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Revision [17865]

Last edited on 2019-09-13 16:06:50 by JeanLouis
Additions:
La lutte contre l'hérésie cathare sera une affaire religieuse entre l'Eglise Romaine et l'Eglise Cathare d'une part, une affaire politique entre les seigneurs français (sous la houlette du Roi de France) et les seigneurs occitans (menés par le Comte de Toulouse et le Roi d'Aragon) d'autre part. Ce que l'on peut réunir sous le nom (aux termes assez anachroniques) de 'guerre sainte'; une lutte entre ces parties dans laquelle les pouvoirs (et les motifs) civils et religieux s'interpénètrent et qui va se dérouler sur tout le XIIIème S. Aux luttes théologiques, controverses, conciles, prédications, succèderont deux Croisades (celles des seigneurs du nord sous la houlette de Simon de Montfort puis de son fils Amaury et du roi de France) et surtout l'Inquisition, ses enquêtes, ses procès, ses condamnations et ses bûchers. Qu'adviendra-t-il de tout cela? Pour ce qui est de la religion l'Eglise va éliminer enfin cette déviance cathare et retrouver tous ses pouvoirs antérieurs affermis même, pour ce qui est du pouvoir civil, le roi de France va enfin pouvoir faire entrer dans le giron royal les riches et vastes territoires des seigneurs du Languedoc. La si brillante civilisation occitane, celle des troubadours, de la tolérance, de la latinité et de la romanité, va ainsi s'éteindre rapidement, les seigneurs locaux devant désormais fidélité au Roi français quand ce n'est pas des seigneurs du nord qui succèdent à ceux d'Occitanie sur leurs propres terres. Un voile de silence sur cette longue et horrible période qui vit une Croisade contre des chrétiens ( du jamais vu !) va alors s'abattre dans l'histoire et la mémoire officielle jusqu'à la fin du XIXème S. Mais alors, comme l'avait prédit le dernier cathare brûlé vif à Villerouge-Termenès dans le 1er quart du XIVème S. les Occitans vont enfin retrouver leur mémoire, l'histoire de leurs ancêtres dont ils portent toujours le nom, leur langue qu'ils parlent encore et leur culture dont de nombreuses traces font toujours foi, quelques 700 ans plus tard, au XXème S. Un énorme pan de l'histoire non seulement religieuse et politique méridionale mais aussi nationale initiée dès la fin du XIXème S. par un Napoléon Peyrat dans "Le sang de Toulouse", un ariégeois qui écrit un roman sur ces évènements si lointains, seulement consignés jusque-là par quelques érudits locaux ou les rédacteurs bénédictins de l'énorme Histoire de Languedoc au XVIIIème S du bout des lèvres. De grandes figures au XXème S. suivront la voie ouverte comme les historiens Emmanuel Leroy-Ladurie, Jean Duvernoy ou Michel Roquebert, des penseurs, écrivains, poètes comme Déodat Roché ou René Nelli s'y attacheront et contribueront à reconstituer patiemment non seulement l'histoire de ces temps malheureux pour tout un peuple mais aussi l'état des consciences, la vie quotidienne, les relations sociales, la littérature et la poésie...de nos ancêtres dont beaucoup d'Amiel. Peut-on parler véritablement de mémoire retrouvée pour les occitans, dont je suis, c'est une question très actuelle, parler en revanche d'histoire reconnue et d'une certaine affection (dans tous les sens du terme) sans aucun doute oui; se dire qu'il se peut fort que l'un de ses ancêtres du XIIIème S. ait été questionné, accusé voire condamné (et à l'extrême brûlé) à cause de sa foi (peu importe laquelle d'ailleurs) en lisant sur les registres inquisitoriaux les mentions de tant d'Amiel languedociens, du Lauragais en particulier, petite région centrale (pays de mes origines), oui se dire cela provoque beaucoup d'émotion et je crois que l'histoire si elle est d'abord faite de documents, puis de lieux, de faits, cadres, causes et conséquences, de recoupements, d'analyse et de vérification par des preuves, de réflexions, peut aussi, encore et enfin se lier comme se lire par l'émotion et ce n'est pas, vous en conviendrez, le moindre de ses intérêts.
Deletions:
La lutte contre l'hérésie cathare sera une affaire religieuse entre l'Eglise Romaine et l'Eglise Cathare d'une part, une affaire politique entre les seigneurs français (sous la houlette du Roi de France) et les seigneurs occitans (menés par le Comte de Toulouse et le Roi d'Aragon) d'autre part. Ce que l'on peut réunir sous le nom (aux termes assez anachroniques) de 'guerre sainte'; une lutte entre ces parties dans laquelle les pouvoirs (et les motifs) civils et religieux s'interpénètrent et qui va se dérouler sur tout le XIIIème S. Aux luttes théologiques, controverses, conciles, prédications, succèderont deux Croisades (celles des seigneurs du nord sous la houlette de Simon de Montfort puis de son fils Amaury et du roi de France) et surtout l'Inquisition, ses enquêtes, ses procès, ses condamnations et ses bûchers. Qu'adviendra-t-il de tout cela? Pour ce qui est de la religion l'Eglise va éliminer enfin cette déviance cathare et retrouver tous ses pouvoirs antérieurs affermis même, pour ce qui est du pouvoir civil, le roi de France va enfin pouvoir faire entrer dans le giron royal les riches et vastes territoires des seigneurs du Languedoc. La si brillante civilisation occitane, celle des troubadours, de la tolérance, de la latinité et de la romanité, va ainsi s'éteindre rapidement, les seigneurs locaux devant désormais fidélité au Roi français quand ce n'est pas des seigneurs du nord qui succèdent à ceux d'Occitanie sur leurs propres terres. Un voile de silence sur cette longue et horrible période qui vit une Croisade contre des chrétiens ( du jamais vu !) va alors s'abattre dans l'histoire et la mémoire officielle jusqu'à la fin du XIXème S. Mais alors, comme l'avait prédit le dernier cathare brûlé vif à Villerouge-Termenès dans le 1er quart du XIVème S. les Occitans vont enfin retrouver leur mémoire, l'histoire de leurs ancêtres dont ils portent toujours le nom, leur langue qu'ils parlent encore et leur culture dont de nombreuses traces font toujours foi, quelques 700 ans plus tard, au XXème S. Un énorme pan de l'histoire non seulement religieuse et politique méridionale mais aussi nationale initiée dès la fin du XIXème S. par un Napoléon Peyrat dans "Le sang de Toulouse", un ariégeois qui écrit un roman sur ces évènements si lointains, seulement consignés jusque-là par quelques érudits locaux ou les rédacteurs bénédictins de l'énorme Histoire de Languedoc au XVIIIème S du bout des lèvres. De grandes figures au XXème S. suivront la voie ouverte comme les historiens Emmanuel Leroy-Ladurie, Jean Duvernoy ou Michel Roquebert, des penseurs, écrivains, poètes comme Déodat Roché ou René Nelli s'y attacheront et contribueront à reconstituer patiemment non seulement l'histoire de ces temps malheureux pour tout un peuple mais aussi l'état des consciences, la vie quotidienne, les relations sociales, la littérature et la poésie...de nos ancêtres dont beaucoup d'Amiel. Peut-on parler véritablement de mémoire retrouvée pour les occitans, dont je suis, je ne pense pas, mais d'histoire reconnue et d'une certaine affection (dans tous les sens du terme) sans doute oui; se dire qu'il se peut fort que l'un de ses ancêtres du XIIIème S. ait été questionné, accusé voire condamné (et à l'extrême brûlé) à cause de sa foi (peu importe laquelle d'ailleurs) en lisant sur les registres inquisitoriaux les mentions de tant d'Amiel languedociens, du Lauragais en particulier, petite région centrale (pays de mes origines), oui se dire cela provoque beaucoup d'émotion et je crois que l'histoire si elle est d'abord faite de documents, puis de lieux, de faits, cadres, causes et conséquences, de recoupements, d'analyse et de vérification par des preuves, de réflexions, peut aussi, encore et enfin se lier comme se lire par l'émotion et ce n'est pas, vous en conviendrez, le moindre de ses intérêts.


Revision [17502]

Edited on 2019-07-14 10:40:37 by JeanLouis
Additions:
Nicolas Gouzy, dans l'Introduction de son site "TerresCathares", site dans lequel l'ancien directeur du Centre d'Etudes Cathares de Carcassonne dresse un magistral résumé des nombreuses études sur le catharisme et des cathares dans ce qu'il faut bien nommer "pays des cathares", parsemé de ses châteaux ruinés mais toujours majestueux, région couvrant essentiellement l'Aude et l'Ariège. Le //doute//, je l'ai pour ma part déjà évoqué par un début de citation de Cioran au début de ce wiki et j'aurai l'occasion de livrer la citation complète à la fin de tout ce que j'ai écrit....Pour les cathares, pas de //doute// dans leur jugement de la vie sur terre : c'est le monde du malin, seul l'amelhorament à travers nos existences successives pourra nous en faire sortir pour atteindre le monde divin, le monde du seul bien, la perfection.
Deletions:
Nicolas Gouzy, dans l'Introduction de son site "TerresCathares", site dans lequel l'ancien directeur du Centre d'Etudes Cathares de Carcassonne dresse une magistrale étude résumée du catharisme et des cathares mais aussi du pays des cathares et de ses châteaux ruinés mais toujours majestueux, situés essentiellement dans l'Aude et l'Ariège. Le doute, je l'ai déjà évoqué par un début de citation de Cioran au début de mes écrits et j'aurai l'occasion de livrer la citation complète à la fin de tout ce que j'ai à dire....Pour les cathares, pas de doute dans le jugement de la vie sur terre : c'est le monde du malin, seule l'amelhorament à travers nos existences successives pourra nous en faire sortir pour atteindre le monde divin, le monde du seul bien.


