaire en Gaule, c'est lui qui tue sur commande un certain Vocula et en sera récompensé par une promotion ! (cf. page des Aemilii gallo-romains). Puis on peut signaler un autre Longinus qui figurera au siège de Jérusalem en 70, et qui dit Tacite, "marcha sur les traces" du dernier nommé. Enfin toujours dans la même région juive mais un peu plus tard encore le Légat de la Province de Judée fut de 86 à 90 un plus connu Cnaeus Pinarius Aemilius Cicatricula Pompeius Longinus (cf. "Jésus-Christ: Etudes sur sa vie et sa doctrine..." Vol.2 Dr J N Sepp; Louvain, Fonteyre, 1869). Y aurait-il eu avec le temps un amalgame entre ces personnages et un certain mélange des appellations ? Toujours est-il que plusieurs auteurs anglo-saxons parlent soit d'un Aemilius Tullius qui aurait été chargé d'arrêter Jésus lors de son entrée à Jérusalem une semaine avant la Pâque juive, soit d'un Aemilius Longinus qui aurait dirigé sa mise en croix et aurait assisté à son agonie quelques jours plus tard, perçant de sa lance son flanc comme l'indique l'Evangile. Il s'agit donc de simples spéculations pourtant je les cite dans cette partie historique non pour leur historicité donc mais pour leur valeur documentaire illustrant combien le nom des Aemilii fut non seulement essentiel dans la vie romaine mais surtout pour sa notoriété qui a franchi les siècles jusqu'à être associé étroitement bien que fictivement à la vie de Jésus-Christ.
- Aemilius Tullius n'est probablement qu'un personnage de roman mais il vaut d'être cité : Il figure dans "Le Prince de la Maison de David", de J.H. Ingraham (traduction en français de E. Porret, éd. Delachaux & Niestlé, Neufchâtel & Paris, 1903). L'arrivée de Jésus à Jérusalem ne passe pas inaperçue lors des Rameaux; ses fidèles l'honorent en agitant et disposant sur son passage des rameaux et palmes (palmes figurant son prochain martyre). Aemilius Tullius, nom que l'on ne connait par aucune relation historique, est présenté comme un jeune centurion romain devenu Préfet de la Légion de Pilate qui fut chargé d'arrêter Jésus à son arrivée. Devant lui, très courageusement et malgré les injonctions des juifs et religieux hostiles, il osa saluer l'homme qu'il devait amener à Pilate et prit même son parti. L'auteur donne à cette attitude assez incroyable pour un romain la même signification de conversion que l'on voit attribuée de la même façon au personnage suivant.
- Aemilius Longinus est lui cité par plusieurs auteurs anglo-saxons comme le centurion romain qui aurait conduit la crucifixion et aurait vu le Christ mourir sur la croix (c'est de lui, semble t-il dont parle Claudia Procula, épouse de Ponce Pilate cf. évangélisation de Narbonne par St Paul). Si l'on se conforme aux textes des évangélistes (cf. St Luc, 47; St Marc,39) Longinus se serait écrié au dernier soupir de Jésus : "Celui-ci est vraiment le Fils de Dieu". Voilà une exclamation extraordinaire; une conversion qui ne se comprend pas de la part d'un païen, polythéiste qui plus est tout comme la précédente. C'est un revirement religieux stupéfiant de la part d'un soldat romain, qu'il ait été officier ou centurion, difficile à croire en ce temps-là; peut-être est-il la conséquence des phénomènes physiques qui ont accompagné cette mort : éclipse, tremblement de terre, déchirement du rideau du temple ? Le nom de cet "Aemilius Longinus" est en tous cas documenté dans plusieurs œuvres comme "The physical cause of the death of Christ" de W. Stroud, éd. Appleton & Cy, New-York, 1871, p.75 ; "The last day of our Lord's Passion" de W. Hanna, éd. R. Carter & Broth. New-York, 1870, pp. 296-233 ainsi que par l'ouvrage plus ancien du Dr Sepp cité plus haut. Les mêmes précisant enfin qu'Aemilius Longinus devint après son séjour en Palestine, Procurateur (Gouverneur) de Bretagne (Grande-Bretagne bien entendu) et comme chrétien il aurait participé à la propagation de la foi dans cette île; c'est difficile à croire pour cette époque-là mais les voies de Dieu ne sont-elles pas impénétrables !.
- Ceci dit Longin est bien considéré comme saint par l'église mais nous voilà définitivement avec un simple prénom chrétien pour un personnage romain antique. La pratique de ne nommer les individus que par leur nom individuel deviendra malheureusement courante dans les siècles suivants sous l'influence des barbares francs et par la christianisation de ceux-ci (nom de baptême puis prénom). Comme ce St Longin, apparaitront les St Aemiliens ou Ameliens, ces St Emiles en français passés entre temps par le roman Amilius et Amelius, et donnés selon l'habitude des chrétiens comme noms uniques afin de mieux 'coller' à la réalité barbare pour mieux la convertir ? Vous savez qu'ensuite ces noms se doubleront d'une deuxième appellation par nécessité de distinguer les individus après le boom démographique succédant à la peur de l'an mille, laquelle appellation gardant sa 2ème position se transformera souvent en nom patronymique d'où les Amiel (le 1er devenant le prénom).
- Pour ajouter encore un peu à la confusion historique il est utile je crois de préciser que bien plus tard un Longinus fut un des disciples du philosophe néo-platonicien et chrétien Plotin; mais le dit Plotin eut pour proche, principal élève et successeur un certain ....Aemilius ! (voir ce nom en bas de cette page).
AEMILIUS ET LES PREMIERS CHRETIENS
L'APOTRE PAUL aurait-il appartenu à la GENS AEMILIA ? :
Il y a au moins un auteur qui en est convaincu ! G.A. Harrer dans son article "Saül who also is called Paul" paru dans H.T.R. XXXIII, 1940, pp. 19-33 plaide pour l'opinion que l'apôtre se nommait Paul dès sa naissance, "Saül" étant son signum. Nous ignorons le praenomen et le nomen de Paul. Ils pouvaient venir de la grande famille Aemilia comme le cognomen. Dans ce cas son nom romain pouvait être en latin : "L. Aemilius Paullus qui et Saül". Ce qui peut en effet bouleverser l'histoire mais expliquer aussi certaines accointances dont la conversion par Paul du 1er notable romain en la personne de Sergius Paulus gouverneur de Chypre (cf. ci après article sur Paul-Serge de Narbonne). Pourtant Paul n'utilisera que ce nom latin bien que dans l'est de la Grèce où il passa un temps assez long, beaucoup d'inscriptions du Ier S. indiquent le signum (surnom ou cognomen) d'un nom par la mention "qui et" que reprend Harrer. C'est ce qu'explique un auteur récent M. F. Hull dans "Baptism on account of the dead...." Soc. of Biblical Literature, 2005, pp 121,122). Cet auteur tout comme Richard Baucklam dans "The jewish world around the New testament : Collected essays I" (pp 376 et suiv., 2008) penche plutôt pour une erreur volontaire ou pas ? de traduction, les deux mots en grec, comme en latin, étant très proches dans leur écriture. Mais l'incertitude demeure et la question sera encore présente longtemps: pourquoi ce changement radical de nom en un moment précis, celui où il va devenir l' "Apôtre des Gentils" ?
CLET DEUXIEME PAPE ET AEMILIEN, LES PUDENS :
- Jésus avant de mourir sur la croix a désigné l'apôtre Pierre comme étant celui qui devait mettre en place et diriger l'église dont il avait posé les principes, basés essentiellement sur l'amour des hommes. Il ne faillira pas à sa mission en développant des structures ecclésiales propres à guider les premiers convertis et à assurer la propagation des nouvelles voies religieuses et sociales que cette nouvelle théologie engendrait. Rome était la capitale de l'Empire Romain, le carrefour de tous les peuples d'Europe du sud et des rives de la Méditerranée c'est à Rome qu'il fallait mettre en place la tête de l'église du Christ; Paul, l'apôtre des gentils, des non-juifs d'origine, fera de même; ils seront les organisateurs chacun en leur domaine de la Propagation Apostolique de la Foi.
Rome ville cosmopolite où se croisent tous les peuples de l'Antiquité, plaque tournante d'échanges d'idées, véhicule naturel d'extension du christianisme naissant apparut donc à Pierre comme l'endroit idéal pour installer les fondements de son église. Un église encore et pour plus de deux siècles et demi non reconnue, qui dût rester dans l'ombre, cachée, dans les catacombes où à l'abri des murs de quelques demeures aristocratiques, sous la protection de personnes et de familles hautement respectables et respectées. (je vous rappelle que la 'famas' romaine pouvait se trouver mise en veilleuse pendant longtemps mais ne pouvait s'éteindre). Inlassable prédicateur, Pierre dut être aussi un organisateur ; il devait donner aux communautés de la capitale du monde et du monde méditerranéen des pasteurs pour guider ces croyants. Pierre ordonna le premier de ses successeurs qui se nommait Lin, Linus en latin. Après le martyre de St Pierre cet homme qui n'avait pas connu le Christ fut le 1er Evêque de Rome et le 1er chef de l'église naissante, le 1er Evêque de cette organisation religieuse puis politique et sociétale qui allait progressivement s'installer partout en Europe puis dans le monde pour 2000 ans!
