FORT AMIEL à NEWCASTLE AFRIQUE DU SUD :
-1- Localisations géographique & historique :
Ce Fort construit sur les hauteurs de la ville de Newcastle, entre le Lesotho et le Zwaziland au nord-est de l'Afrique du Sud était prévu pour surveiller la région et abriter des troupes anglaises.
Newcastle, fondée en 1864 est avec Durban, Prétoria ou Le Cap l'une des 50 villes les plus peuplées d'Afrique du Sud et la plus importante du Kwazulu-Natal où elle se trouve.
Le fort a été construit en 1876 par les deux mille hommes du 80ème Régiment des Volontaires du Stafforshire sous la direction du Major Charles Frédéric Amiel, les anglais étant là pour l'annexion du Transval lors de la guerre contre les Zoulous autochtones de la région, et supplanter surtout les Boers, ces premiers colonisateurs d'origine française, allemande mais essentiellement néerlandaise. Il a été édifié en ce lieu pour assurer le contrôle de la nouvelle ville, sur les hauteurs qui la dominent nommées Mounted Riffles; paradoxalement, bien que destiné à intégrer une véritable ligne de défense du Natal, il n'a jamais eu à servir cette destination première.
-2- Le Major Charles Amiel :
Le major Charles Amiel est né le 2 Août 1822 à Hanover Square, à Londres; il sera baptisé le même jour à St Peter de Chertsey, dans le comté de Surrey. D'abord simple enseigne en 1845, il devient lieutenant dès 1846 et capitaine en 1858.
Il arrivera à Durban, dans la région, en provenance de Hong-Kong après une carrière militaire déjà remarquable essentiellement effectuée dans les conquètes colonisatrices du Royaume Britannique. Le grade de capitaine lui fut attribué en raison de son excellent service dans la Guerre Birmane de 1858, il fut présent à la capture du chef Martaban; il fut aussi actif lors des opérations devant Rangoon et à la prise de la 'Great Dagon Pagoda' (cf. "The new army list..." Col. H. G. hart; Murray, London, 1868). Dans les Indes à partir de 1859, il "pacifie" des peuplades comme les Ombkis et les Jakhranis essayant d'imposer chez eux la discipline et une certaine organisation; mettant aussi en place une assise politique anglaise durable en recrutant des aristocrates indous acquis à la cause britannique. (cf. "John Jacob of Jacobabad" H.T. Lambrick; publié à Sind, Pakistan , 1960). Après ces campagnes de Birmanie en 1852- 1858, suivies de la conquête des Indes en 1858-59, puis au Bhoutan en 1865, il sera dans l'expédition de Perak en 1875-76 ce qui lui vaudra d'accéder au grade de Lieutenant-Colonel. Parti ensuite avec ses troupes en Afrique du Sud, il deviendra Colonel avant 1878, prendra sa retraite avec ce dernier grade en 1879 et se retirera en Angleterre; il mourra à Londres le 10 Septembre 1885 et sera enterré à St Pierre de Westminster. Il ne laissera ni épouse ni héritier.
-3- Le Fort Amiel :
Durant la Première Guerre des Boers (entre 1860 et 1881) Fort Amiel fut utilisé comme garnison du Régiment particulier de la Reine Victoria, Régiment royal de Lancaster. Il fut aussi une base logistique, un camp de transit et enfin un hôpital, lors de la guerre des Boers entre les colonisateurs fermiers (=boers en hollandais) et les anglais. Beaucoup de soldats furent soignés dans ce lieu, beaucoup y moururent et y furent inhumés aussi.
La nomination comme monument national indique précisément sa surface, 9973 squares meters (m2) et l'endroit de sa construction, "in the Townlands of Newcastle, Klip River Division, Province of Natal" (application du National Monument Act de 1969 publiée le 22 juin 1979 (n°1335) par le ministre de l'éducation dans la Government Gazette du Zwaziland).
Construit par les anglais à la suite de la bataille d'Isandhlwana (1879), il surmontait une éminence dominant le drift dans lequel coule la rivière Ncandu. Depuis son site les vues sur la chaîne des Monts du Drakensberg et sur la ville de Newcastle à ses pieds sont larges et magnifiques. Fort Amiel fut une importante base militaire pour les opérations de maintien de l'ordre britannique.
La défense du fort se composait d'un fossé, d'un rempart et d'un mur en pierres, le tout abritant les différents bâtiments de la garnison. On voit encore les fondations de la paroi extérieure sur le bord de la butte surplombant la rivière Ncandu.