Revision [17501]

Edited on 2019-07-14 10:32:53 by JeanLouis
Additions:

//Le doute est peut-être le moteur intellectuel de l'histoire.//
Nicolas Gouzy, dans l'Introduction de son site "TerresCathares", site dans lequel l'ancien directeur du Centre d'Etudes Cathares de Carcassonne dresse une magistrale étude résumée du catharisme et des cathares mais aussi du pays des cathares et de ses châteaux ruinés mais toujours majestueux, situés essentiellement dans l'Aude et l'Ariège. Le doute, je l'ai déjà évoqué par un début de citation de Cioran au début de mes écrits et j'aurai l'occasion de livrer la citation complète à la fin de tout ce que j'ai à dire....Pour les cathares, pas de doute dans le jugement de la vie sur terre : c'est le monde du malin, seule l'amelhorament à travers nos existences successives pourra nous en faire sortir pour atteindre le monde divin, le monde du seul bien.
Deletions:
//Le doute est peut-être le moteur intellectuel de l'histoire.//
Nicolas Gouzy, dans l'Introduction de son site "TerresCathares", site dans lequel l'ancien directeur du Centre d'Etudes Cathares de Carcassonne dresse une magistrale étude résumée du catharisme et des cathares mais aussi du pays des cathares et de ses châteaux ruinés mais toujours majestueux, situés essentiellement dans l'Aude et l'Ariège. Le doute, je l'ai déjà évoqué par un début de citation de Cioran au début de mes écrits et j'aurai l'occasion de livrer la citation complète à la fin de tout ce que j'ai à dire....Pour les cathares, pas de doute dans le jugement de la vie sur terre : c'est le monde du malin, seule l'amelhorament à travers nos existences successives pourra nous en faire sortir pour atteindre le monde divin, le monde du seul bien.


Revision [17500]

Edited on 2019-07-14 10:32:25 by JeanLouis
Additions:
//Le doute est peut-être le moteur intellectuel de l'histoire.//
Nicolas Gouzy, dans l'Introduction de son site "TerresCathares", site dans lequel l'ancien directeur du Centre d'Etudes Cathares de Carcassonne dresse une magistrale étude résumée du catharisme et des cathares mais aussi du pays des cathares et de ses châteaux ruinés mais toujours majestueux, situés essentiellement dans l'Aude et l'Ariège. Le doute, je l'ai déjà évoqué par un début de citation de Cioran au début de mes écrits et j'aurai l'occasion de livrer la citation complète à la fin de tout ce que j'ai à dire....Pour les cathares, pas de doute dans le jugement de la vie sur terre : c'est le monde du malin, seule l'amelhorament à travers nos existences successives pourra nous en faire sortir pour atteindre le monde divin, le monde du seul bien.
Deletions:
//Le doute est peut-être le moteur intellectuel de l'histoire.//
Nicolas Gouzy, dans l'Introduction de son site "TerresCathares", site dans lequel l'ancien directeur du Centre d'Etudes Cathares de Carcassonne dresse une magistrale étude résumée du catharisme et des cathares mais aussi du pays des cathares et de ses châteaux ruinés mais toujours majestueux, situés essentiellement dans l'Aude et l'Ariège. Le doute, je l'ai déjà évoqué par un début de citation de Cioran au début de mes écrits et j'aurai l'occasion de livrer la citation complète à la fin de tout ce que j'ai à dire....Pour les cathares, pas de doute dans le jugement de la vie sur terre : c'est le monde du malin, seule l'amelhorament à travers nos existences successives pourra nous en faire sortir pour atteindre le monde divin, le monde du seul bien.


Revision [17499]

Edited on 2019-07-14 10:31:38 by JeanLouis
Additions:
//Le doute est peut-être le moteur intellectuel de l'histoire.//
Nicolas Gouzy, dans l'Introduction de son site "TerresCathares", site dans lequel l'ancien directeur du Centre d'Etudes Cathares de Carcassonne dresse une magistrale étude résumée du catharisme et des cathares mais aussi du pays des cathares et de ses châteaux ruinés mais toujours majestueux, situés essentiellement dans l'Aude et l'Ariège. Le doute, je l'ai déjà évoqué par un début de citation de Cioran au début de mes écrits et j'aurai l'occasion de livrer la citation complète à la fin de tout ce que j'ai à dire....Pour les cathares, pas de doute dans le jugement de la vie sur terre : c'est le monde du malin, seule l'amelhorament à travers nos existences successives pourra nous en faire sortir pour atteindre le monde divin, le monde du seul bien.


Revision [17412]

