FIRMIN AMIEL Fonctionnaire des Finances et Poète :
Ce curieux personnage dont je vais essayer de parler ici est un audois et ariégeois de par ses origines. Fonctionnaire il fit une belle carrière devenant Chef de Bureau à la Direction Générale de l'Enregistrement, c'était autrefois un service de l'administration des Finances; il fut par ailleurs promu Officier de la Légion d'Honneur. Déroulant la plus grande partie de sa carrière au Ministère à Paris, il revint toutefois dans sa région natale pour y tenir un poste de direction toujours dans l'Enregistrement et finalement y mourir d'une façon brutale à 47 ans à peine : c'est sa mère qui le tua pendant son sommeil, chez eux à Castillon-en-Couserans, d'une balle dans la tempe, en raison du fait qu'il s'apprêtait à contracter un mariage qu'elle désapprouvait (La Croix n°15433 du 14 Juin 1933). Il vécut à cheval sur les XIX et XXème S. mais son œuvre poétique est à ranger au XXème. Il a publié ses œuvres d'amateur éclairé essentiellement dans la Revue de l'Enregistrement dans les années 1920, début des années 1930 mais on trouve aussi ses poèmes et sa prose dans d'autres revues comme "La Tramontane" qui est une revue régionaliste de son sud natal, publiée à Perpignan, pour l'année 1924 par exemple. Il est aussi l'un des fondateurs de la revue poétique régionaliste et ariégeoise "Le jardin sur la montagne" qui a publié dès son 1er numéro en 1918 des vers inédits d'un grand poète occitan, Prosper Estieu. Pendant quelques temps en rimes guillerettes et caustiques il a parlé de la Mère Bougon (sa mère ?) en signant ses poèmes 'Eliam'; est-ce un simple détournement de son nom ou bien savait-il que ce nom Amiel en tant que nom juif et d'origine hébraïque pouvait se dériver ainsi sans changer de sens ? Pourquoi ne l'a-t-il pas simplement 'retourné' (anacyclique) comme cela se fait quelquefois en Leima ?
Touché par la Grande Guerre il écrira et publiera à ce sujet dès 1919 : "Trains de blessés" (Ed. du 'Jardin sur la montagne'), dans lequel il peint en un impressionnant poème en vers libres, l'un des poignants tableaux que celle-ci eut à imposer aux soldats blessés rapatriés loin à l'arrière du front pour y être soignés et plus souvent "réparés" tant leurs corps furent meurtris.
Revenu dans ses terres natales ou presque, en Ariège, en tant que receveur de l'enregistrement à Castillon-en-Couserans, après 1918, il fut le type même du fonctionnaire provincial, rêvant devant le miracle renouvelé de la nature pyrénéenne qu'il arpenta souvent dans tous les sens du terme pour son travail, un peu à l'image des loisirs d'Henri-Frédéric Amiel dans ses Alpes natales et dont j'ai longuement parlé, butinant nonchalamment des vers, épris fougueusement de poésie populaire. Et les efforts de l'audois de naissance furent dans ces régions encore assez retirées extraordinairement producteurs (cf. "Chansons populaires des Pyrénées françaises..." Jean Poueigh, Esper, Toulouse, reprint Cenève, 1989). Firmin Amiel sera alors cité dans de nombreuses revues littéraires comme : "Le Journal de l'Imprimerie & de la Librairie" (1918), "Les Annales Politiques & Littéraires" (1916) ou "Les Belles-Lettres" (1920); il est présent dans l'Annuaire International des Lettres et des Arts de langue et de culture française" pour l'année 1922 (J. Azaïs). Enfin la revue propre à ces poètes fonctionnaires du cadastre dénommée "Le Domaine" qui publia ses œuvres aussi comme je l'ai dit, eut son siège à Foix, ce qui facilitait les choses; elle fut régulièrement éditée durant une quinzaine d'années, durant cet entre deux guerres que l'on nomma fort justement "Les années folles".
J'ai noté un de ses poèmes, "Au vent"; voir page Compléments III.
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