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**LEON-RODOLPHE AMIEL Sous-préfet & Poète des Arts** :
Ce poète parisien de notre nom né en 1848 appartient autant au XIX qu'au XXème S. Je l'ai classé arbitrairement dans ce dernier en raison de ce pourquoi il est un peu connu, ses sonnets. Léon-Rodolphe a été un haut fonctionnaire de la République dans la "préfectorale" où il entre en toute fin d'année 1877; il fut par exemple sous-préfet de Mirande (32) en 1893, année où il signe "Une excursion à Gavarnie" (ouvrage typographique & lithographique), de Bellac (87) fin 1895-début 1896, puis de Redon (35) et enfin de Guelma (province de Constantine en Algérie) en 1901. Il est en retraite en octobre 1908.
C'est le modèle même du "sous-préfet aux champs" qui était autrefois si raillé; pourtant Léon-Rodolphe Amiel a décrit non pas surtout la campagne mais essentiellement, par des sonnets admirables, des œuvres d'art exposées et qui ont suscité son intérêt. Il est d'inspiration classique, plus épris de ligne que de chaleur, de précisions que d'enthousiasme disent ses critiques; nous dirons qu'il est fidèle aux œuvres décrites. Il a le grand mérite de savoir et de vouloir rester lui-même, un amoureux de l'antiquité, que la mesure et l'équilibre charment plus que tout selon d'autres. Le romantisme ne l'a même pas effleuré; il contemple les œuvres de son temps avec une âme d'autrefois, et cela donne à ses deux recueils de sonnets publiés, le caractère d'une collection de bas-reliefs où les attitudes sont toujours nobles et calmes. Seuls les sonnets qu'il adresse à Marie, sonnets de tendresse, tranchent par une intimité pénétrante et douce. Ainsi ces vers sur "les rides" :
Ces fins sillons, vois-tu, préservent de l'oubli
Les instants douloureux où coulèrent tes larmes,
Ce qui nous fut cruel, ce qui fit nos alarmes,
Est pour moi gravé là, mais non enseveli.
Son 1er recueil fut couronné par l'Académie Française en 1908 et son 2ème recueil "Nouveaux sonnets" a été publié par Lemerre en 1909. Il a aussi publié en 1909 chez Lemerre toujours "Athènes, Rome, Souvenirs de voyage, sonnets intimes, sonnets divers, marbres et tableaux" et, auparavant "Sonnets" en 1907 (d'où le titre cité pour son recueil de 1909). Il faut dire que son époque fut celle des sonnets, entre 1873 et 1913 ce sont des dizaines de milliers de sonnets qui seront publiés ! L-R Amiel en tira même des auteurs anciens, des Annales de Tacite et des Satires de Juvénal comme des Métamorphoses d'Apulée.
(=> "Les œuvres et les hommes" chronique in "Le Correspondant" T.235; paris 1909).
- Comme beaucoup de gens cultivés il eut l'occasion de faire son voyage à Rome, c'est peut-être comme beaucoup d'autres cette découverte des œuvres antiques qui lui ouvrit l'esprit pour produire ses fameux sonnets (cf. sa publication de 1909) : Il transposa en vers par exemple les peintures murales du Panthéon, prélude de ce qu'il fera de retour à Paris pour les peintures ou les marbres des Musées du Louvre ou du Luxembourg. Les conservateurs eurent d'ailleurs l'idée de mettre en correspondance les poèmes avec les œuvres décrites, sur des panneaux apposés à proximité de chacune; chacun put juger alors de l'exactitude surprenante des tableaux ainsi "écrits". En plus, à la description pittoresque, s'ajoute l'émotion se dégageant des œuvres, celle qu'il a du moins ressentie. Cet Amiel manie le sonnet avec grande maîtrise, il sait le conduire de son exposition à son dénouement et son trait final est souvent ingénieux.
(=> "Les Annales Politiques & Littéraires" n°1282 du 19 Janvier 1908).
J'ai retrouvé quelques unes de ses descriptions comme "Tarcisius", une statue en marbre de Falguière, "La Glaneuse" un tableau de Jules Breton; voici comment il décrit "Portrait de jeune fille", un tableau de Charpin qui fut exposé, avec les œuvres précédentes, au Musée du Luxembourg en 1906 :

De face et semblant suivre, en son regard rêveur,
Le songe intérieur que son cœur imagine,
Le visage émergeant d'un flot de mousseline,
Qui du cou délicat entoure la blancheur,

Elle ébauche peut-être un rêve de bonheur.
Ses beaux grands yeux, baignés d'une douceur divine,
Sa bouche où à peine le sourire se devine,
Ont un charme discret de grâce et de pudeur.

L'amour a-t-il déjà caressé de son aile
Ce front, pour faire éclore, en une aube nouvelle
De son premier émoi, l'instant délicieux ?

Qui pourra lire au fond de ce miroir qui brille
Où, très pur, apparait un cœur de jeune fille ? ...
Tranquille entre ses bras, son chat ferme les yeux.

(=> "Annales politiques & littéraires" n°1211 du 9 Septembre 1906).
- Le grand poète de ce temps c'est Sully-Prudhomme dont je parle par ailleurs en raison de ses liens amicaux avec Alice Amiel. Et il se trouve que le futur Prix Nobel a donné un témoignage d'estime aux sonnets de Léon Rodolphe Amiel. Voici ce qu'il écrivit :
//En se pliant aux exigences du sonnet //(de 14 vers)// pour décrire et pénétrer une œuvre c'est remarquable mais quand on le fait autant de fois que dans un recueil sans être lassant, c'est exceptionnel. Mr Amiel à sa façon manie les vers comme les artistes dont il "dépeint" les œuvres, manient leurs pinceaux ou leurs ciseaux. Il est un artiste de la poésie.//
On peut dès lors se poser cette question : Léon-Rodolphe était-il un parent d'Emile Amiel, l'époux de la confidente Alice à qui Sully a désiré complaire en complimentant ainsi cet Amiel ? Pourquoi pas ?
(=> d'après un article du "Journal des Débats Politiques & Littéraires" du Lundi 29 Avril 1907, n°118).
- Il se trouve qu'un autre Léon-Rodolphe Amiel a été sculpteur; ce prénom étant quand même assez particulier je pense qu'il s'agit du même personnage, pourquoi pas dans une autre vie ? On sait que ce sculpteur fut l'élève d'Alfred Boucher et il est connu pour avoir réalisé des bustes dans la fin du XIXème S.

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