Edited on 2019-07-06 15:20:49 by JeanLouis
Additions:
Bien que les juifs n'aient eu rien à voir avec la croisade elle-même, elle eut des conséquences sur leur vie : les seigneurs locaux, rentrant à contre-coeur dans le giron de l'église durent les écarter des charges publiques de l'ancien temps occitan. D'ailleurs les conciles régionaux successifs n'eurent de cesse de leur rappeler cet objet en raison de l'influence que les doctrines de certains rabbins et non des moindres (cf. la kabbale d'Issac l'Aveugle à Narbonne entre 1185 & 1235) pouvait avoir eu sur l'hérésie cathare (Conciles d'Avignon dès 1209, Narbonne 1227 et le traité de 1229). Durant ce XIIème S. la conversion de chrétiens au judaïsme est notable comme je l'ai dit et cela est prouvé par la répression dont ils furent l'objet, donc on peut penser que l'œuvre des rabbins porta ses fruits. Il y eut aussi l'inverse, c'est le phénomène nommé "marranes", initié en Espagne moins d'un siècle plus tard, ce surnom signifiant 'porcs', qualificatif des juifs passés au catholicisme et dont on doutait fort de la sincérité de la conversion comme je l'ai indiqué dans la partie Amiel nom juif; toutefois si ceux-ci espéraient ainsi retrouver des situations sociales antérieures, ce ne fut pas le cas car leur origine leur interdit les fonctions civiles. Il y eut bien entendu des exceptions comme à Narbonne car là le mouvement commercial était entièrement entre leurs mains, ils y conservèrent certaines charges comme celle de courtiers et les gardèrent jusqu'à l'expulsion royale de 1306. Mais les juifs durent cependant subir (ils en avaient l'habitude dirons-nous) un certain nombre de 'vexations' : séparation d'avec le reste de la population (quartiers juifs) pour éviter le prosélytisme qui était proscrit, port d'un signe distinctif, la 'rouelle', interdiction de construire de nouvelles synagogues et de séjourner dans les petites villes. Prescriptions qui furent peu suivies bien que très souvent rappelées par les représentants locaux des pouvoirs civils et religieux surtout dans les conciles régionaux de ce siècle. Il s'y ajouta plusieurs vexations pratiques comme les sorties durant la semaine sainte de Pâques, les repas (la viande) ou l'exercice de la médecine mais tout cela fut peu suivi. Pour ce qui est de la médecine on doit savoir tout ce que l'Ecole de Médecine de Montpellier, la plus vieille au monde dit-on, leur doit; l'art médical qu'ils y enseignèrent leur venant comme on le sait des musulmans qu'ils avaient tant côtoyé en Espagne (lesquels musulmans arabes tenaient ces secrets d'autres peuples avec lesquels ils furent en contact commercial, indous et asiatiques); on voit même des grands seigneurs se faire soigner par eux comme Alphonse de Poitiers, seigneur français devenu comte de Toulouse par la mainmise française. En ce qui concerne la matière financière ils subirent aussi de nombreuses vexations : règlement des dettes par leurs débiteurs, taux de l'usure, et selon leur fortune propre des confiscations, taxes, nouveaux impôts, rachats de droits d'établissement, de possession de biens. Pour ce qui est de la justice les peines à eux infligées pouvaient être monnayables tout comme le droit de culte (!) israélite. Et le comble de tout fut que l'on arriva à la "possession" de juifs : Il y eut des juifs du roi, de seigneurs locaux, de puissants de l'église, du pape même et tout un droit se développa autour de ce sujet aberrant. D'une manière générale cela s'appliqua dans tout le Languedoc sauf et c'est particulièrement remarquable, à Narbonne; le contrecoup de la croisade pour eux fut inexistant dans cette cité. Ils continuèrent de vivre et commercer comme par le passé sous la double protection du vicomte et de l'archevêque et surent même se serrer les coudes pour la défense de leurs coreligionnaires (par exemple Meir Ben Simon en 1245). Leur communauté put élire officiellement pour cela un //nassi// surnommé "roi des juifs" par les chrétiens, qu'ils disaient d'antique origine; c'est le thème du fameux roman médiéval "Philomena" dont le seul exemplaire enluminé précieusement est le trésor de la Bibliothèque de Carcassonne; un privilège relevant selon la légende d'un droit que leur aurait accordé Charlemagne en remerciement d'un soldat juif qui se serait sacrifié pour lui. Bien entendu ce 'roi' devait être de la descendance de David (comme le Christ) et le 1er d'entre eux fut Kalonymos (cité par l'espagnol Benjamin de Tudèle), fils du grand prince Théodore (Théodoric ?) qui eut de grands biens héréditaires. Ces rois se succèderont jusqu'en 1306 (date de l'expulsion royale) pendant plus de 130 ans, le dernier étant Ben Todros. On a à Narbonne durant ce siècle une véritable oasis hébraïque en plein milieu chrétien même si ces juifs sont de véritables "valeurs sur pied" que l'on s'échange ou que l'on se transmet comme un vulgaire bien meuble; ces juifs comme ils l'ont toujours fait, deviendront là de véritables occitans, possesseurs de biens fonciers, doués de capacités juridiques comparables aux chrétiens et toujours des industrieux et financiers hors pair, médecins et lettrés.
Deletions:
Bien que les juifs n'aient eu rien à voir avec la croisade elle-même, elle eut des conséquences sur leur vie : les seigneurs locaux, rentrant à contre-coeur dans le giron de l'église durent les écarter des charges publiques de l'ancien temps occitan. D'ailleurs les conciles régionaux successifs n'eurent de cesse de leur rappeler cet objet en raison de l'influence que les doctrines de certains rabbins et non des moindres (cf. la kabbale d'Issac l'Aveugle à Narbonne entre 1185 & 1235) pouvait avoir eu sur l'hérésie cathare (Conciles d'Avignon dès 1209, Narbonne 1227 et le traité de 1229). Durant ce XIIème S. la conversion de chrétiens au judaïsme est notable comme je l'ai dit et cela est prouvé par la répression dont ils furent l'objet, donc on peut penser que l'œuvre des rabbins porta ses fruits. Il y eut aussi l'inverse, c'est le phénomène nommé "marranes", initié en Espagne moins d'un siècle plus tard, ce surnom signifiant 'porcs', qualificatif des juifs passés au catholicisme et dont on doutait fort de la sincérité de la conversion comme je l'ai indiqué dans la partie Amiel nom juif; toutefois si ceux-ci espéraient ainsi retrouver des situations sociales antérieures, ce ne fut pas le cas car leur origine leur interdit les fonctions civiles. Il y eut bien entendu des exceptions comme à Narbonne car là le mouvement commercial était entièrement entre leurs mains, ils y conservèrent certaines charges comme celle de courtiers et les gardèrent jusqu'à l'expulsion royale de 1306. Mais les juifs durent cependant subir (ils en avaient l'habitude dirons-nous) un certain nombre de 'vexations' : séparation d'avec le reste de la population (quartiers juifs) pour éviter le prosélytisme qui était proscrit, port d'un signe distinctif, la 'rouelle', interdiction de construire de nouvelles synagogues et de séjourner dans les petites villes. Prescriptions qui furent peu suivies bien que très souvent rappelées par les représentants locaux des pouvoirs civils et religieux surtout dans les conciles régionaux de ce siècle. Il s'y ajouta plusieurs vexations pratiques comme les sorties durant la semaine sainte de Pâques, les repas (la viande) ou l'exercice de la médecine mais tout cela fut peu suivi. Pour ce qui est de la médecine on doit savoir tout ce que l'Ecole de Médecine de Montpellier, la plus vieille au monde dit-on, leur doit; l'art médical qu'ils y enseignèrent leur venant comme on le sait des musulmans qu'ils avaient tant côtoyé en Espagne (lesquels musulmans arabes tenaient ces secrets d'autres peuples avec lesquels ils furent en contact commercial, indous et asiatiques); on voit même des grands seigneurs se faire soigner par eux comme Alphonse de Poitiers, seigneur français devenu comte de Toulouse par la mainmise française. En ce qui concerne la matière financière ils subirent aussi de nombreuses vexations : règlement des dettes par leurs débiteurs, taux de l'usure, et selon leur fortune propre des confiscations, taxes, nouveaux impôts, rachats de droits d'établissement, de possession de biens. Pour ce qui est de la justice les peines à eux infligées pouvaient être monnayables tout comme le droit de culte (!) israélite. Et le comble de tout fut que l'on arriva à la "possession" de juifs : Il y eut des juifs du roi, de seigneurs locaux, de puissants de l'église, du pape même et tout un droit se développa autour de ce sujet aberrant. D'une manière générale cela s'appliqua dans tout le Languedoc sauf et c'est particulièrement remarquable, à Narbonne; le contrecoup de la croisade pour eux fut inexistant dans cette cité. Ils continuèrent de vivre et commercer comme par le passé sous la double protection du vicomte et de l'archevêque et surent même se serrer les coudes pour la défense de leurs coreligionnaires (par exemple Meir Ben Simon en 1245). Leur communauté put élire officiellement pour cela un "roi des juifs" qu'ils disaient d'antique origine; c'est le thème du fameux roman médiéval "Philomena" dont le seul exemplaire enluminé précieusement est le trésor de la Bibliothèque de Carcassonne; un privilège relevant selon la légende d'un droit que leur aurait accordé Charlemagne en remerciement d'un soldat juif qui se serait sacrifié pour lui. Bien entendu ce roi devait être de la descendance de David (comme le Christ) et le 1er d'entre eux fut Kalonymos (cité par l'espagnol Benjamin de Tudèle), fils du grand prince Théodore (Théodoric ?) qui eut de grands biens héréditaires. Ces rois se succèderont jusqu'en 1306 (date de l'expulsion royale) pendant plus de 130 ans, le dernier étant Ben Todros. On a à Narbonne durant ce siècle une véritable oasis hébraïque en plein milieu chrétien même si ces juifs sont de véritables "valeurs sur pied" que l'on s'échange ou que l'on se transmet comme un vulgaire bien meuble; ces juifs comme ils l'ont toujours fait, deviendront là de véritables occitans, possesseurs de biens fonciers, doués de capacités juridiques comparables aux chrétiens et toujours des industrieux et financiers hors pair, médecins et lettrés.


Revision [17411]

