"Seuls les peuples qui gardent leur mémoire préservent leur âme"
Alexandre Soljenitsyne.
Outre les relations citées concernant les Amiel qui eurent affaire avec l'Inquisition je m'attarde ici sur quelques cas plus précis.
Les AMIEL spoliés lors du SIEGE DE BEZIERS :
Le siège de Béziers qui eut lieu en juillet 1209 se termina par la mort des habitants de cette cité, suite au fameux mais contesté "Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens !" du légat Arnaud Amaury; c'est le 1er acte grave de l'église de Rome contre les cathares. Suivirent les confiscations des biens notamment ceux des bourgeois dont l'église admettait peu leurs libertés communales nouvelles octroyées par les seigneurs des villes un peu partout en Occitanie. Ainsi, en 1235, Pierre Amiel, qui était en ce temps-là dignitaire de l'église de Béziers, put-il donner, lorsqu'il fut élu évêque de Narbonne, à son chapître cathédral, une partie de ces biens confisqués en 1209, biens qu'il avait reçu sans bourse délier lors de ces confiscations de Montfort: devinrent biens de l'église de Narbonne des maisons (et leurs droits) situés rue de Cité (actuelle rue Viennet) à Béziers, qui avaient été confisquées à Guillaume Pierre de Carcassonne et Guillaume Amiel, bourgeois de la ville !
Les AMIEL de BLAN :
Isarn Amiel de Blan n'est pas à confondre avec Frère Amiel de Blan, inquisiteur (!), lequel est encore différent de Hugues Amiel, inquisiteur vers la même époque. Encore une fois, la popularité de notre nom au moyen-âge a fait que l'on trouve des Amiel dans tous les bords, tous les milieux sociaux, toutes les influences. Blan est proche de St Paul-Cap-de-Joux (81).
L'épouse de cet Isarn Amiel de Blan était sans doute une personne très ordinaire; voici le récit de ce qu'en dit le témoignage de Guilabert, un habitant de St Michel des Touzeilles (à Palleville, dans le Tarn) en 1273 (cf. Registre de l'Inquisition de Toulouse 1273) :
J'ai entendu ma dite mère Grazide dire qu'elle avait eu de Cerdane, la femme d'Isarn Amiel de Blan, souvent tantôt du pain, tantôt des légumes, des fruits, et une fois des poissons salés. Et je crois que cette Cerdane donnait cela à ma mère pour qu'elle le donne aux parfaits. Malheureusement pour elle, sans doute trop proche de parfaits.
Les PEINES INQUISITORIALES :
On va voir dans l'article suivant que que Jean Amiel convaincu d'hérésie fut "livré au bras séculier pour qu'il en fit ce qu'il avait usage d'en faire" circonvolution linguistique permettant de ne pas se mouiller en appelant un chat un chat (surtout s'il fut noir !), ce qui pourrait brûler les lèvres sans doute des inquisiteurs. Mais cette peine était heureusement extrême ! Précisons toutefois qu'un tel châtiment était double : il excluait aussi l'enterrement de ses restes (s'il y en avait) en terre chrétienne consacrée bien sûr. C'est un peu comme dans les codes de justice, à chaque peine, en principe son châtiment proportionné : cela va du simple port d'une croix à cette peine horrible en passant par des assistances aux offices graduées, des abstinences en tous genres, des amendes aussi et des pèlerinages sur tel ou tel lieu saint, suivant toujours le degré imputé à la faute. Enfin un hérétique condamné comme tel après sa mort, ce qui est arrivé plus souvent qu'on ne le pense, était déterré du cimetière et ses restes soit brûlés soit jetés hors de celui-ci. Voici un exemple d'amende un peu particulier, une sorte de liberté sous gage : Le 9 novembre 1250 Ray. Authier et Raymond Amiel habitants de Villemoustaussou près de Carcassonne, jurent et s'engagent sous peine d'amende pour Arnaud Narbonne afin de le faire sortir de sa prison mais restent garants de sa mise à disposition pour divers travaux dit le texte (inquisitoriaux entre autres sans doute).
