LOUIS AMIEL PEINTRE DE ST MALO :
J'ai rédigé une notice sur ce peintre d'origine bretonne qui vécut à la même période que Louis-Félix Amiel, ce dernier étant connu pour avoir été l'un de ceux que Louis-Philippe Ier roi des français commit pour réaliser plusieurs portraits de rois de France lors de la création du Musée de l'Histoire de France qu'il installa dans l'aile nord du Palais de Versailles. Comme lui ce peintre malouin peignit aussi des chevaux; c'était un peu la mode au XIXème S. pour les classes aisées de faire portraiturer ces animaux de course pour lesquels on dépensait déjà des sommes folles; les haras nationaux comme privés tournaient alors à plein régime. Leurs prénoms étant assez proches, lorsque l'on n'y prend pas trop garde, peut faire que souvent ils aient été confondus. Pourtant ils sont bien différents. Leurs carrières personnelles possèdent heureusement des spécificités propres. J'ai voulu ici reproduire in extenso la notice biographique consacrée à Louis Amiel, écrite par E. Harpin parue pp. 28 à 30 des Annales de la Société Historique et Archéologique de l'Arrondissement de St Malo pour l'année 1900 éditée chez Haize à St Servan la même année; et l'on pourra comparer ainsi en toute connaissance de cause ces deux peintres figuratifs et académiques du XIXème S.
Bien que promis à une belle célébrité il voulut consacrer son talent au pays qui l'avait vu naitre et n'eut point la renommée qu'il méritait. Discret, timide, il avait cette délicate pudeur de l'esprit qui se condamne librement à l'obscurité.
Il naquit à St Malo en 1809. Enfant il partit pour Paris où il fit ses études au Collège Ste Barbe.
Ses humanités terminées, il vint à Rennes faire son droit et compta parmi ses amis, le célèbre romancier Paul Féval. Tout en faisant ses études de droit il était aussi clerc d'avoué mais la procédure n'eut jamais pour lui le moindre attrait. Dès cette époque il savait mieux apprécier les tableaux que les dossiers. Sa famille enfin lui permit de se consacrer exclusivement à la peinture et il y fit de rapides progrès. Il est vrai qu'Ingres fut son premier professeur, il travailla aussi quelques temps dans l'atelier de Devéria mais Ingres fut de tous ses maitres celui qui exerça sur son talent la plus grande influence. Toute sa vie il suivit ses principes et sa méthode. De ce fait il fut un remarquable professeur autant à son atelier qu'à la Mairie et au Collège de St Malo.
Dans ses œuvres il possédait les grandes qualités de son temps. Sans avoir la brillante palette des paysagistes de son époque il avait par contre, au plus haut point, la justesse du coup d'œil, la correction du dessin, la science des lois de la perspective. Sa peinture était franche, simple, harmonieuse.
Parmi ses œuvres principales il faut citer son "Tombeau de Chateaubriand" dont beaucoup de familles malouines ont la reproduction. Dans ce tableau plein d'inspiration, tout est peint dans une tonalité sombre : la mer, le ciel, les rochers...tout sauf le tombeau qu'éclaire, entre deux nuages, un rayon de lumière.
Il faut citer aussi deux magistrales peintures de batailles, d'après Horace Vernet; un St Sébastien et un St Martin qui lui furent achetés par l'Empereur Napoléon III; une grande toile des anciennes courses de chevaux; enfin "Mazeppa", son œuvre principale, achetée par l'Etat et donnée à la ville de Dol-de-Bretagne (exposé à la Mairie). Cette œuvre fut réalisée avec Boulanger. Ce dernier avait peint Mazeppa; Louis Amiel peignit le paysage, le cheval qui emporte le héros, et les loups, qui, à l'horizon, accourent à la curée.
Pour être complet, il faudrait aussi énumérer un nombre considérable d'études de chevaux. Il avait en effet spécialement étudié le cheval. Il le connaissait dans toutes ses races, toutes ses allures et positions. Il fit, pour le compte de différents amateurs, plusieurs portraits de chevaux célèbres.
Il était aussi un collectionneur fameux et entre autres richesses il possédait des albums complets des inimitables croquis à la plume de Salvator Rosa et Jacques Callot.
Il fut, dans sa jeunesse, l'ami de Dumas; de Boulanger, son collaborateur, qui lui avait dédié une de ses œuvres principales : "Le dieu du feu"; de Victor Hugo, qui lui offrit un jour, en remerciement d'un tableau, un gracieux dessin de sa composition, représentant un joueur de mandoline assis aux pieds d'une coquette marquise.
Louis Amiel fut surtout un homme de cœur. Par le charme de son esprit, la correction de ses manières, l'affabilité de son carcatère, il sut s'attacher ses élèves. D'une gaieté charmante, tout en peignant ses chevaux, il contait ses vieux souvenirs d'atelier ou chantonnait les opéras de 1830. Il sut rester un artiste digne à la fois modeste et fier.
A la fin de ses jours, devenu presque aveugle, il dut quitter St Malo, son rocher natal, et s'en alla à Paris chez des parents et y vécut quelques années mais il revenait chaque année à la belle saison à Rothéneuf et c'est au cours de l'un de ces étés qu'il s'éteignit doucement, en 1880.

On peut ajouter à ces lignes quelques éléments supplémentaires :
- concernant ses peintures de chevaux : Il voua une véritable vénération à cet animal; il s'était fait une spécialité de faire le portrait de tous les chevaux célèbres, ceux ayant gagné des premiers prix dans des épreuves d'exception. Il reproduisit ainsi toutes les manifestations hippiques du milieu du XIXème S.
- concernant ses portraits et paysages : il employa souvent le pastel et la gouache.
- Dévéria fit son portrait en 1837; ce tableau fut acquis par le Métropolian Museum de New-York en 1953.
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