Le Fort Amiel fit l'objet de plusieurs articles dans un journal français, le Journal des Débats Politiques & Littéraires : je note par exemple les articles des 26 Septembre et 8 Octobre 1881 reprenant des dépêches télégraphiques anglaises : la 1ère indiquant que le Wolksraad (assemblée du peuple) du Transwaal refusait de ratifier la convention passée avec l'Angleterre, la 2ème à propos d'un soulèvement important du Zoulouland à l'instigation d'un chef local nommé Oham, frère de Gettiwago. On notera la permanence des précédents colonisateurs néerlandais dans les noms du pays et de l'assemblée du peuple. En février et mars de la même année d'autres dépêches parlent du fort et le 17 Février on sait par exemple que s'y tint un conseil de guerre, de cette guerre contre les Boers, qu'ils arriveront à vaincre, faisant enfin de l'Afrique du Sud une colonie de l'Empire Britannique.
Selon les archives de la guerre du Ministère de la Défense de l'Afrique du Sud, il y avait en 1883 10 cabanes pour la troupe, des bâtiments mieux isolés pour les officiers, 4 cuisines, 11 magasins, des bureaux, maisons de garde, des latrines et un puits d'eau potable. Les bâtiments furent construits assez sommairement avec des briques de terre cuite au soleil, des toits de chaume sauf pour les magasins qui eurent des murs et des toits faits de tôle ondulée. Rien à voir avec les forts européens. Enfin une cour de justice fut aménagée dans l'enceinte.
-4- De nos jours :
Le fort et ses alentours, dont le cimetière, furent délaissés durant les trois-quarts du XXème S. Jusqu'en 1979 où tout le site fut enfin déclaré et classé Monument National comme je l'ai indiqué plus haut. Des plans de Fort Amiel furent retrouvés dans des archives anglaises et la restauration du site fut décidée. Elle fut conduite par la Municipalité de Newcastle et The National Historical Society sous le contrôle du Musée du Natal. Fort Amiel abrite désormais dans ses murs un Musée d'Histoire dont la devise est "Why not visit the past in the present ..." C'est bien le but dans ce lieu comme sur ce site internet.
-5- Des fantômes hantent les lieux :
Eh oui, le coin est aussi connu pour ses fantômes (comme en Ecosse, par contamination culturelle sans doute!) car lorsqu'il fut un hôpital militaire, de nombreux soldats britanniques y ont été enterrés à peu de distance. On a vu parait-il deux de ces fantômes à la Chambre Cook : le 1er portait un manteau rouge et il a giflé un jardinier tandis que l'autre a soulevé du sol un autre employé et l'a laissé retomber tout en lui rappelant qu'il ne lui avait pas donné la permission d'entrer; un 3ème aurait encore été vu dans un autre bâtiment, le Royal Engineers Store. Enfin une maison située non loin de là, dans le quartier d'Amiel Park, près de la forteresse, dut être abandonnée en raison de bruits insupportables composés de galops et de hennissements de chevaux qui, bien entendu se produisaient la nuit, vers minuit. La tradition anglaise et particulièrement écossaise a donc ici laissé quelques traces ethnographiques. On trouve toujours dans ce quartier des fers à chevaux rouillés et d'autres vestiges de l'activité militaire dans les jardins. (cf. notice de Louis Ekstein du site internet "Open Africa").
-6- Par ici la visite ! :
Le musée ouvre en 1990 et présente les collections historiques et culturelles de Newcastle et de sa région. C'est un lieu d'arrêt important sur le parcours de la Route Battlefield, la route des champs de bataille des guerres qui ont ensanglanté la région à la fin du XIXème S. mais c'est aussi un lieu qui vise à refléter les cultures autochtones.
Au milieu sont les bureaux de garnison. On y voit relatées les deux guerres anglo-boers de 1880-81 et 1899-1902 ainsi que les souvenirs d'un auteur originaire du coin nommé Sir Rider Haggard, l'auteur des "Mines du roi Salomon". La Maison des Gardes abrite une exposition sur l'histoire de la construction du Fort par le Capitaine Amiel et son occupation par les différents régiments britanniques qui stationnèrent ici. Il s'y trouve notamment une collection assez unique de meubles de campagne; ils ont été ceux du capitaine Amiel. Les cuisines sont typiques de leur époque de construction et montrées avec une collection d'ustensiles de ce temps. La Cantine, elle, abrite des documents sur l'histoire de la ville et de ses cultures ancestrales dont un groupe de travailleurs zoulous. Les bâtiments Royal Engineers Store et le magasin Magazin & Shell ont aussi été restaurés. Et l'on ne manquera pas de vous conter le caractère hanté des lieux que j'ai résumé ci-dessus.
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