(=> "Inquisition dans le Midi de la France au XIIIème et XIVème S." Ch. Molinier, 1880).
Cette pratique de caution existait dans le 'civil' bien sûr : le 22 mars 1250 un acte notarié écrit par Boni Mancipi, notaire carcassonnais, indique la caution que donne Guillaume Ferrel pour Adalaïs Amiel et Raymonde, femme de Bernard Amiel, de Preixan.
JEAN AMIEL bourgeois hérétique :
En 1244 alors que la tête de l'église cathare était décapitée à Montségur, l'inquisition ne baissait pas les bras afin d'en éradiquer tous ses membres. Ainsi les frères inquisiteurs Jean de St Pierre et Bernard de Cancio (de Caux) après avoir écumé, on dit alors 'visité' les diocèses de Cahors et Agen, arrivent à Toulouse. Ils firent rapidement comparaître devant eux pas moins de quinze accusés dont Jean Amiel, bourgeois de la ville. Quatre en sortirent avec une "pénitence douce" selon l'expression du greffier du Saint Office, genre port de croix, abstinence alimentaire, confiscation ou pèlerinage; les autres dont Jean Amiel furent "livrés au bras séculier" et donc comme on vient de le voir dans l'article précédent, brûlés vifs ! (cf. registre de l'inquisition de Toulouse, P.V. de 1244).
(=>"Histoire de l'inquisition en France" de Lamothe-Langon, 1829).
D'autres AMIEL du LAURAGAIS cités par l'Inquisition :
- Dans un aveu de Arnaud Cimordan de Gascogne fait à Montrastruc (31), celui-ci cite le nom de Raimond Amiel de Labège (près de Toulouse) qu'il accompagnait dans ses pérégrinations; on sait que les bonshommes allaient toujours par deux prêcher de village en village; ces deux-là étaient bien, non seulement des croyants, mais des parfaits cathares.
- Un autre Raimond Amiel mais cette fois simple croyant, habitant Villepinte, près de Bram (11), est, lui, cité dans un complément d'interrogatoire de 1278 opéré sur la personne de Guillaume Rafart.
Ces renseignements sont tirés du Registre de l'Inquisition de Toulouse (pour la période de 1273 à 1280) traduits par Jean Duvernoy, particulièrement du Registre de Parnac.
PONS AMIEL parfait brûlé par BERNARD GUI :
Pons Amiel, croyant cathare de La Garde de Verfeil qui fut proche du parfait Peire Sans, fut brûlé en effet par jugement de Bernard Gui le lundi 4 Mars 1308 ou le lendemain au plus tard. La Garde est un lieu-dit de la communauté de Verfeil encore de nos jours et situé au nord de Toulouse. C'est par cette sentence que débuta d'ailleurs "l'œuvre" de Bernard de la Guionie ou Guidonis abrégé en Gui, le dominicain inquisiteur de triste mémoire (on se souvient encore de son nom dans la région et pas en bien!); pour son "acte de foi" inaugural (il s'imposa donc très fortement dès son arrivée) il fit publier solennellement ses premières décisions par un notaire greffier de l'inquisition dans la cathédrale St Etienne de Toulouse, ni plus ni moins. Cela se passa lors de l'office majeur du dimanche 3 mars 1308; les consuls toulousains durent jurer entre ses mains de défendre l'inquisition et de lui obéir, de rechercher, dénoncer et punir les hérétiques. Pons Amiel était de plus un "relaps", un hérétique qui après avoir été réconcilié avec l'église (pardonné) était retombé dans l'erreur, ce qui était en ce cas impardonnable et il n'était pas seul dans ce cas. Voici un extrait traduit en français de ce qui put leur être reproché: Toi, Pons Amiel et toi, Felipa de Tounis, comme des chiens retournant à leur vomi, vous n'avez pas craint de redouter le jugement de Dieu, vous êtes retombés dans l'hérésie que vous aviez abjurée. Faux pénitents, incorrigibles en un énorme crime, vous n'êtes dignes d'aucune pitié, d'aucune miséricorde.... Avec cette femme il fut donc impitoyablement "abandonné à la cour séculière" ou "livré au bras séculier pour être jeté dans les flammes" autre formule consacrée (!) et cette fois il n'abjura pas (cf. Liber Sentent. Inquisit. Tolosani). Comme Amiel de Perles qui voulait se laisser mourir de faim lui, il fut un ardent prédicateur; tous deux enseignaient l'ancien dualisme absolu de la doctrine cathare dans ce que l'on a appelé "la petite église", essai de reconstitution tardif de l'église cathare des premiers temps mais qui se révèlera être en réalité son chant du cygne, l'église de Rome redoublant d'ardeur pour l'éliminer définitivement; et 20ans plus tard ce sera fait. Pendant cinq siècles on ne reparlera plus de ces "chiens" d'hérétiques.
