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**MOSHE AVIGDOR AMIEL Grand Rabbin** :
**Sa vie en Europe** :
Il nait en 1883 à Lita en terre polonaise et est l'élève de son père à l' école religieuse juive (Yeshiva) Telz puis à celle de Vilnius où il étudiera sous la direction de deux grands érudits de ce temps-là. Il est ordonné rabbin dès l'âge de 18ans et devient en 1905 rabbin de Swieciany où il fonde déjà une école juive importante; puis en 1913 il devient rabbin de Grajewo à la frontière russo-allemande. C'est à cette période-là qu'il est reconnu comme un prédicateur de valeur dont la rhétorique convainquit les cœurs les plus arides. Il est l'un des premiers à rejoindre alors le mouvement sioniste et à mettre ses compétences orales et écrites au service de cette cause religieuse et nationale juive dont il deviendra l'un des piliers. En 1920 il représente pour sa région polonaise ce mouvement à la Convention Mondiale Mizrahi d'Amsterdam. Et là ce fut sa véritable consécration : Il fit une telle impression sur les participants d'origines diverses que la communauté d'Anvers, qui était devenue alors l'un des plus grands centres de juifs européens, en nombre comme en richesse, lui offrit le poste important de rabbin (1920 à 1936). En effet Anvers était déjà, depuis le 1er tiers du siècle précédent, le refuge de très nombreux juifs d'Europe centrale; les ashkénazes avaient même formé une communauté Shomre Hadas qui créa ses propres institutions; la religion juive fut reconnue par le royaume belge et la ville se para de nombreuses et belles synagogues. Le rabbin Amiel sera particulièrement attentif à l'enseignement à Anvers comme partout où il sera en fonction: Il créera durant sa vie toute une série d'écoles juives (Yeshivot) pour les enseignements élémentaires des garçons et des filles, dont la toute première comme cela a été dit dès l'âge de 22ans en Lituanie et l'on affirme que s'il n'avait pas été aussi jeune alors il aurait pu être déjà Grand Rabbin de St Petersbourg; il fondera aussi des écoles d'enseignement supérieur dont l'Ecole Tachkemoni. Peu d'années après son départ d'Anvers éclatera le second conflit mondial; il faut savoir que c'est depuis Anvers que furent déportés les 2/3 des juifs de Belgique (plus de 16.000 sur 25.000). Les survivants revenus en 1945 y recréeront une communauté de 20.000 membres; ces juifs seront à nouveau diamantaires à 80%, tous travaillant à l'intérieur d'un vaste quartier ultra-sécurisé de 10ha consacré à ce commerce et ils habiteront tout près dans le quartier de la Pélikanstrasse.
**En Israël** :
Mais Moshe Avigdor Amiel n'est plus leur rabbin depuis longtemps: Il désire dès avant-guerre et ardemment s'engager plus avant dans les idéaux sionistes, le rêve imaginé par Abir Amieli (Joseph Natonek) commençait en effet à prendre forme (cf. page personnages remarqués III du XIXème S.); dès 1936 il voudra revenir sur la terre d'Israël et fit son Allya. Bien que la nation juive n'existe pas encore beaucoup de juifs vivent ou sont revenus comme lui sur la terre de leurs ancêtres. Il devint Grand-Rabbin de la nouvelle ville de Tel-Aviv (1936 à 1946), s'occupant surtout d'établir de bons rapports entre les plus religieux et ceux simplement communautaristes parmi eux. Lorsqu'il fut reçu en tant que tel le discours qui l'introduisit le qualifia de "Premier Grand Rabbin dont la présence honore les lieux" donc son pays et sa capitale. Tout au long de son existence Rav'Amiel sera le principal orateur de toutes les conférences mizrahistes qui se dérouleront dans de nombreux pays après 1918; il parlait couramment l'hébreu bien sûr, mais aussi était très à l'aise en français, anglais, allemand, russe et polonais tant il avait non seulement côtoyé de juifs de la diaspora mais aussi œuvré dans une bonne partie de l'Europe du nord.