Mais rapidement toutefois Pierre vit que la tâche s'avérait immense et qu'il lui fallait donner un autre Evêque à son organisation; il choisit d'imposer ses mains sur la tête de Clet (Cletus) qui succédera d'ailleurs à Lin, coadjuteur de Pierre pour Rome, devenant ainsi le 2ème responsable religieux de la chrétienté, de la longue série des papes jusqu'à nos jours.
- Pierre confia l'église de Rome à Lin et les églises hors de Rome à Clet. Lorsque Lin mourut ~77 ou 80 Clet eut la charge de toutes les églises et de ce fait est véritablement le 1er pape, évêque de Rome et super-évêque des églises hors de Rome, ce que l'on voit toujours de nos jours lorsque le pape donne ses (rares) bénédictions Urbi et Orbi (que l'on peut traduire par 'A la ville de Rome et au Monde'). Clet est aussi le dernier personnage important désigné par l'apôtre Pierre lui-même. Il régna jusqu'en ~83 ou 86, voire jusqu'en 91 (si l'on considère qu'il faut confondre Clet et Anaclet, son successeur éventuel). Il est saint et fêté autrefois le 26 Avril. Pourquoi vous parler de lui ? Vous vous en doutez sans doute un peu ...
- Le nouveau vicaire du Christ sur terre était romain; né dans le Vicus Patricius, le quartier des nobles, situé dans la vallée réunissant l'Esquilin et le Viminal, et habité depuis longtemps par l'aristocratie romaine. Le Liber Pontificalis (biographies des papes) indique que Cletus appartenait à la gens Aemilia (nous y voilà). En 1601 le Recueil de l'Histoire de l'Eglise, p. 18, indique bien qu'en 77 ce fut selon la plupart des auteurs, "Cletus, fils d'un Aemilianus, citoien (sic) romain, (qui) commença de gouverner" l'Eglise. Un texte de l'an 70 donne les noms de sept Aemilii qui avaient alors leur habitation dans la même région (quartier de Rome). Et avec les Aemilii il y avait aussi les Cornelii, d'ailleurs son nom à la ville était Cornelius Pudens; le cognomen Pudens semble avoir été, sous l'Empire, usité principalement chez ces deux familles, qui, on le sait étaient unies très étroitement depuis longtemps; sous la République déjà avec les Aemilius Paulus ou Scipion l'Africain par exemple. Un bronze tardif de 222 porte le nom d'un "...Pudens Cornelianus"
- On cite plusieurs Aemilius Pudens chez les auteurs antiques mais arrêtons-nous sur un marbre chrétien découvert au cimetière de Lucine (catacombe) portant le nom de Aemilia Pudentilla. Il s'agit d'une défunte du début du IVème S. qui était l'épouse de Neratius Gallus; ce qui rappelle le texte de l'an 70 trouvé lui aussi dans les catacombes de la Voie Appienne et sur laquelle figure une Cornelia Pudentilla ou Pudentiana. Aemilia Pudentilla portait aussi le même nom que la femme d'Apulée (dont le mariage avec cette riche veuve fit beaucoup de bruit et l'objet d'un procès en sorcellerie "De magia"). De plus on sait qu'un Aemilius Pudens érigea un monument à son fils Aemilius Pudentianus, tout comme on peut citer au IIIème S. un Quintus Caecilius Pudens Légat de Germanie. On rencontre encore précocement un Aemilius Pudens chargé de l'éducation d'Aemilia Lepida, appelée à devenir la belle-fille d'Auguste, plus d'un siècle et demi avant les débuts de l'évangélisation à Rome. Pour terminer ce réseau de liaisons interfamiliales ajoutons que les Pudens étaient aussi liés aux Caecilii : Caecilius Pudens, dont l'inscription funéraire est également dans les catacombes de la Voie Appienne, est ce personnage qui accueillit St Pierre à Rome du temps de l'empereur Claude, au début des années 50, chrétien dont parle St Paul dans son 2ème Epître à Timothée. Enfin bref, le 2ème vicaire du Christ ne manquait pas d'illustration (notoriété)! Mais pourquoi ce nom de Cletus ?
- Clet remplace donc son nom d'aristocrate, on le désigne bien ainsi dans tous les actes de l'Eglise, c'est un cognomen, un surnom chrétien par lequel il était connu chez ses coreligionnaires. Le mot est grec, cletos signifiant en latin 'vocatus' soit l'appelé; c'est d' ailleurs par ce qualificatif que St Paul désigne les chrétiens.
- Les rapports de voisinage comme de proximité entre les familles Caecilii, Cornelii et Aemilii expliquent comment plusieurs d'entre eux purent se trouver unis de pensée et de sentiment pour la nouvelle religion (encore hors-la-loi faut-il le rappeler!). Depuis la conversion d'un haut personnage romain de la gens Cornelia, succédant à celle si importante d'un Sergius Paulus, lui aussi de la gens Aemilia, gouverneur de Chypre (dont le Nouveau Testament narre la conversion par Saül qui changera son nom en Paul en référence à ce noble romain) on comprend comment la nouvelle religion a pu avoir de solides assises à Rome. La Domus Pudentiana sera désormais l'asile préféré et la base terrestre de Pierre pour fonder l'Eglise en l'ancrant dans la capitale du monde d'alors, Rome, pourquoi ? On peut penser que les réunions de chrétiens passèrent ainsi mieux aux yeux du pouvoir bien qu'il n'en fut sans doute pas dupe, en raison du grand nombre de clients et d'étrangers qui se rendaient normalement pour leurs affaires dans les palais des sénateurs. L'Acta Praxedis indique que la famille fut l'hôte des premiers papes jusqu'à Pie Ier (milieu du IIème S.), que c'est Priscille qui mit déjà à la disposition de Pierre sa villa de la Via Salaria que l'on a effecrtivement retrouvé sous la basilique Ste Pudentienne et qu'elle devint le centre de l'activité de l'Apôtre. Il est évident qu'il reçut dans cette villa les soins d'hospitalité des Pudens, du sénateur Aulus Aemilius Pudens le chef de famille, sénateur et centurion, fils de Quintus, sénateur aussi et l'un des chrétiens des origines, de Priscille sa mère de la famille Glabrio, et de la jeune génération Rufus Pudens, Novatus, Pudentiane et Praxède, lesquels grandiront à l'ombre de l'apôtre comme à celle de son collègue Paul (cf. Epître aux Romains 16,13) bien que Paul ait, au moins pendant un temps, loué un appartement sur la Via Lata, dans une auberge vers le milieu de cette voie; la via Lata est au nord du Capitole, proche des tribunaux où il eut à comparaitre et où il fut retenu, près aussi de la résidence de Néron. Lors de sa 2ème captivité à Rome Paul reçut, peu de temps avant son martyre, la visite de Pudens, qu'il pria de saluer pour lui Timothée (cf. Acte des Apôtres, 2 Timo. 4, 21). Selon certains auteurs Aulus Aemilius Pudens est possiblement ce centurion stationné à Césarée mentionné comme le premier païen converti (selon Actes des Apôtres 10, 10-16) quand il fut envoyé alors à Joppa pour arrêter St Pierre. Le poète Martial qui était un ami de la famille confirme la proximité chrétienne des Pudens dans ses Epigrammes. Rufus Pudens fut un officier de haut rang au temps de l'empereur Claude, avec son épouse que l'on pense anglaise, ils sont les premiers chrétiens de Grande-Bretagne où il fut en poste. On a retrouvé aussi la catacombe de Ste Priscille dans laquelle furent enterrés outre les membres de la famille devenus chrétiens et saints déjà cités, les saints Marcel et Marcellin (de la persécution de Dioclétien), les saints et saintes Félicité, Félix, Philippe ou Crescent (de la persécution de Marc-Aurèle)... Les basiliques Ste Pudentiana et Ste Praxède proches de nos jours de Ste Marie Majeure à Rome, témoignent humblement mais d'une façon insigne de ces débuts de la chrétienté dans ce qui sera la capitale de cette chrétienté, même si l'église a, en 1967 parait-il, renié ces propres origines romaines (!).
- Il ne faut pas confondre cette Priscille avec celle dont on lie le sort à Aquilas, son mari et qui était d'origine juive. Ces derniers qui vécurent à la même époque ne terminèrent pas leurs jours à Rome. Par le texte biblique du 2ème Epitre de St Paul à Timothée (qui est bien un Pudens lui) l'on peut voir qu'ils étaient à Ephèse en l'an 67, année qui fut celle des Martyres de St Pierre et de St Paul à Rome, et qu'ils terminèrent sans doute leur sacerdoce en Orient. Toutefois donc ces deux familles étaient en lien et peut-être parentes. Mais ceux-ci qui vivaient à Rome durent fuir car Claude avait décrété que les juifs devaient quitter la ville (Actes 18,2). Paul les rencontra à Corinthe lors de son 2ème voyage; convertis par lui, ils le suivirent en Syrie et jusqu'à Ephèse (Actes 18, 18).
- Les vieilles gens romaines qui étaient inattaquables pour ces protections religieuses interdites contribuèrent grandement par leur noble notoriété, l'éclat de leur nom, à la propagation de la foi chrétienne par la protection, l'aide matérielle qu'ils fournirent pendant des années aux apôtres Pierre et Paul, pères de cette Eglise naissante si fragile et si souvent persécutée, puis aux papes très longtemps ensuite comme on l'a dit, ceci pour qu'enfin, en 313, Contantin Ier la légalise.