(=> "Histoire & doctrine de la secte des cathares ou albigeois" vol. I Ch. G. Ad. Schmidt; Paris, Genève, Cherbuliez, 1848; "Le dernier des cathares Peire Autier" A. Brenon, Tempus Perrin, 2006).
AMIEL de CABANAC:
Le 14 des kalendes de septembre (18 sept.) 1244, six mois donc seulement après la prise de Montségur, comparait devant l'inquisiteur Ponce Garin et frère Ferrer son greffier, Amiel de Cabanac, de Léran (près de Lavelanet 09); il est indiqué dans le registre qu'il est chevalier de ce lieu et "témoin juré qu'il avait vu à Laurac, dans la maison de Guillaume Fabre, parfait, prêcher le prédicateur Bertrand Marty", ceci en 1240. Il précise qu'en ce qui le concerne, il n'a jamais été hérétique. Doat qui copie l'acte, écrit dans son préambule, curieusement : 'Déposition Damiel de Cabanac', simple erreur d'inattention sans doute du collecteur de ces vieux actes.
Frère HUGUES AMIEL INQUISITEUR :
Il est né à Castelnaudary vers 1220; entré chez les dominicains, l'ordre religieux des Frères Prêcheurs tout nouveau alors, il devint prieur de l'ordre à Montauban de 1261 à 1263 puis à Agen de 1268 à 1270, passa à celui de Carcassonne de 1270 à 1272; il ne s'arrête pas en si bon chemin : Prieur des Dominicains de Toulouse jusqu'en 1276 il est ensuite nommé Inquisiteur, tache qu'il assurera jusqu'en 1281. Il est présent par exemple lorsque le chevalier de Montalzat, Bernard de Lagarde fut emprisonné pour avoir avoué son hérésie, en mars 1278; puis encore en mars 1279 pour lui extorquer des suppléments à ses aveux initiaux par une manœuvre qui sera reprise ensuite bien souvent, lui promettant la grâce de la liberté; ce qu'il fit mais pour une plus prosaïque raison, celle de l'encombrement notoire des prisons inquisitoriales -notre justice contemporaine fait la même chose-. De toute façon le chevalier sera repris dès 1280 et cette fois retourné par l'inquisition, comme quoi nos modernes agents secrets, qu'ils aient été ceux des papes, des rois ou qu'ils soient ceux de la République ont pu servir tous les camps ! Frère Hugues mourut en sa qualité d'inquisiteur sur le chemin de Rome en 1281. Le trop connu Bernard Gui put dire de lui que "Ce fut un homme juste et droit, courageux et réputé" ce qui, dans une telle bouche ou plutôt sous cette plume, signifie qu'il accomplit son travail inquisitorial avec zèle et efficacité.
(=> "Bernard Gui - De fundatione et prioribus conventum provinciarum Tolosanae et Provinciae" O. P. éd. P. A. Amargier, Rome, 1961).
