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**LES PREMIERES RELATIONS ANTHROPOLOGIQUES DANS LA TORAH** :
Un rappel pour commencer : C'est parce qu'ils ne savaient pas encore exprimer l'autonomie de l'homme dans les domaines psychologique, moral et de la vie sociale, parce qu'avant le développement de la rationalité et de l'histoire ils ne pouvaient pas mesurer qu'ils avaient été institués par d'autres qu'eux-mêmes et que leur vie commune s'enracinait dans l'immensité du temps, que les hommes du monde antique ont cherché hors d'eux-mêmes une origine qui les faisait sortir d'un chaos initial et dans des puissances extérieures à eux, les sources de leurs valeurs, ce que la métaphysique nomme transcendance.
C'est la fonction du mythe et de la mythologie d'être un langage qui rende compte de ce qui est, par des récits fictifs qui se veulent cause, explication et justification comme on l'a vu. En un sens tout discours sur Dieu est un discours sur l'homme; et celui de chaque culture génère une anthropologie.
Et l'on va voir voir combien le monothéisme hébreu puis juif et chrétien (musulman aussi) fut et est patriarcal dans cette partie.
La Genèse, le 1er livre de la Torah, constitué on l'a dit aussi, vers les VIII ou VIIème S. avant notre ère à partir des nombreux et plus vieux récits mythiques babyloniens, fonde sur le vecteur de la "parenté" une dignité et une fraternité des hommes issues de la création par Dieu "à son image et à sa ressemblance" (Genèse I,26) d'un couple originel, parent de deux frères, Abel et Caïn, ce dernier fratricide. Il sera d'ailleurs souvent question de deux frères voire jumeaux quelquefois dans les histoires mythiques, les contes de différentes formes de l'Occident, depuis l'antiquité jusqu'au moyen-âge au moins. On retrouvera souvent de même dans l'Ancien Testament deux frères, en général aux intérêts antagonistes (d'où l'importance dans les relations familiales non seulement du père mais de l'oncle, frère du père).
Un cas toutefois chez les hébreux les rapproche par delà la mort, c'est l'application de ce que l'on nomme "lévirat"; il s'agit d'un mariage particulier, celui d'un remariage plus exactement, d'une veuve; celle-ci, si elle n'a pas donné une descendance mâle à son premier mari peut épouser son frère afin d'avoir enfin un fils qui puisse "relever son nom" et conserver les biens familiaux. Ce fut une pratique courante aussi chez des peuples africains comme les Senoufo de Côte d'Ivoire ou au Gabon et même élargie à un neveu ou un oncle maternel du mari décédé.

Mais pour en revenir à l'antagonisme des frères dans l'Ancien Testament, l'échec de la fraternité fratricide provoque "le repentir de Dieu" et la destruction par le Déluge de cette 1ère humanité 'manquée', mais elle sera restaurée par un nouvel ancêtre, Noé, un 'juste', car il agit selon la Loi, ici celle de Dieu, sa volonté. De l'image de la consanguinité et en outre, de l'alliance de Dieu avec le vivant (Gen. IX, 12) -qui plus est alliance privilégiée avec le peuple hébreu, son peuple, (ce dont le nom Amiel est l'une des traductions comme on le verra), lequel peuple reçoit de son Dieu dans son Exode, le Décalogue ou Tables de la Loi et le code détaillé de sa conduite (morale, sociale et religieuse (Exode 20, 21- 23) - de ces images se déduit la représentation d'un père unique qui sacralise la vie et demandera désormais "compte de la vie de son frère" (Gen. IX,5). Ces exigences implicites dans ces représentations premières, ne cesseront d'être explicitées au siècle suivant, par ex. chez le prophète Malachie : "N'avons-nous pas tous un seul père ? Un seul Dieu ne nous a t-il pas créé ? (Mal. 2,10) ou chez Zacharie (VII, 9-10). L'importance du père divin sera soulignée dans les pages qui suivent, à l'oncle d'origine dans la signification de nom Amiel, succèdera le père puis le parent et enfin le peuple en une sens toujours plus étendu ....
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