- Un souvenir émouvant de ce temps apostolique est toujours présent a l'endroit le plus central de la Basilique St Pierre au Vatican, dans son abside même, je veux parler de la Chaise de St Pierre, celle-là même qui a pu donner son nom au ... St Siège, au moins symboliquement, (langue des oiseaux ?) on parle bien d'accession "au trône de St Pierre" lorsqu'un nouveau pape est élu après une "vacance du siège". Il s'agit dans les temps anciens d'un simple siège de la maison des Cornelii, sur laquelle Pierre s'asseyait pour recevoir les convertis et prêchait, ou de celle des Pudens. Ce signe visible et si symbolique de l'autorité doctrinale dont on confond les deux origines possibles a traversé les siècles, cet humble siège qui a ainsi comme une part d'immortalité a toute une histoire que l'on peut suivre de siècle en siècle dans les Archives de la papauté. On sait par exemple que St Damase plaça le fameux siège dans le baptistère de la Basilique Vaticane (qui fut rasée pour construire St Pierre) et qu'il servit pendant de nombreux siècles pour introniser les papes. Un fête lui était même consacrée le 22 Février où il était exposé sur l'autel! : le Natale Petri de Cathedrae ...sa plus vieille mention est trouvée dans le Chronogaphe Romain de 354 et elle fut propre à Rome; on évoque à ce sujet analogiquement la fondation de l'épiscopat, c'est le symbole de l'enseignement théologique. Puis enfin, en 1663 Alexandre VII fit renfermer la chaise dans le colossal et somptueux Trône de St Pierre comme serti par Le Bernin au-dessus de l'autel de l'abside, lieu insigne de toute église. Il a revu toutefois la lumière en 1867 par ordre de Pie IX à l'occasion du XVIIIème centenaire de la mort de Pierre pour être livrée à la vénération des fidèles. Certains y voient la propre chaise curule du sénateur Pudens qui en aurait fait hommage à son hôte apostolique. Le fameux siège est en chêne, munie sur les côtés de deux anneaux dans lesquels on passait des bâtons pour le transporter comme "seda gestatoria" (ainsi a-t-on d'ailleurs promené les papes parmi et au-dessus des fidèles jusqu'à Jean XXIII dans les années 1960, cette technique permettant de voir le pontife et d'être béni par lui).
(=> "Ste Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles" Dom Guéranger T. I Chap. III & IV 10ème édition Téqui Paris 1933; "Revue de l'Art Chrétien" sous la dir. de J. Corblet, 13ème année pp63-64 1869; les preuves de l'antiquité insigne de la basilique Ste Pudentienne peuvent être trouvées dans les Acta de St Pasteur et Timothée, les lettres de Pie Ier à Justus de Vienne et le Liber Pontificalis).
LA GENS AEMILIA ET ST JEROME :
Le grand St Jérôme doit pour le moins la protection et il en reconnaitra toujours le mérite, à la gens Aemilia. Connu dans l'histoire même religieuse comme un homme impétueux, se brouillant avec de nombreuses personnalités, s'immisçant dans toutes les querelles de son temps, souvent considéré comme l'un des plus mauvais caractères de ceux qui ont accédé à la sainteté, il sera très proche d'une Aemilia Paula de son temps.
- Au milieu du IVème S. alors que la religion chrétienne pouvait enfin commencer à s'épanouir, le pape d'alors Damase fit venir auprès de lui d'Orient comme secrétaire un homme très cultivé nommé Jérôme, Hiéronymus en latin. La société chrétienne de ce temps se retrouvait dans le quartier de l'Aventin, pas très loin des premiers hôtes romains des apôtres Pierre et Paul, les Pudens dont j'ai déjà parlé. Il arrivait souvent que Jérôme vienne expliquer des passages bibliques (la bible étant encore en grec en ce temps-là, c'est ce que l'on appelle la Septante, nom désignant le collège de 70 juifs qui l'ont traduite dans cette langue à Alexandrie). Les Aemiliens, comme les Pudens et d'autres grandes familles avaient des membres chrétiens assidus à ces conférences.. Jérome fit la connaissance de ces romains dont il devint le guide et même le père spirituel. Son regard s'arrêta particulièrement sur la personnalité d'Aemilia Paula; par les lettres qu'ils s'échangeront et dont on a conservé le contenu cette relation d'amour tout mystique est assez bien connue. Voici ce que dit la lettre LXXXIV de Jérôme sur Aemilia Paula : Qu'un rhéteur formé dans les traditions de l'école, vante les aïeux de cette noble romaine....; je lui dois un tout autre éloge, son histoire pour moi date de sa conversion. Et cette histoire entre eux et le Christ va être assez longue, commune et remarquable. Je la détaille dans la partie compléments mais il me faut dire que ces deux-là partis à Bethléem, en Galilée, s'attacheront durant leur vie à s'entraider, à vivre l'amour du Christ, elle en faisant la charité, aidant les pauvres et assistant Jérome, lui en traduisant inlassablement en latin la Bible que l'on nommera alors la Vulgate (en latin, langue compréhensible de tous, du commun). Aemilia est connue depuis comme Ste Paule de Rome. Sa fille qui vécut auprès d'elle nommée Eustochie est aussi sainte, elle est la 1ère vierge qui se consacra volontairement à Jésus pour sa vie entière, c'est la sainte des moniales de tous ordres en somme.
(=> en partie "Epistulae Antiquae : Actes du 1er Colloque Genre Epistolaire antique et ses prolongements" Univ. Rabelais, Tours 1998 / Peeters, 2000 par L. Nadjo & E. Gavoille).
- Le couple mystique chrétien que formèrent Jérôme et Aemilia Paula bien que rare n'est pas exceptionnel; certains diront qu'il fait suite au couple mystique de Jésus et Marie-Madeleine; il y en aura de semblables avec Benoît et sa sœur Scholastique au Mont-Cassin, Jean de la Croix et Thérèse d'Avila ou entre François et Claire d'Assise tout comme il y en eut dans d'autres traditions avec Tristan et Yseut en Occident, Leila et Majnun en Orient, Dante et Béatrice ou Pétrarque et Laure chez les "Fidèles d'Amour"...
PAUL SERGE PREMIER EVEQUE DE NARBONNE et DISCIPLE DE L'APÔTRE PAUL :
Il faut parvenir aux études modernes pour voir émettre l'idée que tout ce qui a été dit durant des siècles sur les premiers temps de l'église en Gaule et qui la fait remonter aux temps apostoliques serait faux, qu'il n'est pas possible de voir l'évangélisation de nos contrées avant le IIIème S. Ce serait selon des historiens catholiques (comme l'Abbé B. Dumec, site de l'évêché de l'Aude ou le colloque 2002 des Cahiers de Fanjeaux , vol. 37, Privat, Toulouse) parce que la région de Tarragone, en Espagne, il est vrai bien éloignée de Narbonne dont l'évêché couvrait une superficie considérable, allant de cette région bien au sud de Barcelone jusqu'au Rhône, avait des velléités de gouverner toutes les diocèses de l'immense région que l'archevêché narbonnaise aurait inventé cette origine apostolique, volonté même de revendiquer la primauté voire la primatie sur toutes les églises de Gaule voire d'Espagne ! La vision d'une concurrente de Rome pour l'ouest européen n'est pas loin, l'unité pouvant en souffrir il ne saurait en être question... Du coup Paul-Serge aurait été relégué dans un même rang avec la cohorte des évangélisateurs des régions voisines comme Saturnin de Toulouse, Trophime d'Arles ou Aphrodise de Béziers qui eux ont évangélisé au ...IIIème S. De toute façon Narbonne sera finalement détrônée par Lyon comme Primatiale des Gaules. Il est des auteurs encore au milieu du XXème S. qui persistent dans l'origine apostolique qui ne me semble pas si erronée que cela en dehors d'une telle éventuelle raison. Il est aussi des auteurs contemporains qui sont du même avis. C'est le cas de J. Aulagnier dans "Le premier siècle chrétien - Une approche scientifique de la naissance du christianisme" (Ed. résiac, 1989) dont je résume les arguments dans la partie "varia" en fin de mon site.
Ce patronage de St Paul-Serge se retrouve d'ailleurs dans au moins une dédicace d'église proche, celle du village d'Albas, dans les Corbières, un patronage dans un lieu si retiré qu'il a dû échapper à la purge diocésaine audoise récente ! S'il faut citer des exemples de l'attribution aux temps apostoliques en voici, et de plus contemporains : celui de "From proconsul to saint : Sergius Paullus to St Paul-Serge" de Michael J. G. Gray-Fow, édition Museum Tusculanum, à Copenhague en 1958 qui fait directement suite à un ouvrage du milieu du XIXème S., celui de "Vie de St Paul-Serge, suivie d'une dissertation où l'on prouve qu'il est le fondateur de l'Eglise de Narbonne" de l'Abbé Robitaille publié à Arras, chez Lefranc et à Narbonne, chez Caillard en 1857; on peut encore citer aussi le baron Trouvé, 1er préfet de l'Aude sous le Ier Empire, qui, dans sa monographie sur le département de l'Aude fait mourir Paul-Serge en l'an 100 et lui attribue pour successeur son diacre Etienne ou enfin "Ste Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles" T. I Ch. II de Dom Guéranger; 10ème édition, Téqui, Paris, 1933.