Edited on 2019-07-06 14:24:21 by JeanLouis
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La lutte contre l'hérésie cathare sera une affaire religieuse entre l'Eglise Romaine et l'Eglise Cathare d'une part, une affaire politique entre les seigneurs français (sous la houlette du Roi de France) et les seigneurs occitans (menés par le Comte de Toulouse et le Roi d'Aragon) d'autre part. Ce que l'on peut réunir sous le nom (aux termes assez anachroniques) de 'guerre sainte'; une lutte entre ces parties dans laquelle les pouvoirs (et les motifs) civils et religieux s'interpénètrent et qui va se dérouler sur tout le XIIIème S. Aux luttes théologiques, controverses, conciles, prédications, succèderont deux Croisades (celles des seigneurs du nord sous la houlette de Simon de Montfort puis de son fils Amaury et du roi de France) et surtout l'Inquisition, ses enquêtes, ses procès, ses condamnations et ses bûchers. Qu'adviendra-t-il de tout cela? Pour ce qui est de la religion l'Eglise va éliminer enfin cette déviance cathare et retrouver tous ses pouvoirs antérieurs affermis même, pour ce qui est du pouvoir civil, le roi de France va enfin pouvoir faire entrer dans le giron royal les riches et vastes territoires des seigneurs du Languedoc. La si brillante civilisation occitane, celle des troubadours, de la tolérance, de la latinité et de la romanité, va ainsi s'éteindre rapidement, les seigneurs locaux devant désormais fidélité au Roi français quand ce n'est pas des seigneurs du nord qui succèdent à ceux d'Occitanie sur leurs propres terres. Un voile de silence sur cette longue et horrible période qui vit une Croisade contre des chrétiens ( du jamais vu !) va alors s'abattre dans l'histoire et la mémoire officielle jusqu'à la fin du XIXème S. Mais alors, comme l'avait prédit le dernier cathare brûlé vif à Villerouge-Termenès dans le 1er quart du XIVème S. les Occitans vont enfin retrouver leur mémoire, l'histoire de leurs ancêtres dont ils portent toujours le nom, leur langue qu'ils parlent encore et leur culture dont de nombreuses traces font toujours foi, quelques 700 ans plus tard, au XXème S. Un énorme pan de l'histoire non seulement religieuse et politique méridionale mais aussi nationale initiée dès la fin du XIXème S. par un Napoléon Peyrat dans "Le sang de Toulouse", un ariégeois qui écrit un roman sur ces évènements si lointains, seulement consignés jusque-là par quelques érudits locaux ou les rédacteurs bénédictins de l'énorme Histoire de Languedoc au XVIIIème S du bout des lèvres. De grandes figures au XXème S. suivront la voie ouverte comme les historiens Emmanuel Leroy-Ladurie, Jean Duvernoy ou Michel Roquebert, des penseurs, écrivains, poètes comme Déodat Roché ou René Nelli s'y attacheront et contribueront à reconstituer patiemment non seulement l'histoire de ces temps malheureux pour tout un peuple mais aussi l'état des consciences, la vie quotidienne, les relations sociales, la littérature et la poésie...de nos ancêtres dont beaucoup d'Amiel. Peut-on parler véritablement de mémoire retrouvée pour les occitans, dont je suis, je ne pense pas, mais d'histoire reconnue et d'une certaine affection (dans tous les sens du terme) sans doute oui; se dire qu'il se peut fort que l'un de ses ancêtres du XIIIème S. ait été questionné, accusé voire condamné (et à l'extrême brûlé) à cause de sa foi (peu importe laquelle d'ailleurs) en lisant sur les registres inquisitoriaux les mentions de tant d'Amiel languedociens, du Lauragais en particulier, petite région centrale (pays de mes origines), oui se dire cela provoque beaucoup d'émotion et je crois que l'histoire si elle est d'abord faite de documents, puis de lieux, de faits, cadres, causes et conséquences, de recoupements, d'analyse et de vérification par des preuves, de réflexions, peut aussi, encore et enfin se lier comme se lire par l'émotion et ce n'est pas, vous en conviendrez, le moindre de ses intérêts.
Deletions:
La lutte contre l'hérésie cathare sera une affaire religieuse entre l'Eglise Romaine et l'Eglise Cathare d'une part, une affaire politique entre les seigneurs français (sous la houlette du Roi de France) et les seigneurs occitans (menés par le Comte de Toulouse et le Roi d'Aragon) d'autre part. Ce que l'on peut réunir sous le nom (aux termes assez anachroniques) de 'guerre sainte'; une lutte entre ces parties dans laquelle les pouvoirs (et les motifs) civils et religieux s'interpénètrent et qui va se dérouler sur tout le XIIIème S. Aux luttes théologiques, controverses, conciles, prédications, succèderont deux Croisades (celles des seigneurs du nord sous la houlette de Simon de Montfort puis de son fils Amaury et du roi de France) et surtout l'Inquisition, ses enquêtes, ses procès, ses condamnations et ses bûchers. Qu'adviendra-t-il de tout cela? Pour ce qui est de la religion l'Eglise va éliminer enfin cette déviance cathare et retrouver tous ses pouvoirs antérieurs affermis même, pour ce qui est du pouvoir civil, le roi de France va enfin pouvoir faire entrer dans le giron royal les riches et vastes territoires des seigneurs du Languedoc. La si brillante civilisation occitane, celle des troubadours, de la tolérance, de la latinité et de la romanité, va ainsi s'éteindre rapidement, les seigneurs locaux devant désormais fidélité au Roi français quand ce n'est pas des seigneurs du nord qui succèdent à ceux d'Occitanie sur leurs propres terres. Un voile de silence sur cette longue et horrible période qui vit une Croisade contre des chrétiens ( du jamais vu !) va alors s'abattre dans l'histoire et la mémoire officielle jusqu'à la fin du XIXème S. Mais alors, comme l'avait prédit le dernier cathare brûlé vif à Villerouge-Termenès dans le 1er quart du XIVème S. les Occitans vont enfin retrouver leur mémoire, l'histoire de leurs ancêtres dont ils portent toujours le nom, leur langue qu'ils parlent encore et leur culture dont de nombreuses traces font toujours foi, quelques 700 ans plus tard, au XXème S. Un énorme pan de l'histoire non seulement religieuse et politique méridionale mais aussi nationale initiée dès la fin du XIXème S. par un Napoléon Peyrat dans "Le sang de Toulouse", un ariégeois qui écrit un roman sur ces évènements si lointains, seulement consignés jusque-là par quelques érudits locaux ou les rédacteurs bénédictins de l'énorme Histoire de Languedoc au XVIIIème S du bout des lèvres. De grandes figures au XXème S. suivront la voie ouverte comme les historiens Emmanuel Leroy-Ladurie, Jean Duvernoy ou Michel Roquebert, des penseurs, écrivains, poètes comme Déodat Roché ou René Nelli s'y attacheront et contribueront à reconstituer patiemment non seulement l'histoire de ces temps malheureux pour tout un peuple mais aussi l'état des consciences, la vie quotidienne, les relations sociales, la littérature et la poésie...de nos ancêtres dont beaucoup d'Amiel. Peut-on parler de mémoire retrouvée pour les occitans, dont je suis, je ne pense pas, mais d'histoire reconnue et d'une certaine affection (dans tous les sens du terme) sans doute oui; se dire qu'il se peut fort que l'un de ses ancêtres du XIIIème S. ait été questionné, accusé voire condamné (et à l'extrême brûlé) à cause de sa foi (peu importe laquelle d'ailleurs) en lisant sur les registres inquisitoriaux les mentions de tant d'Amiel languedociens, du Lauragais en particulier, petite région centrale (pays de mes origines), oui se dire cela provoque beaucoup d'émotion et je crois que l'histoire si elle est d'abord faite de mémoire, puis de faits, cadres, causes et conséquences, de recoupements, d'analyse et de vérification par des preuves, de réflexions, peut aussi, encore et enfin se lier comme se lire par l'émotion et ce n'est pas, vous en conviendrez, le moindre de ses intérêts.


Revision [16973]

Edited on 2019-02-09 16:09:19 by JeanLouis
Additions:
Et pourtant les autres religions du Livre ne semblent pas avoir été très génées par cette religion qui, si elle affirmait la foi en un seul Dieu, Créateur du Bien, mettait quand même à mal la conception théologique de l'unicité divine en proclamant qu'à côté de ce Dieu principe du seul Bien il y avait aussi en action sur la Terre, qu'il gouvernait entièrement, un principe autonome du Mal. Les musulmans avaient été chassés depuis longtemps en tant qu'envahisseurs barbares (les barbaresques) mais il y avait toutefois des relations commerciales, des hommes de culture comme par exemple des enseignants de l'université toulousaine qui permettaient d'entretenir certains rapports avec les occitans, juifs ou catholiques; les juifs étaient bien présents en Languedoc (depuis le IIème S. av. J-C., avec l'arrivée des romains) comme communauté organisée, tolérés autant par les seigneurs que par la population locale (voyez ce qu'en disent les toponymes audois) et là on verra les rapports et relations qu'il put y avoir entre les juifs et les cathares, dans leurs conceptions religieuses comme dans leurs vie sociale. Un sujet qui me semble intéressant vu les origines de notre nom, juif et romain, hébreu et latin, devenant par l'histoire de la nomination, un prénom puis un nom catholique quasi-exclusivement porté (sous la forme générique que nous lui connaissons d'AMIEL) par des languedociens pour une grande part et des provençaux pour une moindre part (constatation quantitative de notre temps qui est peut-être à revoir pour le moyen-âge ?), un nom finalement éminemment relatif aux religions présentes alors dans ce cadre méridional, le catholicisme, sa déviance cathare, et le judaïsme. Pour ce qui concerne l'autre langue sémitique, l'arabe parlé en ces temps anciens au sud des Pyrénées, l'on retrouve le phonème Am dans plusieurs noms d'homme, le nom divin étant exprimé chez les musulmans par le nom Allah, on peut donc voir dans les patronymes Amallah ou Amillah un nom musulman correspondant à notre nom Amiel; si l'on estime que c'est le cas il suffit alors de chercher la signification du préfixe Am lui-même; il parait correspondre à "soumis" faisant dans ce cas des Amallah, des "soumis (à) Dieu", ce qui semble logique pour tout musulman. Mais comme rien n'est simple en la matière, Amallah peut aussi avoir une origine hébraïque (!) dont l'une des variantes est ...Amal, nom que l'on retrouvera avec les Wisigoths (!!); fin de la digression, revenons à la Croisade contre les cathares.
Deletions:
Et pourtant les autres religions du Livre ne semblent pas avoir été très génées par cette religion qui, si elle affirmait la foi en un seul Dieu, Créateur du Bien, mettait quand même à mal la conception théologique de l'unicité divine en proclamant qu'à côté de ce Dieu principe du seul Bien il y avait aussi en action sur la Terre, qu'il gouvernait entièrement, un principe autonome du Mal. Les musulmans avaient été chassés depuis longtemps en tant qu'envahisseurs barbares (les barbaresques) mais il y avait toutefois des relations commerciales, des hommes de culture comme par exemple des enseignants de l'université toulousaine qui permettaient d'entretenir certains rapports avec les occitans, juifs ou catholiques; les juifs étaient bien présents en Languedoc (et depuis des siècles) comme communauté organisée, tolérés autant par les seigneurs que par la population locale (voyez ce qu'en disent les toponymes audois) et là on verra les rapports et relations qu'il put y avoir entre les juifs et les cathares, dans leurs conceptions religieuses comme dans leurs vie sociale. Un sujet qui me semble intéressant vu les origines de notre nom, juif et romain, hébreu et latin, devenant par l'histoire de la nomination, un prénom puis un nom catholique quasi-exclusivement porté (sous la forme générique que nous lui connaissons d'AMIEL) par des languedociens pour une grande part et des provençaux pour une moindre part (constatation quantitative de notre temps qui est peut-être à revoir pour le moyen-âge ?), un nom finalement éminemment relatif aux religions présentes alors dans ce cadre méridional, le catholicisme, sa déviance cathare, et le judaïsme. Pour ce qui concerne l'autre langue sémitique, l'arabe parlé en ces temps anciens au sud des Pyrénées, l'on retrouve le phonème Am dans plusieurs noms d'homme, le nom divin étant exprimé chez les musulmans par le nom Allah, on peut donc voir dans les patronymes Amallah ou Amillah un nom musulman correspondant à notre nom Amiel; si l'on estime que c'est le cas il suffit alors de chercher la signification du préfixe Am lui-même; il parait correspondre à "soumis" faisant dans ce cas des Amallah, des "soumis (à) Dieu", ce qui semble logique pour tout musulman. Mais comme rien n'est simple en la matière, Amallah peut aussi avoir une origine hébraïque (!) dont l'une des variantes est ...Amal, nom que l'on retrouvera avec les Wisigoths (!!); fin de la digression, revenons à la Croisade contre les cathares.


