LES AMIEL OCCITANS PROCHES DES PAPES D'AVIGNON :
Les cours des papes d'Avignon, lesquels furent tous français et particulièrement occitans, ont accueilli notamment des proches locaux, et parmi eux figurent des Amiel.
Mais pourquoi les papes quittèrent-ils Rome ? Sans entrer dans les détails il faut remonter au règne de Philippe le Bel; voilà un roi qui fut en complet désaccord avec le pape du moment; son premier ministre, un anti-catholique du Lauragais déjà rencontré dans mes pages à propos de l'arrestation des Templiers qui fit grand bruit, Guillaume de Nogaret, lui emboîta le pas. Ce légiste renommé, administrateur de haut rang, mais dont le propre père eut à souffrir de l'inquisition contre les cathares, fut sans nul doute à l'origine du transfert du siège papal à Avignon comme de la "lignée" des papes français qui s'en suivit. Pensez-vous donc ! Le pape se préparait à excommunier le roi ! En Angleterre, Henri VIII aura une autre solution en créant sa propre église. Nogaret, simple laïc, fut envoyé secrètement avec quelque troupe pour s'assurer de sa sainteté, n'hésitera pas à souffletter le pape Boniface VIII dans l'une de ses résidences où il s'était réfugié, à Anagni, l'accusant d'hérésie et de simonie, un fait qui est resté dans l'histoire, c'est même "l'attentat d'Anagni" ! Le souverain pontife ne se remit pas de cet affront impensable et en mourut peu de temps après. Le roi de France avait donc réussi à mettre à 'son' pas la papauté en la mettant sous ses ailes !! Et les papes ses sujets seront à sa disposition pendant près d'un siècle....
Parmi les Amiel, proches locaux de ces papes français, le principal documenté parmi eux est avec les deux cardinaux nommés Pierre Amiel, Jean d'Amiel. Ce haut administrateur des biens de la papauté se fit nommer en quelque document Amiel de Cahors (cf. Clément V, Appendice, I, 1) mais on le trouve aussi sous les qualificatifs toponymiques de Sarlat voire de Périgueux (acte notarié de G. de Peyrille). Il se trouve que l'on a plusieurs personnages rattachables au nom générique d'Amiel, c-à-d suivant les cas Amelii, d'Amelh ou Da Amelh, qui furent consuls de la métropole quercynoise de Cahors aux XIII et XIVèmes S. (cf. Te Igitur, n° 437-438/20-21). Jacques Amiel ou d'Amiel qui est son frère (voir dossier spécial) est, lui aussi, indiqué quelquefois comme étant de Cahors (il porte l'argent pour le trésorier son frère à la Chambre Apostolique à Avignon le 7 Décembre 1318; cf. Reg. Oblig. , 5, f°85). Dans la même veine on peut aussi citer les noms de Guillaume Amiel et Géraud Amiel qui furent simplement clercs du diocèse de Cahors (cf. Arch. Vat. 92, ep. 2865; 106, ep. 854). Il est certain qu'un nombre remarquable d'Amiel d'une région assez vaste comprise, au nord du toulousain, entre Sarlat, Cahors et Castres fut à cette époque, très favorisé par les papes avignonnais. Près de Jean XXII lui-même cahorsin, on trouve Adhémar ou Aymar Amiel qui est là dès 1313; il devient Trésorier de la Chambre Apostolique et meurt évêque de Marseille à la fin de 1383; il était né à Montiez, près de Cahusac, dans le diocèse d'Albi et fut enterré selon ses vœux en cet endroit (cf. Gallia Chrit. I, 657).
Ce qui est curieux et qui laisserait supposer que ces Amiel de ce moment, originaires soit du Sarladais, du Quercy ou de l'Albigeois, aient eu une origine familiale commune, c'est le grand nombre de documents (bulles, contrats, actes) où ils sont tour à tour exécuteurs et bénéficiaires les uns pour les autres et d'autre part le nombre important de bénéfices qu'ils possédèrent dans le diocèse de Fréjus. Quant aux deux Pierre Amiel cardinaux quasiment en même temps que peut-on dire de leurs origines ? Pierre de Sarcenas futur archevêque et cardinal de Clément VII fut sans doute sarladais surtout; on trouve parmi ses familiers Raymond de Bretenoux, clerc du diocèse de Sarlat, il est bien de cette région décrite: Pierre Amiel de Brénac par contre ne peut être rattaché toponymiquement à cette région, toutefois une relation familiale avec eux ne peut être exclue, la haute vallée de l'Aude qui le vit naître n'est pas si éloignée du nord toulousain et on ne connait pas, par contre de foyer particulièrement catholique et papal dans le secteur, si ce n'est à Saverdun, en Ariège, patrie de Jacques Fournier, pape Benoît XII et descendant cognatiquement d'une famille Amiel !
Un autre Jean d'Amiel neveu d'Aymar, fut chanoine de Valmoisine dans le diocèse béni pour ces Amiel de Fréjus; il remplace à ce poste son oncle en 1328 (Arch. Vat. 87, ep. 2699; 103; ep. 888-9), et le prieur de ce lieu fut un autre neveu d'Aymar nommé Bernard d'Amiel, auparavant chanoine d'Albi (Arch. Vat. 71, ep. 811; 106, ep. 710), tout cela grâce à Jacques Duèse, pape Jean XXII. On connait de Bernard d'Amiel son ex-libris; il est apposé sur le Codi d'Albi, un exemplaire du Code de Justinien rédigé vers 1150; Bernard est décédé en 1348. Quant à Aymar ou Aymeric Amiel (s'il s'agit du même): il fut avant sa carrière pro-papale et provençale, chanoine de Beauvais, puis de St Barthélémy de Liège mais aussi de Spolète (!) et posséda d'autres bénéfices dans la région; il y a lieu de le rattacher à Jean d'Amiel, le fameux recteur de Spolète (Arch. Vat. 106, ep. 665).
Enfin il ne faut pas oublier dans ce contexte Amiel de Lautrec, gouverneur, qui rendait hommage à l'évêque de Cahors pour ses fiefs de Lautrec et de Paulin; comme on l'a vu il fut Abbé de St Sernin de Toulouse et mourut évêque de Castres (1326-1387).
(=> "Annales de St Louis des Français" VIIIème année, Oct. 1903; Rome, Superibus & Paris, Picard, 1903).
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