- Chypre fut, en raison de son étendue et de son importance, une province romaine à part entière. Etant l'apanage du Sénat elle avait pour être gouvernée un proconsul annuel, choisi parmi les anciens consulaires ou prétoriens. Cette charge était importante, le proconsul était toujours précédé de six licteurs qui portaient devant lui les faisceaux, comme à Rome. Et en l'an 43 ou Saül l'apôtre l'aborde avec son collègue Barnabé ce proconsul était Sergius Paulus, noble patricien issu de la gens Sergia et de la vieille famille romaine des Paulii, branche de la gens Aemilia comme on l'a vu. On pense que la gens Sergia se rapprocha de la gens Aemilia lors de la bataille de Pydna qui apporta la Macédoine grecque à Rome; en effet il se trouve que l'un des lieutenants d'Aemilius Paulus se nommait M. Sergius. Les alliances qui se formeront par la suite amèneront l'usage du surnom Paulinus ou Paullus, insigne famille de la gens Aemilia chez les Sergii. Il est dit que Sergius Paullus fut encore plus digne d'estime par la sagesse de son gouvernement dans cette île: Sans avoir la piété de Cornélius, il avait par sa droiture attiré le regard de Dieu. Par un instinct céleste et une décision peu ordinaire il voulut entendre ce que Paul avait à lui dire raconte sa Vita. Par le témoignage des Actes des Apôtres (13,7) nous savons qu'un miracle opéré devant lui le convainquit de se convertir, ce fut sans doute si remarquable que Saül voulut marquer définitivement cette conversion d'un tout premier notable romain par le changement de son propre nom, estimant par là que la voie s'ouvrait si les dirigeants romains étaient conquis; de Saül il changea une seule lettre et devint comme son illustre converti, Paul (le petit en latin, un nom désignant bien celui qui voulait être le plus petit parmi les petits des suivants le Christ, langue des oiseaux !). Récemment un exégète pense qu'il ajouta ce nom au sien; c'est d'après lui non pas par rapport à sa taille mais à l'assonance avec l'hébreu Saül/Saoul, le 'demandé' comme c'était une habitude à cette époque (Josué/Jason; Silas/Silvanus); les deux noms manifestant le double engagement de l'apôtre du Christ et des Nations (rèf: "L'épitre de St Paul aux Ephésiens" M. Bouttier; Labor & Fides, IXb Genève, 1991). Il se trouve que, comme pour ce qui concerne notre nom, l'illustre Aemilius Paulus qui est traduit par Paul-Emile en français, l'équivalent dans notre langue pour Sergius Paulus va être Paul-Serge, ce qui je le répète encore est aberrant mais bien vérifié; pour deux raisons : je ne vois pas pourquoi on inverse les deux parties du nom et s'agissant de la traduction on se retrouve avec une sorte de prénom double qui ne correspond pas du tout au nom latin original, ce dernier étant le résultat de la juxtaposition du nom de la gens et du nom de famille dans cette gens, il n'y a pas de prénom ici pour cette époque!
- Le miracle fait par Saül pour "épater" Sergius Paulus concerne l'aveuglement puis la guérison d'un proche du proconsul nommé dans les Actes des Apôtres (chap. 13) curieusement Elymas (un nom qui nous rappellera Eliam biblique voire un membre du Sanhédrin du temps de Jésus !). Et cet Elymas a un autre nom, Bar Jésus ou plutôt Bar-Yeshua, fils de Josué; c'était un juif magicien, sorcier presque, et un opposant à Saül et Barnabé lors de cette conversion. En arabe ce mot d'Elymas signifie 'sage', Sergius le considérait comme un homme éclairé et favorisé des dieux. Il aurait cherché à empêcher la fameuse rencontre, craignant les paroles de l'apôtre. Cet homme semble adorer le soleil, la lumière de Mithra plutôt que Dieu; d'où l'aveuglement que lui impose Saül, ce qui révèle l'erreur de ce culte; lui redonnant la vue il prouve ainsi la gloire du Dieu de son peuple et du Christ, ce qui conduira à la conversion de Paul-Serge. L'Epitre aux Romains (15,28) confirme par ailleurs la proximité qu'eurent ensuite Paul et Sergius-Paulus. Même si l'on considère qu'il y ait peu de chances que cet homme patricien soit devenu un simple évangélisateur narbonnais, du moins serait-il possible d'envisager qu'il s'agisse de l'un de ses proches parents ?
- Pour moi comme pour les auteurs cités, il semble tout à fait probable que Paul Serge soit bel et bien directement ou par sa filiation proche de celui qui a donné son nom à la plus vieille église de Narbonne, qui ne s'appelle pas St Paul tout court mais bien St Paul-Serge depuis toujours; ce nom ne comporte pas son prénom et même si son prénom nous avait été conservé, on sait que le 1er fils était généralement nommé exactement comme son père, du moins dans ces descendants des grandes familles. De plus on voit mal comment un tel prénom double aurait pu être donné à un saint si l'on ne considère pas cette origine latine très ancienne et faisant référence au nom (composé surtout du gentilice et du nom de famille) d'un noble romain dont on sait bien les relations familiales, les Sergii liés aux Paulii, et ceux-ci aux Aemilii, par ailleurs très proches d'autres familiers des Sts Pierre & Paul à Rome dans ces temps apostoliques (voir article précédent). D'autre part si la traduction avait au moins respecté l'ordre des noms latins on se serait retrouvé avec Serge cité en premier et il aurait été alors bien moins évident de parler d'église St Serge de Narbonne, ce nom-prénom chrétien étant bien moins célèbre que celui de Paul porté depuis toujours. Il est certain en tous cas que la gens Sergia connut de bonne heure le midi de la Gaule où revint peut-être donc un Paul-Serge, leur 'gens' y étant installée depuis longtemps. Une inscription de Narbonnaise montre un Sergius Paulus qui dédie un monument à sa mère Julia Paulina, fille de Sergius....tiens, tiens ! Une autre, d'Aix, est dédiée à un Sergius par une Sergia Optata (op. cité "Ste Cécile et..." ch. III pp. 57à59 &61 du T. II). Bien que l'archéologie n'ait parait-il trouvé, dans le cimetière paléochrétien de St Paul-Serge de Narbonne, que des sarcophages des III (quand même) & IVème S. cela ne contredit en rien une hypothèse beaucoup plus ancienne qui n'a pu laisser autant de traces; notons (quand même encore) que parmi les mosaïques découvertes au même endroit en 1946, certaines sont du IIème S soit antérieures au temps donnés au St Paul désormais officiel du IIIème S. Pourquoi ne pourrait-on pas envisager que, comme à Rome, l'église de St Paul-Serge ait pu être bâtie sur la maison des Sergius narbonnais, qui put abriter dans les temps apostoliques un premier oratoire chrétien et dont cette mosaïque fut un élément de décoration ?
- Il faut enfin souligner le témoignage, bien fragile sans doute mais bien réel, d'un manuscrit de 88 feuillets sur parchemin du fonds de la Collégiale St Paul-Serge conservé à la Bibliothèque Municipale de Narbonne côté Ms4, rédigé au milieu du XIVème S par Guillaume Hulard, Chanoine de St Paul-Serge. Cet homme malade de la peste en 1348 en fut guéri selon lui par son invocation à St Paul-Serge; en remerciement il entreprit en 1360 l'histoire de sa vie qu'il termina en 1364. Les détracteurs diront bien sûr que ce chanoine fut surtout aux ordres (bien tardifs !) de l'archevêché pour conforter l'assise d'une puissance narbonnaise déclinante! Que trouve t-on dans ce manuscrit ? Des 12 pièces du dossier hagiographique du saint, compilation de plusieurs vieux textes (Vita écrite au VIème S., fragments de lectionnaire, commentaires de sa main ou 'questiones' utiles aux clercs pour prêcher sur ce saint) quelques-uns intéressent notre sujet: le folio 4v "Ego sicut eiusdem rei integra uerotas" replace St Paul-Serge dans la romanité antique (ce n'était pourtant pas encore la mode, on n'adulera les anciens qu'au XVIème S.) et lui attribue comme ancêtre le fameux vainqueur de Persée, le plus célèbre aemilien romain, Aemilius Paulus Macédonicus, que nous connaissons bien et qui donc fut connu de ce simple chanoine provincial ! Le folio 7v ensuite "Vita et transitus" insiste sur l'identification entre ce Paul de Narbonne et Serge-Paul Proconsul de Chypre au temps des voyages de St Paul Apôtre, vers +50, celui dont il est parlé dans les Actes des Apôtres de la Bible. Le folio 14v enfin qui ouvre la "Vita gloriosi Domini Pauli prothopresulis Narbonensis genus" retraçant la généalogie de Paul-Serge et sa conversion majeure par Saül, lequel désormais s'appellera Paul, le 'petit' d'entre les petits. Un passage de cette vita que Hulard qualifie d' "antiquissima" très ancienne donc, insiste sur l'apostolicité de Paul-Serge, sur son rôle de missionnaire et de bâtisseur (au sens de fondateur) d'églises en Gaule et en Espagne, continuateur zélé de celui qui l'avait lui-même converti. Parti de Rome pour fuir les persécutions, passé à Béziers où il aurait installé Aphrodise évêque, il se fixait donc à Narbonne pour évangéliser cette région audoise, où il mourut et fut inhumé. Il y est dit que prévenu de sa mort prochaine par son maître St Paul en songe, il put en ses derniers moments mettre en garde les Narbonnais contre les faux prophètes et l'Antéchrist. Cela a très bien pu se passer dès la deuxième moitié du Ier S. et non deux siècles plus tard !