PIERRE MIEL & PIERRE AMIEL :
C'est dans la "confession" de Arnaude de la Motte, de Montauban (82), devant les inquisiteurs Guillaume Pellisson et Bernard de Caux, en juin 1245 que l'on peut noter la dénonciation par elle d'un réunion d'hérétiques tenue à Lavaur (81) dans la maison de Pierre Miel (sic), à laquelle assista outre le dit propriétaire du lieu, ses filles Guillemette et Jourdane, un autre Pierre Amiel, il y a 22 ans dit la dénonciatrice, soit vers 1223 ou 1224. Cette Arnaude eut l'année précédente un première occasion de dénoncer ce même fait à l'inquisiteur Ferrer; on y trouve le nom d'un fils de ce Pierre Miel nommé Guillaume; sans doute ce second interrogatoire permit-il de vérifier ce fait et de creuser un peu plus; c'est en tous cas l'une des pratiques courantes de la procédure inquisitoriale que de revenir sur des notes déjà enregistrées (pratique courante toujours des enquêteurs de police ou des juges d'instruction). Outre le fait que l'on peut se demander comment on peut ainsi se souvenir d'un fait précis advenu autant de temps auparavant, il y a lieu de noter dans ce procès-verbal l'orthographe inhabituelle employée pour nommer cet Amiel propriétaire des lieux mais qui correspond tout à fait à un usage du temps; d' Amiel à "à Miel" il n'y a qu'un pas pourrait-on dire, et sans doute fut-il souvent franchi par les scribes, greffiers de l'inquisition et autres notaires de ces temps lointains.
JEAN AMIEL Inquisiteur à NARBONNE :
L'inquisition s'établit avec son tribunal ses juges et ses enquêteurs greffiers à Narbonne seulement en Décembre 1328; on sait que la région narbonnaise resta à l'écart des affres de la croisade contre les albigeois. Mais là la croisade est terminée; on est sous la coupe royale pour ce qui est de l'administration alors bien installée et sous la coupe de l'église pour ce qui est de l'orthodoxie religieuse et nulle communauté ne peut se prévaloir d'une quelconque immunité historique, mais il vaut mieux s'en assurer. Parmi les juristes religieux qui s'installent dans la ville figure Jean Amiel ou plutôt si on lit textuellement son nom dans les registres inquisitoriaux, Ioannem Amelii (acte du 9 décembre). Le tribunal inquisitorial forain installé sans doute dans le palais des archevêques condamnera dans cette tournée une quinzaine d'hérétiques "au mur" (prison inquisitoriale) : on peut lire dans ce qui a été nommé "La consultation de Narbonne" outre celui de Magister Joannem Amelii, celui de Guillelmus Amelii de Constantiano (Guillaume Amiel de Coustaussa 11) indiqué dans un acte le 10 décembre, dans lequel il est condamné au mur ceci "tant qu'on le jugera hérétique et manichéen", un peu comme de nos jours la justice peut garder à l'abri des individus dangereux pour la société, jusqu'à la fin de leur vie.
(=> "Registre GGG de l'Inquisition de Carcassonne" Manuscrit Doat 27 traduit par Jean Duvernoy).
Sentences inquisitoriales de PAMIERS et les AMIEL qui y sont cité :
Le même registre inquisitorial GGG de l'Inquisition de Carcassonne indique qu'en Janvier 1329 tombèrent les sentences de Pamiers par lesquelles entre autres condamnés furent Rossa, femme de Bernard Amelii d'Ax (-les-Thermes de nos jours) et Bernarda, femme d'Amelii de Rivis, d'Ax aussi, la 1ère étant seulement condamnée au port de la croix tandis que la 2ème fut "expédiée au mur" avec port de la croix.
Bien avant, le 15 juin 1308, Guillemette Garsend(e), d'Ax encore, témoigna qu'elle avait vu dans la maison de Raimonde de Rodès (sœur des frères Authié) des parfaits et qu'alors que Pierre Authié avec son fils Jacques et d'autres étaient chez elle à Ax, ils reçurent beaucoup de visites dont celle de Rossa Amelii. Dans le même acte elle indiquera encore avoir vu à l'entrée de l'Hôpital d'Ax, Maria, femme de Pierre Amiel de Mérens (voir ci-après) qui soignait Gentille d'Ascou (cf. "Registre de Geoffroy d'Ablis Ms latin 4269" BNF Paris; traduit, annoté et édité par J. Duvernoy, 1980). Voilà un prénom féminin qui était alors inconnu en Occitanie, les historiens pensent qu'elle devait être cerdane ou andorrane.
