PHILIPPE AMIEL SOCIOLOGUE
Né en 1956, Philippe Henri Louis Amiel est un sociologue français. Il est d'abord linguiste lexicographe puis dirige des sociétés d'études et des programmes de recherche en sciences sociales.
Il va développer des travaux de recherche et un enseignement en sociologie et droit de la santé. Devenu docteur en droit puis professeur des universités, il est associé à Paris VIII de 2003 à 2009; il crée dans ce cadre et y dirige, de 2003 à 2007 le Dess puis le Master Prof. de droit des établissements de santé. En même temps il va aussi enseigner la sociologie, particulièrement l'ethnométhodologie pour laquelle il écrira un ouvrage.
Depuis 2005 Mr Amiel est directeur de l'Unité de Recherche en Sciences Humaines et Sociales à l'Institut Gustave Roussy (recherches en cancérologie). Il y étudie notamment le droit et la sociologie appliquée à la recherche médicale, la prise en charge des malades cancéreux, des patients guéris et de leurs familles. Il participe depuis plusieurs années au pilotage des programmes du Cancéropole d'Ile-de-France : "Cancer & Société" (2007-2010); "Cancer & inégalités" (depuis 2010).
Un mot sur l'ethnométhodologie appliquée : C'est une discipline sociologique qui considère l'ordre social comme un accomplissement méthodique, elle constitue une branche des "nouvelles sociologies" apparue dans les années 1960 aux Usa dont l'inventeur et principal théoricien est Garfinkel. Son livre fondateur écrit en 1967 ne fut traduit en France qu'en 2007. L'ethnométhodologie est une sociologie des ethnométhodes, c'est à dire des méthodes qu'utilisent tous les membres de la société (ses acteurs) pour faire ce qu'ils font et en produire, simultanément l'intelligibilité.
Pour Philippe Amiel "l'intuition majeure de l'ethnométhodologie est dans l'articulation du sens et de l'action, dans l'idée que 'faire', 'faire sens' et 'faire société' sont, au fond, des aspects d'une même phénoménologie". Tout en reprenant pour lui l'affirmation de Garfinkel qui dit que "l'ethnométhodologie c'est l'ethnométhodologie appliquée" , Amiel offre, dans son ouvrage sur ce sujet une version de la discipline s'ouvrant sur de multiples applications pour les enquêtes en sciences sociales. Et cette ouverture passe, selon lui, par des fertilisations croisées, épistémologiques (avec le pragmatisme) et méthodologiques (avec la sociologie des organisations). Amiel sous-titre "L'ethnométhodologie appliquée": "Eléments de sociologie praxéologique" car elle est relative aux activités sociales, à ses pratiques; elle appelle à procurer des descriptions susceptibles de franchir "l'épreuve de l'action", de l'utilisation pratique par les acteurs, ceux auxquels elle sont destinées. Et les concepts essentiels de la méthode sont détaillés dans l'ouvrage d'Amiel à partir du récit d'une préparation d'une recette de cuisine de sa propre famille, le "tarama" (voir à la fin). Car pour Amiel l'ethnométhodologie si elle est un actionnisme radical, elle est autant un descriptivisme radical qui s'appuie sur une posture déontologique, un engagement éthique.
Il donnera un exemple d'application à propos d'une enquête portant sur les expérimentations biomédicales sur l'être humain, son thème de recherche de prédilection, et il le développera dans un nouvel ouvrage, intitulé "Des cobayes et des hommes" paru en 2011; titre complété par "Expérimentation sur l'être humain et justice", ce livre se présente comme une enquête de juriste combinée à celle d'un sociologue sur cette expérimentation vue au travers de la justice (en tant que droit strict & sentiment de). La 1ère partie de l'ouvrage concerne la genèse (d'avant à l'après fameux Procès de Nuremberg sur ce que firent les médecins nazis), la création d'un consensus normatif international pour répondre aux crises sanitaires, scandales et accidents parsemant l'histoire des essais médicaux sur l'être humain. La 2ème partie détaille ce qui se pratique en France et le fond de 'paternalisme juridique' qui est selon Amiel la base sur laquelle est construite la réglementation des essais dans notre pays.
Philippe Amiel a co-écrit de nombreux articles sur le droit de la santé; il a participé à la rédaction du Dictionnaire Hachette & Hachette Junior (1980), au Dictionnaire Encyclopédique Quillet (1984), Dictionnaire pratique Hachette (1987), son ouvrage sur "L'ethnométhodologie appliquée" est paru aux Presses du Lema (Paris 2002-2004) plusieurs fois réédité il est consultable en ligne, celui intitulé "Des cobayes et des hommes" est lui paru aux Belles-Lettres (Paris 2011); enfin Mr Amiel a co-écrit avec Anne Fagot-Largeault "L'expérimentation sur l'homme, sa valeur scientifique, sa légitimité (1905)" aux Presses de l'Institut G. Roussy/Igr Press (Villejuif, 2011).
Mr Amiel est membre de deux comités d'éthique et administrateur d'une fondation pour la prévention du cancer. Il est enfin chevalier des Palmes Académiques.

A propos du "Tarama façon famille Amiel", quelques détails sur cet exemple vécu par l'auteur illustrant "la science du savoir ordinaire", ces méthodes quotidiennes ordinaires de l'action et du raisonnement pratique. Et pour moi ce qui m'intéresse évidemment c'est le côté ethnographique pur: voilà une recette typique de la cuisine gréco-turque de cette famille Amiel qui est sans doute originaire de cette région méditerranéenne; on sait qu'il y eut de nombreux Amiel juifs à Thessalonique par exemple ou à Rhodes....dont beaucoup furent déportés durant la 2ème guerre mondiale par les nazis. D'ailleurs dans un de ses ouvrages Philippe Amiel parlera des expérimentations "médicales" qui furent faites sur eux ("Des cobayes et des hommes"). Le tarama est donc traditionnel chez ces Amiel dont il est un rejeton; il circule dans la famille un texte manuscrit rédigé par un (ou une) aïeul (e) auquel on doit conjuguer un autre texte, dactylographié celui-là, qui apporte des précisions explicatives nécessaires pour la transmission exacte de la recette, et enfin si on ne fait pas partie de la famille Amiel, le texte manuscrit ne peut suffire : il faut voir de ses yeux réaliser la recette pour vraiment bien l'assimiler et la reproduire; il faut donc faire partie de cette famille et le texte dactylographié est la traduction écrite de ce que les Amiel savent parce qu'ils ont vu le faire par leurs anciens dans le cadre des générations successives. Voilà l'objet même de l'etho-méthode.
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