- On sait combien les premiers chrétiens et notamment ceux qui ont parmi eux propagé la foi au Dieu crucifié dans ces temps apostoliques ont souffert le martyre durant près de trois siècles; comment peut-on espérer trouver des preuves tangibles de ces temps-là pour prouver matériellement ces écrits bien postérieurs, seule la foi peut sans doute conforter ceux qui pensent que St Paul-Serge est, dès la deuxième moitié du Ier S., avec St Paul Apôtre le premier évangélisateur de l'ouest de l'Europe méditerranéenne parce qu'il fut le premier évêque de la vieille métropole narbonnaise alors en pleine expansion et au début de son apogée; il y avait alors presque autant d'habitants que de nos jours. La "deuxième Rome" méritait sans doute d'être christianisée juste après la future capitale de la chrétienté; la première tête de pont de la nouvelle religion dans l'ouest et finistère de l'Europe ne pouvait qu'être là. Là se croisaient beaucoup de voyageurs, de marins qui, une fois convertis pouvaient faire de même au cours de leurs déplacements. Certains auteurs ont pu écrire que St Pierre aurait reçu Paul-Serge et l'aurait ordonné ou confirmé son ordination, sans doute à Rome. Hulard penche pour une confirmation de l'ordination par St Paul. Est-il utile d'ajouter que la basilique St Paul-Serge fut une importante étape des pèlerins de St Jacques de Compostelle dès le XIème S. D'ailleurs St Paul-Serge est toujours la plus ancienne et la plus vaste église de la ville. Enfin la Bible de Jérusalem éditée en 1972, résultat de recherches d'un collectif d'exégètes dirigé par l'Ecole Biblique de Jérusalem, indique dans son tableau chronologique, qu'en 63 Paul qui était retenu jusque là à Rome militairement, fut libéré et peut-être voyagea en Espagne, avec cette référence biblique: Rom 15 24s (Epitre aux Romains). On ne retrouve sa trace ensuite qu'à Ephèse vers 65 puis en Macédoine et enfin prisonnier à Rome où il sera décapité en 67.
Pourrais-je enfin faire une légère digression : l'historien et passionné auteur Christian Doumergue a effectué il y a quelques années des recherches sur Marie-Madeleine, personnage qui semble avoir suivi de très près Jésus durant sa vie et selon lui, autant après sa mort : Les rapports très proches, voire intimes qu'ils eurent selon lui, l'ont conduit à la conviction que loin d'avoir ressuscité, Marie de Magdala aurait emporté le corps du crucifié hors de Palestine, embarqué dans un bateau et après avoir navigué longtemps, elle aurait accosté non aux Stes Maries-de-la-Mer en Camargue comme l'affirme la tradition (et l'Eglise) mais plutôt à Ste Marie-la-Mer près de Perpignan; de là elle aurait gagné un asile sûr dans les Corbières proches grâce à l'appui de quelques hauts personnages romains dont Ponce Pilate dont on sait qu'il fut l'époux d'une narbonnaise nommée Claudia Procula et dont une tradition dit qu'il aurait fini ses jours en Gaule, dans la région de son épouse probablement, là ou des Sergius Paulus narbonnais, voire des Aemilii, ont pu posséder des propriétés ou des mines dans ces mêmes Corbières....!?
AEMILIUS Père de ST HONEST :
St Honest serait né à Nîmes au début du IIIème S., ayant eu pour père un Aemilius (on a vu que les aemiliens furent nombreux comme gallo-romains) et pour mère Honesta dont il tient son nom individuel. Ce chrétien qui subit le martyre à Pampelune devint le disciple de St Sernin de Toulouse (Saturnin) alors que celui-ci, envoyé par le pape St Fabien évangéliser la Gaule, l'aurait converti en passant à Nîmes. Avec St Papoul tous trois seraient arrivés à Carcassonne où ils auraient été arrêtés et jetés en prison dans l'une des tours (de l'enceinte intérieure actuelle) de la Cité. Après leur libération ils auraient continué vers Toulouse et Honest aurait été envoyé dans la région de Pampelune. St Firmin fut son propre disciple et c'est là-bas qu'il mourut. Ses reliques dont on dit qu'elles furent ramenées en France par Charlemagne, furent conservées à St Sernin puis en 1526 partirent pour Yerres, en banlieue parisienne où une église lui est dédiée. Certains manuscrits (de langue d'oïl) nomment son père Emilius ou Emelius (évidemment !) voire Hamelius quand même !
NB: Il aurait écrit la Vita de St Sernin conjointement avec St Honorat. Mais ce qui est peut-être plus important c'est que, à l'instar de ce que j'ai écrit ci-dessus à propos de St Paul-Serge de Narbonne, on n'est pas du tout certain historiquement de l'époque où ces derniers saints ont vécu : IIIème ou plutôt Ier ou IIème S. ? et sans doute ne le saura t-on jamais....La question principale serait de savoir plutôt pourquoi l'Eglise Catholique Romaine cherche par là, c'est évident, à affecter ces précurseurs locaux à cette période tardive pour la région du IIIème S. alors qu'il semble naturel que les premières évangélisations des temps apostoliques ne se soient pas arrêtées à Rome, même si le but principal de la capitale impériale était atteint ! Il est fort probable que, comme à Rome, dès la 2ème moitié du Ier S. ou à la rigueur début du IIème des évangélisateurs soient arrivés jusque là et en Espagne, au bout de la Méditerranée, au finistère occidental du monde connu alors. Cette opinion de doute est pour moi confirmée par le fait que Rome ne reconnait même plus les lieux insignes de la présence des saints Pierre et Paul dans les fondations des églises romaines de Ste Pudentienne et Ste Praxède comme je l'ai aussi indiqué dans cette page...CQFD
AMELIEN EVEQUE de TARENTE :
Si l'on en croit Bzovius, Amelien fut ordonné 1er évêque de Tarente par St Marc qui fut disciple de St Pierre (donc vers la fin du Ier S.). Tarente se situe en terre d'Otrante, dans ce qui fut le royaume de Naples.
(=> "Dictionnaire de Morenas" 1762).
La BASILIQUE des QUATRE SAINTS COURONNES de ROME fondée par une AEMILIA :
Plusieurs églises antiques de Rome ont disparu; on a bien encore celles de Ste Pudentienne ou Ste Praxède devenues Basiliques et qui ont conservé leur nom antique; on voit mal quand même comment le Vatican pourrait leur enlever cette dignité. Mais il en est d'autres (en revanche) tout aussi antiques qui ont changé de patronage; ainsi en est-il de l'église qui fut à ses débuts au titre d'Aemiliana mais qui se nomme depuis longtemps Basilique des Quatre Saints Couronnés. Ce qualificatif antique de "titula Aemilianae" lui venait de sa fondatrice, Aemiliana, qui possédait là sa villa romaine au début du IVème S. Située à mi-chemin environ du Colisée et de St Jean de Latran, en haut de la colline du Coelius, les fondations de la villa ont servi à asseoir les murs antiques de cette église dès ce IVème S. Pourquoi cette dédicace à "Quatre Saints Couronnés" ? Il s'agit de quatre martyrs inconnus de la persécution de Dioclétien (284-305). On a là l'une des plus anciennes églises de Rome après la légalisation constantinienne dédiée donc à quatre des derniers martyrs des premiers temps apostoliques. Elle a depuis le moyen-âge une apparence de forteresse car elle protégeait de ce côté de la ville la demeure médiévale des papes située au Palais du Latran. Un exceptionnel cloître du début du XIIIème S. l'agrémente, c'est peut-être le plus beau de Rome, en tous cas le plus calme. La chapelle St Sylvestre conserve des fresques racontant la conversion de Constantin, essentielle pour l'église du IVème S et son extraordinaire expansion dans le monde dès lors.
Le PHILOSOPHE AMELIUS :
Philosophe éclectique, natif de Toscane, il fut contemporain de Porphyre et eut dans un premier temps pour maître Lysimaque, lequel lui donnera les principes de la philosophie stoïcienne qui ne le quittera pas. Les écrits de Numenius lui firent ensuite connaître et adopter les dogmes de Platon et finalement il deviendra le disciple d'un plus connu Plotin vers l'an 246 de notre ère. Pendant 24 ans il restera près de lui et il ne l'aurait jamais quitté si Plotin, pour des raisons de santé, ne se fut retiré en Campanie. Amélius alla alors s'établir à Apamée, en Syrie. Il fut assez célèbre durant le règne de l'empereur Aurélien (270 à 275). Il reste le seul philosophe néoplatonicien connu à avoir soutenu l'existence des idées de choses mauvaises et d'après Proclus, l'un de ceux qui, globalement, admettait des "idées de toutes choses". Certains auteurs anciens disent qu'il n'aimait pas qu'on l'appelle par son nom; Porphyre dit lui-même qu'il aimait mieux qu'on l'appelle Amérius; c'est d'ailleurs sous ce nom qu'Eunape le désigne dans ses Vies des Philosophes Sophistes Grecs; pourtant c'est son nom d'origine Amelius que l'histoire retiendra, l'aura du nom romain étant plus fort sans doute.