**La shoah : Sa réaction face au soulèvement du ghetto de Varsovie et les suites en Israël** :
Les nouvelles concernant ces douloureux évènements dans l'Europe en guerre parviennent assez rapidement en Israël. Fidèle à ses idées sionistes et au mouvement dit Hamizrahi dont il est l'un des idéologues, //le grand rabbin de Tel-Aviv et Jaffa éprouva de la sympathie pour ce soulèvement// en 1943. Par ce qu'il dit à cette occasion //on peut établir avec certitude qu'il fut un partisan convaincu de l'antique révolte asmonéenne. Dans un discours prononcé devant une assemblée de rabbins réunis pour encourager l'enrôlement de juifs dans les forces armées britanniques// (la Palestine était alors sous leur mandat) //il appela le judaïsme religieux à servir d'exemple et à suivre l'exemple des Asmonéens qui illustrèrent le psaume 149 verset 6 des Ecritures. Devant les jeunes de l'Alliance Asmonéenne il commença à les exhorter à "faire la preuve par leurs actes et leurs combats de l'honneur d'Israël, l'honneur divin...à apporter la beauté, la gloire et l'héroïsme au judaïsme.// (revue Hahashmonaï, Sivan (juin) 1943). Cependant il semble qu'il choisit de demeurer silencieux sur le soulèvement lui-même. Le soulèvement fut, on le sait, durement écrasé; des deuils pleurèrent les victimes innocentes dès fin 1943 en Palestine mais cette rude épreuve fut considérée comme "un modèle pour les générations futures". //Ainsi à Tel Aviv, Jérusalem et Haïfa comme dans les Kibboutzim furent célébrés les martyrs de Pologne. //Le grand rabbin Amiel fit notamment un discours percutant //devant l'assemblée commémorative réunie au Kibboutz Beerot Ytzhak dans lequel il donna l'exemple des membres du mouvement Hamizrahi pionnier qui se sacrifièrent pour la récupération du pays des juifs. //(Netivah, 3/12/1943, pp. 23-25). Le grand rabbinat lança sous son impulsion l'idée d'une journée annuelle commémorative de la Shoah dès janvier 1945. Cette journée eut lieu pour la 1ère fois dès le samedi 20 de ce mois à Kfar Saba où les rabbins présents écrivirent un rouleau de la Torah en souvenir des "saints martyrs du ghetto" et entamèrent un long cortège aux flambeaux qui attira, dit-on, une foule nombreuse malgré la pluie battante. A Tel-Aviv cette commémoration initiale eut lieu 2 jours plus tard.
(=> pour ce § : "Les réactions des sionistes religieux dans la Palestine mandataire face à la révolte du ghetto de Varsovie" Havar Eshkoli (Wagman) trad. de l'anglais par C. Drevon, in Revue d'Histoire de la Shoah, 2005/1 (n°182) pp. 115 à 143).
**Son sionisme, ses ouvrages** :
Il fut un rabbin orthodoxe, auteur, orateur et philosophe de renom, et surtout l'un des principaux idéologues du Sionisme (mouvement 'Mizrahi' des juifs du Moyen-Orient) jusqu'à sa mort, comme on l'a vu, mais il craindra que ce mouvement ne soit remis en cause par le sionisme moderne. Connu pour ses vastes connaissances religieuses (Talmud, Halachah et Midrash), il pensait que la référence absolue au seul côté politique était un danger interne, "la terre d'Israël avec l'état et la langue hébraïque ne pouvant être les seuls pôles de l'identité juive" (qui était à re-construire); cela pouvant mener à un pur nationalisme ignorant la loi religieuse, partie inaliénable de cette identité : Israël n'est pas un "être juif collectif", c'est un peuple à qui a été donné la Torah pour qu'il en observe les préceptes, selon lui. En plus de la relation spéciale entre l'homme et son créateur, entre l'homme et son prochain, il y a une relation spéciale entre Israël et ses habitants, entre l'individu juif et le peuple auquel il appartient. Le préalable religieux est pour lui incontournable et la société juive nouvelle et israëlienne ne peut se concevoir sans cette assise. Pourtant l'histoire du nouvel état semble ne pas lui donner entièrement raison; c'est bien la politique qui le guide, sur des bases judaïques sans doute, mais sans que la Torah n'en forme toute la loi.
Auteur de renom pour ces questions religieuses et nationales juives, il a écrit de nombreux ouvrages à ce sujet dans les domaines de la Halakha (la loi juive), Aggada (histoire des hébreux, l'exil et la Pâque), Machshava (conscience, service et culture communautaire juive), des sermons et articles, œuvres comme "Lumières pour un âge de confusion", "Ethique et légalité dans la loi juive", Les Voies de Moïse", "Justice sociale", "Secours pour mon peuple"; le plus diffusé étant "Comprendre le droit juif". Il est certain qu'il fut un ardent sioniste; il s'est clairement prononcé sur le caractère et le système juridique de ce qui ne tarderait pas à devenir peu après sa disparition, l'Etat Juif de Palestine, Israël.