Peu auparavant encore, le 6 des nones de mai (10 mai) doit être noté le témoignage de Géraud de Rodès, de Tarascon sur Ariège (même Ms) qui indique devant l'inquisition carcassonnaise qu'il a vu, dans la maison d'Arnaud Riquier, à Tarascon, les frères parfaits Authié et avec eux un certain Amiel Augé et son frère..."les susnommés Amiel et Guillaume adorèrent ces parfaits...à ma vue" dit-il. Plus loin le même témoin notera les noms de Pierre Amiel de Mérens et autre, lesquels "apportèrent et donnèrent de l'argent" aux parfaits Authié, mais il ne sait pas combien (cf. plus loin article sur Pierre Amiel de Mérens).
Décidément très disert, le même Géraud citera les noms d'Amiel Traginier et sa femme Margarida, d'Ax, laquelle fut "hérétiquée environ six ans plus tôt" selon lui. Il précise que, pour la cérémonie, les impétrants portaient des "surtuniques d'étoffe de blau" (bleu) et "des tuniques de verd" et qu'ils avaient entre ~30 -35ans. Ce détail insignifiant est cependant important car rare, il indique comment étaient habillés les parfaits.
Le 21 août 1308 Arnaud Issaura, de Larnat, est interrogé à Carcassonne toujours; il cite le nom d'Amiel de Prades; il le reçoit avec les autres parfaits chez lui, à Larnat, dans leurs tournées.
On se rappellera que Amiel de Perles (cf. article à ce nom) sera brûlé le 23 octobre 1309, soit très rapidement après ces enregistrements de l'inquisition carcassonnaise.
Des CONFESSIONS vérifiées :
Les enquêtes étaient si perverses que l'on interrogeait différemment les 'témoins' d'actes religieux répréhensibles sur de mêmes faits (ce que font d'ailleurs encore de nos jours les enquêteurs de la police comme de la gendarmerie). Voici l'exemple d'un tel "aveu" revérifié, celui de la confession d'hérétique (on va voir pourquoi cette affirmation), de Guillaume Donnadieu de Mazerac, dit aussi Guillaume d'Elves, de Najac (Fonds Doat XXIII, f°209 r° à 217 v°) : ...requis de dire la vérité l'an du seigneur 1244, le 5 des nones de Mars (soit le 5 mars) dit qu'il vint un jour par hasard dans la maison de Maffre Amiel de Penne (d'Albigeois NDLA) il trouva là...(des) hérétiques qui se chauffaient près du feu, était présente la mère de Maffre, Bérengère...Pour l'époque, il y a environ quatre ans (~1240 donc) dans laquelle on notera qu'il fut là en spectateur de la scène seulement. Cela ne suffisait pas pour celui qui l'interrogea, il soupçonnait bien entendu qu'il fut là sur sa volonté et non par hasard et qu'il participa à la chose si l'on peut dire. Et quelques temps plus tard le suspect est à nouveau interrogé; sans doute à la même question voici ce qui fut rajouté par le greffier : De même il dit qu'il vit ces hérétiques dans la maison susdite effet de style NDLA et se trouvaient là : Maffre Amiel et Bérengère sa mère, ainsi que lui-même et chacun à son tour, adora ces hérétiques...Pour l'époque comme ci-dessus. Et c'est par cette précision infime bien qu'incidente que ce pauvre type se dénonça sans le vouloir et fut condamné à la prison perpétuelle par les inquisiteurs le 8 juillet 1246. Des aveux "consignés en présence du frère Pierre Durand, prêcheur (dominicain) inquisiteur entre 1243 et 1248 qui recueillit toutes les choses susdites à Lagrasse, dans le monastère.