Revision [16971]

Edited on 2019-02-09 16:03:27 by JeanLouis
Additions:
Bien que les juifs n'aient eu rien à voir avec la croisade elle-même, elle eut des conséquences sur leur vie : les seigneurs locaux, rentrant à contre-coeur dans le giron de l'église durent les écarter des charges publiques de l'ancien temps occitan. D'ailleurs les conciles régionaux successifs n'eurent de cesse de leur rappeler cet objet en raison de l'influence que les doctrines de certains rabbins et non des moindres (cf. la kabbale d'Issac l'Aveugle à Narbonne entre 1185 & 1235) pouvait avoir eu sur l'hérésie cathare (Conciles d'Avignon dès 1209, Narbonne 1227 et le traité de 1229). Durant ce XIIème S. la conversion de chrétiens au judaïsme est notable comme je l'ai dit et cela est prouvé par la répression dont ils furent l'objet, donc on peut penser que l'œuvre des rabbins porta ses fruits. Il y eut aussi l'inverse, c'est le phénomène nommé "marranes", initié en Espagne moins d'un siècle plus tard, ce surnom signifiant 'porcs', qualificatif des juifs passés au catholicisme et dont on doutait fort de la sincérité de la conversion comme je l'ai indiqué dans la partie Amiel nom juif; toutefois si ceux-ci espéraient ainsi retrouver des situations sociales antérieures, ce ne fut pas le cas car leur origine leur interdit les fonctions civiles. Il y eut bien entendu des exceptions comme à Narbonne car là le mouvement commercial était entièrement entre leurs mains, ils y conservèrent certaines charges comme celle de courtiers et les gardèrent jusqu'à l'expulsion royale de 1306. Mais les juifs durent cependant subir (ils en avaient l'habitude dirons-nous) un certain nombre de 'vexations' : séparation d'avec le reste de la population (quartiers juifs) pour éviter le prosélytisme qui était proscrit, port d'un signe distinctif, la 'rouelle', interdiction de construire de nouvelles synagogues et de séjourner dans les petites villes. Prescriptions qui furent peu suivies bien que très souvent rappelées par les représentants locaux des pouvoirs civils et religieux surtout dans les conciles régionaux de ce siècle. Il s'y ajouta plusieurs vexations pratiques comme les sorties durant la semaine sainte de Pâques, les repas (la viande) ou l'exercice de la médecine mais tout cela fut peu suivi. Pour ce qui est de la médecine on doit savoir tout ce que l'Ecole de Médecine de Montpellier, la plus vieille au monde dit-on, leur doit; l'art médical qu'ils y enseignèrent leur venant comme on le sait des musulmans qu'ils avaient tant côtoyé en Espagne (lesquels musulmans arabes tenaient ces secrets d'autres peuples avec lesquels ils furent en contact commercial, indous et asiatiques); on voit même des grands seigneurs se faire soigner par eux comme Alphonse de Poitiers, seigneur français devenu comte de Toulouse par la mainmise française. En ce qui concerne la matière financière ils subirent aussi de nombreuses vexations : règlement des dettes par leurs débiteurs, taux de l'usure, et selon leur fortune propre des confiscations, taxes, nouveaux impôts, rachats de droits d'établissement, de possession de biens. Pour ce qui est de la justice les peines à eux infligées pouvaient être monnayables tout comme le droit de culte (!) israélite. Et le comble de tout fut que l'on arriva à la "possession" de juifs : Il y eut des juifs du roi, de seigneurs locaux, de puissants de l'église, du pape même et tout un droit se développa autour de ce sujet aberrant. D'une manière générale cela s'appliqua dans tout le Languedoc sauf et c'est particulièrement remarquable, à Narbonne; le contrecoup de la croisade pour eux fut inexistant dans cette cité. Ils continuèrent de vivre et commercer comme par le passé sous la double protection du vicomte et de l'archevêque et surent même se serrer les coudes pour la défense de leurs coreligionnaires (par exemple Meir Ben Simon en 1245). Leur communauté put élire officiellement pour cela un "roi des juifs" qu'ils disaient d'antique origine; c'est le thème du fameux roman médiéval "Philomena" dont le seul exemplaire enluminé précieusement est le trésor de la Bibliothèque de Carcassonne; un privilège relevant selon la légende d'un droit que leur aurait accordé Charlemagne en remerciement d'un soldat juif qui se serait sacrifié pour lui. Bien entendu ce roi devait être de la descendance de David (comme le Christ) et le 1er d'entre eux fut Kalonymos (cité par l'espagnol Benjamin de Tudèle), fils du grand prince Théodore (Théodoric ?) qui eut de grands biens héréditaires. Ces rois se succèderont jusqu'en 1306 (date de l'expulsion royale) pendant plus de 130 ans, le dernier étant Ben Todros. On a à Narbonne durant ce siècle une véritable oasis hébraïque en plein milieu chrétien même si ces juifs sont de véritables "valeurs sur pied" que l'on s'échange ou que l'on se transmet comme un vulgaire bien meuble; ces juifs comme ils l'ont toujours fait, deviendront là de véritables occitans, possesseurs de biens fonciers, doués de capacités juridiques comparables aux chrétiens et toujours des industrieux et financiers hors pair, médecins et lettrés.
On peut affirmer car des preuves existent que de bonnes relations unissaient les croyants des trois religions du Livre, dans l'Occitanie comme dans tout le bassin de la Méditerranée.(par ex. les documents de la Genizah du Caire, datés pour les plus anciens du XIème S.) et pour ce qui concerne notre nom Amiel même si peu de documents nous renseignent sur leurs rapports quand à la religion de leurs pères, constatant que l'on a des Amiel juifs bien installés en Catalogne, comme on a eu des Amiel gallo-romains ou ibéro-romains en nombre sur tout le large littoral de l'Espagne à la Provence auparavant et comme l'on trouve de très nombreuses familles Amiel (catholiques) interrogées par l'inquisition, de nombreux personnages de l'aristocratie régionale aussi (d'origine soit gallo-romaine soit wisigothe) qui portent notre nom (voyez la longue liste des pages qui suivent) on peut toujours penser que certains d'entre eux, profitant de l'équivalence si ce n'est orthographique en tous cas consonantique de notre nom dans les religions juive et chrétienne, ont peut-être changé de religion pour s'accorder avec leur vie et dans l'intérêt de celle-ci et de leur famille. Ce fut sans doute le cas pour d'autres noms qui devinrent aussi patronymiques et portés par de nombreux catholiques plus tard comme le nom Vidal ou Astruc qui sont connus pour être juifs en ces temps éloignés et toujours présents aujourd'hui dans le "midi" catholique; il faut en effet savoir que plusieurs fois dans l'histoire les juifs eurent la possibilité de se convertir et certains usèrent de cette faculté provisoire. Mais revenons aux rapports entre les croyants des trois grandes religions monothéistes d'alors: Les documents précieux de la Genizah du Caire font état d'une population surtout urbaine pour lesquelles les connexions et liaisons familiales ou commerciales mènent le lecteur de la lointaine Perse (Samarkand) à Séville, en desservant les étapes portuaires de Venise, (Pise), Gênes, Marseille ou Narbonne. Bien entendu on y parle surtout de la vie des juifs en Méditerranée mais on y découvre en même temps les liens qui les unirent aux familles chrétiennes comme musulmanes. Et les rapports religieux comme ceux des conversions évoquées plus haut y sont posés clairement. Schlomo Dov Goïtein qui les a étudiés dans la 2ème moitié du XXème S. a pu écrire à ce sujet : "Le témoignage massif et fiable des documents de la Genizah prouve que les rapports entre musulmans, chrétiens et juifs étaient très étroits, à un degré très supérieur à ce que l'on aurait pu conclure des documents littéraires". Dans les contrées musulmanisées le sort des chrétiens aurait été identique à celui des juifs, ça rapproche : port obligatoire d'insignes distinctifs comme ceinture, chapeau, c'est ce que nous affirment les sources littéraires: pourtant Goïtein n'a pas trouvé de telles références dans les documents étudiés; plus même il mentionne des situations devant le tribunal coranique où les témoins ont tenu à déclarer leur confusion à l'égard de la religion des personnes inculpées, ce qui confirme bien qu'il n'existait pas de telles pratiques chez les musulmans; peut-être faut-il y voir une fausse justification de ce qu'ont par contre réellement pratiqué les chrétiens (leur pouvoir civil) à l'égard des juifs, de nombreuses fois dans l'histoire et en plusieurs régions de l'Europe. Il est certain que dans une telle société méridionale si mêlée il y ait eu des conversions; et elles se produisirent dans tous les sens affirme Gôltein; toutefois les plus nombreuses n'ont pas été celles des juifs au christianisme comme on veut nous le faire croire souvent, mais celles des chrétiens au judaïsme! Maïmonide (né à Cordoue en 1138- mort en Egypte en 1204) encouragera dans ses lettres l'activité missionnaire chez les chrétiens et non pas chez les musulmans, et cela pour des raisons uniquement théologiques car les chrétiens, disait-il, acceptaient déjà l'autorité de l'Ancien Testament. Il faut dire aussi que les conversions 'forcées' sont interdites dans l'Islam, qui réserve une place aux non-musulmans, auxquels on laisse alors la liberté de pratiquer leur religion (avec des contreparties vexatoires, souvent financières, bien entendu). Mais comme le remarque aussi Göltein la conversion du christianisme au judaïsme ou le contraire était interdite par l'islam, sur ses terres. Ces conversions purent donc se pratiquer surtout dans les régions chrétiennes dont le Languedoc ou la Provence.