- Je dois m'attarder sur cette polémique sur son nom. C'est dans la "Vita" de Plotin écrite par Porphyre (1. VII) qu'il est écrit : De ce nombre (des auditeurs de Plotin) était Amelius d'Etrurie, dont le vrai nom était Gentilianus. Plotin voulait au reste que l'on remplaçât dans son nom la lettre 'l' par un 'r' et qu'on l'appelât Amerius (du grec 'indivisibilité') et non Amelius (du grec 'négligence'). Par Amerius il aurait voulu signifier l'indivisibilité propre à la nature divine, car la division affaiblit la puissance, pourquoi pas ? L'histoire a pourtant retenu l'original Amelius car ce philosophe eut une certaine insouciance, un abandon, un laisser-aller voire le mépris des choses du monde (monde du multiple et du divisible) que signifie bien ce nom selon la filiation Ameleia-Amelius toutefois. Et même selon de récentes hypothèses faudrait-il voir spécifiquement un nom grec dans ce nom. Un nom qui était utilisé dans la partie occidentale de l'empire comme un "signum" l'une des deux espèces de supernomina, ceci en s'appuyant sur divers témoignages épigraphiques (cf. I. Kajanto "Supernomina. A study in latin epigraphy" Commentationes Humanorum Litterarum, Soc. Scientiarum Feunica 40,1, Helsinki, 1966) et sur les écrits du disciple Longin. Quand Longin parle de lui il l'appelle diversement par l'un ou l'autre des deux noms, Gentilianus et Amelius; il semble que Amelius écrit ainsi soit originaire d'Etrurie alors que Gentilianus soit lui latin mais sa forme trahit ici un surnom !
- On dit que ses disciples lui donnèrent le qualificatif de "noble". Il aurait composé près d'une centaine de traités mais aucun ne nous est parvenu. L'un d'eux aurait par exemple parlé des différences entre les doctrines de Numenius et de Plotin. Il est certain par contre qu'il mit en ordre les œuvres de ce dernier qu'il connaissait parfaitement; souvent Plotin le chargeait de répondre à sa place aux arguments de ses élèves dit-on. Plusieurs de ses successeurs rapportent un passage de son cru dans lequel Amelius cite le début de l'Evangile de Jean en confirmation de la doctrine de Platon sur la nature divine. La théologie chrétienne parviendra, avec lui et d'autres, en s'agrégeant à la vieille philosophie grecque, à lui succéder, devenant la philosophie et la théologie unique du moyen-âge.
- Il est connu surtout par sa dissertation sur la Trinité. D'après ce concept répandu dans l'histoire des peuples (cf. partie symbolique sur l'Occident) et qui est compris comme éternel, Amelius établit la doctrine des trois intellects ou démiurges nommés d'après les noms des trois grands dieux de la théologie orphique : Phanès, Ouranos et Cronos, eux-mêmes à relier apparemment à la triade être, vie, pensée. Cette dernière étant à son tour identifiable à la triade chaldaïque père, puissance, intellect avec le même ordre mais conçu dans l'ordre décroissant : pour penser il faut pouvoir, et pour pouvoir il faut être ! Il reste par là tout à fait fidèle à son 1er maitre Numenius et à la philosophie platonicienne. (cf. "Physique & théologie..." A. Lernould; Presses Univ. du Septentrion, Villeneuve d'Ascq, 2001). A la Renaissance, le philosophe moderne Descartes rénovera cette vieille idée, mettant au goût du jour ce qui ressemblait à un syllogisme, l'ouvrant à la conception scientifique qui pointe timidement son nez, en proclamant son fameux "Cogito ergo sum", je pense donc je suis !
- Amelius eut un fils adoptif, Justin Hesychius à qui il légua ses nombreux écrits; enfin on ne sait ni où ni quand il mourut. Il est souvent cité par le grand philosophe chrétien St Augustin, l'un des Pères de l'Eglise. Un poème qualifié de 'monument un peu ironique au philosophe inconnu' intitulé "Le demi-siècle d'Amelius" vient d'être publié à son sujet.
FULVIUS PETRONIUS AEMILIANUS (milieu du IIIème S.) :
Cette famille aemilienne de la gens des Fulvii (ou Fuluii) est connue au sommet de l'ordre sénatorial durant tout le IIIème S. Le plus ancien et qui fit la fortune familiale fut un Fulvius Rusticus Aemilianus consul sous Antonin. Puis on connait un Fulvius Petronius Aemilianus consul en 206, son petit-fils, lequel aura le Fulvius dont on va parler. Ces Fulvii paraissent originaires de Gaule Cisalpine (nord de la péninsule) mais ont des liens avec la Campanie; un curateur de Lyon est honoré par ses habitants à Capoue où il avait une résidence. Cet Aemilianus assura aussi le patronat de la colonie de Lyon ensuite mais il appartenait à l'aristocratie impériale italienne et c'est de lui dont il s'agit.
- Bien qu'il eut un nom plus long selon les habitudes de cette époque, ce Petronius Aemilianus fut consul une 1ère fois en 244 sous Gordien puis une 2ème fois en 249, alors très âgé, c'est l'année où il mourut. Auparavant son cursus honorum passa par les fonctions de triumvir monétaire, questeur sous Septime-Sévère et Caracalla, curateur de Lyon, "homme très illustre" selon une inscription trouvée à Ste Irénée de Lyon, prêteur, pontife et frère arvale ! Il devait être fort âgé (pour l'époque) quand il eut son 2ème consulat. On affirme qu'il était chrétien, ce qui semble exact, un hagiographe n'aurait pas affirmé cela sur un personnage aussi haut placé sans en être certain. Mais on pense aussi que sa conversion fut tardive et avoir eu lieu sous le règne des Philippe en raison de son appartenance au collège arvalique encore durant les derniers temps de Gordien. Il fut peut-être l'un des derniers de ces arvales et se laissa gagner par le christianisme à une époque où les conversions devenaient moins méritoires, moins périlleuses. Devenu chrétien il fut pourtant nommé consul à nouveau en 249, l'appartenance religieuse à la secte des croyants au Christ n'étant pas un obstacle absolu pour les dignitaires impériaux de ce temps-là.
- La documentation hagiographique ajoute que cet Aemilianus laissa à sa mort une fille, Callista, nommée Anatolie par les chrétiens, et lui donna pour tuteurs ses deux serviteurs eunuques, Calocerus et Partenius; leur 1er acte fut de distribuer selon sa volonté et celle de sa fille, tout son patrimoine aux pauvres et aux chrétiens. Le nom de Fulvius Petronius Aemilianus fut trouvé sur un tuyau de plomb qui conduisait l'eau vers les propriétés voisines des cimetières chrétiens de la Via Appia et de la Via Adreatina (cf. Borghèse, "Œuvres" T. IV, p. 310). Enfin dans la 3ème 'aera', zone du cimetière de Calliste où furent enterrés les deux serviteurs, on trouve les épitaphes d'un Aemilius Partenius, d'une Aemilia, d'un Fulvius, d'une Petronia 'clarissima femina' et d'un "...ius Aemilianus". Il est très probable que le terrain de ce cimetière fut donné à l'église naissante par Callista, dans le cadre de la distribution des biens de son père. Selon le Martyrologe de Jérôme, Calocerus fut un chambellan et Partenius un employé du secrétariat impérial sous Dèce. Aemilius Partenius ayant été un affranchi du consul, longtemps avant la mort de celui-ci, mais resté avec son collègue dans une étroite relation de familiarité et de clientèle avec lui, cela leur permit l'entrée dans la domesticité impériale où les trouva Dèce en parvenant à la dignité suprême; mais une circonstance qui attira aussi sur eux le froid regard du persécuteur des chrétiens qu'il fut. D'où leur martyre enfin que l'on place sous son règne, le 19 Mai de l'an 250.
(=> "Histoire des persécutions pendant la 1ère moitié du IIIème S." Ch. VI-2ème partie/ Ch. VII-2ème partie, P. Allard; Lib. V. Lecoffre, Paris, 1894. article "Les chrétiens après Septime-Sévère" in revue "La Controverse et le Contemporain" T. III Nvelle Série, Janv. à Avr. 1885, Lyon & Paris).
Il faut préciser que ce cimetière de Calliste renferme les sépultures du pape St Calliste dont le nom fut donné à la fille de cet Aemilianus et d'autres du IIIème S. ainsi que de Ste Cécile car c'était le tombeau des Caecilii comme ce fut celui de nombreux Aemilii; on y trouve également des Cornelii, toutes familles chrétiennes depuis longtemps déjà liées familialement.
(=> "Roma sotterranea" De Rossi, T. II, p. 137-147).
Les Catacombes dont la redécouverte fut accidentelle au XVIème S. furent étudiées minutieusement par Antonio Bosio (1575-1629) surnommé le Christophe Colomb de cette Rome souterraine. Les reliques qui en furent sorties comme dans une mine de diamants furent utilisées à point nommé pour participer à la contre-réforme, leur culte retrouvant la puissance qu'il eut au moyen-âge; mais les inscriptions et motifs ont aussi éclairé l'histoire de ces premiers chrétiens romains comme on vient de le voir.
Un AEMILIANUS CHRETIEN en GALILEE au IIIème S. :
On a trouvé aux Bains Romains d'Hammat-Gader, lieu situé entre les Monts du Golan et la Montagne de Galilée, au Proche-Orient donc, une inscription grecque datée du IIIème S. qui, selon la traduction de Di Segui (1997) dit " Que Dieu (le Créateur) de toutes choses (d'Hammat-Gader), aide Ameli(anus), ainsi que Alypius et Reginus ses compagnons (comes de route, de fortune, de sa suite ou encore ses associés ?), et tous ceux qui les aiment. Amen". S'agissait-il véritablement de chrétiens ?
AEMILIANUS Compagnon de ST AUSPICE d'APT :
Aemilianus et Euphrasius furent les compagnons du 1er évêque d'Apt et selon la "Vita" du saint martyr ils convertirent beaucoup de provençaux à la foi chrétienne : Une église dédiée à Marie mère du Christ aurait même été bâtie au milieu de l'amphithéâtre de ce lieu dans laquelle auraient été inhumés ces deux compagnons à leur mort, une construction tout à fait improbable historiquement mais que l'on pouvait affirmer au XVIIème S. St Auspice quant à lui serait mort sous la persécution de l'empereur Trajan.