Dénonciations d'ARNAUD MACELLARII - AMIEL de RUSTIQUES :
Ces dénonciations ont lieu dans les années 1284-1289 et la déposition d'Arnaud Macellarii qui habitait "Ripparia de Cabareti" curieux toponyme, en fait hydronyme qui fait référence à une Ripesia (1277) ou Rivière de Cabaret, la rivière de l'Orbiel, qui correspond en réalité à Lastours, village des tours de Cabaret, au nord de Carcassonne. Cet homme dénonce de nombreux hérétiques ou qu'il pense tels, dont à Marmorières (près de Lastours) Raimond Amiel et à Peyriac-Minervois (un peu plus loin) Amelius de Rostichas (de Rustiques sans doute) et son fils. Comme souvent dans leur traduction française il est difficile de rapprocher les noms : on vient de le voir pour Rustiques et c'est aussi le cas pour Macellari que le français a traduit en Mazelier. Arnaud Mazelier de Rivière ainsi est-il (encore) nommé indique également à propos d'Amiel de Rustiques, qu'il assista à l'hérétication de son beau-frère Esquieu de Caunes en 1278 alors au seuil de la mort, par Raymond Mazelier, parfait et de sa parentèle sans doute. (cf. Fonds Doat, déposition d'A. Mazelier de Rivière, fol. 157 r. - 158 v.).
AMIEL DE LAQUIERE :
J'ai vu Amiel de Laquière....(et d'autres)....tous de Lordat, venir plusieurs fois à Montségur, voir des parfaits. Et là ils les ont adoré dans leurs maisons...Pour l'époque, depuis cinq ans. C'est le témoignage de Raimon de Péreille, le seigneur de l'ultime réduit de l'église cathare qui tomba le 16 Mars 1244. L'interrogatoire de l'inquisition eut lieu peu de temps après; celui-ci est daté du 30 avril 1244; ce qui est relevé dans ces paroles a été donc vu à partir de 1239.
(=> "Déposition de Raimon de Péreille, chevalier, devant l'inquisition. 30 Avril 1244" in "Le dossier de Montségur" J. Duvernoy; Le Pérégrinateur, Toulouse, 1998).
AMIEL DE GOURBIT :
C'est un hérétique vu par un témoin interrogé par l'inquisition dans une maison de Castelverdun dans l'Ariège au début du XIVème S., région retirée au pied du Plateau de Beille, peu avant Ax-les-Thermes.
Des AMIEL ariégeois devant Jacques FOURNIER :
Jacques Fournier, ariégeois lui-même, est cet inquisiteur du début du XIVème S. qui plus tard deviendra pape d'Avignon sous le nom de Benoit XII. Les Archives du Vatican ont conservé l'un de ses registres d'inquisition (1318-1325 Bibl. Vatic. Latin 4030); on y trouve dans un acte de 1322 les noms de Pierre Amiel de Rabat, seigneur de ce lieu d'Ariège (reçu, avec son épouse, dans la foi cathare dans sa maladie peu avant son décès), Jean Peyre-Amiel, son père Ascou Peyre-Amiel un certain Amiel Bouan, habitant de ce lieu dont le délateur indique qu'il est riche et qu'ayant peur de perdre ses richesses, il n'osait pas accueillir les hérétiques chez lui mais venait leur rendre visite chez sa sœur Mengarde Alibert. Il y est question aussi d'un Amiel Lafont, d'Ax (les Thermes).
Dans ce que réunit cet inquisiteur on trouve aussi les sujets de préoccupation théologique comme le salut de l'âme qui doit assurer la rédemption des hommes du moyen-âge. Une réponse se trouvait bien entendu dans le catharisme. Le volume II (II, 332) indique ainsi que l'interrogé Bernard Goubert soulignait de tels enjeux dans une conversation au coin du feu avec sa cousine germaine, Bernadette Amiel.
AMIEL DU BOSQUET :
La Chronique de Guillaume Pelhisson (1229-1244) cite le nom de Amiel du Bosquet, seigneur de Ste Foy d'Aigrefeuille (31) qui dépose à l'inquisition en 1245 avoir eu une mère "parfaite", ce qui exposait le déterrement du cadavre de la défunte si le jugement inquisitorial le décidait (car on jugeait aussi les morts suspectés d'avoir été cathares !). Et bien entendu cette sinistre opération était effectuée en présence des habitants du lieu, qui étaient tenus d'y assister, aux fins d'avertissement pour frapper les esprits des vivants, on ne doute pas de son efficacité.