**De Maïmonide au rabbin Amiel ?** :
L'ombre du savant juif très célèbre Maïmonide hante toujours le judaïsme contemporain. Celui que l'on peut considérer comme un in-off du judaïsme religieux est accepté dans les canons des ultra-orthodoxes les plus fermés à toute culture "profane". Le médecin rationaliste médiéval qui écrivait en arabe considérait sur le même plan Aristote et Moïse. Sans doute serait-il vain de ressusciter le maïmonidisme du XIIème S. ou les idées plus récentes d'un Manassé Ben Israël du XVIIème S. qui prônait "l'hellénisation de la tradition juive" et une "monothéisation du monde" battues en brèche par le philosophe Spinoza, juif marginal. Mais l'inspiration éthique que l'on peut en retenir peut être d'une inspiration des plus actuelle, contrebalançant les tendances ethnocentriques et judéo-centriques qui existent dans la Tradition. Cet esprit universaliste et manasséen existait chez les rabbins durant le mandat britannique précédant la création de l'état d'Israel. Et l'on a peine à croire que le sioniste orthodoxe Amiel qui a pu cependant écrire : //La part d'internationalisme dans le judaïsme n'est pas seulement l'aboutissement mais le concept de base de notre idéologie, notre alpha et notre oméga....Il n'y a pas de falsification plus grande que de réduire le judaïsme à un nationalisme vulgaire et simpliste.// ait été reçu comme le 1er grand rabbin de Tel-Aviv. Et il y a toujours aujourd'hui des rabbins de cette trempe, dignes héritiers de leurs grand prédécesseurs comme Maïmonide ou Manassé et leur combat n'est pas facile.
**Après lui** :
Le grand rabbin Amiel décèdera en 1946 ; il n'aura pas la joie de voir la terre de Palestine devenir enfin un état libre, souverain et juif mais il s'employa à préparer son avenir. Nonobstant les écoles précédentes, il créa à Tel-Aviv notamment une Yeshiva de très haut niveau dénommée Hayishuv Hehadash (qui existe toujours et qui porte désormais son nom Yeshivat Ha'Rav Amiel ou Makhon Amiel, Rav désignant son titre de rabbin bien sûr), institut supérieur de formation rabbinique destiné à la formation des dirigeants des communautés dispersées à travers le monde et dont l'organisation fut un modèle pour d'autres. Elle est située au cœur même de la capitale israélienne, dotée d'un internat de 300 élèves, c'est une haute école religieuse pour les jeunes juifs les plus doués destinés à exercer les plus importantes responsabilités auprès des communautés de par le monde.
Une autre école de Tel-Aviv porte son nom : Bet Sefer Yesodi Amiel.
Enfin il aurait sans doute applaudi à cette récente décision juridique: la Knesset, parlement d'Israël vient de voter (juillet 2018) une loi définissant le pays comme "l'Etat-Nation du peuple juif". N'ayant pas de constitution, ce sont des lois fondamentales qui en tiennent lieu et cette loi en fait désormais partie. Elle inscrit dans le marbre cette spécificité avec comme seule langue officielle l'hébreu et les symboles bibliques déjà employés.
Concernant sa famille, Rabbin Amiel eut une nombreuse descendance de son épouse Basha Beila Amiel née Neviazhsky (1882-1964) parmi lesquels:
* Fanny qui épousera elle-même un rabbin, Israël Salzer (1904-1990) en 1932. Ce dernier sera le Grand Rabbin de Marseille de 1929 à 1975. Lors de la 2ème guerre mondiale, ils purent s'enfuir en Suisse grâce à Mgr Chalve.
* Ghity qui, née en Lituanie en 1928, suivit son père à Antwerpen (Anvers) qu'elle quitta seulement en 1940 avec son mari Nathan Lindenbaum et ses quatre enfants pour fuir en Amérique et s'installer à New-York. Elle décède en 2002 après une longue existence de philanthrope; elle aida notamment l'éducation juive féminine aidée en cela par son 2ème mari Max Stern épousé en 1950 (le 1er meurt en 1946) et créa même une yeshiva pour ces femmes. Max Stern fut le président de Jewish Center Synagogue de New-York pendant 45ans.
* Sulamith-Sully Amiel (1912-2003) épousa Henri Armand Hugh Selbourne (1906-1973), médecin anglais d'origine française, descendant de penseurs juifs et savants rabbins en ligne cognatique, partageant un ancêtre avec Karl Marx. Leur union donna naissance à David Selbourne, philosophe politique britannique, historien des idées, critique de la société.
* Rosy Amiel (1910-1973) épousa René Kapel, rabbin et résistant français, représentant d'Israël à Paris lors de la fondation de l'état juif puis Ambassadeur d'Israël au Guatémala accrédité dans plusieurs pays latino-américains.
* Shoshana Bracha-Ossie Amiel (1910-1973);
* Eliezer Tzvi Amiel (1914-1997).
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