(=> "Chorographie ou description de la Provence et l'histoire..." T. I H. Bouche; Aix (en Provence) 1664).
Le PALATIUM AEMILIANUM des PYRENEES : au sud d'Argelès-Gazost (65) :
Voilà un lieu permettant de réunir plusieurs personnages religieux assez importants du Vème S. On a vu qu'Ausone peu avant avait perpétué par sa famille le nom aemilien en Aquitaine au IVème S. Cette famille est peut-être aussi liée a plusieurs évêques aemiliens du VIème S. si l'on en croit le poème de Fortunat (voir ce thème). Mais nous sommes ici fin IVème - début du Vème S. avec un saint personnage nommé Sulpice Sévère (né vers 363 à Dax ou vers Toulouse, mort vers 425), auteur d'une Historia Sacra s'étendant de la Création à son époque, et qui lui valut le titre de Salluste chrétien; il connut de grands saints comme St Martin de Tours dont il fut le disciple, St Paulin de Nole le bordelais et élève d'Ausone qui fut son ami et qui lui écrit à Elusio (ce lieu au pied du Seuil de Naurouze que je connais bien), et un St Savin, lequel désirant vivre en ermite ne trouva rien de mieux que de s'installer dans un vieux Palais Aemilien des contreforts pyrénéens du côté de Cauterets.
La célébrité de St Martin est due à Sulpice qui écrivit sa vie autour de 396-398, (Martin est mort en 397). C'est sans doute alors qu'il demeurait dans la propriété que lui avait donné sa belle-mère Bassula (son épouse étant morte en 390, une lettre de Sulpice à Bassula est connue), située à Elusio, qu'il s'attela à cette biographie. Elusio c'est le nom latin qui dérivera en Alzonne, celui d'un lieu antique proche de Naurouze dont parle déjà Cicéron dans son Pro Fonteius au Ier S. av. J.C., situé exactement dans cette zone frontière entre Atlantique et Méditerranée, mais aussi entre Massif Central et Pyrénées, dont tout écolier autrefois savait le nom et la fonction, Naurouze, l'un des trois seuils français, l'Isthme de l'Europe selon Strabon (IV, 1, 14) dont parle un siècle avant lui, dès le début du Ier S. av. J-C., Posidonios d'Apamée (lieu auprès duquel, accessoirement, j'ai vu le jour). Un lieu particulier assez bien marqué également religieusement puisqu'il recèle l'une des plus vieilles nécropoles paléo-chrétiennes de Gaule datée justement de ce Vème S.; le lieu idéal en somme pour rédiger la biographie et faire savoir qui fut ce père de l'Europe monastique nommé St Martin de Tours! Sulpice délaissera toutefois sa résidence lauragaise peu après pour se retirer dans un unique domaine toulousain nommé Primiliacum qu'on a peine à localiser. L'un des disciples de Sulpice fut Savin; natif de Barcelone, ce dernier désira en effet suivre auprès de lui son instruction spirituelle. Et Savin suivra son maître dans ses pèlerinages des monastères inspirés par St Martin; il aspire alors progressivement au cénobitisme; ayant entendu parler d'un monastère fondé par un Arborius (tiens encore un descendant d'Ausone ?) dans son Palatium de Bigorre (mais oui c'est sans doute exact! voir plus bas) et sachant qu'un moine nommé Orentius, autrefois très proche de Sulpice, originaire de Tarraconnaise comme lui, s'y était installé, sur un escarpement faisant face à ce cénobium, il résolut de faire de même en 402. Il trouva en arrivant l'abbé Phronime à la tête d'un petit nombre de moines dans un castrum nommé "Palatium Aemilianum". Et en effet un autre disciple de St Martin, un certain Aemilius Arborius sans nul doute parent d'Ausone, avait bel et bien fondé en ce lieu, dans un de ses domaines, un petit monastère. Savin s'installa dans un lieu encore plus à l'écart, sans eau, subissant les affres du froid, du vent, habitant une humble cabane. Il eut une pauvre vie, parsemée de miracles et de guérisons dit sa Vita. Il y mourut vers 415 à l'âge d'~40 ans. Le peuple en fit un saint tout comme le seront Sulpice et Paulin. Une basilique fut élevée dans l'enceinte monastériale donc sur le territoire de l'ancien palais aemilien; la si belle abbaye de St Savin est citée dans les textes déjà vers 900, on peut toujours admirer l'église contenant encore les reliques et le tombeau de St Savin.
- En ce qui concerne le nom de Palatium Aemilianum, il reste affecté à un fief proche de Soulom; il est signalé dans les Archives du Lavedan encore en 1429 sous la forme de Palatz. Quant à cet Aemilius Arborius on sait qu'il fut Préfet de Rome pendant quelques mois en 380. Il était rhéteur selon la tradition familiale et originaire de Dax bien entendu. Après une brillante carrière il est bien devenu disciple de St Martin, qui fit un miracle en sa présence, lors d'une liturgie. Sa fille fut guérie d'une fièvre quarte par l'intermédiaire d'une simple lettre de Martin qu'Arborius put se procurer à temps. Arborius est cité par Sulpice Sévère ("Vies de St Martin" de 396 ou 397 et surtout dans ses "Dialogues" III, 10/6 composés en 403-404) ainsi que par Venance Fortunat à la fin du VIème S. Un historien du début du XXème S. (D. F. Ramary in "St Savin de Lavedan") a émis effectivement l'hypothèse que ce palatium pouvait bien être l'habitation du tarbellien Aemilius Arborius Magnus rhéteur bien connu et oncle d'Ausone qui le qualifiait de second père, et qui naquit en effet dans cette région, à Tarbes vers 270 et mourut vers 335 à Constantinople où il avait été appelé par le grand Constantin pour éduquer ses fils.
- C'est autour de cet ancien palatium que se forma au Xème S. le village actuel de St Savin. On trouve dans les textes la plus ancienne mention du palatium dans des notes manuscrites de la Chronique de Frédégaire (Bibl. Nat.) datable de 739 mais compilé à la Renaissance : "Palatium Aemilianum in Levitania". Le Martyrologe de Montearagon de 1521 nomme encore ce palais Hemiliacum. Il faut noter encore qu'il y eut non seulement un évêque bigourdan du nom aemilien au VIème S. (cf. Amiel Septimanie & chrétienté) mais aussi un vicomte de Lavedan nommé Amelius Ier de 965 à 979 selon la recension des seigneurs de cette région.
- Enfin si le monastère de Phronime était bien au palais antique, à St Savin, alors appelé Bencer, l'ermitage savinien était à Pouey Asper, un rude promontoire à 400m de dénivelé au-dessus.
(=> "Vie de St Savin, anachorète de Bigorre Vème S." Jean Béziat, Pau, 2000).
- L'Histoire du Lavedan, de cette région constituée de sept vallées de la partie sud-occidentale de la Bigorre, précise par ailleurs que c'est au Ier S. av. J. C. que les romains arrivent ici, soumettent les Ibères après en avoir chassé les Ligures (?). Le balcon de St Savin est un site privilégié profitant de sa situation dominant le Gave et ce site fut occupé par un camp fortifié auprès duquel fut construit le Palatium Aemilianum demeure du riche personnage éponyme. Sur l'emplacement actuel du village était la villa Bencer ou Bencus. Les sources thermales de Cauterets étaient déjà exploitées (des bains romains ont été découverts). Les Vandales puis les Wisigoths et les Franks ont tout ravagé et le Lavedan devint mérovingien sous Clovis; durant le haut moyen-âge s'installera la christianisation dont je parle plus haut avec les ermites St Savin et St Orens et plus tard seront fondées les abbayes de leurs noms, celle de St Savin s'installant sur les ruines du Palatium Aemilianum et dans l'enceinte du vieux camp romain. Devenu une vicomté dépendant des princes de Gascogne, on note que, vers 900 un Amelius avec son frère Amenan, fils de Loup, furent vicomtes de Lavedan.
JULIEN LE PELAGIEN et les AEMILII :
Le pélagianisme est une des multiples hérésies des premiers siècles du christianisme. L'un de ses propagateurs fut un certain Julien, surnommé pour cela le Pélagien, dont le grand St Augustin connaissait les parents d'illustre naissance italienne; par lui et par St Paulin de Nole le bordelais (voir Amelius évêque de Paris) on sait que son père le maria vers l'an 400. On peut lire dans l'épithalame que lui écrivit Paulin que Julien épousa Ia, femme très illustre, comprenons par là qu'elle appartenait au moins à la famille d'un sénateur romain. Julien aurait renforcé sa noblesse propre par l'adjonction de références au groupe des Aemilii, et Ia elle-même aurait été membre de la prestigieuse gens. D'autre part St Paulin toujours affirme qu'un évêque nommé Aemilius (sans doute le titulaire du diocèse de Bénévent devenu saint, mort en 404) aurait non seulement assisté au mariage mais l'aurait aussi béni; pourtant ce n'était pas l'usage alors; peut-être faut-il voir dans cette mention de telles références. Quoi qu'il en soit ce mariage serait demeuré chaste, non consommé. Julien a dans la suite été élevé à l'épiscopat mais à la suite de ses écrits pélagiens "contre la vraie foi" il fut dépossédé de son évêché d'Eclane (qu'il gouvernait depuis 416), cité disparue de Campanie, de nos jours Avellino, en 439 sur ordre du pape Innocent Ier.