PIERRE AMIEL de MERENS : (voir sentences de Pamiers plus haut)
Pierre Amiel était de Mérens (09); il a reçu et hébergé les parfaits Pierre et Guillaume Authié chez lui, c'est ce que Raimond Authié, d'Ax (les Thermes) du diocèse de Pamiers, dit dans son interrogatoire du 12 juin 1308 dans la maison des Frères Précheurs de Carcassonne. Il leur a demandé s'il voulait qu'il leur rapporte des choses du pays où il allait (Puigcerda, en Cerdagne) et il leur rapporta des épices moulues (poivre, safran). Ce Pierre Amiel pour le moins sympathisant cathare sinon plus, n'était pas d'un niveau social bas, on sait par des témoins qu'il avait un domestique (cf. Registre de Geoffroy d'Ablis, Ms 4269, BNF, édité par Jean Duvernoy, 1980). Souvent il interviendra entre les parfaits et les simples croyants, facilitant les rencontres, organisant des repas, les abritant chez lui, les cachant si nécessaire - il y a chez lui comme ailleurs dans d'autres maisons d'accueil - une cachette prête à tout moment, souvent sous le blé stocké dans un coffre ! Par d'autres interrogatoires postérieurs (registre de Jacques Fournier), on saura aussi que Pierre Amiel fut même le patriarche d'une famille Amiel habitant Mérens; dans les années 1318-1325 Rossa(ne) Amiel son épouse (Roxane) fut interrogée avec lui par l'inquisition et ils passèrent devant le tribunal de Carcassonne (cf. "L'inquisiteur Geoffroy d'Ablis et les cathares du comté de Foix (1308-1309)" A. Pales-Gobilliard & G. d'Ablis, CNRS, 1984).
Un AMIEL condamné au mur inquisitorial :
Le 19 juin 1324 par sentence de l'inquisiteur Bernard Gui, un Amiel dont je n'ai pas le prénom fut "condamné au mur", c'est à dire à la prison. Il y eut plusieurs degrés de peines concernant l'emprisonnement pour hérésie, "mur large" (aux conditions pénitentiaires encore supportables bien que sans lumière du jour, dans une salle commune) et "mur strict" (cellules petites où l'on ne pouvait se tenir debout par ex. , éventuellement entravé perpétuellement, sans parler de la nourriture bien sûr). Des deux murs connus, celui de Toulouse et celui de Carcassonne, établi sous les murailles de la Cité fut, ce dernier dit-on fut le pire. Cet Amiel a dû être condamné au mur large puisque sa peine lui sera rapidement remise dès le 12 août suivant, et commuée en un jeûne au pain et à l'eau tous les mercredis et vendredi ainsi que les vigiles (veilles) de fêtes (religieuses bien sûr) pendant deux ans (cf. Fonds Doat, XXVIII, f°63). Les jugements prenaient souvent un tel air d'ordonnance médicale, il est vrai qu'il s'agissait de guérir de l'esprit religieux déviant ! On peut douter cependant de leur efficacité réelle...
GUILLEM AMIEL condamné tardivement :
Henri de Chamay, inquisiteur à Carcassonne de 1328 à 1336, condamna ledit Guillem Amiel à la prison pour hérésie à la fin de la répression inquisitoriale stricte, en 1328. Le catharisme était bel et bien vaincu alors; on voit le même inquisiteur accompagné de son 'socio' aller à Pamiers en 1329 liquider les affaires en suspens ouvertes bien avant par Jacques Fournier, de pauvres hères attendant leur sort depuis trois à quatre ans dans les geôles locales; on sait que leurs juges seront (enfin) assez cléments alors, l'église n'ayant plus grand chose à craindre, sa suprématie ayant été rétablie, non sans mal.