Deletions:
Bien que les juifs n'aient eu rien à voir avec la croisade elle-même, elle eut des conséquences sur leur vie : les seigneurs locaux, rentrant à contre-coeur dans le giron de l'église durent les écarter des charges publiques de l'ancien temps occitan. D'ailleurs les conciles régionaux successifs n'eurent de cesse de leur rappeler cet objet en raison de l'influence que les doctrines de certains rabbins et non des moindres (cf. la kabbale d'Issac l'Aveugle à Narbonne entre 1185 & 1235) pouvait avoir eu sur l'hérésie cathare (Conciles d'Avignon dès 1209, Narbonne 1227 et le traité de 1229). Durant ce XIIème S. la conversion de chrétiens au judaïsme est notable comme je l'ai dit et cela est prouvé par la répression dont ils furent l'objet, donc on peut penser que l'œuvre des rabbins porta ses fruits. Il y eut aussi l'inverse, c'est le phénomène nommé "marranes", initié en Espagne moins d'un siècle plus tard, ce surnom signifiant 'porcs', qualificatif des juifs passés au catholicisme et dont on doutait fort de la sincérité de la conversion comme je l'ai indiqué dans la partie Amiel nom juif; toutefois si ceux-ci espéraient ainsi retrouver des situations sociales antérieures, ce ne fut pas le cas car leur origine leur interdit les fonctions civiles. Il y eut bien entendu des exceptions comme à Narbonne car là le mouvement commercial était entièrement entre leurs mains, ils y conservèrent certaines charges comme celle de courtiers et les gardèrent jusqu'à l'expulsion royale de 1306. Mais les juifs durent cependant subir (ils en avaient l'habitude dirons-nous) un certain nombre de 'vexations' : séparation d'avec le reste de la population (quartiers juifs) pour éviter le prosélytisme qui était proscrit, port d'un signe distinctif, la 'rouelle', interdiction de construire de nouvelles synagogues et de séjourner dans les petites villes. Prescriptions qui furent peu suivies bien que très souvent rappelées par les représentants locaux des pouvoirs civils et religieux surtout dans les conciles régionaux de ce siècle. Il s'y ajouta plusieurs vexations pratiques comme les sorties durant la semaine sainte de Pâques, les repas (la viande) ou l'exercice de la médecine mais tout cela fut peu suivi. Pour ce qui est de la médecine on doit savoir tout ce que l'Ecole de Médecine de Montpellier, la plus vieille au monde dit-on, leur doit; l'art médical qu'ils y enseignèrent leur venant comme on le sait des musulmans qu'ils avaient tant côtoyé en Espagne (lesquels musulmans arabes tenaient ces secrets d'autres peuples avec lesquels ils furent en contact commercial, indous et asiatiques); on voit même des grands seigneurs se faire soigner par eux comme Alphonse de Poitiers, seigneur français devenu comte de Toulouse par la mainmise française. En ce qui concerne la matière financière ils subirent aussi de nombreuses vexations : règlement des dettes par leurs débiteurs, taux de l'usure, et selon leur fortune propre des confiscations, taxes, nouveaux impôts, rachats de droits d'établissement, de possession de biens. Pour ce qui est de la justice les peines à eux infligées pouvaient être monnayables tout comme le droit de culte (!) israélite. Et le comble de tout fut que l'on arriva à la "possession" de juifs : Il y eut des juifs du roi, de seigneurs locaux, de puissants de l'église, du pape même et tout un droit se développa autour de ce sujet aberrant. D'une manière générale cela s'appliqua dans tout le midi sauf et c'est particulièrement remarquable, à Narbonne; le contrecoup de la croisade pour eux fut inexistant dans cette cité. Ils continuèrent de vivre et commercer comme par le passé sous la double protection du vicomte et de l'archevêque et surent même se serrer les coudes pour la défense de leurs coreligionnaires (par exemple Meir Ben Simon en 1245). Leur communauté put élire officiellement pour cela un "roi des juifs" qu'ils disaient d'antique origine; c'est le thème du fameux roman médiéval "Philomena" dont le seul exemplaire enluminé précieusement est le trésor de la Bibliothèque de Carcassonne; un privilège relevant selon la légende d'un droit que leur aurait accordé Charlemagne en remerciement d'un soldat juif qui se serait sacrifié pour lui. Bien entendu ce roi devait être de la descendance de David (comme le Christ) et le 1er d'entre eux fut Kalonymos (cité par l'espagnol Benjamin de Tudèle), fils du grand prince Théodore (Théodoric ?) qui eut de grands biens héréditaires. Ces rois se succèderont jusqu'en 1306 (date de l'expulsion royale) pendant plus de 130 ans, le dernier étant Ben Todros. On a à Narbonne durant ce siècle une véritable oasis hébraïque en plein milieu chrétien même si ces juifs sont de véritables "valeurs sur pied" que l'on s'échange ou que l'on se transmet comme un vulgaire bien meuble; ces juifs comme ils l'ont toujours fait, deviendront là de véritables occitans, possesseurs de biens fonciers, doués de capacités juridiques comparables aux chrétiens et toujours des industrieux et financiers hors pair, médecins et lettrés.
On peut affirmer car des preuves existent que de bonnes relations unissaient les croyants des trois religions du Livre, dans le midi comme dans tout le bassin de la Méditerranée.(par ex. les documents de la Genizah du Caire, datés pour les plus anciens du XIème S.) et pour ce qui concerne notre nom Amiel même si peu de documents nous renseignent sur leurs rapports quand à la religion de leurs pères, constatant que l'on a des Amiel juifs bien installés en Catalogne, comme on a eu des Amiel gallo-romains ou ibéro-romains en nombre sur tout le large littoral de l'Espagne à la Provence auparavant et comme l'on trouve de très nombreuses familles Amiel (catholiques) interrogées par l'inquisition, de nombreux personnages de l'aristocratie régionale aussi (d'origine soit gallo-romaine soit wisigothe) qui portent notre nom (voyez la longue liste des pages qui suivent) on peut toujours penser que certains d'entre eux, profitant de l'équivalence si ce n'est orthographique en tous cas consonantique de notre nom dans les religions juive et chrétienne, ont peut-être changé de religion pour s'accorder avec leur vie et dans l'intérêt de celle-ci et de leur famille. Ce fut sans doute le cas pour d'autres noms qui devinrent aussi patronymiques et portés par de nombreux catholiques plus tard comme le nom Vidal ou Astruc qui sont connus pour être juifs en ces temps éloignés et toujours présents aujourd'hui dans le midi catholique; il faut en effet savoir que plusieurs fois dans l'histoire les juifs eurent la possibilité de se convertir et certains usèrent de cette faculté provisoire. Mais revenons aux rapports entre les croyants des trois grandes religions monothéistes d'alors: Les documents précieux de la Genizah du Caire font état d'une population surtout urbaine pour lesquelles les connexions et liaisons familiales ou commerciales mènent le lecteur de la lointaine Perse (Samarkand) à Séville, en desservant les étapes portuaires de Venise, (Pise), Gênes, Marseille ou Narbonne. Bien entendu on y parle surtout de la vie des juifs en Méditerranée mais on y découvre en même temps les liens qui les unirent aux familles chrétiennes comme musulmanes. Et les rapports religieux comme ceux des conversions évoquées plus haut y sont posés clairement. Schlomo Dov Goïtein qui les a étudiés dans la 2ème moitié du XXème S. a pu écrire à ce sujet : "Le témoignage massif et fiable des documents de la Genizah prouve que les rapports entre musulmans, chrétiens et juifs étaient très étroits, à un degré très supérieur à ce que l'on aurait pu conclure des documents littéraires". Dans les contrées musulmanisées le sort des chrétiens aurait été identique à celui des juifs, ça rapproche : port obligatoire d'insignes distinctifs comme ceinture, chapeau, c'est ce que nous affirment les sources littéraires: pourtant Goïtein n'a pas trouvé de telles références dans les documents étudiés; plus même il mentionne des situations devant le tribunal coranique où les témoins ont tenu à déclarer leur confusion à l'égard de la religion des personnes inculpées, ce qui confirme bien qu'il n'existait pas de telles pratiques chez les musulmans; peut-être faut-il y voir une fausse justification de ce qu'ont par contre réellement pratiqué les chrétiens (leur pouvoir civil) à l'égard des juifs, de nombreuses fois dans l'histoire et en plusieurs régions de l'Europe. Il est certain que dans une telle société méridionale si mêlée il y ait eu des conversions; et elles se produisirent dans tous les sens affirme Gôltein; toutefois les plus nombreuses n'ont pas été celles des juifs au christianisme comme on veut nous le faire croire souvent, mais celles des chrétiens au judaïsme! Maïmonide (né à Cordoue en 1138- mort en Egypte en 1204) encouragera dans ses lettres l'activité missionnaire chez les chrétiens et non pas chez les musulmans, et cela pour des raisons uniquement théologiques car les chrétiens, disait-il, acceptaient déjà l'autorité de l'Ancien Testament. Il faut dire aussi que les conversions 'forcées' sont interdites dans l'Islam, qui réserve une place aux non-musulmans, auxquels on laisse alors la liberté de pratiquer leur religion (avec des contreparties vexatoires, souvent financières, bien entendu). Mais comme le remarque aussi Göltein la conversion du christianisme au judaïsme ou le contraire était interdite par l'islam, sur ses terres. Ces conversions purent donc se pratiquer surtout dans les régions chrétiennes dont le Languedoc ou la Provence.