(=> "Vie de St Augustin" T. XIII des Mémoires pour servir à l'Histoire Ecclésiastique des six premiers siècles par Lenain de Tillemont, Venise 1732).
Quant à ces Aemilii il s'agit des Aemilii Memor dont on connait : Aemilius Memor l'évêque d'Eclane (Aeclanensis) vers 400 et mort vers 415, époux de Juliana qui lui donna une fille Titia et deux fils Aemilius Memor le jeune qui sera évêque de Bénévent et légat du pape Innocent à Constantinople en 403 et Aemilianus Julianus Memor l'ainé, il s'agit de Julien futur apostat ci-dessus; Julien eut une longue controverse théologique avec St Augustin et devenu hérésiarque il fut exilé en Orient par le successeur d'Innocent, Honorius pour pélagianisme avéré.
BLOSSIUS AEMILIUS DRACONTIUS :
Ce fut le tout premier poète latin chrétien d'Afrique. Il a vécu à l'heure de la renaissance littéraire latine de la fin du Vème S.
Né dans une famille de notables chrétiens de la cité de Furnos Minus, à 40km à l'O. de Carthage, il reçut l'éducation rhétorique traditionnelle; élève du grammairien Felicianus entre autres, il fut membre d'une famille clarissime et il appartint à l'ordre sénatorial. On sait par ses écrits qu'il exerça une profession juridique mais on ne sait pas laquelle. Il a probablement été avocat, un avocat du fisc selon un auteur, qui ajoute qu'il a pu parvenir selon lui à la charge élevée de juge de la province africaine, à un âge mûr toutefois, peu avant sa disgrâce. Bien que sa famille ait été au début de leur présence favorisée par les envahisseurs vandales car elle était une famille de haut rang de la ville, clarissime comme on l'a dit, il a par la suite été emprisonné par le roi vandale Gunthamund en raison de l'expression de ses sentiments patriotiques romano-byzantins. Rien de plus n'est connu de sa vie sinon qu'il vivait encore lorsque Thrasamund monta sur le trône en 496.
Ses travaux connus sont le "Romulea" son œuvre principale mais inachevée, trois livres sur la louange à Dieu "De laudibus Dei" et une poésie "Satisfactio" qu'il écrivit en prison. Ces œuvres poétiques carcérales montrent une foi non seulement ardente mais éloquente. Son travail fut parait-il très populaire durant les deux siècles qui ont suivi mais ses œuvres tombées ensuite dans l'oubli ne furent redécouvertes ensuite qu'au seuil du XIXème S. et éditées tardivement en 1873 !
AMELIUS I EVEQUE DE TOULOUSE :
On ne sait pas trop quand vécut cet Amelius. Selon de très vieilles relations citées par Arnaud d'Arpadelle en 1296 puis par l'inquisiteur toulousain Bernard Guy dans les années 1313-1316 il aurait été le 11ème ou 13ème évêque de Toulouse après St Sernin quand d'autres le mettent en 15ème position. Un auteur bien postérieur, Bertrand, en 1515, lui donne le nom d'Ammelius. Un dernier le met en 20ème place et le nomme Amelin ou Amiel. On ne peut donner qu'une estimation correspondant au IVème S. Un 2ème Amelius bien plus connu sera sur ce siège au XIIème S. C'est tout ce que l'on peut dire.
Noms de quelques AEMILIUS CHRETIENS D'ESPAGNE :
L'épigraphie d'Espagne note ces noms sur les tombes de premiers chrétiens : L. Aemilius Lupus; Aemilius Marcellus; P. Aemilius Secundus; P. Aemilius Sempronius; L. Aemilius Seranus; L. Aemilius Priscus et un Ae? milius D?
AEMILIANUS Gouverneur et ST FRUCTUEUX :
En 259 l'évêque de Tarragone, Fructueux, fut condamné à mort par le gouverneur de cette province d'Espagne, Aemilianus; il fut brûlé vif le 22 janvier de cette année-là. Maryre il donna un grand exemple à tous les chrétiens de son époque par la joie avec laquelle il parvint à souffrir ce supplice. Un chapiteau du cloître de Moissac raconte dans la pierre ce martyre: on y voit Fructueux entouré des diacres Augure et Euloge comparaissant devant Aemilianus assis sur sa chaise curule, lequel les condamne au bûcher d'un seul et simple geste de la main. Une autre face du chapiteau les montre au milieu des flammes. Le culte de Fructueux fut, avec d'autres comme Cucufat ou Eulalie, ramené d'Espagne dès les temps carolingiens par le retour des wisigoths chrétiens sur leurs terres de Septimanie; dans l'Aude St Cucufat devint St Couat et St Fructueux St Frichoux, noms de deux paroisses puis de deux communes actuelles !
(=> "Histoire des empereurs et des autres princes..." T. III, 2ème partie, Lenain de Tillemont; Bruxelles, Fricx, 1712).
AEMILIUS FRONTINUS Proconsul et ST ALEXANDRE :
Aemilius Frontinus était Proconsul d'Asie lorsqu'il eut à juger le chrétien Alexandre. Eusèbe qui écrivit la vita de ces premiers chrétiens des temps apostoliques eut recours aux archives; pour St Alexandre voilà ce qu'il dit : "En ce qui concerne Alexandre il faut que la vérité soit connue; cet homme a comparu devant Aemilius Frontinus, proconsul d'Asie, non pas comme chrétien mais pour des vols qu'il avait commis, alors qu'il avait déjà apostasié. Ceux qui voudront s'instruire de cette affaire n'auront qu'à recourir aux archives publiques de la province d'Asie" (cf. Eus. "Hist. Eccl." V,18). Comme quoi d'une part ces martyrs ne furent pas nécessairement des anges dans leur vie antérieure et d'autre part il est prudent de ne pas amalgamer systématiquement les hommes de pouvoir romains à des massacreurs de ces premiers chrétiens....si l'on considère toutefois ces écrits comme "paroles d'évangile"!
AMILIEN 1er évêque de VALENCE (Drôme) :
Le nom de ce personnage via le latin Aemilius bien sûr serait celui du tout premier évêque de cette ville; il aurait vécu au temps de Marcellin, archevêque d'Embrun au IVème S, et son nom est resté car il aurait présidé le 1er concile tenu dans sa ville en 374.
AMILIEN de BYZACENE :
Cet Amilien représenta son diocèse de Byzacène, dans la province romaine de Numidie, au concile de Carthage ou d'Hippone, en 397, où se réunirent tous les évêques d'Afrique du nord. (cf. "Hist. génér. des auteurs sacrés et ecclésiastiques" T. XII R.P. Dom R. Ceillier; Paris Paulus-du-Mesnil, 1744).
Les Chrétiens Coptes d'EGYPTE :
Parmi les objets antiques du culte pratiqué par les chrétiens coptes, nombreux en Egypte aux VII et VIIIème S., outre des textes et formules magiques, ont été aussi trouvé des amulettes telles celles-ci qui nous intéressent particulièrement :
- "Abra, Abraaba, Abramièl, qui as sauvé Loth de la perte de Sodome et Gomorrhe, sauve-moi !" dans laquelle l'incantation s'adresse au père, père du peuple de Dieu et rappelle la descendance incestueuse de l'infortuné Loth. (côtée Berlin P 8328);
- dans la seconde il ne figure plus qu'une série de noms d'anges sans doute tels que : "Amiel, Bamièl,....Yamièl, Lamièl, ....Oamièl, Jésus-Christ." Liste quand même remarquable quant aux multiples appellations conjuguant la signification de notre nom en hébreu et se terminant par le nom du Sauveur, tout autant donc ange que fils de Dieu et homme, rédempteur de l'humanité. (côte Berlin P 8330).
Rédigés aussi souvent sur papyrus au pinceau à brosses, constituant autant d'invocations que de malédictions, tous ces témoignages prouvent combien la religion hébraïque, ses textes comme ses traditions, était très présente encore chez ces chrétiens orientaux des premiers siècles après la légalisation constantinienne et les premiers conciles des IV & Vème S. constituant la base doctrinale fondamentale du christianisme.
(=> "La magie dans l'Egypte antique" Fr. Lexa; site internet).
Des EVÊQUES AMILIENS en AFRIQUE DU NORD :
Bien qu'ils soient cités sans dates, la patrologie de J. P. Migne (vol.58) cite plusieurs évêques ayant détenu des sièges épiscopaux durant les premiers temps de l'implantation chrétienne sur les bords sud de la Méditerranée; on sait seulement qu'ils sont des IV-Vèmes S. : Aemilianus episc. Aggeritensis, cité de Bysacène; Aemilianus episc. Araditanis, Aradus en Syrie, de nos jours Tortose; Aemil. episc. Benefensis, en Bysacène; Aem. episc. Casarum Medianensium (Mediensis), en Mauritanie Césarienne; Aemil. Culcitanus episc., en Afrique Procconsulaire; Aemilius Asvoremixtensis episc., en Mauritanie Sitisine.
(=> "Dictionnaire de Statistique Religieuse et de l'art de vérifier..." L. de Mas Latrie & Migne, T. IX; Paris, Migne, 1851).
AEMILIA HYGEIA :
Cette femme est, malheureusement pour elle, citée dans des malédictions : Une tablette découverte à Carthage dont on ne peut déterminer la date mais qui a été rédigée durant l'empire romain, indique : "Vous anges dont le nom est inscrit, donnez la débilité à Aemilia Hygeia, que Liguria Saturnina portait - maintenant, rapidement - et la mort".

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