(=> "The Inquisition in the Middle Ages" Lea & Henry Charles, Delmarva Publ., 2013).
AMELIUS RECORT :
Cathare cité par l'historienne Anne Cazenave; il accueillait à Caussou (Ariège) des cathares venant à Montségur où lui-même se rendait souvent.
RIXENDE DE AMELIO :
Hérétique dénoncée comme telle par Bernard Carcassès, habitant de Villefloure (11), qui, lui-même prisonnier de l'inquisition, est interrogé. Il finit par avouer sans doute sous la torture que son épouse Fabrissa "lui faisait tout le bien qu'elle pouvait", en langage de ce temps-là cela signifiait qu'elle l'adorait comme parfaite; il indique ensuite qu'elle resta chez eux pendant environ un an et qu'ensuite elle quitta leur maison pour demeurer chez sa propre nièce, Barmonde jusqu'à ce qu'elle soit capturée et brûlée avec d'autres hérétiques de Carcassonne, cela à l'époque du sénéchal André Chaulcas; ce fonctionnaire royal serait mort vers 1227, donc Rixende périt sur le bûcher avant cette date (mais y avait-il vraiment dès cette époque un sénéchal à Carcassonne ? J'en doute !). Ce compte-rendu d'interrogatoire est consigné dans le registre de l'inquisiteur Baudouin de Montfort (parent sans doute de Simon de Montfort, on savait évidemment placer avantageusement les siens) pour les années 1250- 1267 (Ms 160 de la Bibliothèque Municipale de Clermont-Ferrand) soit donc un quart de siècle après les faits ! L'inquisition porta bien son nom.
(=> "Documents pour servir à l'historie de l'Inquisition dans le Languedoc" C. Douais, Lib. renouard, Paris, 1900, pp. 244-301).
Une déposition accusatrice pour deux AMIEL :
L'an du seigneur 1244, le 5 des ides de mai (soit le 3 mai), peu après donc la décapitation de l'église à Montségur, Bernard de Cairole (nommé aussi Bernard de Joucou, un audois du haut pays) requis, avoue : "J'ai vu les parfaits Arnaud Coumalère et son frère Pierre tenir publiquement leur maison à Lavelanet au diocèse de Toulouse. Et là j'ai vu plusieurs fois ces parfaits prêcher. Venaient entendre ces sermons moi-même, mon frère Martin Rolland qui fut brûlé par la suite, Bernard Pellepier, Pierre Saurat et son frère Amiel, Amiel de Campeirous...pour l'époque il y a douze ans". Cela se passait donc en 1232, Le topononyme Campeirous parait désigner le lieu de Campérié, passage avec col toujours actuel du Fenouillèdes, région occitane isolée par le défilé de Pierre-Lys de l'Aude et s'ouvrant sur le Roussillon. Cette région fut cathare et ce col servit aux adeptes de la religion honnie pour marcher vers Montségur par ex.
RAYMOND AMIEL de FANJEAUX à MONTSEGUR :
C'est en la même année 1232 que, suite au Concile de Béziers, confirmant celui de Toulouse de 1229, Raymond VI, comte de Toulouse est obligé de prendre et exécuter un Edit contre les hérétiques sur son territoire. Il s'y engage de force dans leur persécution et dans la mise au pas de ses vassaux rebelles "à la paix de l'Eglise et du Roi". Dès octobre de 1232 le bayle (représentant) de Raymond vient à Montségur avec une troupe armée pour arrêter les parfaits qui s'y trouvent. Les seigneurs impliqués l'accompagnaient dont Raymond Amiel de Fanjeaux. Le témoignage devant l'inquisition d'Arnaud Roger, seigneur de Péreille, donc de Montségur, daté du 22 avril 1244 l'indique clairement précisant surtout que ces envoyés comtaux mangèrent avec les parfaits avant de les emmener. Ils ne firent donc que leur devoir de vassaux sans pour autant approuver cette tâche ni les décisions conciliaires, de même que le comte toulousain dut montrer malgré lui son obéissance au roi comme à l'église.
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