Revision [16970]

Edited on 2019-02-09 16:00:49 by JeanLouis
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La lutte contre l'hérésie cathare sera une affaire religieuse entre l'Eglise Romaine et l'Eglise Cathare d'une part, une affaire politique entre les seigneurs français (sous la houlette du Roi de France) et les seigneurs occitans (menés par le Comte de Toulouse et le Roi d'Aragon) d'autre part. Ce que l'on peut réunir sous le nom (aux termes assez anachroniques) de 'guerre sainte'; une lutte entre ces parties dans laquelle les pouvoirs (et les motifs) civils et religieux s'interpénètrent et qui va se dérouler sur tout le XIIIème S. Aux luttes théologiques, controverses, conciles, prédications, succèderont deux Croisades (celles des seigneurs du nord sous la houlette de Simon de Montfort puis de son fils Amaury et du roi de France) et surtout l'Inquisition, ses enquêtes, ses procès, ses condamnations et ses bûchers. Qu'adviendra-t-il de tout cela? Pour ce qui est de la religion l'Eglise va éliminer enfin cette déviance cathare et retrouver tous ses pouvoirs antérieurs affermis même, pour ce qui est du pouvoir civil, le roi de France va enfin pouvoir faire entrer dans le giron royal les riches et vastes territoires des seigneurs du Languedoc. La si brillante civilisation occitane, celle des troubadours, de la tolérance, de la latinité et de la romanité, va ainsi s'éteindre rapidement, les seigneurs locaux devant désormais fidélité au Roi français quand ce n'est pas des seigneurs du nord qui succèdent à ceux d'Occitanie sur leurs propres terres. Un voile de silence sur cette longue et horrible période qui vit une Croisade contre des chrétiens ( du jamais vu !) va alors s'abattre dans l'histoire et la mémoire officielle jusqu'à la fin du XIXème S. Mais alors, comme l'avait prédit le dernier cathare brûlé vif à Villerouge-Termenès dans le 1er quart du XIVème S. les Occitans vont enfin retrouver leur mémoire, l'histoire de leurs ancêtres dont ils portent toujours le nom, leur langue qu'ils parlent encore et leur culture dont de nombreuses traces font toujours foi, quelques 700 ans plus tard, au XXème S. Un énorme pan de l'histoire non seulement religieuse et politique méridionale mais aussi nationale initiée dès la fin du XIXème S. par un Napoléon Peyrat dans "Le sang de Toulouse", un ariégeois qui écrit un roman sur ces évènements si lointains, seulement consignés jusque-là par quelques érudits locaux ou les rédacteurs bénédictins de l'énorme Histoire de Languedoc au XVIIIème S du bout des lèvres. De grandes figures au XXème S. suivront la voie ouverte comme les historiens Emmanuel Leroy-Ladurie, Jean Duvernoy ou Michel Roquebert, des penseurs, écrivains, poètes comme Déodat Roché ou René Nelli s'y attacheront et contribueront à reconstituer patiemment non seulement l'histoire de ces temps malheureux pour tout un peuple mais aussi l'état des consciences, la vie quotidienne, les relations sociales, la littérature et la poésie...de nos ancêtres dont beaucoup d'Amiel. Peut-on parler de mémoire retrouvée pour les occitans, dont je suis, je ne pense pas, mais d'histoire reconnue et d'une certaine affection (dans tous les sens du terme) sans doute oui; se dire qu'il se peut fort que l'un de ses ancêtres du XIIIème S. ait été questionné, accusé voire condamné (et à l'extrême brûlé) à cause de sa foi (peu importe laquelle d'ailleurs) en lisant sur les registres inquisitoriaux les mentions de tant d'Amiel languedociens, du Lauragais en particulier, petite région centrale (pays de mes origines), oui se dire cela provoque beaucoup d'émotion et je crois que l'histoire si elle est d'abord faite de mémoire, puis de faits, cadres, causes et conséquences, de recoupements, d'analyse et de vérification par des preuves, de réflexions, peut aussi, encore et enfin se lier comme se lire par l'émotion et ce n'est pas, vous en conviendrez, le moindre de ses intérêts.
De tous les mouvements religieux contestataires qui se firent jour durant le XIIème S. le catharisme fut le plus important, de par la large audience qu'il reçut dans la société languedocienne. Mais il est aussi présent un peu partout en Europe; des communautés cathares d'apôtres itinérants sont attestées sous des noms différents: outres les cathares occitans (appelés albigeois, bonshommes, parfaits) il y eut aussi les piphles, les publicains, les tisserands, les bougres, les patarins; d'importants foyers de ces croyants existeront alors dans le nord et le centre de l'Italie, en Allemagne ou dans les Flandres; en France dans les Pays de Loire, en Bourgogne et en Champagne; en Savoie fleuriront les vaudois. En comptant les bogomiles de Bulgarie et de Bosnie d'où provient selon certains cette croyance, en tous cas avec lesquels il y eut des liens doctrinaux étroits, on peut affirmer que c'est de l'Angleterre à l'Asie Mineure que s'étend la présence et l'influence de ceux que nous appelons aujourd'hui du terme générique de "cathares", les purs mais qu'eux-mêmes n'employaient pas. L'Eglise leur donne le nom de manichéens ou ariens et plus généralement d'hérétiques. Ils seront pourchassés partout mais ce ne sera la guerre contre eux qu'en Languedoc; guerre sainte doublée de Croisade armée puis d'Inquisition, l'arsenal répressif multiple saura rendre gorge à ces infidèles du pape (et du roi). Que leur était-il reproché de si grave, au fond, pour falloir les éradiquer ainsi? On peut voir par les quelques traces de leur doctrine et de leur liturgie et des milliers de minutes procédurales des dossiers inquisitoriaux qu'ils étaient avant tout des chrétiens, que leur foi très vivante était vécue par eux au quotidien. Ils se réclament du Christ et des Evangiles (surtout celui de Jean) mais ils ont leur version divine du Dieu Bon opposée au Mal régnant sur la Terre; leur propre vision du Christ comme leur approche des textes les éloignent fortement du catholicisme romain officiel, seul permis et obligatoire.
Je l'ai déjà dit il est patent que les occitans ont fait preuve, de tous temps et jusqu'à nos jours d'un esprit de tolérance remarquable, plus souple et plus étendu que dans la France d'Oïl, la vraie France comme disait un grand homme d'au-dessus la Loire. Il existe alors au moyen-âge, dans ce Pays d'Oc, une notion très spéciale inconnue au nord, qui influence les comportements sociaux, il s'agit du "paratge", on l'a dit. En lien avec des qualités morales de ces temps féodaux, ce comportement veut que des classes sociales différentes puissent posséder un honneur et des dignités comparables; ce n'est pas d'une égalité de droits dont il s'agit ici, bien entendu, mais de respect des personnes, d'une sorte d'égalité d'âmes. Notons ici que le servage est alors inconnu dans ces régions, bien qu'il puisse être "attaché" à sa terre, le paysan peut s'il en a les moyens financiers, accéder à la propriété et le bourgeois, lui, peut devenir chevalier et donc accéder à une (petite) noblesse. N'oublions pas que la romanité méridionale a gardé beaucoup de caractères de la présence romaine, dans beaucoup de domaines dont le droit (de la terre, des personnes, de la propriété ...) . Il faudra bien des siècles ailleurs pour en arriver à de telles éventualités.
La société occitane est une société de libertés: libertés communales (consulats urbains, chartes), libertés des hommes, et libertés des esprits aussi. Les idées ne connaissent pas de frontières et ici elles sont reçues avec curiosité d'abord, avec tolérance surtout, puis aussi avec intérêt, on sait que les chrétiens y vivent en totale harmonie avec les juifs et des musulmans. Cette liberté sous tous les tons ne pouvait qu'accueillir favorablement le catharisme et celui-ci ne pouvait qu'y s'épanouir. Conjointement à cela la région accueillera aussi les juifs venant d'Espagne et notamment des lettrés, auxquels il sera fait appel pour traduire la Bible (acte évidemment sacrilège pour l'Eglise de Rome). Des relations ont certainement rapproché les deux communautés; avant la Croisade les juifs vivaient dignement dans nos régions méridionales, ils jouissaient même d'une véritable estime et de considération qui leur ouvrit la porte à des charges honorables (comme professeurs aux côtés des chrétiens et des musulmans à la faculté de Toulouse par ex.). Ce n'est que vers 1240 avec l'accaparement du comté languedocien par le roi de France que les attaques de celui-ci contre les juifs vont aller en s'accentuant. On sait qu'ils furent banquiers traditionnellement mais aussi parfois viguiers, juges ou bayles selon le bon vouloir des seigneurs. Des seigneurs qui les protègent bien souvent comme le vicomte Trencavel qui, en 1209, lors du premier et sanglant épisode de la Croisade, alors qu'il se retire de sa ville qui sera saccagée, emmène avec lui tous les juifs de Béziers car il savait que ceux-ci avaient tout à redouter des antisémites de l'Eglise Romaine et des barons de l'armée des croisés mais aussi que ces personnes lettrées, ayant des connaissances précieuses en beaucoup de domaines lui étaient utiles.
Deletions:
La lutte contre l'hérésie cathare sera une affaire religieuse entre l'Eglise Romaine et l'Eglise Cathare d'une part, une affaire politique entre les seigneurs français (sous la houlette du Roi de France) et les seigneurs occitans (menés par le Comte de Toulouse et le Roi d'Aragon) d'autre part. Ce que l'on peut réunir sous le nom (aux termes assez anachroniques) de 'guerre sainte'; une lutte entre ces parties dans laquelle les pouvoirs (et les motifs) civils et religieux s'interpénètrent et qui va se dérouler sur tout le XIIIème S. Aux luttes théologiques, controverses, conciles, prédications, succèderont deux Croisades (celles des seigneurs du nord sous la houlette de Simon de Montfort puis de son fils Amaury et du roi de France) et surtout l'Inquisition, ses enquêtes, ses procès, ses condamnations et ses bûchers. Qu'adviendra-t-il de tout cela? Pour ce qui est de la religion l'Eglise va éliminer enfin cette déviance cathare et retrouver tous ses pouvoirs antérieurs affermis même, pour ce qui est du pouvoir civil, le roi de France va enfin pouvoir faire entrer dans le giron royal les riches et vastes territoires des seigneurs du Languedoc. La si brillante civilisation occitane, celle des troubadours, de la tolérance, de la latinité et de la romanité, va ainsi s'éteindre rapidement, les seigneurs locaux devant désormais fidélité au Roi français quand ce n'est pas des seigneurs du nord qui succèdent à ceux du midi sur leurs propres terres. Un voile de silence sur cette longue et horrible période qui vit une Croisade contre des chrétiens ( du jamais vu !) va alors s'abattre dans l'histoire et la mémoire officielle jusqu'à la fin du XIXème S. Mais alors, comme l'avait prédit le dernier cathare brûlé vif à Villerouge-Termenès dans le 1er quart du XIVème S. les Occitans vont enfin retrouver leur mémoire, l'histoire de leurs ancêtres dont ils portent toujours le nom, leur langue qu'ils parlent encore et leur culture dont de nombreuses traces font toujours foi, quelques 700 ans plus tard, au XXème S. Un énorme pan de l'histoire non seulement religieuse et politique méridionale mais aussi nationale initiée dès la fin du XIXème S. par un Napoléon Peyrat dans "Le sang de Toulouse", un ariégeois qui écrit un roman sur ces évènements si lointains, seulement consignés jusque-là par quelques érudits locaux ou les rédacteurs bénédictins de l'énorme Histoire de Languedoc au XVIIIème S du bout des lèvres. De grandes figures au XXème S. suivront la voie ouverte comme les historiens Emmanuel Leroy-Ladurie, Jean Duvernoy ou Michel Roquebert, des penseurs, écrivains, poètes comme Déodat Roché ou René Nelli s'y attacheront et contribueront à reconstituer patiemment non seulement l'histoire de ces temps malheureux pour tout un peuple mais aussi l'état des consciences, la vie quotidienne, les relations sociales, la littérature et la poésie...de nos ancêtres dont beaucoup d'Amiel. Peut-on parler de mémoire retrouvée pour les occitans, dont je suis, je ne pense pas, mais d'histoire reconnue et d'une certaine affection (dans tous les sens du terme) sans doute oui; se dire qu'il se peut fort que l'un de ses ancêtres du XIIIème S. ait été questionné, accusé voire condamné (et à l'extrême brûlé) à cause de sa foi (peu importe laquelle d'ailleurs) en lisant sur les registres inquisitoriaux les mentions de tant d'Amiel languedociens, du Lauragais en particulier, petite région centrale (pays de mes origines), oui se dire cela provoque beaucoup d'émotion et je crois que l'histoire si elle est d'abord faite de mémoire, puis de faits, cadres, causes et conséquences, de recoupements, d'analyse et de vérification par des preuves, de réflexions, peut aussi, encore et enfin se lier comme se lire par l'émotion et ce n'est pas, vous en conviendrez, le moindre de ses intérêts.
De tous les mouvements religieux contestataires qui se firent jour durant le XIIème S. le catharisme fut le plus important, de par la large audience qu'il reçut dans la société languedocienne. Mais il est aussi présent un peu partout en Europe; des communautés cathares d'apôtres itinérants sont attestées sous des noms différents: outres les cathares du midi (appelés albigeois, bonshommes, parfaits) il y eut aussi les piphles, les publicains, les tisserands, les bougres, les patarins; d'importants foyers de ces croyants existeront alors dans le nord et le centre de l'Italie, en Allemagne ou dans les Flandres; en France dans les Pays de Loire, en Bourgogne et en Champagne; en Savoie fleuriront les vaudois. En comptant les bogomiles de Bulgarie et de Bosnie d'où provient selon certains cette croyance, en tous cas avec lesquels il y eut des liens doctrinaux étroits, on peut affirmer que c'est de l'Angleterre à l'Asie Mineure que s'étend la présence et l'influence de ceux que nous appelons aujourd'hui du terme générique de "cathares", les purs mais qu'eux-mêmes n'employaient pas. L'Eglise leur donne le nom de manichéens ou ariens et plus généralement d'hérétiques. Ils seront pourchassés partout mais ce ne sera la guerre contre eux qu'en Languedoc; guerre sainte doublée de Croisade armée puis d'Inquisition, l'arsenal répressif multiple saura rendre gorge à ces infidèles du pape (et du roi). Que leur était-il reproché de si grave, au fond, pour falloir les éradiquer ainsi? On peut voir par les quelques traces de leur doctrine et de leur liturgie et des milliers de minutes procédurales des dossiers inquisitoriaux qu'ils étaient avant tout des chrétiens, que leur foi très vivante était vécue par eux au quotidien. Ils se réclament du Christ et des Evangiles (surtout celui de Jean) mais ils ont leur version divine du Dieu Bon opposée au Mal régnant sur la Terre; leur propre vision du Christ comme leur approche des textes les éloignent fortement du catholicisme romain officiel, seul permis et obligatoire.
Je l'ai déjà dit il est patent que les occitans ont fait preuve, de tous temps et jusqu'à nos jours d'un esprit de tolérance remarquable, plus souple et plus étendu que dans la France d'Oïl, la vraie France comme disait un grand homme d'au-dessus la Loire. Il existe alors au moyen-âge, dans ce Midi, une notion très spéciale inconnue au nord, qui influence les comportements sociaux, il s'agit du "paratge", on l'a dit. En lien avec des qualités morales de ces temps féodaux, ce comportement veut que des classes sociales différentes puissent posséder un honneur et des dignités comparables; ce n'est pas d'une égalité de droits dont il s'agit ici, bien entendu, mais de respect des personnes, d'une sorte d'égalité d'âmes. Notons ici que le servage est alors inconnu dans ces régions, bien qu'il puisse être "attaché" à sa terre, le paysan peut s'il en a les moyens financiers, accéder à la propriété et le bourgeois, lui, peut devenir chevalier et donc accéder à une (petite) noblesse. N'oublions pas que la romanité méridionale a gardé beaucoup de caractères de la présence romaine, dans beaucoup de domaines dont le droit (de la terre, des personnes, de la propriété ...) . Il faudra bien des siècles ailleurs pour en arriver à de telles éventualités.
La société du Midi est une société de libertés: libertés communales (consulats urbains, chartes), libertés des hommes, et libertés des esprits aussi. Les idées ne connaissent pas de frontières et ici elles sont reçues avec curiosité d'abord, avec tolérance surtout, puis aussi avec intérêt, on sait que les chrétiens y vivent en totale harmonie avec les juifs et des musulmans. Cette liberté sous tous les tons ne pouvait qu'accueillir favorablement le catharisme et celui-ci ne pouvait qu'y s'épanouir. Conjointement à cela la région accueillera aussi les juifs venant d'Espagne et notamment des lettrés, auxquels il sera fait appel pour traduire la Bible (acte évidemment sacrilège pour l'Eglise de Rome). Des relations ont certainement rapproché les deux communautés; avant la Croisade les juifs vivaient dignement dans nos régions méridionales, ils jouissaient même d'une véritable estime et de considération qui leur ouvrit la porte à des charges honorables (comme professeurs aux côtés des chrétiens et des musulmans à la faculté de Toulouse par ex.). Ce n'est que vers 1240 avec l'accaparement du comté languedocien par le roi de France que les attaques de celui-ci contre les juifs vont aller en s'accentuant. On sait qu'ils furent banquiers traditionnellement mais aussi parfois viguiers, juges ou bayles selon le bon vouloir des seigneurs. Des seigneurs qui les protègent bien souvent comme le vicomte Trencavel qui, en 1209, lors du premier et sanglant épisode de la Croisade, alors qu'il se retire de sa ville qui sera saccagée, emmène avec lui tous les juifs de Béziers car il savait que ceux-ci avaient tout à redouter des antisémites de l'Eglise Romaine et des barons de l'armée des croisés mais aussi que ces personnes lettrées, ayant des connaissances précieuses en beaucoup de domaines lui étaient utiles.


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